Sida: des progrès "extraordinaires" mais les financements baissent, alerte
l'ONU
(AFP) Il y a 20 heures
GENEVE L'OMS, l'Unicef et Onusida se félicitent des "progrès
extraordinaires" de la riposte mondiale au VIH/sida ces dix dernières
années, tout en s'inquiétant de la baisse des financements des programmes
en raison de la crise, dans un rapport conjoint rendu public mercredi.
A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida jeudi, le
rapport note que "l'incidence mondiale de l'infection au VIH s'est
stabilisée" et a commencé à diminuer dans de nombreux pays ayant des
épidémies généralisées.
Le nombre de personnes sous traitement antirétroviral continue d'augmenter
et atteignait 6,65 millions fin 2010, relève le rapport.
"Il est désormais réellement possible de prendre le dessus sur l'épidémie
mais on n'y parviendra qu'en maintenant notre élan et en accélérant le
mouvement ces dix prochaines années et par la suite", a indiqué le Dr
Gottfried Hirnschall, directeur du département VIH/sida de l'OMS, lors
d'une conférence de presse à l'occasion de la présentation du rapport.
Le rapport rend compte "des progrès extraordinaires de la réponse du
secteur de la santé face au VIH au cours des dix dernières années"
relevant que "l'accès à la prévention du VIH, fondée sur des données
factuelles, au conseil et au dépistage ainsi qu'aux services de traitement
et de soins dans les pays à revenu faible ou intermédiaire s'est développé
de manière spectaculaire".
Notant que l'année 2011 s'est caractérisée par un "nouvel élan politique"
et des "avancées scientifiques importantes", le rapport fixe à l'horizon
2015 l'objectif "zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et
zéro décès lié au sida".
L'Onusida dans un rapport initial avait fait état la semaine dernière d'un
nombre record de 34 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde
en 2010, principalement en raison d'un meilleur accès au traitement qui a
contribué à réduire le nombre de décès et nourrit l'espoir d'une possible
fin de la pandémie.
Ainsi, près de 50% des séropositifs ont aujourd'hui accès à un traitement,
ce qui a sauvé la vie à 700.000 personnes pour la seule année 2010.
Le rapport relève que "ce qui aurait été considéré comme complétement
irréaliste il y a quelques années seulement est entré dans l'ordre bien
réel du possible".
Autre progrès, en 2010, le nombre de nouvelles infections a atteint son
niveau le plus bas depuis 1997, avec 2,7 millions de nouvelles infections
(dont 390.000 chez des enfants), soit un recul de 21% par rapport au pic
de 1997.
L'amélioration de l'accès aux services de dépistage du VIH a également
permis à 61 % des femmes enceintes en Afrique de l'est et en Afrique
australe de bénéficier d'un dépistage et de conseils, alors qu'elles
n'étaient que 14 % en 2005, note le rapport.
"Un des problèmes clés soulignés dans le rapport est le fait que 1.000
enfants sont infectés par le VIH chaque jour, la plupart sans le savoir
par leur propre mère. C'est entièrement évitable" a estimé pour sa part
Leila Pakkala, directrice de l'Unicef Genève.
Paul De Lay, directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA estime qu'en
"investissant à bon escient, les pays peuvent agir plus efficacement,
réduire les coûts et obtenir de meilleurs résultats. Cependant, la baisse
des ressources risque d'entraîner une régression", a-t-il ajouté lors du
point de presse.
Le rapport conjoint relève notamment que les financements nationaux et
internationaux spécifiques à la lutte contre le VIH sont passés de 15,9
milliards de dollars en 2009 à 15 milliards de dollars en 2010.
Ce qui "est bien en dessous des 22 à 24 milliards de dollars nécessaires
en 2015 pour une riposte mondiale au VIH qui soit globale et efficace".
Dans un message, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon relève qu'à
"l'aube de la quatrième décennie du sida, nous sommes maintenant en
position d'en finir avec l'épidémie".