Communiqué de presse de l'OMS
Un rapport historique qui pourrait influencer l'avenir des médicaments en
Europe et dans le monde
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2004/pr83/fr/
D'après un rapport de l'OMS, on peut combler les lacunes de la recherche et
de l'innovation pharmaceutiques
18 NOVEMBRE 2004 | GENEVE -- L'Organisation mondiale de la Santé (OMS)
publie aujourd'hui un rapport historique qui indique comment la recherche et
l'innovation pharmaceutiques pourraient permettre de mieux répondre aux
besoins sanitaires et de mieux faire face aux maladies émergentes en Europe
et dans le monde.
Publié sous le titre Priority Medicines for Europe and the World et commandé
par le gouvernement néerlandais, qui assume actuellement la présidence de
l'Union européenne (UE), ce rapport dresse une liste de médicaments
prioritaires en Europe et dans le reste du monde en tenant compte du
vieillissement de la population européenne, de la progression des maladies
non transmissibles dans les pays en développement et des maladies qui
persistent malgré l'existence de traitements efficaces. Il cerne les
insuffisances de la recherche et de l'innovation concernant ces médicaments
et recommande des mesures d'incitation et des solutions pour combler les
lacunes.
C'est actuellement la loi du marché qui sert de moteur à la
recherche-développement pharmaceutique, le principal mécanisme de
financement étant le brevetage et la protection des prix. Résultat : les
besoins sanitaires ne sont pas tous satisfaits.
Le rapport recense les maladies pour lesquelles il n'existe aucun
traitement, les traitements sont inadaptés ou ne sont pas mis à la
disposition des malades. Les menaces pour la santé publique comme la
résistance aux antibactériens ou les pandémies de grippe, contre lesquelles
les traitements et les moyens de prévention actuels seront vraisemblablement
sans effet, réclament elles aussi des mesures immédiates.
"Ce rapport met en évidence les lacunes et les solutions possibles. Il vient
à point nommé pour un continent où la population vieillit et est confrontée
à des problèmes de santé de plus en plus nombreux, et dans un monde où les
menaces anciennes et nouvelles ne connaissent plus de frontières", commente
le Dr LEE Jong-wook, Directeur général de l'OMS, qui s'est rendu cette
semaine au Mexique pour le Sommet ministériel sur la recherche en santé.
Les auteurs du rapport indiquent par ailleurs comment les médicaments
efficaces pourraient être mieux distribués aux malades. Les médicaments en
associations fixes (plusieurs principes actifs dans un seul comprimé)
méritent d'après eux une plus grande place dans la recherche-développement.
Enfin, ils s'intéressent à plusieurs groupes en particulier comme les
enfants, les femmes et les personnes âgées, qui ont souvent été négligés
dans le développement des sciences et de la médecine.
Le rapport répertorie 17 maladies prioritaires :
* Futures menaces pour la santé publique : infections découlant de la
résistance aux antibactériens, pandémies de grippe ;
* Maladies nécessitant de meilleures formes galéniques : maladies
cardiovasculaires (prévention secondaire), diabète, hémorragie du
post-partum, infection à VIH/SIDA chez l'enfant, dépression chez les
personnes âgées et les adolescents ;
* Maladies pour lesquelles il n'existe pas de marqueurs biologiques :
maladie d'Alzheimer, arthrose ;
* Maladies nécessitant des travaux de recherche fondamentale et
appliquée : cancer, accident vasculaire cérébral ;
* Maladies ou domaines négligés : tuberculose, paludisme et autres
maladies infectieuses tropicales telles que la trypanosomiase, la
leishmaniose et l'ulcère de Buruli, vaccin anti-VIH ;
* Maladies dont la prévention est particulièrement efficace :
pneumopathie chronique obstructive, y compris le sevrage tabagique, troubles
liés à la consommation d'alcool (maladies alcooliques du foie et dépendance
à l'alcool).
D'après le rapport, l'Europe, forte de son expérience en matière de services
sociaux et de systèmes universels de protection sociale, peut et devrait
jouer un rôle directeur dans le domaine de la santé publique à l'échelle
mondiale. Dans beaucoup de pays en développement, les classes défavorisées
souffrent de plus en plus de maladies chroniques courantes en Europe telles
que les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies liées au
tabagisme et les troubles mentaux comme la dépression. Les dix pays qui ont
rejoint l'UE en 2004 connaissent en outre d'autres problèmes de santé
publique.
