2 juin 2006
Assemblée générale de L'ONU
AG/10473
Département de l'information . Service des informations et des
accréditations . New York
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2006/AG10473.doc.htm
Assemblée générale
86e séance plénière - matin, après midi & soir
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉAFFIRME LA DÉCLARATION D'ENGAGEMENT DE 2001 SUR LE
VIH/SIDA ET SE PRONONCE EN FAVEUR D'UN ACCÈS AUX SOINS POUR TOUS D'ICI À
2010
Elle reconnaît que 20 à 23 milliards de dollars sont nécessaires chaque
année pour lutter contre la pandémie dans les pays à revenu faible et
intermédiaire
L'Assemblée générale a adopté sans vote, ce soir, au terme d'un sommet de
trois jours qui a rassemblé plusieurs dizaines de Chefs d'État et de
gouvernement, une nouvelle Déclaration politique sur la lutte contre le VIH
et le sida*, l'un des plus grands défis qui se posent aujourd'hui aux
dirigeants de la planète, réaffirmant la Déclaration d'engagement de 2001.
Elle a également reconnu l'estimation réalisée par le Programme commun des
Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) selon laquelle 20 à 23 milliards de
dollars sont nécessaires chaque année, d'ici à 2010, pour développer
rapidement des actions dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Auparavant, le Secrétaire général, Kofi Annan, avait appelé tous les
dirigeants à s'engager « personnellement » face à la pandémie qui touche 40
millions de personnes dans le monde, dont 2,3 millions d'enfants, et a déjà
fait, en un quart de siècle, 25 millions de morts. Par l'adoption de la
Déclaration politique s'est achevée la Réunion de haut niveau 2006 consacrée
au sida, dont l'objectif était notamment d'examiner les progrès accomplis
dans le cadre de la mise en ouvre de la Déclaration d'engagement sur le
VIH/sida de 2001. Aux termes du texte, l'Assemblée générale réaffirme en
outre que l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle
qui touchent au commerce (ADPIC) n'empêchent pas et ne devraient pas
empêcher leurs membres de prendre des mesures visant à protéger la santé
publique. Autrement dit, cet accord ne doit pas compromettre le droit à la
santé publique, et, en particulier, la promotion de l'accès pour tous aux
médicaments, y compris la production d'antirétroviraux génériques et d'autres
médicaments essentiels aux infections liées au sida.
À cette fin, l'Assemblée générale appelle les gouvernements, les parlements
nationaux, les donateurs, les organisations régionales et sous-régionales,
les organisations du système des Nations Unies, le Fonds mondial de lutte
contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que la société
civile, les personnes vivant avec le VIH, les groupes vulnérables, le
secteur privé, les communautés les plus touchées par le VIH et le sida et
autres parties prenantes à travailler étroitement ensemble, d'ici à 2010.
Elle décide enfin d'entreprendre de nouveaux examens complets en 2008 et
2011, dans le cadre de l'examen annuel de l'Assemblée générale des progrès
réalisés dans la mise en ouvre de la Déclaration d'engagement sur le
VIH/sida de 2001.
Le Président de l'Assemblée générale, Jan Eliasson (Suède), s'est félicité
de l'adoption de cette Déclaration qui, selon lui, établit un nouveau
dialogue, un nouveau partenariat, une nouvelle dynamique entre les
gouvernements et la société civile. Il a estimé que l'influence de cette
dernière, au cours des ultimes jours et heures de négociations, aura en
partie permis de renforcer le texte, et non de l'affaiblir.
À la tribune de l'Assemblée générale, ce matin, ouvrant le débat général au
cours duquel se sont exprimés plus de 150 chefs d'État et de gouvernement,
Ministres, Ambassadeurs ou représentants d'institutions internationales,
Kofi Annan a appelé tous les dirigeants du monde à décider et proclamer que
« le sida ne passera pas par moi ». « Il faut que vous fassiez tous de la
lutte contre le sida votre priorité personnelle, non seulement au cours de
cette réunion, ou cette année, ou l'année prochaine, mais tous les ans jusqu'à ce que cette épidémie soit enrayée », leur a-t-il déclaré.
Une riposte à long terme doit être basée sur le changement social, sur une
transformation des mentalités pour que disparaissent les brimades qui
entravent l'émancipation des femmes, l'homophobie et la stigmatisation, a
souligné pour sa part Peter Piot, Directeur exécutif du Programme commun des
Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).
