[e-med] Suite des plaintes concernant la prise de produits à base de plantes médicinales (France)

mercredi 19 avril 2006, 23h31
Deux ans avec sursis requis contre l'ex-PDG d'Arkopharma
http://fr.news.yahoo.com/19042006/202/deux-ans-avec-sursis-requis-contre-l-ex-pdg-d.html

TOULOUSE (AFP) - Une peine de deux ans de prison avec sursis assortie de
30.000 euros d'amende a été requise mercredi contre Max Rombi, ancien PDG du
groupe de phytothérapie Arkopharma, poursuivi devant le tribunal
correctionnel de Toulouse pour blessures involontaires envers deux femmes
ayant absorbé des produits à base de plantes chinoises.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 5 juillet.

Le procureur de la République, Paul Michel, a estimé que Max Rombi, âgé de
77 ans, avait "commis de multiples fautes", fustigeant "l'absence de
contrôles, l'absence de vérifications au détriment de la santé des
victimes".

Contre le second prévenu, Jean-Bruno Maury, ancien pharmacien toulousain
dont l'officine avait préparé les gélules contenant la poudre de plante
chinoise fournie par Arkopharma, le magistrat a demandé une peine de 9 mois
d'emprisonnement avec sursis assortie d'une amende de 15.000 euros.
Les délits de tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise et
de blessures involontaires retenus contre les deux prévenus "sont
parfaitement établis", a considéré M. Michel, relevant "des négligences à
tous les stades".

Les parties civiles, Marie-Hélène Lafaix, 39 ans, et Anne Pertile, 34 ans,
seule à assister à l'audience, avaient été atteintes d'insuffisance rénale
irréversible à partir de 1993. Elles ont aujourd'hui toutes deux subi des
transplantations rénales et présentent de nombreuses atteintes physiques et
psychologiques.

Leurs avocats ont souligné la dangerosité du produit absorbé, puis décrit
leurs souffrances, évoquant des "jeunes femmes totalement démunies,
totalement épuisées, désemparées". Pour elles, "l'avenir c'est l'heure qui
suit".

Entre 1990 et 1993, elles avaient absorbé des gélules amaigrissantes
"Asiatitra 28", censées contenir la plante chinoise "Stéphania Tétrandra"
mais contenant en fait une autre plante, "Aristolochia Fangji",
néphrotoxique selon certains experts.

La substitution de produit avait été effectuée avant qu'il n'arrive chez
Arkopharma qui, au début des années 90, ne disposait pas du révélateur
chimique permettant de vérifier la nature exacte de la plante.

La défense des deux prévenus a plaidé la relaxe, expliquant notamment qu'à
l'époque des faits, les plantes chinoises n'étaient pas référencées à la
pharmacopée.
Les avocats de Max Rombi ont également souligné que la toxicité du produit
ingéré à faible dose par les victimes n'était pas "scientifiquement" avérée
et que "tous les contrôles" possibles dans les années 90 avaient été
effectués par Arkopharma.

L'ex-PDG d'Arkopharma, leader européen des produits de phytothérapie, a été
condamné en novembre 2005 par le tribunal correctionnel de Nice à 3 ans de
prison avec sursis pour homicides involontaires après le décès de deux
femmes ayant également absorbé des produits à base de plantes chinoises. Il
a fait appel du jugement.

En RDCongo, notre jeune système de pharmacovigilance
est en train de détecter et documenter certains cas
d'effets indésirables relatifs à l'usage des plantes
médicinales et autres produits traditionnels.
C'est ainsi qu'à ces jours des cas d'insuffisance
rénale aigue et des complications des insuffisances
rénales ont été notifiées à la suite de l'utilisation
des recettes traditionnelles contenant le saccharum
officinarum et probablement de l'Alchornea
Cordifolia.
Chez les enfants une étude pubiée dans Congo Médical
Vol.IV N°1 DE Septembre 2005 indique des cas de
détresse réspiratoire majeure liée à l'usage chez les
enfants de moins de 5 ans des purgations à base
d'Ocimum Gratissimun et de Capsicum Frutenses
Très peu des cas arrivent au tribunal à cause des
difficultés à etablir la relation entre le produit
consommé et l'effet indésirable observé dans un
contexte d'automedication quasi généralisée.

Franck Biayi
Pharmacien
Point Focal Pharmacovigilance
Ministère de la Santé
Kinshasa/RDCongo
Tél:00243 81 812 58 38
biayifranck@yahoo.fr