Thaïlande : Sasomsap ne doit pas reculer face au lobby pharmaceutique
http://www.actupparis.org/article3299.html
Mercredi 20 février 2008, des militantEs dAct Up-Paris ont remis un
courrier à lambassadeur de Thaïlande pour interpeller le ministre de la
santé C. Sasomsap sur la politique daccès aux médicaments génériques
institué par la Thaïlande lannée dernière, et sur laquelle celui-ci
envisage de revenir. Durant la remise du courrier, le tract suivant était
distribué aux usagerEs de lambassade de Thaïlande à Paris :
Thaïlande : Sasomsap ne doit pas reculer face au lobby
pharmaceutique
Depuis janvier 2008, la Thaïlande a un nouveau ministre de la santé
: M. Chaiya Sasomsap. Ce dernier a indiqué le 11 février 2008 quil envisage
de revenir immédiatement sur la politique daccès aux médicaments génériques
instituée par la Thaïlande lannée dernière. Sous pression du lobby
pharmaceutique, le nouveau gouvernement thaïlandais a décidé de reéxaminer
les décisions prises il y a quelques semaines par le précédent ministre de
la santé en matière de licences obligatoires - une disposition prévue par
les règles de lOMC pour permettre le recours à des génériques avant la fin
du brevet.
Or, laccès aux génériques reste lunique moyen de baisser les prix
des médicaments à un niveau suffisamment bas pour que tous les malades
thaïlandais puissent y avoir accès. Ceci vaut pour les médicaments
anticancéreux concernés par les récentes licences obligatoires, comme pour
lensemble des médicaments coûteux et qui pour cette raison restent hors de
portée des malades. Entre les intérêts des multinationales pharmaceutiques
et les intérêts des malades pauvres, M. Sasomsap doit aujourdhui choisir
son camp.
La Thailande a fait la démonstration de lefficacité de lusage de
génériques dans le cadre de son programme de lutte contre le sida. En
labsence de traitement, le sida reste une maladie mortelle. Or, la
Thaïlande est le pays dAsie qui connaît le plus fort taux de prévalence du
VIH : entre 500 000 et 1 million de séropositifs. Mais les trithérapies
anti-VIH fournies par les laboratoires de marque restent hors de prix : 8
000 - 13 000 euros par patient et par an au prix occidental, alors que la
Thaïlande reste un pays pauvre (PIB/hab. de 4 000 euros, soit 5 fois moins
que la France). Laccès universel au traitement VIH pour tous les malades du
sida thaïlandais est pourtant possible : les versions génériques sont
disponibles pour 70 euros par patient et par an (soit 100 fois mois cher que
les versions occidentales).
M. Sasomsap doit poursuivre la voie initiée en 2007 par son
prédécesseur, et ne pas hésiter à utiliser les licences obligatoires chaque
fois que cela est nécessaire pour permettre laccès aux médicaments.
En 2001, lors de la conférence de Doha, lensemble des pays membres
de lOMC ont confirmé le droit à utiliser les licences obligatoires pour
assurer laccès aux médicaments pour tous. La Thaïlande na fait quexercer
ce droit. Elle ne doit pas céder sous la pression du lobby pharmaceutique et
de ses soutiens.