La lutte contre le VIH et le sida n'est pas seulement une question d'argent,
elle se joue aussi sur le terrain de la culture et des comportements
sociaux, a ainsi estimé Hilary Benn, Secrétaire d'État pour le développement
international du Royaume-Uni, lequel, à l'instar de plusieurs de ses
collègues, aurait souhaité un texte de déclaration plus franc, « qui dise
toutes les vérités ». Jusqu'à présent, la réaction de la communauté
internationale n'a pas été à la hauteur de la crise, a déploré Erik Solheim,
Ministre du développement international de la Norvège. L'une des raisons
est, selon lui, qu'il n'a pas toujours été possible de parler librement de
questions taboues, cachant ainsi la réalité de l'épidémie. Le VIH et le
sida, a-t-il assuré, c'est le sexe, c'est le sang, ce sont les inégalités
sexuelles, c'est l'homosexualité, c'est la pauvreté, c'est la réalité de nos
vies, et des vies des populations du monde entier. Pete Hodgson, Ministre
de la santé de la Nouvelle-Zélande, a regretté que des stratégies
fondamentales pour combattre la pandémie continuent de faire l'objet de
controverses. Nous devons prendre des décisions sur tous les fronts, a-t-il
déclaré.
Son homologue de l'Égypte, Nasr El-Sayed, a jugé, de son côté, que le
comportement sexuel sain que recommandait l'Islam, prônant fidélité et
abstinence, expliquait la prévalence relativement basse dans les pays
arabo-musulmans. Le représentant du Bahreïn a ainsi fait état des efforts
visant à sensibiliser les groupes vulnérables, à encourager le dépistage
prémarital ou l'abstinence.
Au nom de l'Union européenne, Ursula Haubner, Ministre de la sécurité
sociale, de la protection des générations et des consommateurs de l'Autriche,
a recommandé le recours le plus possible aux flexibilités offertes dans l'ADPIC.
Ces flexibilités, a-t-elle insisté, ne doivent pas être compromises par les
accords sur le libre-échange et doivent être conjuguées à des mesures visant
à éviter la taxation des médicaments antirétroviraux. Pour le Ministre des
affaires étrangères du Brésil, Celso Amorim, il est essentiel de tirer parti
de la Déclaration de Doha, adoptée en 2001 par les membres de l'Organisation
mondiale du commerce (OMC), pour rendre abordable le prix de ces
médicaments. Aucun droit commercial ne peut s'exercer au détriment du droit
à la vie et à la santé, a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, a
rappelé, au nom de l'Union africaine, que de tous les continents, l'Afrique
était celui qui était le plus touché par les ravages de ce redoutable fléau.
Les obstacles pour relever le défi de la santé sont nombreux, a-t-il dit,
citant la persistance et l'aggravation de la pauvreté, l'insécurité
alimentaire, les contraintes économiques, les conflits armés et les
catastrophes naturelles. Plusieurs ministres africains ont mis l'accent sur
la nécessité d'encourager des partenariats forts afin de lutter plus
efficacement contre la pandémie. La Ministre de la santé de l'Afrique du
Sud, Manto Tshabalabal-Msimang a appelé, de son côté, à un renforcement des
capacités en ressources humaines.
Après l'adoption de la Déclaration politique, le représentant des États-Unis
a indiqué que son pays comprenait que la référence faite à la Conférence sur
la population et le développement et à l'expression « santé génésique » ne
conférait aucun droit et ne pouvait être interprétée comme un soutien, une
caution ou un moyen de promouvoir l'avortement. En outre, les États-Unis
comprennent que l'ensemble des références contenues dans cette Déclaration à
la notion de « comportement sexuel responsable » renvoient à l'abstinence et
à la fidélité, a-t-il conclu.
* Le texte sera publié dans toutes les langues officielles à une date
ultérieure.
SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DE LA VINGT-SIXIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE:
MISE EN OUVRE DE LA DÉCLARATION D'ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA (45): RÉUNION
DE HAUT NIVEAU DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSACRÉE AU VIH/SIDA
Déclaration de la Première Dame des États-Unis, en qualité de représentante
du pays hôte, avant la séance plénière
Mme LAURA BUSH, Première Dame des États-Unis, a déclaré, en tant que
représentante du pays hôte, que depuis 2001, il était indéniable que l'espoir
n'a cessé de grandir. La pandémie de sida constitue la crise humanitaire la
plus grave de notre époque. Elle ne connaît aucune frontière, elle frappe
toutes les religions, elle s'attaque aux riches comme aux pauvres. La lutte
contre cette maladie est une lutte urgente pour la vie. Les États-Unis
tiennent depuis 2001 leurs engagements, c'est-à-dire que nous avons consacré
chaque année depuis cinq ans plus de ressources financières que l'année
précédente.
Mme Bush a ajouté que ce financement accru et durable avait contribué à
permettre à quelque 560 000 personnes vivant en Afrique subsaharienne de
recevoir un traitement cette année, préserver la santé des populations,
élaborer des programmes éducatifs qui puissent diffuser l'espoir auprès des
plus jeunes. En Afrique subsaharienne toujours, l'initiative « ABC » a
permis de réduire durablement le taux d'infection. Ces programmes éducatifs
doivent s'accompagner d'une alphabétisation des populations les plus
défavorisées. Les États-Unis sont engagés dans ce sens au travers de
programmes de formation des travailleurs de la santé dans les communautés
locales. Ils ouvrent non seulement pour combattre l'épidémie de sida mais
aussi pour réduire les incidences du paludisme et de la tuberculose.
Déclarations liminaires
M. JAN ELIASSON (Suède), Président de l'Assemblée générale, a déclaré que
depuis deux jours une nouvelle dynamique a vu le jour aux Nations Unies avec
la participation inégalée de la société civile par le biais de tables rondes
et de groupes de travail. Diverses catégories d'acteurs qui n'ont pas l'habitude
de travailler ensemble, États Membres, malades du sida et acteurs de la
lutte contre la pandémie, se sont assis ensemble à la même table. Nous
disposons maintenant d'un projet de déclaration qui a été achevé dans la
nuit à trois heures du matin. Il s'agit d'un texte de fond prospectif que j'espère
nous adopterons aujourd'hui.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé qu'en 25 ans,
le sida avait changé le monde. Le sida, qui a fait 25 millions de morts,
est devenu la principale cause de mortalité aussi bien des femmes que des
hommes entre 15 et 59 ans et a infligé le plus grand revers dans l'histoire
du développement humain, a-t-il dit, précisant qu'il représentait désormais
le plus grave des périls auxquels doit faire face notre génération. Il
semble plus que jamais que s'il ne se produit pas de changement radical,
nous serons fort loin, à l'horizon 2010, de l'accès universel à la
prévention, au traitement, aux soins et aux mesures d'accompagnement,
objectif que nous nous sommes engagés à réaliser au Sommet mondial de
septembre dernier, a-t-il déclaré. Selon M. Annan, si nous n'intensifions
pas considérablement la lutte contre le sida, nous n'atteindrons pas l'objectif
de développement énoncé dans la Déclaration du Millénaire qui consiste à
enrayer la propagation du VIH et du sida et à commencer à inverser la
tendance d'ici à 2015.
Il faut que tous les Présidents et Premiers Ministres, tous les
parlementaires et hommes politiques décident et proclament que « le sida ne
passera pas par moi », a affirmé le Secrétaire général. Il faut, selon lui,
une réforme réelle et positive qui donne un pouvoir plus grand et davantage
de confiance aux femmes et aux filles et qui modifie les rapports entre les
femmes et les hommes à tous les niveaux de la société. Il faut que les
femmes puissent disposer de ressources plus importantes, que la législation
leur soit plus favorable et qu'elles soient mieux représentées partout où se
prennent des décisions, a-t-il ajouté. Il faut que vous fassiez tous de la
lutte contre le sida votre priorité personnelle, non seulement au cours de
cette réunion, ou cette année, ou l'année prochaine, mais tous les ans jusqu'à
ce que cette épidémie soit enrayée, a-t-il souligné.
