[e-med] "Utiliser le sida comme une plateforme industrielle pour transférer des technologies"

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"Utiliser le sida comme une plateforme industrielle pour transférer des
technologies", selon le chef de l'Onusida
  (Xinhua) - Liu Fang
le 28-01-2012 15:00
http://www.chine-informations.com/actualite/utiliser-le-sida-comme-une-plate
forme-industrielle-pour-transferer_38703.html

Pour lutter efficacement contre le sida sur un continent où 400.000 enfants
naissent chaque année avec cette maladie, le directeur exécutif de
l'Onusida, Michel Sidibé, préconise de la même pandémie comme "une
plateforme industrielle pour transférer des technologies" existant dans les
pays émergents.

Dans un entretien samedi à Xinhua en marge du 18e sommet ordinaire de
l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, le Dr. Sidibé a expliqué que l'enjeu
de cette plateforme prévue en partenariat avec l'agence du Nouveau Programme
pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) est la fabrication par l'Afrique
de ses propres médicaments.

Question : Monsieur le directeur exécutif, comment va se réaliser la
plateforme industrielle pour la fabrication de médicaments sur le Sida que
vous proposez à l'Union africaine à travers le NEPAD?

Réponse : Je crois que l'Afrique se transforme. L'Afrique, c'est
pratiquement le continent du futur. Il y a dix ans de cela les gens
pensaient que c'était plutôt la région des problèmes et aujourd'hui on voit
des croissances économiques de plus de 6%. Il y a même des pays qui sont à
plus de 10% et certains qui frôlent les 15% de croissance économique. Alors,
ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est que cette croissance économique
soit redistribuée et que cela puisse permettre non pas seulement bien sûr de
transformer le continent du point de vue des infrastructures, mais que cela
permette aux êtres humains de vivre en bonne santé.

Et donc, notre combat aujourd'hui est d'utiliser le Sida comme étant une
plateforme industrielle pour transférer des technologies qui existent dans
les pays émergents, que ça soit la Chine ou que ça soit le Brésil, pour
faire en sorte que l'Afrique puisse s'en approprier et produire les
médicaments que nous ne produisons pas aujourd'hui. Ce qui est triste, parce
qu'on a 5 millions de personnes qui attendent le médicament et qui ne l'ont
pas. On a 1 million 700.000 personnes qu'on a perdues, malheureusement dû au
fait que ces personnes n'avaient pas accès aux médicaments l'année dernière,
en une seule année. Je crois que c'est trop et on se bat avec l'Union
africaine et aussi surtout le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le
développement de l'Afrique , ndlr) pour qu'il y ait au moins un sommet
africain de crise sur cette question.

Q : Ce projet, c'est avec des multinationales ou bien avec le secteur privé
africain?

R : Moi je crois qu'il faut ouvrir le secteur social aux privés. Il faut
amener un business qui va permettre d'augmenter les capacités de réponse au
niveau social. Et ça, je crois qu'il est important aussi de commencer à
avoir un nouveau paradigme de travail, voir comment l'Afrique peut aussi
commencer à négocier des transformations des investissements au niveau
social avec la Chine et avec les autres pays.

Q : Est-ce que vous ne vous attaquez pas là à certains gros intérêts qui
sont notamment ceux des industries pharmaceutiques appartenant à grandes
puissances?

R : Aujourd'hui, les intérêts ne sont plus cloisonnés. On est dans un monde
qui se globalise. Je peux vous dire que les firmes pharmaceutiques sont les
premières aujourd'hui à rechercher un dialogue avec le continent africain,
avec les pays émergents, à mettre à la disposition de ces pays-là leurs
licences pour pouvoir produire pour et non plus le million, mais pour la
plupart des personnes qui auront besoin des médicaments.

Q : Quels sont les résulats réalisés depuis le sommet mondial de juin 2011 à
New York?

R : Plusieurs résultats. D'abord, amener le débat sur la dépendance et faire
en sorte que les leaders africains ouvrent une fenêtre d'opportunités pour
parler de la pérennisation des programmes. C'est un problème important.
L'appropriation de la réponse, c'est pour moi une question importante. On ne
peut pas mettre quelqu'un sous traitement pendant 30 ans croyant que cela ne
se produira seulement que sur des ressources venant de l'extérieur. Mais, ce
qui m'a beaucoup frappé pendant ces trois-quatre derniers mois, c'est
l'effort des Etats eux-mêmes de décider de ne plus avoir des enfants qui
naissent avec le Sida. On a un plan global qui a été établi. Ce plan global
se traduit en plans nationaux et la plupart des pays africains ont des plans
d'accélération. Ils sont en train de se battre maintenant pour qu'il n'y ait
plus d'enfants qui naissent avec le Sida. On a a déjà le Botswana, la
Namibie et l'Afrique du Sud qui ont réussi dans ce domaine et on a plein
d'autres pays qui sont en train de suivre ce sillage. Je suis persuédé qu'en
2015 on n'aura pas d'enfants avec le Sida et ce sera une nouvelle génération
sans Sida sur le continent.

Q : 400.000 enfants qui naissent avec cette maladie sur ce continent, c'est
énorme, pourrait-on dire...

R : 400.000 enfants qui naissent en Afrique alors que cela ne se produit
plus dans le reste du monde. Donc, il faut encore une fois, à travers cette
responsabilité partagée, faire qu'on mobilise les énergies, les capacités
africaines pour stopper cette transmission de la mère à l'enfant et sauver
la mère.