[e-med] Le RAME interpelle sur la qualité de la prise en charge des PVVIH au Burkina Faso

*Prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida*

La qualité n¹est pas au centre des préoccupations

*Malgré l¹implication personnelle du Chef de l¹Etat dans la lutte contre le
VIH/Sida, la prise en charge des PVVIH souffre toujours d¹énormes
difficultés injustifiables autrement que par une insuffisance de
préoccupations des autorités concernées sur la qualité des services. Au
cours du 2e semestre de l¹année 2013, le RAME a procédé, à travers
l¹Observatoire Communautaire d¹Accès aux Services de Santé (OCASS), à une
collecte de données qui tempèrent le niveau de satisfaction des résultats
quantitatifs de la prise en charge des PVVIH présentés par le SP/CNLS au
13e Conseil National de Lutte contre le Sida et les IST. Le RAME estime que
la qualité des soins dispensés aux PVVIH doit devenir un élément central de
la politique nationale de traitement de l¹infection à VIH/Sida.*

La prise en charge des PVVIH, notamment le traitement par les
antirétroviraux, est un processus exigeant le respect d¹un certain nombre
de normes et de complétude de services pour obtenir le résultat escompté au
final, qui est l¹amélioration de la qualité de vie des PVVIH. A titre
illustratif, une personne sous ARV doit pouvoir non seulement disposer de
ses ARV à tout moment sans interruption, avoir accès à des consultations et
à des médicaments contre les infections opportunistes, mais également
suivre l¹évolution de son état de santé à travers des examens biologiques
de laboratoire. Ces services ne constituent pas des options. Ils sont
plutôt essentiels et indispensables pour une prise en charge médicale de
qualité.

Le rapport de synthèse sur *la situation de la disponibilité et de l¹accès
aux services contre le VIH/Sida* *au cours du second semestre 2013* de
l¹OCASS montre cependant que l¹association complète de ces services d¹une
manière permanente au bénéfice des PVVIH est un leurre au Burkina Faso. Au
niveau de l¹accès aux ARV, on peut noter avec satisfaction l¹absence de
rupture de traitement au cours de la période étudiée. Toutefois, il a été
constaté une rupture de stock de la combinaison Tenofovir + Emtricitamine
(TRUVADA©) au troisième trimestre de 2013, qui a contraint le ministère de
la santé a recommandé son remplacement par le Tenofovir + Lamivudine. Cette
mesure palliative n¹est pas sans conséquence parce qu¹elle perturbe le
conseil d¹observance, les habitudes de prescription et rend plus difficile
la maitrise de l¹estimation des stocks. L¹accès aux ARV est également
perturbé par l¹indisponibilité des agents chargés de la dispensation qui a
été surtout relevée dans les régions du Centre et du Centre Nord. « *Nous
sommes souvent obligés de revenir un autre jour pour avoir notre dotation.
Cela est dû à l¹indisponibilité de l¹agent de santé* », a confié un patient
à un enquêteur de l¹observatoire. Par rapport au premier semestre de
l¹année 2013, il faut regretter l¹existence de patients éligibles au
traitement antirétroviral, qui n¹y ont pas accès pour diverses raisons,
notamment l¹absence de lignes thérapeutiques libres.

L¹accès aux médicaments contre les infections opportunistes, est sans doute
le volet le plus négligé de la prise en charge médicale des PVVIH au
Burkina Faso. A ce niveau, le bilan général de la mise en ¦uvre du plan
national multisectoriel de lutte contre le VIH, le Sida et les IST (PNM)
2013 estime que 99,96% des PVVIH ont bénéficié de la prévention des
infections opportunistes par le cotrimoxazole. Pourtant le rapport de
synthèse sur *la situation de la disponibilité et de l¹accès aux services
contre*

*le VIH/Sida* *au cours du second semestre 2013* de l¹OCASS révèlent qu¹il
y a eu des ruptures de cotrimoxazole dans huit (8) régions sanitaires sur
les 13 que compte le pays. Ces ruptures vont de quelques semaines à toute
l¹année. Visiblement, ce taux présenté lors du bilan du PMLS ne peut être
obtenu face à cette évidence. En outre, à l¹instar du premier semestre, les
PVVIH n¹ont pas disposé des autres molécules entrant dans le traitement des
infections opportunistes dans aucun centre de santé enquêté au cours du
deuxième semestre de l¹année 2013. Le bilan du PNM occulte carrément les
données sur les traitements des infections opportunistes, préférant se
concentrer sur la prévention par le cotrimoxazole. Les patients sont ainsi
abandonnés à leur sort par le système national, qui a opté de fermer les
yeux sur une de ses insuffisances les plus graves.