M. PETER PIOT, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a déclaré que la Déclaration
commune de 2001 avait marqué un tournant réel dans la lutte à échelle
mondiale. Se félicitant du chemin parcouru depuis, il a estimé qu'un échec
serait aujourd'hui impardonnable. Notre réunion, a-t-il dit, doit être
assortie d'une déclaration soulignant la nécessité absolue d'intégrer la
lutte contre le VIH/sida dans toutes les stratégies nationales. Il ne s'agit
pas d'une crise passagère et nos décisions doivent tenir compte de la
nécessité convenue d'allouer 20 milliards de dollars à la lutte contre le
sida chaque année à partir de 2008. L'accès universel aux traitements, aux
soins, le devoir de venir en aide aux personnes les plus vulnérables vivant
avec le virus est le préalable à une action d'ampleur mondiale qui vise à
exempter les générations futures de ce fléau dévastateur. La riposte à long
terme doit être basée sur le changement social, sur une transformation des
mentalités pour que disparaissent les brimades, qui entravent l'émancipation
des femmes, l'homophobie et la stigmatisation.
M. RICHARD FEACHEM, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le
VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, a indiqué qu'il y a cinq ans, le
Secrétaire général avait proposé la création d'un fonds mondial pour
combattre le sida en Afrique, qui puisse financer une action rapide et
urgente. Aujourd'hui, le Fonds travaille dans une centaine de pays et
dispose d'un budget de 10 millions de dollars. Mais il reste encore
beaucoup à faire dans la mesure où les niveaux d'investissement doivent être
accrus. Pour beaucoup de pays réunis ici, il sera nécessaire de trouver de
nouvelles modalités de fonctionnement pour mener à bien les programmes déjà
mis en place. J'en appelle à tous les dirigeants pour qu'ils fassent tout
leur possible afin de trouver ces sources de financement supplémentaires.
Il faut que le monde des affaires optimise sa contribution et que nous
élevions notre voix pour qu'aucune femme, homme ou enfant ne meure en raison
de notre incapacité à trouver les quelques milliers de dollars nécessaires.
Déclarations
MSWATI III, Roi du Swaziland, a rappelé les mesures prises dans son pays
pour combattre le VIH/sida. Il a souligné qu'une campagne avait été
entreprise pour éduquer la population et apprendre aux personnes atteintes
du virus comment mener une vie saine. Le Gouvernement, les associations et
les organisations non gouvernementales ouvrent ensemble dans le pays pour
informer la population, a-t-il dit. Il a également indiqué que l'abstinence
était encouragée, de même que des méthodes traditionnelles. Avec l'abstinence,
on assiste à une baisse du taux de prévalence chez les jeunes, a-t-il
assuré. Des dispensaires communautaires traditionnels ont été établis,
permettant aux enfants orphelins vulnérables de grandir comme les autres
enfants, de mener une vie normale, a-t-il également indiqué.
Selon Mswati III, la présence de la tuberculose et du paludisme aggrave
encore le problème du VIH/sida. Il est important, a-t-il estimé, que ces
trois maladies soient traitées ensemble. La situation exige, selon lui, d'importantes
ressources. Il a ainsi remercié le Fonds mondial et les partenaires du
développement. Ces ressources ont permis d'octroyer gratuitement des
thérapies antirétrovirales aux patients, a-t-il affirmé. Le sida est comme
une guerre, a-t-il ajouté, précisant que cette maladie ne faisait pas de
différence entre les niveaux des ressources des pays.
M. DENIS SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo, a rappelé, au
nom de l'Union africaine, que de tous les continents, l'Afrique était celui
qui est le plus touché par les ravages de ce redoutable fléau. L'Afrique
est aussi le continent qui dispose des moyens de riposte les plus
dérisoires, a regretté M. Sassou Nguesso. Les femmes et les jeunes,
fondements de nos sociétés et de nos États, sont les plus atteints,
hypothéquant ainsi gravement le développement de nos pays. Que faire pour
arrêter l'implacable pandémie? Comment faire pour atteindre l'accès
universel à la prévention, aux traitements et aux soins du VIH et du sida? a
demandé le Président congolais. Évoquant le Sommet spécial qui s'est tenu à
Abuja, au Nigéria en mai dernier, M. Sassou Nguesso a déclaré que l'Union
africaine avait réaffirmé ses engagements face à la lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme. La position commune africaine est une
convergence, une approche continentale pour relever le défi de la santé. Les
obstacles sont nombreux, notamment la persistance et l'aggravation de la
pauvreté, l'insécurité alimentaire, les contraintes économiques, les
conflits armés et les catastrophes naturelles. Le Président congolais s'est
félicité que, dans ce contexte, les pays du G-8 aient pris l'engagement de
mobiliser 50 milliards de dollars d'ici à 2010 pour permettre d'accélérer l'accès
universel à la prévention, aux traitements et aux soins du VIH. Nous en
appelons à la solidarité de la communauté internationale dans son ensemble.
