Les pharmaciens du Sénégal en grève ce mercredi
http://www.apanews.net/apa.php?page=show_article&id_article=62197
APA-Dakar (Sénégal) Les officines de pharmacies seront fermées ce mercredi
de 8h à 15h temps universel sur toute l’étendue du territoire sénégalais
pour protester contre le marché illicite de médicaments et les cambriolages
récurrents, a indiqué mardi à la presse le président du syndicat des
pharmaciens du Sénégal, le Dr Aboubakri Sarr, lors d’une conférence de
presse.
Les pharmaciens ont décidé, pour la première fois de l’histoire du secteur,
de fermer les portes de leurs officines et d’aller en grève dans le but «
d’alerter les autorités sur la gravité du problème et pour la cessation
immédiate de toute vente illicite de médicaments », a déclaré dans la soirée
à APA un pharmacien qui a requis l’anonymat.
Il a souligné que cinq officines ont été cambriolées en une semaine durant
le mois d’avril et se dit convaincu d’une « relation étroite » entre les
cambriolages et le marché illicite de vente des médicaments.
« Les cambrioleurs ne prennent pas n’importe quel médicament. Je suis
persuadé qu’ils sont renseignés sur les stocks des pharmacies. Rien n’est à
écarter, ils peuvent être renseignés de l’intérieur ou de l’extérieur, tout
est possible, les cambriolages sont en tout cas de plus en plus sélectifs »,
indique la source qui reconnaît que certains de ses confrères sont « véreux
»
« Les cambrioleurs alimentent non seulement le marché illicite, mais aussi
mettent les pharmaciens titulaires (propriétaires) dans une situation
délicate, parce qu’ils vont devoir payer aux fournisseurs, les produits
qu’ils n’ont pas vendus », a-t-il encore dit.
C’est cette situation délicate qui a amené certains pharmaciens à souscrire
à une police d’assurance de leur officine et à s’offrir les services de
gardiens professionnels.
« Toutes les nuits, on se demande qui d’entre nous sera victime de ces
cambrioleurs spécialisés. Ils sont bien équipés et arrivent à ouvrir les
portes munies de systèmes de verrouillage sophistiqués. Quand ils n’arrivent
pas à ouvrir les portes, ils n’hésitent pas à menacer les gardiens et
demander le domicile du pharmacien pour avoir les clés », a ajouté le
pharmacien.
A moins de deux kilomètres du centre-ville de Dakar, fleurit depuis des
dizaines d’années, un marché illicite de médicaments appelé « Keur Serigne
Bi » (chez le marabout).
Des hypnotiques, antihypertenseurs, aphrodisiaques, médicaments
antipaludéens, comprimés, suppositoires, injections, sondes, perfuseurs,
transfuseurs etc., des médicaments classés A, B, C, selon la toxicité y sont
vendus.
Des rabatteurs allant à la quête du client, lisent les ordonnances et
guident le potentiel acheteur chez le vendeur.
Toutes les tentatives tendant à mettre fin à ce trafic n’ont jamais été
menées à leur terme. Selon certaines sources, ce marché illicite brasse
plusieurs milliards de FCFA de chiffre d’affaire par an.
Outre la fermeture des officines, les pharmaciens porteront des brassards
rouges (le président de la République Me Abdoulaye Wade avait demandé aux
travailleurs de signifier ainsi leur mécontentement) durant toute la
semaine. Ils ont également sollicité une audience avec le chef de l’Etat
sénégalais.
GM/DMG/aft/APA
30-04-2008
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Vente illicite de produits pharmaceutiques : Le phénomène gagne le Nord du
pays
http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=46047
Le marché parallèle de médicaments est en train de se déplacer vers
Saint-Louis. La proximité avec la Mauritanie aidant, les marchands ambulants
sachant qu'ils ne peuvent plus disposer de médicaments au Sénégal, ont jeté
leur dévolu sur la Mauritanie. Ainsi, ils fraudent certains types de
médicaments et les introduisent dans la région de Saint-Louis. En réaction,
les pharmaciens de la vieille ville ont décidé de suivre ce mercredi à la
lettre le mot d’ordre de leur syndicat consistant à baisser les rideaux de 8
h à 15 h.
(Correspondance) - Dans la capitale du Nord et son arrière-pays, le mot
d'ordre décrété par le Syndicat national des pharmaciens privés du Sénégal
sera bien suivi. La décision tranchée a été prise, hier, à l'occasion d'une
réunion. Le Dr Amadou Dia, le président de secteur des pharmaciens de
Saint-Louis, d'expliquer qu'‘après le mot d'ordre du syndicat, nous nous
sommes concertés au niveau de Saint-Louis. Et nous avons décidé de suivre
sans défaillance le mot d'ordre décrété par les responsables de Dakar’.
Pourtant, poursuit le Dr Dia, ‘nous avons toujours essayé de transcender les
difficultés’.
Par leur mouvement d'humeur de quelques heures, de ce matin, les pharmaciens
disent espérer attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité
d’entreprendre des initiatives tendant à circonscrire le mal dans l'optique,
plus tard, de l'éradiquer complètement. C’est pourquoi, expliquera le
président de secteur des pharmaciens de Saint-Louis, ‘demain (ce mercredi,
Ndlr), à partir de 8 h et jusqu'à 15 h, nous allons baisser les rideaux. Et
avant d’en arriver à cette décision, nous avons pris la pleine mesure de nos
problèmes et nous comptons œuvrer pour inverser la tendance. Nous avons
toujours privilégié la négociation bien qu’ayant été souvent confrontés à
des difficultés. Nous avons toujours parlé de la question du monopole du
pharmacien. A un certain moment, nous nous sommes rendu compte que, dans
toutes les structures sanitaires, les médicaments étaient commercialisés.
Ensuite, le phénomène a dépassé les structures sanitaires avec des
médicaments qui s'écoulaient dans les rues au vu et au su de tout le monde,
comme des produits banalisés’, regrette le Dr. Dia.
Mais le comble, selon le président de secteur des pharmaciens de
Saint-Louis, ‘c'est qu'il s'y ajoute, aujourd'hui, le problème des
braquages. Lorsque nous avons essayé de trouver des solutions jusqu'à fermer
le robinet à certaines structures et au marché parallèle, les gens ont
utilisé d'autres procédés, notamment le braquage des officines pour
s'accaparer, de force, des médicaments en vue de ravitailler leurs
traditionnels clients. En l'espace de deux ans, une vingtaine de pharmaciens
ont été ainsi sauvagement agressés. Et c'est en ce moment-là que nous nous
sommes dit que c'est une question de sécurité qui se pose et qu'il fallait
réagir’, révèle-t-il.
Mais, la particularité de la région de Saint-Louis, fait noter le Dr Dia,
‘c'est que le marché est, depuis quelque temps, en train de se déplacer vers
Saint-Louis. Nous n'avions jamais connu le marché parallèle qui ne s'est
jamais développé ici. Seul le monopole posait problème avec des structures
sanitaires qui vendaient ici et là, mais le marché parallèle arrive à grands
pas. La proximité avec la Mauritanie aidant, les marchands ambulants sachant
qu'ils ne peuvent plus disposer de médicaments au Sénégal, ont jeté leur
dévolu sur la Mauritanie. Ainsi, ils fraudent certains types de médicaments
et les introduisent dans la région de Saint-Louis. Voilà pourquoi, nous
avons pris l'engagement d'observer le mot d'ordre de grève’.
Gabriel BARBIER