Une étude de L’Union défend la primauté des droits de l’homme dans la prise en charge des patients tuberculeux
4 juillet 2016
Le Conseiller principal et Directeur du Département Recherche de L’Union, Anthony D. Harries, a co-écrit avec ses collègues de l’International HIV/AIDS Alliance (Royaume-Uni), de la Division de la recherche en santé de l’Université de Lancaster (Royaume-Uni) et du Partenariat Halte à la tuberculose (Kenya) un article appelant au respect des droits de l’homme dans les procédures employées pour amener les patients tuberculeux à suivre leur traitement jusqu’à son terme. L’adhésion au traitement est un élément essentiel dans la lutte mondiale contre la tuberculose. Or, les lois sur la santé publique varient considérablement d’un pays à l’autre, allant des démarches volontaires à la détention des patients qui ne suivent pas intégralement leur traitement.
L’étude, menée au Kenya, a été publiée en juin dans le Health and Human Rights Journal. Il en ressort que les patients qui n’observent pas intégralement leur traitement contre la tuberculose sont généralement incarcérés ou détenus. Ce type de législation bafoue le droit des patients aux soins, lequel repose sur le consentement éclairé, le respect de la vie privée, le droit de ne pas être soumis à un traitement médical non consenti, la protection contre les traitements inhumains et dégradants et la liberté de mouvement. Paradoxalement, ces mesures peuvent également aggraver les inégalités sociales et entraîner une hausse de l’incidence de la tuberculose.
Les lois sur la santé publique doivent permettre de prévenir les situations qui amènent les patients à arrêter leur traitement, plutôt que de prévoir des mesures qui sanctionnent ce comportement. L’article du Health and Human Rights Journal prône un renforcement des systèmes de santé afin de réduire le recours à l’incarcération en tant que mesure d’isolement, la décentralisation des services de prise en charge de la tuberculose, une meilleure éducation au traitement, la révision des lois sur la santé publique et une réflexion visant à agir sur les déterminants socio-économiques et structurels qui favorisent l’incidence de la tuberculose et la perte de suivi.
Les droits de l’homme et le droit à la santé sont inextricablement liés, puisqu’il est à la fois question de liberté de choix et de sécurité publique. Le Partenariat Halte à la tuberculose a récemment organisé au Kenya un atelier intitulé « Tuberculose, droits de l’homme et législation », qui a reconnu l’importance de traiter la maladie sans perdre de vue les êtres humains que sont les patients.
Dans l’article du Health and Human Rights Journal, L’Union soulève des questions analogues : elle prône l’adoption de législations sur la santé publique qui garantissent aux citoyens de tous les pays leur droit à la santé sans pour autant révoquer le droit des patients à la liberté et à la dignité humaine. On ne peut que se réjouir du fait que des organisations nationales et internationales comme L’Union, l’International HIV/AIDS Alliance, la Division de la recherche en santé de l’Université de Lancaster et le Partenariat Halte à la tuberculose mettent en lumière ces questions qui occuperont à l’avenir une place de plus en plus importante dans la lutte contre l’incidence croissante de la pharmacorésistance.
Pour consulter l’article dans son intégralité, cliquer sur le lien suivant : Detention of People Lost to Follow-Up on TB Treatment in Kenya: The Need for Human Rights-Based Alternatives
https://cdn2.sph.harvard.edu/wp-content/uploads/sites/13/2016/06/Mburu1.pdf