Notre responsabilité est historique, car le destin de millions d'hommes et
de femmes dépend des engagements que nous prenons aujourd'hui.
M. FRANÇOIS BOZIZE, Président de la République centrafricaine, a déclaré que
depuis 2001, des efforts considérables avaient été déployés par les États
africains face à ce fléau qui menace la survie du peuple africain. Ces
efforts ont permis l'amélioration des indicateurs en matière de lutte contre
le sida, mais si l'on prend en exemple certains pays comme la République
centrafricaine, ces indicateurs n'atteignent pas l'objectif 8 de la
Déclaration du Millénaire pour le développement. Sur 40 000 personnes
susceptibles de bénéficier de traitements antirétroviraux en Centrafrique,
seuls 6% y ont accès alors que le pays a le taux de prévalence du sida le
plus élevé d'Afrique. Les programmes de sensibilisation à l'école n'existent
pas en raison du décès d'un grand nombre d'enseignants des suites de la
pandémie et d'un manque de financement. Le Président centrafricain en a
appelé à ses pairs pour qu'ils souscrivent à l'ensemble des recommandations
du Secrétaire général face à un fléau qui met en péril l'existence même de
tout un continent. Ces recommandations, a-t-il précisé sont en adéquation
avec la Déclaration d'Abuja des chefs d'États africains. Il a souhaité que
de nouvelles modalités de coopération et de nouvelles procédures de
financement soient adoptées par les institutions financières
internationales. Seule la solidarité mondiale pourra orienter nos actions
pour que la lutte contre le sida prenne son essor véritable en Afrique,
a-t-il souligné.
M. ARNOLD RÜÜTEL, Président de l'Estonie, a déclaré que le VIH/sida n'était
pas seulement une maladie, mais est aussi un risque sécuritaire. Le
VIH/sida a un impact sur tous les aspects humains, les valeurs, les
convictions, l'appartenance sociale et les comportements, a-t-il souligné.
Selon lui, la lutte contre le VIH/sida ne sera efficace que si nous tenons
compte de toutes ces activités. Le Président estonien a rappelé que les
enfants étaient les êtres les plus faibles de nos sociétés et que plus de
deux millions d'entre eux étaient séropositifs. Nous devrions nous
concentrer sur les enfants et les femmes enceintes et prévenir la
transmission du virus de la femme aux enfants, a-t-il poursuivi.
Selon M. Rüütel, si nous voulons remporter la bataille contre le VIH/sida,
nous devons surmonter les préjugés sociaux. Tous les États, toutes les
sociétés doivent agir à cet égard, quel que soit le nombre de leurs victimes
du VIH/sida, a-t-il estimé. Les traitements antirétroviraux doivent être
disponibles pour tous ceux qui en ont besoin, a-t-il également déclaré. Le
succès de la prévention en Estonie est clair, étant donné que le nombre de
nouveaux cas baisse, a-t-il assuré, se déclarant néanmoins préoccupé car le
virus s'étend parmi les populations dites vulnérables. Aucun pays ne pourra
remporter seul la bataille, a-t-il ajouté, précisant que la solidarité
internationale devait être présente.
M. ELIAS ANTONIO SACA GONZALEZ, Président d'El Salvador, a expliqué que le
Gouvernement de son pays était pleinement engagé dans la lutte contre les
discriminations qui continuent de frapper les personnes vivant avec le VIH
et le sida. Le public doit être davantage informé sur la maladie pour que
cesse la stigmatisation des groupes vulnérables. Ensemble, la société
civile, le Gouvernement et les personnes contaminées, nous pouvons changer
la réalité de ce monde. L'exclusion doit cesser. Le Président salvadorien
a ajouté que son pays, depuis la Déclaration de 2001, avait réussi à enrayer
la progression de la pandémie. Nous sommes fiers d'avoir pu adapter notre
stratégie nationale en fonction des engagements pris à l'échelle
internationale, notamment en ce qui concerne les programmes intégrés de
prévention. Depuis 2001, nous avons multiplié par cinquante le nombre de
personnes qui reçoivent un traitement. Nous avons réussi l'essentiel, à
savoir baisser de plus de 85% le nombre d'enfants nés avec le virus. La
jeune génération représente le futur de notre pays. C'est pour elle que
nous devons maintenir une action soutenue et innovante. L'accès universel
est en ce sens plus qu'un objectif, il doit devenir rapidement une réalité
tangible et efficace, ancrée dans les mours d'El Salvador et des autres pays
de la région et du monde.
