[e-med] Le RAME plaide pour des décisions pertinentes et adaptées concernant la prise en charge des PVVIH au Burkina Faso

Le RAME plaide pour des décisions pertinentes et adaptées concernant
la prise en charge des PVVIH au Burkina Faso

Communiqué de presse
Prise en charge médicale du VIH/Sida au Burkina Faso

Le RAME plaide pour des décisions pertinentes et adaptées

Dans les 13 régions du Burkina Faso, les PVVIH sont confrontés à de
nombreuses difficultés pour accéder aux médicaments essentiels. Les
résultats d¹une sortie de collecte d¹informations sur l¹accès aux soins par
les PVVIH , réalisée par le Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
parlent d¹eux-mêmes. Le réseau appelle donc à des actions fortes pour
préserver la santé et le bien être de ces citoyens.

Dans le cadre de ses activités, le Réseau Accès aux Médicaments Essentiels
(RAME) a, à travers son observatoire communautaire d¹accès aux soins de
santé (OCASS), mené une collecte de données sur la disponibilité et l¹accès
aux services contre le VIH/Sida dans les 13 régions sanitaires du Burkina.
Au cours de ces sorties, 14 structures sanitaires ont visitées (dont 02 à
Ouagadougou et une structure par région dans les autres localités). Les
résultats relèvent des points forts certes, mais également des déficiences
qu¹il faudrait combler.

Au titre des points forts, il peut être retenu :
La gratuité et la disponibilité effective des ARV dans toutes les structures
visitées, la délégation du renouvellement des ordonnances et de la
dispensation des ARV au niveau des CSPS dans le district sanitaire de Pô, et
la dispensation quotidienne des ARV dans certaines structures telles que les
CHR de Tenkodogo, de Kaya et de Gaoua ainsi que le CMA de Boussé.

Cependant de nombreuses limites jalonnent le système de prise en charge des
PVVIH au Burkina Faso. En dehors du district sanitaire de Pô, où la prise en
charge des PVVIH est décentralisée dans tous les centres de santé et de
promotion sociale (CSPS), les soins sont centralisés dans les structures de
références des autres localités visitées. L¹accès au suivi biologique
demeure également problématique pour les PVVIH dans la mesure où ce suivi
n¹est gratuit que dans 04 structures sur les 14 structures visitées. En
outre le suivi biologique des PVVIH est rendu plus compliqué à cause des
nombreuses ruptures de stocks de réactifs et des pannes récurrentes des
appareils de laboratoires. Des ruptures de stock d¹ARV pour la mise sous ARV
des enfants ont été constatées dans 02 structures sur 14. Les ruptures
récurrentes de médicaments contre les infections opportunistes ont concerné
toutes structures visitées. La qualité de l¹organisation dans les lieux de
dispensation des ARV n'a été bien appréciée par les bénéficiaires que dans
02 structures. Dans les douze (12) autres, les bénéficiaires pointent du
doigt l¹insuffisance, voir le manque de confidentialité et la mauvaise
attitude de certains prestataires.

Le RAME interpelle donc les décideurs à mettre un intérêt particulier pour
la décentralisation de la prise en charge médicale des PVVIH jusqu'au niveau
des CSPS, telle que la recommandé la dernier session du Conseil National de
lutte contre le VIH/Sida et les IST, sous la présidence du Président du
Faso. Le RAME insiste en outre sur la nécessité de la gratuité des examens
de suivi biologique des PVVIH, la sécurisation des approvisionnements en
médicaments contre les infections opportunistes et les réactifs, ainsi que
la fonctionnalité des appareils de laboratoire.

Si des mesures concrètes et adaptées ne sont pas prises concernant ces
différentes problématiques, il est à craindre une détérioration de la
qualité de la prise en charge des PVVIH au Burkina Faso, avec son corollaire
de conséquences néfastes, notamment le développement des résistances,
l'accroissement des besoins financiers pour faire face au recours à des ARV
de 2e ligne, et enfin l'accroissement du taux de morbidité et de mortalité
liées au VIH/Sida. Les ambitions d'émergence et de développement du Burkina
Faso ne devraient pas s'accommoder de ces réalités.

Lien pour télécharger le rapport intégral:
http://rame-int.org/index.php/publications/rapports/588-rapport-de-la-missio
ns-ocass-2013-sur-la-disponibilite-et-laccessibilite-aux-services-contre-le-
vihsida-au-burkina-faso

Contacts de presse

Simon KABORE
Tel (+226) 70 24 44 55
E-mail : simonkabore@rame-int.org
Benoît KAFANDO
Tel (+226) 70 27 50 83
E-mail : benoitkafando@rame-int.org

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Simon KABORE

Directeur Exécutif P/I du RAME, Consultant en plaidoyer et problématiques
d'accès aux soins - 04 BP 8038 Ouagadougou 04, Tel: Bur: +226 50 37 70 16,
Tél: +226 70 24 44 55/78 44 85 99

Site Web: www.rame-int.org - Facebook: http://www.facebook.com/Infos.RAME -
Tweeter: @ReseauRAME - Skype: kaboresimon - e-mail alternatif:
simonkabore@gmail.com

La démarche de RAME est vraiment très intéressante ils ont développé un rôle
que les associations remplissent rarement ils sont allés chercher des
informations sur le terrain et ont évalué la situation des PVVIH de façon
concrète.

