[e-med] Sida: l'initiative de Roche soulève des questions

Sida: l'initiative de Roche soulève des questions
swissinfo 12 janvier 2006 19:16

http://www.swissinfo.org/sfr/swissinfo.html?siteSect=106&sid=6378854&cKey=1137089781000

Le saquinavir est vendu sous le nom d'Invirase (Keystone)
Le groupe pharmaceutique bâlois va aider les pays du Sud à produire un
médicament générique contre le virus HIV, en mettant des experts à leur
disposition.

Une initiative qui ne convainc guère la Déclaration de Berne. L'ONG qui
milite pour un développement équitable la qualifie d'«opération de relations
publiques». http://www.evb.ch/fr/index.cfm

Roche aidera les pays les plus pauvres à fabriquer eux-mêmes du saquinavir,
un générique anti-HIV. Le géant pharmaceutique bâlois annonce jeudi cette
«nouvelle initiative de transfert de technologie» par un communiqué.

Le saquinavir est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
dans les pays aux ressources limitées, où vivent 69% des personnes touchées
par le sida à l'échelle mondiale.

Roche a donc mis sur pied une équipe de spécialistes, qui sera
opérationnelle à partir du deuxième trimestre 2006. Une partie de ses
membres sera basée en Afrique, le reste à Bâle.

Leur mission: apporter leur savoir-faire aux firmes pharmaceutiques locales.
Roche publie une liste d'une soixantaine de pays (essentiellement d'Afrique
noire) qui pourront faire appel à leurs services.

Les fabricants des pays concernés n'auront pas à demander de licence, étant
donné que Roche s'est engagée à ne pas faire valoir ses droits sur les
brevets qu'elle détient sur des médicaments anti-HIV dans ces régions du
monde.

«A ma connaissance, Roche est le premier groupe pharmaceutique à prendre une
initiative comme celle-là», explique à swissinfo Baschi Dürr, porte-parole
du groupe bâlois.

«Opération de relations publiques»

Une initiative qui ne convainc guère la Déclaration de Berne (DB). L'ONG
suisse active dans le lobbying en faveur d'un développement équitable y voit
tout au plus «une opération de relations publiques».

Comme le souligne Julien Reinhard, secrétaire politique de la DB en charge
des questions de santé, la plupart des pays concernés par cette offre n'ont
de toute façon pas la capacité de produire des médicaments.

Ce à quoi Baschi Dürr rétorque que dans ces pays, Roche vend ses produits à
prix coûtant

Mais dans ceux qui ont une industrie pharma, comme l'Afrique du Sud ou le
Bangladesh, Roche entretiendrait une situation juridique que Julien Reinhard
qualifie de «peu claire», en empêchant que les médicaments produits sur
place soient exportés.

Or, «pour arriver à une masse critique intéressante pour le producteur, il
faut pouvoir exporter», explique le secrétaire de la DB.

Le médicament n'agit pas seul

Enfin, souligne Julien Reinhard, le saquinavir n'est jamais prescrit seul,
mais en combinaison avec le ritonavir produit par l'Américain Abbott. Le
fabriquer isolément n'amène donc pas grand chose.

Pour les producteurs de génériques et pour les patients, l'intérêt serait
d'avoir ces deux médicaments en un. Ce qui sera bientôt possible en Chine,
en Inde ou en Thaïlande où le brevet d'Abbott doit tomber sous peu.

Hélas, ce trois pays ne sont pas sur la liste de Roche.

swissinfo et les agences