Communiqué de presse conjoint OMS/ONUSIDA
En deux ans, l'accès aux thérapies contre le VIH a triplé mais d'importants
défis subsistent
1,3 million de personnes sont désormais sous traitement dans les pays à
revenu faible et intermédiaire ; l'Afrique subsaharienne est la première à
bénéficier de l'extension du traitement
Les enseignements de l'initiative « 3 millions d'ici 2005 » devraient
inspirer les efforts visant à parvenir à l'accès universel au traitement d'ici
2010
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2006/pr13/fr/index.html
28 MARS 2006| GENÈVE -- Un nouveau rapport de l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
(ONUSIDA) montre que le nombre de personnes sous traitement antirétroviral
dans des pays à revenu faible et intermédiaire a plus que triplé, atteignant
1,3 million en décembre 2005, contre 400 000 en décembre 2003. Montrant les
progrès accomplis sur la fin par la stratégie « 3 millions d'ici 2005 » pour
élargir l'accès au traitement contre le VIH dans les pays en développement,
le rapport estime également que les enseignements des deux dernières années
devraient inspirer les efforts mondiaux en cours désormais en vue d'instaurer
l'accès universel au traitement du VIH d'ici 2010.
Les progrès en matière d'extension du traitement, bien que substantiels, ont
été moins importants qu'on ne l'espérait. Le rapport fait cependant observer
que l'accès au traitement a été élargi dans toutes les régions du monde
grâce à l'initiative « 3 millions d'ici 2005 » puisque quelque 50 000
personnes supplémentaires ont entamé un traitement antirétroviral chaque
mois de l'année 2005. L'Afrique subsaharienne, la région la plus gravement
touchée, a mené cet effort d'accélération du traitement puisque le nombre de
personnes traitées y a été multiplié par plus de huit, passant de 100 000 à
810 000 en deux ans. Fin 2005, plus de la moitié des personnes recevant un
traitement dans les pays à revenu faible et intermédiaire vivaient en
Afrique subsaharienne, alors qu'elles n'étaient qu'un quart deux ans
auparavant.
« Il y a deux ans, le soutien politique et les ressources en faveur de l'extension
rapide du traitement contre le VIH étaient très limités » a déclaré le
Directeur général de l'OMS, le Dr LEE Jong-wook. « Aujourd'hui, l'initiative
« 3 millions d'ici 2005 » a permis de mobiliser une volonté politique et un
engagement financier en vue d'élargir encore bien davantage l'accès au
traitement. Ce changement fondamental laisse espérer que l'on puisse s'attaquer
ainsi non seulement au VIH/SIDA mais également à d'autres maladies. »
« En juillet 2005, les pays du G8 ont approuvé l'idée d'une collaboration
avec l'OMS et l'ONUSIDA afin de mettre au point un ensemble essentiel d'interventions
pour prévenir, traiter et soigner le VIH dans la perspective de se
rapprocher autant que possible de l'accès universel au traitement d'ici
2010, but approuvé ensuite par l'Assemblée générale des Nations Unies en
septembre 2005. Le nouveau rapport OMS/ONUSIDA définit un certain nombre de
mesures à prendre pour poursuivre et élargir l'extension du traitement en
vue d'atteindre cet objectif.
Augmentation significative de l'accès au traitement anti-VIH
Dans toutes les régions du monde, les pays ont considérablement progressé
grâce à l'initiative « 3 millions d'ici 2005 » en s'efforçant de réduire l'écart
entre le nombre de personnes ayant besoin d'un traitement et de celles qui
en bénéficient. Le nombre de centres de traitement du secteur public dans
les pays à revenu faible et intermédiaire a augmenté, passant de moins de
500 à plus de 5100 centres opérationnels fin 2005. Une récente enquête a
montré par exemple que le nombre de centres de traitement au Malawi est
passé de trois début 2003 à 60 et qu'en Zambie, ce chiffre est passé de
trois à plus de 110 en un peu plus de deux ans.
Au niveau mondial, 18 pays en développement ont atteint la cible fixée par l'initiative
« 3 millions d'ici 2005 », à savoir fournir un traitement à au moins la
moitié des personnes visées d'ici la fin de 2005, et concentrent désormais
leurs efforts sur la progression vers l'accès universel au traitement.
