[e-med] TOGO : L'arrêt des programmes VIH du Fonds mondial inquiète les ONG

TOGO : L'arrêt des programmes VIH du Fonds mondial inquiète les ONG

LOME, le 8 novembre (IRIN) - La suspension d'une subvention VIH du Fonds
mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pourrait
mettre en danger la vie d'au moins 24 000 personnes séropositives, ont
prévenu les ONG togolaises.

«C'est la galère totale, nous sommes désemparés», a confié Augustin Dokla,
président du Réseau des associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA,
le RAS+. «Environ 18 000 personnes attendent un traitement aujourd'hui et la
vie de 6 000 patients sera en jeu d'ici les deux prochaines années. Aucune
nouvelle mise sous traitement n'est possible pour le moment.»

En janvier dernier, le Fonds mondial, grâce auquel le Togo peut proposer des
traitements antirétroviraux (ARV) aux malades porteurs du virus, a gelé
l'une de ses deux subventions VIH d'un montant de 14,1 millions de dollars
américains sur une période de trois ans, en invoquant des «irrégularités»
dans la gestion des fonds par le Programme des Nations unies pour le
développement (Pnud).

«Le Fonds mondial a annoncé qu'il ne renouvellerait pas sa subvention à
cause de la qualité des données qui lui ont été fournies», a expliqué Rosine
Coulibaly, représentante résidente du Pnud à Lomé, contactée par téléphone
par IRIN/PlusNews.

En 2003, l'agence onusienne a été nommée bénéficiaire principal de cette
subvention du Fonds mondial, qui appuie l'offre de traitements et de
services contre le VIH au Togo.

<b>Les désaccords persistent</b>

L'audit financier qui a été effectué en début d'année ne fait état «d'aucune
maladresse ni de détournement avéré de la part de l'agence», a souligné
Rosine Coulibaly.

Selon Mme Coulibaly, le Fonds mondial a signalé des écarts de 20 pour cent
entre les objectifs fixés et ceux qui ont été atteints, alors que la moyenne
acceptable est de cinq pour cent.

Or, un audit financier mené cette année à partir des résultats présentés par
le Pnud n'aurait «rien révélé de dramatique. Il semblerait que le Fonds
mondial ait fourni des informations incorrectes au départ», a-t-elle
affirmé. «Cela ne devrait pas influer sur la subvention, c'est une question
de santé publique.»

Mme Coulibaly a ajouté que la livraison d'ARV en Côte d'Ivoire, en rupture
de stock en 2005, n'avait que renforcé les doutes du Fonds mondial quant à
la mauvaise gestion de la subvention. Les ARV, achetés grâce aux fonds de
l'institution internationale, étaient censés rester au Togo.

«Les performances de la première phase n'ont pas été bonnes. Elle a pris fin
en septembre, avant que nous ayons pu signer le lancement de la deuxième
phase», a expliqué un responsable du Fonds mondial, basé à Genève en Suisse.

Quelque 11,5 millions de dollars ont été décaissés sur les 14,2 millions
initialement prévus.

«Le Togo a la possibilité d'avoir accès à la continuation des services et
des traitements pendant les deux prochaines années. Le Fonds mondial fera
tout pour que les personnes sous ARV puissent continuer à être aidées»,
a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.

Aucune nouvelle mise sous traitement ne sera possible dans ce cadre, a
précisé ce responsable.

Il a ajouté que le Fonds mondial «travaillera avec les autorités afin
d'encourager une plus grande participation de partenaires financiers» dans
la lutte contre le VIH/SIDA au Togo.

<b>De vives inquiétudes</b>

Au Togo, la subvention du Fonds mondial permet la mise sous traitement ARV
d'environ 3 500 personnes ; les ONG locales et internationales prennent en
charge 3 000 autres patients. Les associations estiment à 18 000 le nombre
de personnes en attente d'un traitement.

Le Fonds mondial étant leur principal bailleur de fonds, les activistes
affirment avoir interrompu une grande partie de leurs programmes
d'assistance et de prise en charge des personnes séropositives.

«Nous n'avons travaillé que deux années sur les trois que comptait le
programme, aucun financement n'ayant été versé depuis le mois de janvier.
Nous avons été contraints à cesser la plupart des programmes financés par le
Fonds mondial», a regretté Marc Mondji, président du Comité d'action pour la
coopération internationale et l'épanouissement de la jeunesse (CACIEJ), une
ONG qui fournit des traitements aux orphelins et aux personnes vivant avec
le virus au Togo.

A mesure que les financements s'amenuisent, les programmes d'aide
nutritionnelle, de soutien, de conseils et de dépistage volontaire se font
de plus en plus rares, a déploré Marc Mondji.

Ainsi, les lignes vertes qui avaient été mises en place avec succès en 2005
et 2006 pour informer la population sur la maladie ont été fermées faute de
financement, a-t-il dit.

«Il faut trouver une solution pour la nourriture, l'accompagnement
psychosocial des patients, le dépistage et la prévention ; il faut que les
lignes vertes reprennent leurs activités pour que tous les Togolais puissent
accéder à un service d'information et de santé de qualité», a expliqué Marc
Mondji.

Il a ajouté que la «principale préoccupation [des associations] est
d'assurer le traitement des patients et de faire en sorte que les gens en
attente de médicaments puissent en bénéficier. Tous les jours, nous recevons
de nouveaux cas».

<b>Un nouvel espoir. en 2007</b>

Avec un PIB par habitant d'environ 310 dollars américains et une baisse de
l'aide étrangère au cours des 10 dernières années, le Togo, à lui seul, n'a
pas les moyens de lutter efficacement contre la propagation de l'épidémie.

Le gouvernement togolais consacre chaque année 291 000 dollars à la lutte
contre le VIH/SIDA, une somme insuffisante pour répondre aux besoins de la
population de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, a souligné Marc Mondji.

Le Togo, qui abrite 4,5 millions d'habitants, affiche un taux de prévalence
de l'ordre de six pour cent. Dans certaines régions, les taux d'infection
enregistrés parmi des groupes spécifiques d'individus à risques atteindrait
8,2 pour cent, a précisé le Pnud.

Selon le Fonds mondial, le Togo ne bénéficiera pas des nouvelles subventions
pour la lutte contre le sida, approuvées la semaine dernière par le Conseil
d'administration de l'institution lors d'une réunion au Guatemala. Dans le
cadre de la sixième série d'octroi de subventions, le Conseil a approuvé 85
subventions pour un montant total de 847 millions de dollars.

Cependant, le responsable du Fonds mondial a indiqué que le Togo pourrait
obtenir ces financements lors du septième cycle prévu d'ici les quatre
prochains mois, et lors des cycles suivants.

«Les partenaires sont confiants, il y a une opportunité pour la relance de
la coopération avec le Togo», a dit le responsable de l'organisme de
financement. «Aujourd'hui, toutes les conditions sont réunies pour dynamiser
nos relations, appuyer la recherche de nouveaux partenaires et assurer la
continuité des traitements ARV.»

jeg/ab/ail

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