[e-med] (2)Webcast de la Réunion de l'ONU sur les maladies non transmissibles

La retranscription des débats en français est disponible ici
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2011/AG11138.doc.htm

En voici quelques extraits

Mme CISSE MARIAM KAÏDAMA SIDIBE, Premier Ministre du Mali, a salué les
progrès immenses enregistrés dans la lutte contre la pandémie de sida, le
paludisme et la tuberculose sous la bannière des Nations Unies et de leurs
institutions spécialisées. Aujourd’hui, les maladies non transmissibles
évoluent rapidement dans le monde et, en particulier sur le continent
africain, a-t-elle souligné. Elles ne sont pas seulement un problème pour
la prise en charge médicale des malades mais également un problème de
développement et une question hautement politique. Dans nos pays en
développement, nous n’avons pas les moyens suffisants et c’est pourquoi, la
solidarité internationale doit être plus active, a-t-elle déclaré. Mme
Kaïdama Sidibé a également dénoncé un monde souvent irrationnel et le modèle
de la nourriture rapide, préfaçonnée pour son coût, son goût et son aspect.
« Les médias, du marketing de la consommation à bas prix, sont en marche, en
direction des enfants et des adolescents pour créer la demande de l’usage
incontrôlé de l’alcool, du tabac et des boissons sucrées, en dehors de toute
norme de santé publique », a-t-elle dit. Le Premier Ministre, détaillant
les mesures prises par le Mali sur ces questions: réglementation de la
publicité, de la consommation et de la distribution du tabac, et création de
centres spécialisés pour soigner les patients atteints de MNT. Le pays a
également décidé de prendre en charge gratuitement le traitement des cancers
de la femme et élargi l’accès aux médicaments. Avant de conclure, Mme
Kaïdama Sidibé a appelé à adopter un programme mondial multisectoriel de
prévention et de lutte contre les MNT, fondé sur l’urgence et sous les
auspices des Nations Unies.

M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a souligné que le taux de décès
liés aux maladies non transmissibles (MNT) allait passer de 35% aujourd’hui
à 75% au cours des 30 prochaines années et que les dépenses financières
qu’il faudrait alors consentir dépasseraient les moyens à disposition.
Compte tenu de l’ampleur de cette question, le Sénégal va prendre des
mesures à la pointe, comme il l’a fait contre le VIH/sida, -ce qui a permis
au Sénégal d’avoir, aujourd’hui, un taux de prévalence parmi les plus
faibles d’Afrique- et en matière de télémédecine. Le plus important, est
que les populations comprennent comment ces maladies se développent, a
poursuivi le Président du Sénégal. C’est une question de responsabilité
individuelle qui exige la prévention et la sensibilisation auprès des
populations. En outre, le traitement de ces maladies exige des équipements
plus ou moins sophistiqués qui coûtent beaucoup d’argent. Le Président Wade
a demandé que les équipements médicaux et produits pharmaceutiques soient
produits localement, notamment en Afrique et que les pays africains soient
aidés pour les procurer. Il faut une prévention générale et au niveau de
chaque individu, a-t-il insisté, précisant que c’est dans cette perspective
que le Sénégal propose de consacrer la prochaine décennie à la prévention.

Mme AGNÈS BINAGWAHO, Ministre de la santé du Rwanda, a estimé que
l’importance négative des MNT ne peut plus être niée, et en particulier leur
impact négatif sur le développement des pays les moins avancés. La Ministre
de la santé du Rwanda est revenue sur les améliorations du système de santé
que son pays a connues au cours de la dernière décennie, ce qui, selon elle,
lui permettra, aujourd’hui, d’être plus à même de lutter efficacement contre
les MNT qui représentent déjà plus de 25% de la morbidité au Rwanda. Avec
un secteur de la santé renforcé, 95% des Rwandais bénéficient désormais
d’une assurance maladie, a précisé la Ministre. Cependant, à l’heure
actuelle, la plupart des habitants du Rwanda ne peuvent pas se permettre de
recevoir tous les traitements contre les MNT, qui sont encore trop coûteux,
a-t-elle dit en indiquant que, par conséquent, son pays souhaitait faciliter
un accès universel à ces médicaments. Par ailleurs, le Ministère de la
santé rwandais s’attaque au tabagisme et a mis en place des programmes de
lutte contre le cancer, a encore indiqué la Ministre.

M. GHULAM NABI AZAD, Ministre de la santé et du bien-être de la famille de
l’Inde, a expliqué que son pays portait le triple fardeau des maladies
transmissibles, des nouvelles maladies infectieuses et de celles qui
réapparaissent, et, enfin des maladies non transmissibles. Ces dernières
sont la cause de plus de la moitié des décès en Inde, et, vu leur importance
et leurs impacts négatifs, un sommet national a été organisé pour donner
suite à la Conférence ministérielle internationale sur les styles de vie
plus sains et les MNT qui avait eu lieu à Moscou en avril 2011. À ce stade,
l’Inde a lancé un programme national pour la prévention et le contrôle du
cancer, du diabète, des maladies cardiovasculaires et des crises cardiaques
ainsi qu’un programme national pour les services de santé des personnes
âgées, a expliqué le Ministre. Cette initiative a été lancée dans le cadre
d’un projet pilote pour toucher 150 millions de personnes dans 100 zones
difficiles d’accès pendant l’année financière 2011-2012, et pour un montant
de 275 millions de dollars, a-t-il précisé. Ce programme vient renforcer
les autres mesures déjà prises en Inde pour lutter contre les MNT, notamment
la réforme importante du système de santé qui est en cours et l’interdiction
de fumer dans les lieux publics et de la vente de cigarettes au moins de 18
ans.
Par ailleurs, les innovations technologiques de l’Inde lui ont permis de
disposer d’un système de santé abordable, a souligné le Ministre en
déclarant que « si c’est déjà difficile d’être malade, c’est insoutenable
d’être malade et pauvre ». Par conséquent, il demande que la question de
barrières commerciales dans le domaine des médicaments soit abordée et que
la communauté internationale poursuive un objectif d’accès universel aux
médicaments. Il invite en outre la communauté internationale à prendre des
engagements fermes tant sur le plan du partage des ressources, que sur celui
de l’expertise technologique et des meilleures pratiques dans le cadre de la
prévention et du contrôle des MNT.