Tandis que d'autres pays n'ont pas atteint l'objectif, les enseignements
tirés des efforts faits pour élargir l'accès au traitement et remédier aux
faiblesses critiques des systèmes de santé inspirent de nouvelles
initiatives visant à élargir encore l'accès aux services de prévention, de
traitement et de soins pour le VIH. Rien qu'en 2005, l'augmentation de l'offre
de traitements antirétroviraux a évité selon les estimations de 250 000 à
350 000 décès prématurés dans les pays en développement.
Lancée par l'OMS et l'ONUSIDA à l'occasion de la Journée mondiale du SIDA,
le 1er décembre 2003, l'initiative « 3 millions d'ici 2005 » visait à offrir
un traitement à 3 millions de personnes dans les pays à revenu faible et
intermédiaire avant la fin 2005. Cet objectif ambitieux reposait sur une
analyse réalisée en 2001 des résultats que l'on pouvait espérer obtenir en
associant de façon optimale crédits, renforcement des capacités techniques,
renforcement des systèmes de santé, volonté politique et coopération. L'initiative
a confirmé que le traitement anti-VIH pouvait être dispensé efficacement par
un large éventail de systèmes de santé, y compris dans les pays pauvres ou
en milieu rural, et que l'accès élargi au traitement antirétroviral était
réalisable et de plus en plus abordable.
Entre 2003 et 2005, on estime que les dépenses mondiales consacrées au SIDA
sont passées de US $4,7 milliards à US $8,3 milliards. Une bonne part de ces
fonds provenait du plan du Président des Etats-Unis pour l'aide d'urgence à
la lutte contre le SIDA, du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la
tuberculose et le paludisme et de la Banque mondiale. Pendant la même
période, le prix du traitement de première intention a diminué d'un
pourcentage compris entre 37 et 53 % selon le schéma thérapeutique utilisé.
Progrès : l'accès au traitement par région
Entre fin 2003 et fin 2005, l'accès au traitement anti-VIH a été élargi dans
toutes les régions du monde. L'Afrique subsaharienne ainsi que l'Asie de l'Est,
du Sud et du Sud-Est, les régions les plus fortement touchées par l'épidémie,
ont réalisé les progrès les plus rapides et les plus soutenus.
a.. En Afrique subsaharienne, plus de 810 000 personnes, soit 17 % des
personnes ayant besoin d'un traitement antirétroviral, avaient accès au
traitement fin 2005. C'est dans cette région que vivent plus de la moitié
des personnes sous antirétroviraux dans les pays en développement. Cette
augmentation substantielle de l'offre d'antirétroviraux en Afrique
subsaharienne est intervenue malgré des difficultés régionales considérables
: plus de 20 des 25 pays les plus pauvres du monde sont en effet situés dans
cette région, où il manque près d'un million d'agents de santé qualifiés, et
qui en perd chaque année 20 000 autres du fait de l'émigration.
b.. L'Asie de l'Est, du Sud et du Sud-Est a enregistré des progrès
significatifs dans l'accès au traitements antirétroviraux entre fin 2003 (70
000 personnes) et fin 2005 (180 000 personnes), la couverture ayant augmenté
de plus de 75 % en 2005. La Thaïlande a été le principal moteur de cette
augmentation, en particulier en 2004 et au cours du premier semestre 2005.
c.. L'Amérique latine et les Caraïbes, où plus de 315 000 personnes sont
sous antirétroviraux (contre 210 000 fin 2003), proposent un traitement à
environ 68 % de la population qui en a besoin - la couverture la plus élevée
de toutes les régions du monde en développement. Treize pays de cette région
offrent un traitement à plus de la moitié de la population visée.
d.. Malgré l'augmentation du nombre global de personnes sous traitement, l'accès
aux antirétroviraux dans les pays à revenu faible et intermédiaire en Europe
orientale, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord est resté
en deçà des autres régions, avec à peine 21 000 personnes en Europe
orientale et en Asie centrale et 4000 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord,
contre 15 000 et 1000 respectivement fin 2003. Pratiquement tous les pays de
ces régions connaissent des épidémies peu actives concernant surtout des
populations difficiles à atteindre comme les toxicomanes par voie
intraveineuse et les professionnels du sexe.