Mais il y a deux points qui posent problème.

1 - En disant que « de nombreuses limites jalonnent le système de prise en
charge des PVVIV » se sont-ils posé la question des autres malades :; est ce
que les difficultés rencontrées par les PVVIH sont très différentes de
celles rencontrées par les autres malades. Et dans ce cas n’aurait-il pas
été plus juste de vérifier ce qui se passe pour les autres malades. Le
propos aurait aussi été plus fort et efficace.

2 – L’interpellation majeure du RAME est « plus d’argent » avec un appel
pressant aux bailleurs internationaux. Ne serait-il pas temps de réfléchir
différemment ? (sans nier la nécessité des fonds additionnels)
Par exemple il est primordial de décentraliser la prise en charge si on veut
augmenter le nombre de patients traités. Mais pourquoi dans cette
décentralisation on refait ce qui se fait au niveau central, lequel niveau
refait ce qui se fait dans les pays du Nord.
Il y a là une dérive grave qui va nous mener au mur.
Il est urgent d’adapter la prise en charge au niveau périphérique et
d’adapter aussi la prise en charge en Afrique. Que l’on ne me dise pas que
ce serait une médecine à deux vitesses ; il est possible d’adapter sans
diminuer le niveau. Heureusement que ce raisonnement n’a pas joué pour la
mise en place des traitements ambulatoires de la tuberculose, des
associations vaccinales ou des médicaments essentiels et des médicaments
génériques (pourtant à l’époque nous avons entendu ce discours). J Ky Zerbo
disait que « adapter l’enseignement à l’Afrique n’était pas faire un
enseignement à deux vitesses ».

Prenons l’exemple des projets actuels de financement de la mesure de la
charge virale (CV) aux niveaux secondaires ou primaires.

Il paraît, à première vue, logique et juste que tous les malades du Sud
aient accès à un examen de laboratoire accessible (ou presque) sans problème
au Nord. Logique et généreux certainement, mais est-ce réellement l’intérêt
des pays du Sud ?
Il semble que la question de l’intérêt de cet examen ou de ses limites dans
les pays du Sud n’est pas réellement posée. On refuse de se poser la
question : cet examen ne peut-il être remplacé par un autre plus simple,
plus économique, plus accessible, et donc plus utile aux populations ?
a/ Il faut rappeler que globalement, quelque soit la maladie, tout examen
complémentaire est un frein à l’accès aux traitements en général, et encore
plus dans les pays à ressources limitées.
b/ Pour pallier ce handicap il faut un examen réalisable sur place par le
soignant en charge du patient, examen qui doit produire un résultat
immédiat.
c/ La CV donne une indication un jour donné, or cette CV peut varier d’un
jour à l’autre ou sous l’influence d’une infection concomitante ; dans les
pays riches, quand une CV augmente chez un patient sous ARV, on refait
l’examen deux semaines plus tard. Cela ne sera pas possible au Sud sauf à
augmenter les déperditions de suivi.
d/ Il est possible de faire un prélèvement sec au doigt et de transporter ce
prélèvement ; il est vrai que techniquement cela simplifie les procédures
mais, dans combien de pays où cette stratégie est officielle, les soignants
de province attendent-ils 4, 6 ou 12 mois pour avoir le résultat ? Quel
intérêt cette technique présente-t-elle alors ??
Au total, est-on sûr qu’un bon examen clinique ne peut pas permettre de
suivre l’efficacité des ARV sans utiliser d’examens biologiques incertains ?

Le critère le plus efficace pour suivre l’efficacité des traitements ARV,
ainsi que l’évolution clinique des personnes infectées par VIH avant
traitement, est la mesure du poids corporel. Plusieurs études ont montré que
cet indice pouvait suffire (1). Il doit être possible d’améliorer les
performances de cet examen clinique simple. Déjà, de nombreux médecins
emploient l’IMC au lieu du simple poids corporel.
Il est admis que le VIH, comme les ARV, agissent sur la répartition des
graisses de l’organisme d’où l’idée d’utiliser la mesure de la masse
graisseuse (MG) ce qui est théoriquement facile avec les nouveaux
pèse-personne avec impédancemètre incorporé.
Nous pensons donc qu’il est possible de sensibiliser la prise de poids
corporel par une évaluation de la part de masse grasse chez les patients
infectés par le VIH.