Le suivi-biologique des PVVIH n¹est pas non plus mieux loti. Les PVVIH et
leurs réseaux de soutien sont perdus face aux tergiversations des autorités
sur la gratuité des examens biologiques spécifiques au VIH/Sida. Alors que
toutes les prévisions ont été faites par rapport à ces examens et les
ressources acquises, l¹autorité n¹a toujours pas pu adopter un texte
officiel déclarant la gratuité de ces examens. Ainsi, de nombreux patients
n¹arrivent pas à réaliser leur examen de dosage de CD4 ou de la charge
virale, qui sont des examens capitaux pour le suivi de l¹efficacité et de
l¹innocuité du traitement. La situation est rendue encore plus complexe
avec les ruptures de réactifs et les pannes des appareils. Les ruptures de
réactifs ont touché la quasi-totalité des centres enquêtés : six (6)
régions sur treize ont été touchées par cette rupture et a concerné un
hôpital national, quatre hôpitaux régionaux, six centres médicaux et un
CSPS. En dehors de la région de l¹Est et du Sud-Ouest, les appareils de
laboratoire sont tombés en panne dans les autres régions, au cours du
second semestre de l¹année. Avec la conjugaison de ces facteurs (coûts des
examens, ruptures de stocks de réactifs, panne d¹appareils), on est en
droit de se demander de quelles données biologiques disposent les
prescripteurs pour suivre efficacement le traitement des PVVIH. Ces
derniers ne ressemblent-ils pas à la limite à des conducteurs de véhicule
sans tableau de bord ?

Le rapport du 2e semestre de l¹année 2013 de l¹OCASS montre simplement
qu¹au Burkina Faso, la personne infectée par le VIH est toujours angoissée
par des ruptures possibles d¹ARV et laissée à elle-même pour le traitement
de ses infections opportunistes et le suivi-biologique de son traitement.
Cela explique sans doute la croissance du nombre de perdue de vue qui est
passé 486 en fin 2012 à 833 en fin 2013, selon le rapport du PNM 2013.

Nous trouvons cette situation inadmissible par rapport à la forte
mobilisation politique, sociale et financière en faveur de cette pathologie
et des personnes touchées. Nous demandons par conséquent :

- un audit de notre système d¹approvisionnement et de gestion des
appareils de laboratoire pour que des solutions pertinentes et durables
soient trouvées aux ruptures d¹ARV, de médicaments contre les infections
opportunistes et des réactifs de laboratoire ; ainsi que des pannes
récurrentes d¹appareils de laboratoire,

- la prise en compte de critères de qualité dans le suivi et
l¹évaluation de la prise en charge des PVVIH, s¹assurer que les ressources
investies atteignent le résultat escompté qui est l¹amélioration de la
santé et la qualité de vie des PVVIH.

*Contacts de presse*

*Simon KABORE, directeur exécutif, *

e-mail : simonkabore@rame-int.org

Tel : (226) 70 24 44 55

*Siméon SAWADOGO, chargé des programmes*

e-mail : simeonsawadogo@rame-int.org

Tel : (226) 70 86 36 33

*Références*

*1. **Rapport de synthèse sur la situation de la disponibilité et de
l¹accès aux services contre le VIH/Sida au cours du second semestre 2013,
OCASS, février 2014 *

*2. **Bilan général de la mise en ¦uvre du plan national
multisectoriel de lutte contre le VIH, le Sida et les IST (PNM) 2013,
SPCNLS-IST, Avril 2014*

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Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org