M. XAVIER BERTRAND, Ministre du travail, de l’emploi et de la santé de la
France, a rappelé que les maladies non transmissibles -responsables de 36
millions de morts par an- étaient un des défis majeurs de nos systèmes de
santé. Il a jugé indispensable un changement des comportements, des mesures
plus contraignantes et des financements innovants. Mettant l’accent sur les
causes sanitaires, culturelles et sociales des MNT, il a fustigé les modes
de vie et certains comportements, comme le tabagisme, la sédentarité,
l’usage nocif de l’alcool et une alimentation déséquilibrée. Il a mis
l’accent sur la prévention, en se félicitant de l’approche du Plan « obésité
» porté par la France, en complément d’un Programme national « Nutrition et
Santé » (PNNS). Il a souligné l’importance de l’éducation pour changer les
comportements et prendre des habitudes alimentaires saines. Le Ministre a
estimé qu’il faudrait aussi travailler sur des mesures contraignantes, si
l’on veut faire changer les comportements, notamment ceux de l’industrie
alimentaire, a-t-il dit, avant de citer les recommandations de l’OMS sur la
taxation des produits et boissons sucrés pour faire changer les
comportements.
Avec le Plan « Cancer », le Gouvernement français entend intégrer toutes les
dimensions de la question, la lutte contre les causes multiples, le
dépistage, la prise en charge, l’accompagnement, le rôle des aidants et bien
évidemment la recherche, a souligné M. Bertrand. Il a souligné le caractère
exemplaire de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, en
précisant que la France avait mis en place en 2006 l’interdiction de fumer
dans les lieux publics, pour lutter contre le tabagisme passif et changer
les comportements. Par ailleurs, il a rappelé que cette lutte contre les
MNT s’inscrit ainsi pleinement dans l’une des priorités du G-20, qui sous la
présidence française, voudra renforcer la protection sociale. Face aux
besoins importants, il a mis l’accent sur la nécessité de réfléchir aux
financements innovants. À cet égard, il a cité la réflexion portée par
l’OMS sur une contribution des fabricants de tabac en insistant que le rôle
de la communauté internationale est de permettre l’accès de tous aux soins
essentiels, aux traitements essentiels, et de trouver les meilleures
réponses pour prévenir et lutter contre les MNT.

M. TOMMO MONTHÉ (Cameroun) a fait part des préoccupations de son pays au
sujet de l’augmentation constante de l’impact des MNT en Afrique. Il a
observé que les changements des modes de vie n’étaient pas favorables à une
bonne santé, faisant notamment référence à l’usage du tabac et de l’alcool
et à la sédentarisation, lesquels provoquent, a-t-il affirmé, plus de 40%
des cancers. Le représentant a ensuite fait savoir que le Cameroun avait
précédemment accordé davantage d’attention aux maladies infectieuses qu’aux
MNT. Il a indiqué que les maladies cardiovasculaires touchaient désormais
de plus en plus de jeunes et que 6% de la population active du Cameroun
vivaient avec le diabète. Il a également fait savoir que 5% de la
population souffrait d’asthme, et que les troubles neurologiques et mentaux
représentaient 5% du fardeau causé par les maladies non transmissibles. M.
Tommo Monthé a expliqué que le Cameroun avait adopté diverses mesures pour
limiter la consommation de tabac et d’alcool. De plus, le Ministère de la
santé publique a adopté une nouvelle politique de révision du plan sanitaire
national, et le Cameroun a ratifié la Convention-cadre l’OMS pour la lutte
antitabac. Le Gouvernement du Cameroun s’efforce par ailleurs de mettre sur
pied un fonds national pour faire face aux MNT, a dit le représentant.

Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a déclaré que les succès remportés par le passé encourageaient la communauté internationale à continuer d’avancer sur les questions de santé publique. À deux occasions, nous avons changé les paradigmes de prévention de la poliomyélite et de la pandémie de VIH/sida, a-t-elle souligné, en faisant observer qu’au Brésil, 72% des morts non violentes chez les moins de 70 ans sont dues aux maladies non transmissibles et que le pays soutenait l’accès aux médicaments comme faisant partie du droit de l’homme à la santé. « L’une des premières actions de mon gouvernement a été d’augmenter cet accès aux patients touchés par l’hypertension et le diabète, a expliqué la Présidente, estimant que la flexibilité en matière d’accès aux nouvelles thérapies et technologies était indispensable pour les politiques qui garantissent le droit à la santé. Le Brésil est engagé dans la prévention des maladies liées au tabac, à l’alcool, au manque d’activité physique et aux mauvais régimes alimentaires, en prévoyant la création de 4 000 centres sportifs dans les villes et en établissant des accords avec l’industrie agroalimentaire. Les taxes sur le tabac ont été augmentées et des lois de tolérance zéro en matière d’alcool au volant ont été promulguées. En outre, le Gouvernement brésilien fait de la santé des femmes une priorité, a assuré Mme Rousseff, en appelant à une participation active à la Conférence mondiale sur les facteurs déterminants sociaux de la santé qui se tiendra du 19 au 21 octobre prochain, à Rio de Janeiro.