Un essai préalable a été réalisé sur le terrain, en 2010a montré que ce % de
MG semblait plus sensible que le simple poids. Malheureusement,
l’utilisation de ce pèse-personne sur le terrain pose un problème technique
lié au fait que les paysans marchent pieds nus ou en sandales ce qui rend
son emploi, dans les conditions de terrain, difficile et aléatoire.

Il serait intéressant de revoir ces constats sur une période de temps plus
longue et sur un nombre plus important de patients, dans un cadre plus
contrôlé Une étude expérimentale mériterait d’être faite avec des moyens
techniques élaborés pour vérifier sur le fond l’intérêt de suivre les
valeurs de la masse grasse dans le cadre de l’infection et de la maladie
dues au VIH.
Mais, compte tenu de l’intérêt de cette évaluation de la masse grasse (2),
nous pensons qu’il est important de tester sur le terrain une méthode
utilisée par les sportifs avec de bons résultats : la mesure du pli cutané,
d’autant plus qu’il existe dans le commerce des pinces adéquates robustes et
peu coûteuses.
Serait-il éthique de ne pas étudier scientifiquement et pragmatiquement ce
moyen de suivi des patients infectés par VIH ?

L’absence de ressources de certains pays doit être à l’origine de réflexion
et d’invention. La seule réponse aux problèmes liés à ce manque de
ressources ne doit pas être un appel à l’aide des bailleurs.

Références
1. Madec Y. Szumilin E. Genevier Ch. Ferradini L. Balkan S. Pujades M.
Fontanet A. Weight gain at 3 months of ART is strongly associated with
survival: evidence from two developing countries. AIDS, 10 avril 2009.
2. Barbe, P. Ritz P. Composition corporelle. Cah. Nutr. Diét. 2005 ;
40, 3.

Dr Jean Loup Rey
Médecin de santé publique

Bonsoir Docteur Rey

Merci pour la bonne appréciation que vous avez faite de notre travail,
ainsi que des pistes de réflexion que vous avez soulevées.
Pour votre premier souci, nous reconnaissons sa pertinence, mais nos moyens
ne nous permettaient pas de le faire adéquatement. Si nous nous y étions
essayé, nous aurions pris plus de risques d'affaiblir la crédibilité de
notre démarche. Nous allons mené bientôt une étude sur le droit des usagers
des services de santé au Burkina Faso. Le rapport de cette étude, qui
sortira avant la fin de l'année 2013, pourrait satisfaire ce souci d'équité
entre pathologies.
Pour le second point, nous pensons qu'il y a sans doute eu une mauvaise
compréhension. J'ai alors repris ici le paragraphe de nos revendications: "Le
RAME interpelle donc les décideurs à mettre un intérêt particulier pour la
décentralisation de la prise en charge médicale des PVVIH jusqu'au niveau
des CSPS, telle que l'a recommandé la dernière session du Conseil National
de lutte contre le VIH/Sida et les IST, sous la présidence du Président du
Faso. Le RAME insiste en outre sur la nécessité de la gratuité des examens
de suivi biologique des PVVIH, la sécurisation des approvisionnements en
médicaments contre les infections opportunistes et les réactifs, ainsi que
la fonctionnalité des appareils de laboratoire."

Comme vous le remarquerez, notre premier souci a été la décentralisation
que vous recommandez. Bien que nous avons conscience que la lutte a
toujours besoin d'argent, nous ne pensons pas avoir mis vraiment l'accent
sur cette question dans ce rapport, et surtout pas un appel aux bailleurs
internationaux. Pour votre information, le RAME est entrain de faire
actuellement une évaluation du budget national affecté à la santé en
général, au VIH et à la santé de la mère et de l'enfant en particulier. Ce
rapport sortira également bientôt pour interpeller les décideurs nationaux
par rapport à leurs responsabilités vis-à-vis des populations qui leur ont
fait confiance.

Pour revenir sur la décentralisation, nous avons obtenu de la dernière
session du Conseil national de lutte contre le Sida, que le Président du
Faso recommande au Ministre de la Santé et au SPCNLS de tout mettre en
oeuvre afin que la décentralisation de la prise en charge des PVVIH soit
une réalité au Burkina. Une étude commanditée par l'ONUSIDA a été réalisée
sur le sujet et sera bientôt restituée. J'avoue malheureusement ne pas être
sur que les alternatives d'intérêt que vous avez soulevées ont été prises
en compte dans le rapport du consultant. Cependant, nous les trouvons
pertinentes et méritent un approfondissement pour parvenir à un consensus
médical sur ces questions.

Nous comptons alors sur les réactions des e-mediens sur ces alternatives,
et vous promettent de réfléchir sur ce que nous pourrons faire pour
stimuler une réflexion au niveau national.
Merci encore pour vos avis critiques.
Cordialement!

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org