[quelques détails supplémentaires... Enfin de l'action, quand on pense que
cela fait plus de 15 ans que nous dénonçons cela...CB]
Saisie record de faux médicaments en Afrique
Mots clés : Contrefaçon, médicaments
Par figaro Delphine Chayet - le 25/10/2012
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/10/25/19353-saisie-record-faux-medic
aments-afrique
Quelque 82 millions de produits de santé contrefaits ont été saisis lors de
l'opération Vice Grips 2 menée en juillet dernier dans seize pays d'Afrique.
C'est une estimation alarmante que livre l'Organisation mondiale des douanes
(OMD), après avoir extrapolé les résultats de sa saisie: près de 10
milliards de médicaments contrefaits seraient introduits chaque année sur le
continent africain, pour une valeur de 3,85 milliards d'euros. Ce trafic a
des conséquences tragiques pour les populations locales qui achètent, sans
le savoir, des médicaments inefficaces ou dangereux.
L'opération internationale Vice Grips 2 a été menée en juillet dernier avec
la collaboration de l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments
(IRACM). Seize pays africains y ont participé. En trois jours, les douaniers
ont découvert 82 millions de produits de santé contrefaits ou de médicaments
génériques importés sans autorisation de mise sur le marché. Des
antipaludéens, des antibiotiques, des traitements contre la stérilité, des
antiparasitaires ou encore des pilules du lendemain ont notamment été
saisis.
Copies indécelables à l'œil nu
En Angola par exemple, les douaniers ont trouvé 33 millions de faux
médicaments de marque ne contenant aucun principe actif. Ces copies
indécelables à l'œil nu étaient dissimulées avec un lot de DVD
pornographiques dans un container. Sur le document légal, les trafiquants
avaient déclaré transporter des enceintes audio et des canapés. L'hologramme
anti-contrefaçon avait été parfaitement reproduit. Au Togo, un «sirop
expectorant» supposé être conservé entre -2 et + 4 degrés se trouvait en
plein soleil par plus de 50 degrés.
Le trafic prospère grâce à la pauvreté et la faible alphabétisation des
populations, mais aussi à la désorganisation des systèmes de santé. Une fois
sur place, les médicaments sont vendus, souvent à prix coûtant, sur des
marchés de rue et même dans des officines. «L'absence de principe actif ou
le sous-dosage induit un risque réel d'échec thérapeutique et favorise
l'apparition de souches résistantes, déplore Jacques Franquet, directeur de
l'IRACM. Dans les cas les plus dramatiques, ces faux peuvent provoquer un
empoisonnement à grande échelle». En 2009, un sirop contre la toux a ainsi
fait plusieurs dizaines de morts au Nigeria. Au Kenya, deux ans plus tard,
ce sont 3000 malades qui ont été touchés par une falsification de leur
traitement antirétroviral.
Selon l'OMD, ce trafic rentable et relativement peu réprimé se
professionnalise. «Les organisations internationales de fraude produisent à
un rythme industriel et multiplient les moyens de transports et les ruptures
de charge pour détourner l'attention des douaniers», souligne Christophe
Zimmermann, coordinateur de la lutte anti-contrefaçon à l'OMD, précisant
qu'un système informatique sécurisé permet aujourd'hui de mieux cibler les
contrôles.
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