M. EDWARD NGOYANI LOWASSA, Premier Ministre de la République-Unie de
Tanzanie, a relevé qu'en dépit des moyens mis en ouvre, le sida fait
toujours des ravages. Il nous faut faire face aux menaces multiples que
pose la pandémie et les recommandations contenues dans le rapport du
Secrétaire général méritent d'être sérieusement envisagées. Le Premier
Ministre est revenu sur les activités mises en place dans son pays pour
lutter contre le VIH et le sida et qui se sont traduites notamment par l'élaboration
d'un cadre d'évaluation servant de guide à tous les agents et travailleurs
sociaux. La prévention de la transmission du virus de la mère à l'enfant,
les questions de droits de l'homme, la lutte contre les stigmatisations font
partie de notre cadre stratégique. Malheureusement, le coût élevé de ces
initiatives pose une limite à notre action. Les orphelins du sida et les
enfants touchés par le virus constituent l'un des défis majeurs que nous
devons relever dans la mesure où les filets de protection traditionnels se
sont amenuisés avec le temps. Le financement de programmes de lutte contre
le sida constitue un autre défi de taille tout comme le sont la grave
pénurie de personnel qualifié, l'absence d'infrastructures de santé, le
suivi nutritionnel des patients et l'incidence de la tuberculose.
M. BERTIE AHERN, Premier Ministre de l'Irlande, a déclaré qu'il faudrait un
leadership mondial, ferme et redoubler d'efforts pour éliminer le VIH/sida.
Il a indiqué que, grâce à un programme national d'aide au développement, l'Irlande
avait dépensé plus de 250 millions d'euros au cours des cinq dernières
années. Il a assuré qu'à partir de cette année, les dépenses de l'Irlande
dans la lutte contre le VIH/sida et les autres épidémies augmenteraient d'au
moins 100 millions d'euros par an. Le Premier Ministre irlandais a ajouté
que son Gouvernement s'était engagé à atteindre l'objectif des Nations Unies
de consacrer, avant 2012, 0,7% du PNB à l'aide au développement. Pour être
à l'avant-garde de la lutte contre le VIH/sida, l'Irlande va augmenter sa
contribution au Fonds mondial pour atteindre 20 millions d'euros par an,
doubler sa contribution à ONUSIDA pour atteindre 6 millions d'euros par an,
continuer d'investir dans les nouvelles technologies susceptibles de
prévenir la maladie, verser chaque année 30 millions d'euros supplémentaires
aux partenaires de l'Irlande pour les aider à lutter contre la pandémie, et
à accorder la priorité aux femmes dans les programmes nationaux.
Le rôle de chef de file des Nations Unies est crucial pour faire face à ce
défi, a-t-il dit, louant l'engagement inlassable du Secrétaire général. L'infection
du VIH/sida ne connaît pas de frontière, a-t-il déclaré, précisant que l'Union
européenne et ses pays voisins étaient confrontés à la propagation la plus
rapide du virus. La prévention est au cour de notre stratégie, a-t-il
également souligné, mettant notamment l'accent sur la volonté politique.
M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré,
au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et du Partenariat
PAN-Caraïbes contre le VIH/sida (PANCAP), que, au vu de l'ampleur de la
tâche qui attend les États, l'humilité devait être de mise. Si en 2010,
lorsque nous nous réunirons de nouveau, nous serons en mesure d'annoncer que
chaque homme, femme et enfant a accès à la prévention, aux soins et aux
traitements, alors nous pourrons crier victoire. Mon optimisme en matière d'accès
universel est toutefois tempéré compte tenu de la gravité de la situation
présente. Les besoins sont innombrables, qu'il s'agisse de financement
durable, de ressources humaines, de capacités techniques et d'éducation.
