Une consultation internationale se penche sur l'accès aux médicaments
anti-VIH dans les pays à revenu intermédiaire
13 juin 2013
Les problèmes critiques auxquels sont confrontés les pays à revenu
intermédiaire pour s'assurer l'accès à des médicaments anti-VIH abordables
et de haute qualité ont été examinés lors d'une consultation organisée
cette semaine à Brasilia, capitale du Brésil.
http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/featurestories/2013/june/201
30613brazil/
En réaction à une situation où les débats internationaux autour de l'accès
aux médicaments tendent à se focaliser sur les pays à faible revenu, les
délégués du Brésil, de Chine, d'Équateur, d'Inde, d'Indonésie et d'Afrique
du Sud, ainsi que plus d'une vingtaine d'autres pays à revenu
intermédiaire de tous les continents, ont discuté de leurs besoins
spécifiques, de leurs points de vue et de leurs préoccupations en
compagnie de représentants de la société civile et d'organisations
internationales. Tous admettent que ces problèmes sont particulièrement
importants, compte tenu du fait que d'ici 2020, la grande majorité des
personnes vivant avec le VIH seront des habitants de ces pays.
De nombreux pays à revenu intermédiaire payent aujourd'hui le prix fort
pour les médicaments anti-sida, en particulier pour les traitements de
seconde ou troisième intention. En pratique, même le traitement de
première intention recommandé par l'OMS, à savoir la dose combinée fixe
d'une pilule pour 3 médicaments par jour, est hors de la portée de
certains pays, notamment le Brésil, la Chine et la Russie.
Cette situation a de profondes implications pour l'optimisation du
traitement et son caractère abordable et durable à long terme, qui
représentent les principaux défis identifiés lors de la rencontre. Souvent
considérés comme des marchés lucratifs, les pays à revenu intermédiaire ne
bénéficient pas souvent des initiatives internationales sur l'accès aux
médicaments. La plupart d'entre eux règlent la note eux-mêmes, soit au
moyen de financements publics, soit en laissant les personnes payer de
leur poche, et on ignore à l'heure actuelle si le nombre croissant de
personnes sous traitement continueront de recevoir les médicaments vitaux
dont elles ont besoin aussi longtemps que nécessaire.
« Nous devons étudier des options programmatiques spécifiques et les
mécanismes auxquels peuvent accéder les pays à revenu intermédiaire pour
lever les obstacles et assurer l'accès universel au traitement », a
déclaré Ed Vela de UNITAID, qui a coorganisé la rencontre du 10 au 12 juin
avec l'ONUSIDA, l'OMS, l'Organisation panaméricaine de la Santé et le
gouvernement brésilien.
Cette rencontre a été l'occasion de nombreux échanges d'analyses et
d'informations sur les marchés et les prix des médicaments anti-VIH, ainsi
que leur statut réglementaire dans les différents pays à revenu
intermédiaire. Les expériences et approches des divers pays ont été
présentées, en tenant compte des disparités souvent immenses entre des
nations qui se situent à des stades de croissance économique différents.
Jarbas Barbosa da Silva Junior, Vice-ministre et Secrétaire chargé de la
santé du Brésil, a fait remarquer que son pays prenait des mesures
ambitieuses pour relever le défi des inégalités existant dans un grand
pays à revenu intermédiaire comme le Brésil. « Cette rencontre constitue
une étape essentielle pour renforcer le mécanisme de coopération entre les
pays à revenu intermédiaire et nous permettra de parvenir à un accès
universel et durable au traitement ».
La question clé de la gestion publique des droits de propriété
intellectuelle axée sur la santé a été étudiée en détail. Soutenue par
UNITAID, la communauté de brevets Medicines Patent Pool, au sein de
laquelle les détenteurs partagent leurs brevets sur les médicaments
anti-VIH, permet de produire des médicaments génériques à un coût réduit.
Toutefois, les participants ont constaté que ce mécanisme est largement
réservé à l'Afrique subsaharienne et que la plupart des pays à revenu
intermédiaire situés hors de cette région en sont exclus. Les participants
ont examiné les moyens avec lesquels des leviers politiques et des
mécanismes incitatifs pourraient être mis en ¦uvre pour permettre à
davantage de pays de bénéficier de ce type de mécanismes volontaires.
Au bout de trois jours de discussion et d'échanges d'informations, d'idées
et de stratégies, les délégués ont tenu à veiller à ce que la consultation
ne reste pas une fin en soi mais représente le début d'un processus. Ils
ont reconnu la nécessité de poursuivre l'amélioration de la mise en ¦uvre
des options programmatiques avancées pour un accès élargi aux médicaments
pour les pays à revenu intermédiaire. Le document de conclusion de la
rencontre définit les prochaines étapes clés dans le domaine de la
tarification, de la propriété intellectuelle, de la recherche et
développement et de la réglementation, en favorisant le partage
d'informations et la collaboration sud-sud sur ces thèmes.
Selon Mariangela Simao, Directrice du Département Sexospécificité, droits
de l'homme et mobilisation communautaire de l'ONUSIDA, « cette rencontre a
été une avancée précieuse en réunissant des pays à revenu intermédiaire du
monde entier avec des défis différents à relever pour parvenir à l'accès à
long terme et à la pérennité du traitement antirétroviral ».