Pour un certain nombre de maladies qui touchent la population de tous les
pays membres de l'UE (la maladie d'Alzheimer et plusieurs cancers par
exemple), il n'existe pas encore de traitement médicamenteux sûr et
efficace. Certaines maladies (par exemple le cancer du sein) offrent
d'importants marchés potentiels et la recherche pharmaceutique est a priori
intense pour certaines classes thérapeutiques. Pour d'autres catégories de
médicaments, il y a peu de malades (par exemple la mucoviscidose) ou
l'industrie pharmaceutique axée sur le marché n'investit pas dans la
recherche-développement (par exemple de nouveaux médicaments
antituberculeux).
Solutions novatrices
Selon le rapport, les efforts visant à accélérer le processus de mise au
point des médicaments sans compromettre la sécurité des patients
contribueraient beaucoup à promouvoir linnovation pharmaceutique. Ainsi, l
UE pourrait mettre sur pied et appuyer un large programme de recherche
permettant à lAgence européenne pour lévaluation des médicaments, aux
autorités de réglementation nationales, aux chercheurs, à lindustrie et au
grand public de procéder à un examen critique des prescriptions
réglementaires dans le cadre du processus de mise au point des médicaments
en ce qui concerne la pertinence, les coûts et la valeur prédictive.
Les autorités sanitaires sont responsables des décisions concernant le
remboursement des médicaments qui visent à garantir un traitement sûr et
efficace à tous les patients, tout en conciliant cet impératif avec les
restrictions budgétaires. Les autorités chargées de la santé et du
remboursement et les fabricants devraient arrêter ensemble des principes
généraux applicables à l'évaluation des futurs médicaments. Ainsi par
exemple, la Commission européenne et les autorités nationales devraient
appuyer un programme de recherche sur les différents moyens de récompenser
les fabricants de produits performants et d'établir un lien entre les prix
et le niveau du revenu national. Les auteurs du rapport estiment que ces
mesures contribueront à encourager lindustrie à consentir des
investissements en faveur de la découverte de médicaments novateurs
répondant aux besoins prioritaires en matière de soins de santé.
Ils soutiennent que lorsque le marché est bien établi et quon est confronté
à un problème de compréhension de la biologie fondamentale dune pathologie,
il faut privilégier l'investissement en faveur de la recherche fondamentale
et d'une politique facilitant linnovation dans lindustrie pharmaceutique.
Lorsque la biologie est bien comprise mais que le marché nest pas bien
établi, il faudra préférer une solution fondée sur lappui apporté par le
secteur public pour combler le fossé entre recherche fondamentale et
recherche clinique, éventuellement par des partenariats entre le secteur
public et le secteur privé et par dautres initiatives non lucratives de
mise au point des produits. Lorsque la biologie nest pas bien comprise et
que le marché nest pas bien établi, on pourra appuyer la recherche
biologique et créer des incitations pour lindustrie pharmaceutique en
réduisant les obstacles à linnovation et en améliorant la rémunération.
Le rapport précise que dimportants fossés en matière pharmaceutique ont pu
être comblés dans le passé. Par exemple, jusquen 1975 le principal
traitement de lulcère gastrique - une pathologie courante - était
chirurgical. Après une longue période de recherche ciblée sur les mécanismes
biologiques sous-jacents, on a pu découvrir des traitements médicaux
efficaces. Ces percées associées à la découverte du rôle joué dans la
plupart des cas par une bactérie et à la possibilité de la combattre par des
antibiotiques ont rendu lintervention chirurgicale inutile.
Les recommandations contenues dans le rapport pourraient avoir un effet
significatif sur linnovation et la politique en matière de recherche, avec
lappui des dirigeants européens. Le rapport sera examiné à une réunion de
haut niveau à La Haye le 18 novembre 2004.
SUJETS CONNEXES
- Priority Medicines for Europe and the World - en anglais
http://mednet3.who.int/prioritymeds/
- Médicaments essentiels
http://www.who.int/topics/essential_medicines/fr/
Pour plus d'informations:
Ms Daniela Bagozzi
Téléphone: +41 22 791 4544
Tél. portable: +41 79 475 5490
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