[e-med] (2)En Côte d'Ivoire, en pleine crise, une mise en garde contre une pénurie des médicaments de première nécessité

Dr Parfait Kouassi (pdt de l'ordre des pharmaciens) :"Les antipaludéens vont
manquer."
Publié le mercredi 23 fevrier 2011 | Nord-Sud
http://list.healthnet.org/mailman/admindb/e-med

Le président de l'ordre des pharmaciens de Côte d'Ivoire, Dr Parfait
Kouassi, revient dans cet entretien sur la réalité de la menace de pénurie
de médicaments qui plane sur la Côte d'Ivoire.

Des pharmacies ne vous ont-elles pas déjà signalé des ruptures
d'antipaludéens
ou d'autres médicaments de première nécessité ?
Aucune pharmacie pour le moment.
Vu que ces médicaments sont beaucoup demandés en raison de l'importance du
paludisme dans notre pays, ne craignez-vous pas leur rupture précède le
délai optimiste d'un mois que vous avez annoncé ?
Non. C'est que la prévalence du paludisme reste la même pour le moment.
C'est
en fonction de la prévalence habituelle que les pharmaciens ont leurs
stocks. En l'absence d'une épidémie nouvelle qui va augmenter le taux
d'utilisation
habituelle, le taux de couverture habituelle d'un mois est toujours en
vigueur. En tenant compte de cela, les prévisions de un mois sont en
vigueur. Il n'y a pas un risque pour le moment.

Vous avez déjà signalé des cas de ruptures de produits utilisés pour la
dialyse. Qu'en est-il exactement ?
Les produits d'hémodialyse ne sont pas des produits de monopole
pharmaceutique. Ils sont de ce fait importés par diverses sociétés, et leur
délai de couverture est habituellement court. Suite à l'arrêt des
transactions financières avec l'UE, les importateurs se sont trouvés dans
l'impossibilité
de régler leurs commandes et donc les cycles d'approvisionnement ont été
interrompus bien avant l'embargo maritime. L'embargo est venu enfoncer
encore le clou. C'est ce qui explique que sur ces produits, on assiste déjà
à une pénurie.

Comment se débrouillent, en ce moment, vos confrères de la pharmacie de la
Santé publique avec peu de stocks ?
Ils ne se débrouillent pas. Il n'y a rien à faire. Il n'y a pas de stock.
Que voulez-vous qu'ils fassent ? La situation dépasse tout le monde. C'est
un problème politique qui a engendré ce blocage multiforme. Blocage
financier, blocage au niveau des transports, etc. Tant que la question
politique n'est pas réglée, on ne peut pas espérer régler les autres
questions. La Psp avait déjà des retards d'approvisionnement donc cette
situation ne fait qu'aggraver une situation qui, à l'origine, était déjà
mauvaise. A la dernière réunion, il y a une semaine, la Psp était déjà à un
niveau de 70% de rupture. D'ici deux semaines, il n'y aura pratiquement rien
du tout.

Adélaïde Konin