Atteindre les femmes, les enfants et les populations vulnérables
Si le nouveau rapport n'a pas constaté de discrimination systématique envers
les femmes dans l'accès au traitement antirétroviral, les taux de couverture
pour les femmes étaient variables. Dans certains pays, elles sont plus
nombreuses à recevoir un traitement alors que dans d'autres ce sont les
hommes. L'un des domaines de préoccupation notables est l'accès au
traitement pour prévenir la transmission mère-enfant du VIH, qui reste
beaucoup trop faible. Entre 2003 et 2005, moins de 10 % des femmes enceintes
séropositives recevaient une prophylaxie antirétrovirale avant ou pendant l'accouchement.
De ce fait, 1800 enfants naissaient avec le VIH chaque jour. Chaque année,
plus de 570 000 enfants de moins de 15 ans meurent du SIDA, le VIH ayant été
transmis à la plupart d'entre eux par leur mère. En 2005, 660 000 enfants de
moins de 15 ans avaient besoin d'un accès immédiat au traitement
antirétroviral, ce qui représente plus de 10 % des besoins non satisfaits au
plan mondial. Neuf enfants sur dix en attente de traitement vivent en
Afrique subsaharienne.
Si l'on estime que 36 000 toxicomanes par voie intraveineuse étaient placés
sous antirétroviraux à la fin de 2005, plus de 80 % (30 000) vivaient au
Brésil. Les 6000 patients restants se répartissaient entre 45 autres pays.
Ces chiffres laissent supposer que les besoins non satisfaits sont
importants, en particulier en Europe orientale et en Asie centrale, où les
toxicomanes par voie intraveineuse représentent 70 % des cas de VIH et où à
peine 24 % des patients sont actuellement traités.
« La mauvaise information au sujet de la maladie et la stigmatisation des
personnes vivant avec le VIH compromettent encore les efforts de prévention,
de soins et de traitement partout dans le monde », a déclaré le Dr Peter
Piot, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Si nous voulons maîtriser l'épidémie
de SIDA, nous devons nous attaquer à la stigmatisation, veiller à ce que les
fonds disponibles soient dépensés efficacement afin d'élargir les programmes
de prévention, de soins et de traitement pour le VIH et mobiliser davantage
de ressources. »
Vers l'accès universel
Si des progrès importants en matière d'accès au traitement anti-VIH ont été
réalisés au cours des deux dernières années, le rapport admet également qu'en
dépit des efforts déployés par de nombreux partenaires et l'effort non
négligeable de nombreux donateurs, la stratégie « 3 millions d'ici 2005 » ne
s'est pas montrée tout à fait à la hauteur de ses ambitions. Les obstacles à
l'extension du traitement et de la prévention du VIH mis en lumière dans le
rapport sont notamment le manque d'harmonisation des partenariats ; des
difficultés dans l'achat et l'offre de médicaments, d'outils diagnostiques
et d'autres produits ; des ressources humaines à la limite de leurs
capacités et autres difficultés que rencontrent les systèmes de santé ; les
difficultés pour assurer l'accès équitable et l'absence de standardisation
des systèmes de gestion des programmes et de suivi des progrès.
« Ces deux dernières années nous ont permis d'accumuler une mine de données,
d'expérience et d'informations que nous devons maintenant continuer à
développer » a déclaré Kevin De Cock, Directeur du Département VIH/SIDA à l'Organisation
mondiale de la Santé. « Nous avons l'intention d'utiliser ces connaissances
pour consacrer les efforts futurs à relever les défis et surmonter les
obstacles qui persistent. Il est particulièrement important de veiller à ce
que l'extension des services de prévention, de traitement et de soins pour
le VIH contribue à renforcer les systèmes de santé dans leur ensemble. »
Plusieurs enseignements tirés des efforts d'extension du traitement et
décrits dans le nouveau rapport offrent des indications précieuses pour la
poursuite des efforts en vue d'instaurer l'accès universel au traitement. On
relèvera notamment :
a.. L'effet positif de la définition de cibles, qui permet de créer et de
maintenir une dynamique d'action et d'accroître la responsabilité parmi les
différents partenaires. L'un des éléments clés de la stratégie « 3 millions
d'ici 2005 » consistait à établir des cibles ambitieuses au niveau des pays
afin d'encourager les gouvernements à élargir leurs capacités au-delà de ce
qu'ils considéraient jusque-là comme possible. A mesure que l'on avance, les
cibles concernant le traitement doivent être complétées par des cibles
réalisables pour d'autres éléments d'une riposte complète face au SIDA,
comprenant la prévention et l'atténuation de l'impact.