Seule une approche intégrée nous donnera les moyens de gagner. Cela suppose
que nos partenariats internationaux soient simplifiés quant à leur
fonctionnement. Les pays de la CARICOM souscrivent aux « trois principes »
établis par l'ONUSIDA ainsi qu'aux recommandations formulées par l'Équipe
spéciale mondiale visant à renforcer la coordination au sein de la
communauté des donateurs et des institutions multilatérales. La région des
Caraïbes forme une mosaïque complexe de 29 pays et territoires d'outre-mer
qui se caractérisent par une très grande diversité culturelle. Le taux de
prévalence y est le second plus élevé après celui de l'Afrique
subsaharienne. À ce jour, 300 000 personnes vivent avec le virus, et il
existe une grande disparité par pays dans l'accès aux soins. C'est
pourquoi, à l'horizon 2010, nous devons faire en sorte de tirer les
bénéfices d'une approche internationale davantage harmonisée, au plan des
politiques de santé et des législations afférentes notamment.
M. MACKY SALL, Premier Ministre du Sénégal, s'est félicité du renforcement
de la mobilisation internationale, tout en reconnaissant que les ressources
financières et techniques mises à disposition ont été insuffisantes pour
apporter une réponse capable de réduire de manière significative le taux de
croissance du sida et donner un accès universel aux traitements
antirétroviraux. Cette rencontre doit être considérée comme le sommet de la
rupture et de la remobilisation, a-t-il insisté. L'Afrique se trouve dans
une situation d'urgence sanitaire. Si nous ne réglons pas le problème du
VIH/sida, les Objectifs du Millénaire pour le développement resteront
illusoires. Force est de constater que 25 ans après que nous ayons commencé
à lutter contre la maladie, nous n'avons pas encore commencé à renverser son
incidence. Nous devons donc relever d'urgence trois défis majeurs: la
prévention, l'accès universel au traitement et le déficit en ressources
humaines. Les efforts de prévention et d'information auprès des jeunes en
particulier doivent être renforcés. Des interventions plus efficaces
doivent être promues auprès des femmes ainsi qu'auprès des groupes
vulnérables et nous devons rendre accessibles et pérenniser les traitements
antirétroviraux, y compris les médicaments de deuxième et troisième
générations et les formules pédiatriques. Nous devons aussi nous engager à
accroître de manière substantielle les ressources permettant de répondre à l'exigence
de visibilité et de durabilité de nos politiques.
M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a mis l'accent
sur la nécessité pour tous de renouveler l'engagement à combattre la
pandémie du VIH/sida sur les plans national, régional et continental, et
aujourd'hui sur le plan mondial. Le pays est confronté à des ressources
limitées dans la lutte contre la pandémie, le défi étant d'obtenir des
ressources humaines, physiques et financières adéquates à la mesure des
efforts requis pour combattre le VIH/sida. Il s'est également félicité des
contributions au Fonds mondial, mais, a-t-il ajouté, il faut défendre l'idée
d'un pool de financement et d'une remise de la dette, afin d'accéder aux
ressources disponibles pour combattre la pandémie. Le Premier Ministre a
demandé aux protagonistes de veiller à ce que les fonds atteignent
véritablement leurs cibles. Il a en outre jugé inexcusable que dans le
contexte de la mobilisation contre le VIH/sida, le G-8 et d'autres pays n'aient
pas jugé approprié d'annuler la dette de tous les pays les moins avancés.
Il est temps d'agir là où nous faisons des discours, a-t-il dit, ajoutant:
« Contribuons ou cessons de parler ».
M. SUCHAI CHAROENRATANAKUL, Vice-Premier Ministre de la Thaïlande, a indiqué
que son pays avait réussi à réduire les taux de transmission du VIH par le
biais de programmes de prévention efficaces. Toutefois, près d'un
demi-million de personnes vivent avec le virus en Thaïlande. C'est
pourquoi, notre pays, comme tant d'autres dans cette salle, doit privilégier
deux domaines dans son combat contre la pandémie. Nous devons assurer par
tous les moyens un accès universel aux services de prévention des groupes
les plus vulnérables. Nous devons parallèlement garantir un accès pour tous
aux traitements, aux soins et à l'accompagnement des malades. À cette fin,
la mobilisation de tous les secteurs et le renforcement des partenariats
internationaux seront essentiels pour le succès de notre entreprise commune.
