[e-med] Sida: les guérisseurs du Zimbabwe lancent un plan controversé

Sida: les guérisseurs du Zimbabwe lancent un plan controversé
HARARE, 20 jan 2006 (AFP)

Les guérisseurs traditionnels du Zimbabwe ont lancé vendredi un plan de
lutte contre le sida, qui recommande le recours aux tests de virginité et
l'interdiction des préservatifs pour enrayer la pandémie, qui tue au moins
3.000 personnes chaque semaine dans ce pays.

"Nous devons raviver nos coutumes, qui protègent les bonnes attitudes
morales et préviennent aussi la propagation du VIH-sida, comme les tests de
virginité", a estimé l'Association nationale des guérisseurs traditionnels
du Zimbabwe (Zinatha) dans un communiqué.

Le plan élaboré par les guérisseurs décourage en outre l'usage des
préservatifs par les jeunes, estimant qu'ils doivent plutôt observer
l'abstinence jusqu'au mariage.

Le vice-ministre de la Santé, Edwin Muguti, a immédiatement rejeté ce
programme, soulignant qu'il va à l'encontre de la politique gouvernementale
de lutte contre le sida.

"En tant que gouvernement, nous ne permettrons pas cela car certains d'entre
vous ne se conteront pas de tester, mais finiront par commettre des abus sur
des enfants", a-t-il lancé après la présentation du plan.

"Nos prisons sont pleines de gens, y compris des pasteurs et des guérisseurs
traditionnels condamnés pour avoir violé des personnes qu'ils étaient
supposés aider", a-t-il ajouté.

Le président de Zinatha, Gordon Chavhunduka, a argué pour sa part que ce
programme de 24 pages "restaure et soutient ces valeurs culturelles qui ont
été le fondement de notre société, mais qui ont été abandonnées dans la
course à la modernité".

Le document condamne cependant quelques coutumes africaines comme la
polygamie et les mariages arrangés de filles mineures, estimant qu'elles
favorisent la propagation du sida.

Le Zimbabwe, en proie à une grave récession économique qui frappe durement
le secteur de la santé, est l'un des pays les plus touchés du monde par la
pandémie qui fait au moins 3.000 morts par semaine, soit chaque trois
minutes, selon le Conseil national contre le sida.