[Pour vous encourager à mener cette campagne dans vos pays la dernière
semaine de ce mois.CB]
Le fléau de la contrefaçon de médicaments en Afrique
Un phénomène qui inquiète les ONG et l'OMS
http://www.afrik.com/article9822.html
samedi 13 mai 2006
Le marché illicite des médicaments s'est développé de manière considérable
en Afrique, depuis plus d'une dizaine d'années. Selon l'Organisation
mondiale de la Santé, il représente dans certains pays jusqu'à 60% des
volumes vendus. Ce fléau planétaire (10% du marché mondial des médicaments)
est à l'origine des millions de morts, victimes de ce dangereux trafic.
Par Vitraulle Mboungou
Les contrefaçons représentent plus de 10% du marché mondial de médicaments,
selon la Food and Drug Administration, une ONG américaine, et 25% dans les
pays pauvres. Dans certains de ces pays, ce chiffre atteindrait parfois 60%,
selon une enquête effectuée de janvier 1999 à octobre 2000 par
l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS). La mondialisation et le développement des
échanges commerciaux favorisent l'entrée de manière informelle, de ces
médicaments en provenance de tous les continents. Ce marché s'est développé
depuis les années 1980 dans pratiquement tous les pays de l'Afrique
subsaharienne. Ils sont en vente libre dans la rue, sur les marchés. Les
antibiotiques, anti-inflammatoires, analgésiques, anti-parasitaires et les
produits cardio-vasculaires sont ceux qui ont le plus de succès. Ces
contrefaçons bénéficient d'une double source d'approvisionnement, interne et
externe. Les vendeurs illicites seraient ainsi approvisionnés en partie par
le marché pharmaceutique national regroupant des grossistes, des producteurs
locaux.
Un phénomène aux conséquences désastreuses pour la santé
La contrefaçon des médicaments, au même titre que celle des pièces détachées
pour les voitures, est la plus dangereuse de toutes selon l'OMS. Plusieurs
cas d'intoxications mortelles consécutives à la prise de ces médicaments ont
été notifiés. Elle est à l'origine de ravages sanitaires énormes. La
dangerosité de ces produits contrefaits tient du fait qu'il ne contiennent
aucun principe actif susceptible de soigner. D'après une étude la revue
médicale britannique, The Lancet, sur le million de personnes décédant du
paludisme chaque année en Afrique, 200 000 auraient pu être sauvées si des
médicaments authentiques étaient distribués. Le consommateur est donc la
première victime de ces médicaments contrefaits qui, au mieux, entraînent
l'échec
thérapeutique et au pire, engendrent la mort.
Tout aussi préoccupant, les mauvaises indications thérapeutiques de ces
produits par les vendeurs. Elles sont souvent erronées et insensées, voire
fantaisistes. La posologie l'est tout aussi, le nombre d'unités conseillées
dépend en générale de la capacité financière du client. Ces « conseils »
sont donnés selon le Réseau Médicaments et Développement (ReMed), une ONG
française, par des vendeurs souvent analphabètes et inconscients des dangers
de leurs marchandises. Même lorsqu'ils sont lettrés, il leur est difficile
de trouver des informations sur ces médicaments du fait de l'absence de
notice ou de notices en langues étrangères. Pire, les chaînes de
fabrications clandestines copient l'habillage des produits pharmaceutiques
en falsifiant le contenu moléculaire. La nature et l'origine indiquées sur
l'étiquette
sont donc délibérément et frauduleusement mensongères.
« Une pandémie silencieuse »
De plus en plus inquiète, l'OMS a décidé de s'organiser pour trouver des
solutions mondiales contre cette « épidémie silencieuse » de faux
médicaments. C'est dans cette optique qu'une réunion de deux jours a été
tenue en février dernier à Rome (Italie). « On ne meurt pas de porter des
faux sacs à mains ou T-shirt. En revanche, les contrefaçons de médicaments
peuvent tuer », a rappelé lors de cette réunion Howard Zucker,
Sous-Directeur général à l'OMS pour la Technologie de la santé et les
produits pharmaceutiques. « Comme pour la contrebande des drogues, il ne
faut faire aucun compromis et livrer une lutte sans merci contre les réseaux
de production et de distribution », a-t-il ajouté. Ainsi une vaste campagne
d'information simultanément dans tous les pays d'Afrique francophone devrait
être organisée. Elle aura pour objectif d'informer et sensibiliser les
populations sur les dangers du marché illicite des médicaments et de
promouvoir l'accès aux médicaments génériques dans tous les secteurs
pharmaceutiques.