Bonjour à tous,
Les commentaires et avis sur les recommandations du Forum sont d'actualité. Au final, on comprend que la question est "comment faire pour que les pharmaciens reviennent au coeur du dispositif de santé publique pour ce qui concerne tous les aspects liés au médicament ?"
Si on détaille les propositions, on constate que certaines sont adressées aux Etats et gouvernements, donc à l'exécutif, parfois de façon précise à des administrations particulières (santé, douanes, commerce), d'autres sont du ressort des lois, donc au corps législatif, d'autres sont adressées aux instances régionales (la question des taxes par exemple) d'autres sont adressées aux financeurs internationaux (je n'ose plus les appeler bailleurs de fonds tant la façon de "bailler les fonds" a changé ces dix dernières années), d'autres à l'OMS (qui à l'OMS : au Directeur général , au Directeur AFRO? aux services?) et enfin, d'autres aux opérateurs de terrain, pharmaciens privés et publics, et d'autres encore à ... on ne sait trop qui : la société civile ? les laboratoires pharmaceutiques ? !
En fait, dans toutes les recommandations des différentes réunions, tout se passe comme si le partage des rôles dans les actions envisagées était implicite.
De mon expérience, je crois pas que ces rôles soient si implicites que ça. Il y a des pays dans lesquels l'impulsion pour la réalisation d'action vient des opérateurs de terrain, de façon isolée ou de façon concertée (syndicats par exemple) ; d'autres où se sont les ordres qui font "bouger les lignes"; parfois ce sont les services de santé, les directions de la pharmacie ; parfois, il suffit d'un ministre impliqué, pas forcément de la santé, il y a des actions menées par les finances ; d'autres fois, ce sont des Bureaux régionaux (cas de l'UMEOA, ou de la CEEAC, ou encore de l'OMS) qui impulsent les changements, tous les cas de figure sont représentés.
Il me semble que pour la mise en oeuvre et le suivi des recommandations il faudrait d'abord effectuer un consensus concernant la répartition des rôles de chacun et une cartogaphie des différents intervenants, ensuite définir les fonctions réelles de ces intervenants, et seulement une fois que ce travail est fait trouver un consensus sur les modalités pratiques de suivi avec des acteurs identifiés.
En d'autres termes, il me semble que ce qui manque aux recommandations du forum, et ce pourrait être la première étape de mise en oeuvre, c'est la définition de stratégies efficaces allant au-delà des recommandations.
Ces stratégies, pilotées de façon classiques par l'OMS, jusqu'à présent ont concerné d'abord le secteur public, étant entendu (une fois encore de façon implicite) que le pilotage était un rôle dévolu aux ministères de la santé. Mais pour que les ministères de la santé "pilotent" encore faut-il qu'ils aient les moyens de le faire : moyens financiers bien sûr, mais surtout moyens humains, des hommes et des femmes qui réflechissent et produisent des idées. Or aujourd'hui, le plus grand nombres de pharmaciens n'est pas dans le secteur public, et encore moins dans les organisations internationales (combien de pharmacien à l'OMS? et dans les instances régionales ?).
Il me semble que la production d'idées et la conception de stratégies devraient être mieux partagées : aux Etats Unis, on appelle ça le lobbying, et de plus en plus à bruxelles et à genève, on constate que les décisions des administrations sont en fait imaginées et portées par des professionnels du lobbying, dont c'est le métier, et qui n'ont d'autre rôle que de faire jaillir des idées et les faire avancer auprès des décideurs, législatifs et exécutifs. La constitution de "think-tank" devrait pouvoir être organisée au niveau régional par les pharmaciens, et ils ne devraient pas laisser à d'autres cette activité, sans ostracisme bien sûr, de façon ouverte, et prenant en compte tous les compartiments et tous les risques et enjeux globaux et sectoriels. Bien sûr cette activité nécessite des fonds, mais, toujours de mon expérience, quand les projets sont clairs et les enjeux définis, en général on peut trouver des fonds, et
pourquoi pas à l'OMS d'ailleurs.
Il existe des outils fonctionnels depuis 10 ans bientôt qu'existe le Forum pharmaceutique, les syndicats, les ordres, Remed et autres, mais je crois qu'au delà des enjeux corportatistes, les enjeux de santé aujourd'hui sont tels que l'ensemble des intervenants dans le domaine du médicament manque d'interlocuteurs qui soient capables de participer efficacement à réflexion sur des stratégies viables et capables de porter les changements et les faire passer au niveau national, régional et international.
Comment verriez-vous l'organisation de ce lobbying ?
Hélène DEGUI, hdeguifr@yahoo.fr
tel : 06 62 40 29 84