[e-med] Trafic illicite de médicaments : des blessés de guerre dans le collimateur de la DIC (Sénégal)

Trafic illicite de médicaments : des blessés de guerre dans le collimateur
de la DIC

Le Soleil (Dakar)
1 Octobre 2005
Publié sur le web le 3 Octobre 2005
Pape Gueye

Des blessés de guerre ou de l'Armée, tout comme l'Office national des
anciens combattants et trois officines de la place sont, depuis quelques
jours, dans le collimateur de la Division des investigations criminelles
(DIC) à la suite de la découverte d'un trafic de médicaments impliquant un
revendeur et de nombreux invalides non encore identifiés.
Le cerveau de l'affaire est un quinquagénaire du nom de Momar Guèye qui, en
cinq années, est parvenu à mettre sur pied un système d'enrichissement
rapide par le biais d'une savante récupération d'ordonnances libellées par
des médecins militaires.

Le principal mis en cause a été arrêté par la Did mercredi dernier et déféré
hier. S'agissant du trafiquant, il n'a pas mis de temps pour passer aux
aveux car Momar Guèye a déclaré au cours de son interrogatoire avoir tissé
des liens avec des blessés de guerre ou de l'Armée qui, à titre gracieux,
bénéficient tous les mois d'ordonnances d'une valeur de 40.000 FCfa. Leur
cession au revendeur était tout autre puisque négociée à des taux
véritablement en-deçà de leur valeur réelle. Cela va sans dire, Momar Guèye
écoulait les médicaments à « Keur Serigne Bi », après les avoir retirés
auprès d'officines agréées par l'Office national des anciens combattants.

Selon des sources proches de l'enquête, vingt à trente ordonnances tombaient
mensuellement entre les mains du trafiquant. En attendant, de nombreuses
questions restent en suspens, quand bien même des responsables de pharmacies
de la capitale ont été entendus par les hommes du commissaire Assane Ndoye.
Serait-on en face d'un réseau aux ramifications multiples ? Les ordonnances
ont-elles été décernées de manière complaisante ? Des commanditaires tapis
dans l'ombre seraient-ils derrière l'activité illicite ? De toute façon, les
limiers ont décidé d'approfondir leurs investigations pour en savoir plus. A
signaler que de nombreuses adresses ont été livrées par le cerveau du
trafic, ce qui devrait permettre à la Dic de remonter la filière.