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Le monde communautaire se meurt et menace la qualité de la prise en charge
des PVVIH au Burkina Faso
Dans le cadre des activités de l’Observatoire Communautaire sur l’Accès aux
Services de Santé (OCASS), financé par l'Initiative 5% du Ministère des
affaires étrangères de la France, le Réseaux Accès aux Médicaments
Essentiels (RAME) vient de boucler une tournée d’appui aux associations
points focaux dans les 13 régions sanitaires du Burkina Faso.
Les associations points focaux de l’OCASS sont des organisations à base
communautaire qui travaillent traditionnellement avec les centres de santé
pour assurer le continuum de soins aux personnes vivant avec le VIH/Sida.
Ce continuum des soins va du dépistage du VIH/Sida à la prise en charge
psychosociale, en intégrant le conseil observance. Ce travail des acteurs
communautaires, complémentaire aux soins offerts par les agents de santé
est un paramètre indispensable pour une prise en charge globale de qualité
des personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH).
L’OCASS s’est appuyé donc sur la proximité de ces acteurs communautaires
avec les centres de santé et leur expérience en matière d’autonomisation
des patients, pour la collecte de données sur les conditions d’accès aux
soins des personnes vivant avec le VIH, des malades de paludisme et de
tuberculose, ainsi que la sensibilisation des usagers des services de santé
(malades et leurs accompagnants) sur leurs droits et leurs devoirs, et le
plaidoyer local pour l’amélioration des politiques. A travers l’OCASS, ces
organisations de la société civile complètent ainsi leur mission de
prestation de service de celle d’interpellation des autorit&! eacute;s et
de porte-parole des populations.
Cependant dans le contexte de la baisse des financements de la santé en
générale et des appuis au monde communautaire en particulier, les
observations des équipes des missions de l’OCASS sur le terrain font état
de reculs inquiétants dans les performances des associations engagées dans
la riposte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose.
Sur le plan de la mobilisation communautaire, les associations n’ont plus
les ressourcesfinancières nécessaires pour faire face aux primes qu’elles
versaient aux conseillers psychosociaux intervenant dans les centres de
santé. Ces conseillers psychosociaux, qui sont le plus souvent des
personnes infectées ou affectées par le VIH, font face actuellement à
plusieurs mois d’arriérés de primes ainsi qu'à tout ce que cela a comme
incidence sur une bonne alimentation inhérente à la prise des ARV. Cette
situation a pour conséquence l’éloignement de certains conseillers de leurs
structures de base ou l’abandon du siège de l’association! par certains
responsables afin d'éviter les réclamations d'arriérés. La coordination des
activités communautaires en prend immédiatement un coup, surtout que sur le
plan institutionnel les associations n’arrivent plus à faire face à leurs
charges de fonctionnement (location de siège, électricité, eau, téléphone,
fournitures de bureau) et sont dans un dénuement important en matière de
logistiques (matériels informatiques et roulants).
Le Burkina Faso a toujours été cité en exemple en matière de mobilisation
communautaire en faveur de la lutte contre le VIH/Sida. Cependant, la
situation actuelle menace sérieusement cet engagement communautaire et
comporte des risques graves qui peuvent être entre autres la détérioration
de la qualité de la prise en charge des PVVIH. En effet, sans
l’accompagnement continu des associations, il faut craindre la
recrudescence de la mauvaise observance des traitements qui induira à coup
sûr les résistances aux traitements ARV de première ligne. Nous notons déjà
un taux de mortalité très élevé, à notre sens, liés a! u VIH/Sida au
Burkina Faso. Le rapport du Programme Sectoriel de la Santé pour la Lutte
contre le Sida (PSSLS) 2014 indique que près de 1 000 personnes sont mortes
du VIH/Sida au cours de l’année au Burkina Faso. Ce chiffre remet déjà en
cause la qualité de la prise en charge des PVVIH, qui risque de se
détériorer davantage avec les menaces qui pèsent actuellement sur les
acteurs communautaires.
Nous soupçonnons l’absence de vision des différents programmes d’appui au
monde communautaire et la mauvaise gouvernance dans l’octroi des
subventions d’être à la base de cette situation de déclin du monde
communautaire. Des informations qui nous sont parvenues font état, ces
dernières années, de la montée en puissance de réseaux mafieux dans le
financement des organisations de la société civile intervenant dans le
domaine de la santé. Les stratégies utilisées par ces réseaux vont des
surfacturations, au financement d'associations fictives, en passant par des
commissions perçues par des agents travaillant dans les organismes de
financement. Les financements du budget de l'Etat ne! seraient pas épargnés
par les agissements deces réseaux.
Plusieurs bailleurs de fonds qui subventionnaient énormément les
interventions communautaires se sont retirés à cause de la mauvaise gestion
des ressources, et l’incapacité d’instaurer des systèmes transparents de
gestion des subventions des associations. Les leaders communautaires et
leurs structures faitières sont autant responsables que les responsables
des programmes d’appui, parce qu’ils n’ont pas su insuffler une dynamique
de réflexion et d’anticipation sur la situation que nous vivons
actuellement.
Qu’à cela ne tienne, les nombreux acteurs communautaires et les personnes
infectées ne méritent pas de payer pour notre manque de vision et pour
notre mauvaise gestion. C’est pourquoi le RAME tient à interpeller le
gouvernement du Burkina Faso, et l’ensemble de ses partenaires techniques
et financiers intervenant dans le secteur de la santé à prendre conscience
de cette situation.
Un plaidoyer urgent doit être mené pour mobiliser les ressources
nécessaires au maintien des activités communautaires en soutien à la prise
en charge médicale des PVVIH, mais également une analyse profonde et un
audit des systèmes de financement des associations doivent être également
instaurés au plus tôt.
Nous interpellons tous les acteurs (associations comme individus) de bonne
foi à soutenir cet appel que nous lançons afin que la situation change.Plus
rien ne doit être comme avant !
*Merci de signer la pétition en suivant le lien ci-dessous: *
*Merci d'avance pour votre participation*
--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org
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Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org