b.. La nécessité de renforcer les systèmes de santé. Instaurer l'accès
universel au traitement anti-VIH exigera des efforts considérables et
durables afin de reconstruire, de renforcer et d'élargir des systèmes de
santé en sous-effectifs et insuffisamment financés déjà mis très largement à
contribution dans de nombreux pays.
c.. Promouvoir une approche de santé publique de la prestation des soins
de santé qui privilégie la décentralisation des services, la mobilisation et
l'éducation de la communauté, le travail réalisé en équipe et la délégation
des tâches de routine à des infirmières et des agents de santé qualifiés. L'approche
préconise également l'utilisation de mécanismes destinés à assurer la
cohérence et la qualité de l'approvisionnement en médicaments et produits
diagnostiques ainsi que l'offre systématique de services de dépistage
volontaire et de conseil afin de permettre aux gens de connaître leur
situation vis-à-vis du VIH là où la prévalence du virus est élevée.
d.. La nécessité d'intensifier les efforts de prévention et d'intégrer la
prévention et l'extension du traitement, en utilisant toutes les méthodes
efficaces et en portant une attention particulière aux besoins des groupes
vulnérables. La modélisation épidémiologique montre régulièrement qu'une
approche globale axée à la fois sur la prévention et le traitement permet d'éviter
davantage de décès qu'une approche privilégiant uniquement le traitement ou
la prévention.
e.. La nécessité d'une augmentation substantielle des ressources et du
financement durable. L'ONUSIDA estime que l'écart entre les ressources
disponibles et les ressources qui seraient nécessaires s'élève à US $18
milliards pour la période 2005-2007 et qu'au moins US $22 milliards par an
seront nécessaires d'ici 2008 pour financer des programmes nationaux
complets de prévention, de traitement et de soins pour le VIH.
f.. Un engagement des donateurs sur le long terme est essentiel pour
assurer une extension durable du traitement, car pour bien des pays il est
difficile de placer un grand nombre de personnes sous antirétroviraux sans
un financement ferme. Le rapport encourage le recours à des mécanismes de
financement novateurs pour financer le surcroît de ressources nécessaires à
la lutte contre le SIDA. La France a ainsi proposé l'introduction d'une taxe
de solidarité sur le transport aérien et le Royaume-Uni la Facilité
internationale de financement, qui vise à utiliser en début de période les
fonds supplémentaires levés sur les marchés financiers internationaux afin
de les mettre immédiatement à disposition pour des investissements durables
qui soutiennent la réalisation des objectifs du Millénaire pour le
développement.
Le nouveau rapport souligne que l'OMS et l'ONUSIDA continueront à exploiter
les enseignements tirés de l'expérience et à se fonder sur les priorités,
les stratégies et les partenariats de l'initiative « 3 millions d'ici 2005 »
pour accélérer la riposte face au SIDA. L'ONUSIDA facilite actuellement l'élaboration
de plans et de cibles convenus au plan national afin de progresser vers l'accès
universel à la prévention, au traitement aux soins et au soutien pour le
VIH. La contribution de l'OMS à la réalisation de l'accès universel se
fondera sur un ensemble d'interventions prioritaires dans le cadre des cinq
orientations stratégiques suivantes dont on sait qu'elles sont en mesure d'influencer
de façon significative le cours de l'épidémie dans différents contextes
épidémiologiques :
a.. permettre aux individus de connaître leur statut sérologique grâce au
dépistage du VIH et au conseil ;
b.. accélérer l'extension du traitement et des soins ;
c.. porter au plus haut niveau possible la contribution du secteur de la
santé à la prévention du VIH ;
d.. investir dans l'information stratégique pour guider une riposte plus
efficace ; et
e.. renforcer et développer les systèmes de santé.
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Conseillère en Communication, Genève
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