Résumé: l'Afrique du Sud se prépare à adopter une loi reconnaissant la
médecine traditionnelle et ses "médecins". Intéressant pour la majorité de
la population qui s'adresse à eux habituellement. On y voit cependant deux
réserves importantes: les maladies comme le SIDA, ou le cancer, sortiraient
du champ des guérisseurs traditionnels, et les assurances craignent d'être
débordées par l'afflux de demandes incontrôlables à leurs yeux, et
non-couvertes pour l'instant.
NDT: Cela appelle les remarques suivantes.
a) Comment s'assurer que les guérisseurs resteront bien dans leur champ
d'actions prévu par la loi. Il en est sûrement déjà qui touchent au SIDA ou
au cancer alors qu'ils n'y peuvent rien, mais ils savent que les patients ne
peuvent pas aller ailleurs;
b) A propos des assurances: est-ce à dire qu'elles encaissent des primes de
patients qui cotisent mais ne demandent pas de remboursements parce qu'ils
s'adressent aux guérisseurs? C'était donc tout bénéf. pour les assurances
alors!
Merci à Charles Rambert pour la traduction de cet article sud africain et pour ses remarques.
Il convient néanmoins de préciser que le texte original en anglais stipule que "la nouvelle loi interdit aux guérisseurs non répertoriés de faire état de guérisons ou de soulagements en matières de cancer et de SIDA". Donc les médecins traditionnels reconnus pourront intervenir sur ces pathologies et, pour les plus sérieux et compétents d'entre eux, accompagner efficacement les traitements modernes occidentaux, comme ils le font un peu partout dans le monde.
Cette démarche courageuse dans l'un des pays les plus développés du continent africain pourrait nourrir notre réflexion hexagonale puisqu'il semble (chiffres OMS cités dans l'excellent article publié dans le Figaro du 07/08/2004) que près de 75% de nos concitoyens ont fait appel au moins une fois aux "thérapies alternatives", et que 25% les utilisent régulièrement. Remarquons au passage que chez nous aussi, la sécurité sociale et les assurances complémentaires santé, encaissent les cotisations de ces millions de gens qui ne bénéficient de quasiment aucun remboursement, ni sur le paiment de ces soins alternatifs, ni sur l'achat des produits de santé naturels !
Pour revenir à nos amis africains, rappelons que l'OMS a déclaré la période 2001-2010, "décennie de la médecine traditionnelle", que pour l'année 2004 elle a choisi comme thème "Faire avancer la Santé en Afrique avec la Médecine traditionnelle" et que des pays d'Afrique de l'Ouest comme le Burkina Faso mettent progressivement en oeuvre les moyens techniques et humains pour relever ce défi.
On ne peut pas laisser passer la phrase "la SS encaisse des millions de
gens qui ne bénéficient de quasiment aucun remboursement" qui remet en
cause le principe même de la solidarité
Moi aussi je n'ai pas eu besoin de remboursement depuis 5 ans, est ce une
raison pour demander qu'on me rembourse la vitamine C que je prends tous
les matins.
Il faut arrêter ces propos qui coulent l'équilibre de la SS, et voir ce
qui se passe dans les pays sans couverture sociale.
Dr Jean Loup REY
ESTHER
36 rue de Charenton
75012 Paris
01 53 17 51 59
jean-loup.rey@esther.fr
Suite à la remarque de Jean-Loup REY, et afin d'éviter toute polémique
stérile en ce lieu d'échanges conviviaux, ouverts et éclairés, il convient
de citer la phrase de mon précédent message intégralement, et de la replacer
dans son contexte :
1) La phrase était : " ... Remarquons au passage que chez nous aussi, la
sécurité sociale et les assurances complémentaires santé encaissent les
cotisations de ces millions de gens qui ne bénéficient de quasiment aucun
remboursement, ni sur le paiement de ces soins alternatifs, ni sur l'achat
des produits de santé naturels".
Sur la forme il ne s'agissait là que d'une simple constatation, sur le fonds
on peut bien sûr en débattre.
2) Le contexte était : l'article extrait par Charles RAMBERT du site
internet du Bristish Medical Journal qui mentionnait les inquiétudes du
secteur de l'assurance santé quant à leurs bénéfices suite à l'adoption de
la nouvelle loi sur la reconnaissance officielle des Médecins traditionnels
en Afrique du Sud.
On peut considérer, toute proportions gardées et sans rentrer dans les
détails de son organisation compliquée, que l'Afrique du Sud est l'un
des pays du continent africain les plus avancés en matière de protection
sociale, notamment depuis la réforme de 1994 du système public de santé, qui
est non contributaire et non obligatoire, mais ouvert à tous. Ce système
d'état cohabite avec un systéme privé qui couvre environ 20% de la
population et qui fonctionne (comme toutes les assurances) sur le principe
d'une solidarité limitée à un groupe d'individus, avec un critère
financier beaucoup plus sélectif que celui de notre SS. On ne peut que
saluer les efforts de ce pays pour concilier solidarité, équité et réalisme
économique dans un contexte politique, sanitaire et social difficile.
En ce qui concerne notre SS hexagonale, son déséquilibre est le résultat
d'une longue évolution où la responsabilité de tous les acteurs est
aujourd'hui diluée dans un système complexe sur lequel des tas de gens très
compétents n'arrêtent pas de se pencher, et peinent à entreprendre les
réformes difficiles et profondes qui s'imposeraient pour en sauvegarder les
fondements généreux et la viabilité financière.
Il n'est bien entendu pas question de remettre en cause le noble principe de
Solidarité de la SS (Fraternité), mais cette Solidarité ne doit pas être à
sens unique (Egalité), et offrir la possibilité à tous de préserver ou
recouvrer une bonne santé en utilisant les moyens les plus
sains, efficaces et économiquement accessibles (Liberté).