Pour tenter de résumer la situation "pour ou contre les moustiquaires" de
la manière la plus pédagogique possible:
1) les Anophèles commencent à piquer à la tombée de la nuit.
2) les moustiquaires imprégnées sont efficaces lorsqu'une personne est
dessous. Non seulement cette personne est protégée des piqûres, mais la
chaleur corporelle contribue à attirer les moustiques qui se posent sur la
moustiquaire et meurent.
D'où une réduction de la transmission.
3) Cette réduction de la transmission modifie la situation épidémiologique
du paludisme: nous savons que plus la transmission est élevée, plus
l'acquisition de l'immunité est rapide car liée au nombre d'accès de paludisme.
Cela indique que dans un endroit où la transmission est très élevée, nous
aurons un maximum de paludisme grave et mortel en début de vie, et une
immunité anti-maladie vers l'âge de 3 à 5 ans.
4) la mise en place des moustiquaires imprégnées, en réduisant la
transmission, va donc réduire le nombre d'accès par individu, mais
également rallonger la durée d'acquisition d'une protection anti maladie de
quelques années.
En conséquence:
Dans une zone où la transmission est élevée et annuelle (Afrique
equatoriale par exemple), nous attendons donc à moyen terme un nombre de
morts par paludisme identique, mais touchant une classe d'âge plus large.
Dans une zone où la transmission est faible et temporaire (Afrique
sahélienne par exemple), l'acquisition d'une immunité anti maladie est
difficile à obtenir à cause de cette rupture de transmission en saison
sèche, et nous pouvons espérer une réduction de la mortalité par réduction
du contact avec l'Anophèle.
Comme toutes les décisions concernant le paludisme, la distribution des
moustiquaires imprégnées ne doit pas être universellement adoptée, mais
doit tenir compte des différentes situations de transmission du paludisme
et également des habitudes ethniques des populations concernées.
Pascal MILLET
TropiVal
Université Victor Segalen Bordeaux2