Mme ISHENGUL BOLDJUROVA, Vice-Premier Ministre par intérim du Kirghizistan,
a évoqué la pauvreté dans son pays qui se trouve à l'origine d'un phénomène
migratoire important des travailleurs et d'une augmentation de la
toxicomanie, ces phénomènes étant des facteurs de propagation de la
pandémie. Ces cinq dernières années, le nombre total de cas de personnes
infectées par le virus au Kirghizistan a augmenté de 15,6 fois. Dans un des
districts du pays, l'incidence du sida a été multipliée par 200. En 2005,
une nouvelle loi a été adoptée tandis que le parlement est en train d'examiner
des projets de loi relatifs à la toxicomanie et à la décriminalisation des
groupes vulnérables. Nous avons également créé un comité intersectoriel de
lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Nous souhaitons
que la déclaration, qui sera adoptée aujourd'hui guide l'action de la
communauté internationale face à une épidémie mondiale.
M. PHAM GIA KHIEM, Vice-Premier Ministre du Viet Nam, s'est déclaré
préoccupé quant à la capacité de la communauté internationale d'enrayer la
pandémie de VIH/sida d'ici les 10 prochaines années, d'où la nécessité,
a-t-il ajouté, d'assurer notre responsabilité de prendre des mesures plus
efficaces pour atteindre les cibles de la Déclaration de 2001. Il a affirmé
que le Gouvernement du Viet Nam avait toujours été déterminé à tout mettre
en ouvre pour lutter contre le VIH/sida. Grâce aux efforts entrepris depuis
15 ans, l'épidémie est désormais maîtrisée parmi les groupes à risques,
a-t-il dit, précisant que le but était de parvenir à un taux de prévalence
de 0,3% d'ici à 2010. Ces résultats n'auraient pas été permis sans une
véritable volonté politique, la participation active de l'ensemble du
système politique et de la société, des personnes infectées elles-mêmes, et
de l'assistance de la communauté internationale, en particulier des
organisations des Nations Unies, a-t-il déclaré.
M. YOSHIRO MORI, ancien Premier Ministre du Japon, a tenu à rendre un
hommage appuyé au courage de tous ceux qui vivent avec le virus du sida, et
à tous ceux également qui leur apportent quotidiennement leur soutien. M.
Mori a salué l'engagement des leaders du G-8 de répondre à l'épidémie à l'échelle
globale. Le Fonds mondial joue dans ce cadre, avec les autres agences des
Nations Unies, un rôle central en vue de sensibiliser les opinions publiques
du monde entier à la nécessité d'engager des stratégies mondiales de lutte
contre la pandémie. En 2004, le secteur privé japonais a établi le «
Friends of the Global Fund, Japan », que je préside, a-t-il indiqué. Cette
organisation a pour but de renforcer les contributions nationales auprès du
Fonds mondial. Elle encourage et promeut la coopération parmi les pays d'Asie
de l'Est. Nous tenons compte du fait que le sida est lié à d'autres fléaux,
tels que la pauvreté et le préjudice social. La lutte à tous les niveaux
contre la pandémie relève du combat pour la sécurité humaine pour tous. C'est
pourquoi, notre tâche doit comprendre un volet humanitaire déterminé.
VOLET A
Déclarations
M. LESLIE RAMSAMMY, Ministre de la santé du Guyana, au nom du Groupe de Rio,
a déclaré que les pays qu'il représente étaient attachés à l'accès universel
aux traitements, aux soins et à l'appui aux malades. Au cours de l'année
2005, on a noté, a-t-il rappelé, plus de décès causés par la maladie qu'au
cours des derniers 25 ans. Notre réponse doit être plus forte et nos
stratégies mieux coordonnées, sinon, a prévenu le Ministre de la santé, les
objectifs que la communauté internationale s'est fixée pour 2010 ne seront
pas réalisés. Les pays de notre région déploient des efforts considérables
en ce sens, a-t-il dit. Pour enrayer l'épidémie, la réponse apportée n'est
pas uniforme et chacun peut apprendre de l'expérience de l'autre. Au sein
du Groupe, ce sont les questions financières qui font le débat. De nombreux
pays d'Amérique latine et des Caraïbes ne peuvent prétendre aux ressources
du Fonds mondial et il est regrettable que 25 ans après avoir pris cet
engagement, tous les pays développés ne consacrent toujours pas 0,7% de leur
PNB à l'aide publique au développement (APD). En effet, a poursuivi le
Ministre de la santé, la pauvreté demeure l'obstacle majeur dans la lutte
contre le VIH/sida. La réduction des prix est indispensable pour permettre
l'accès universel aux médicaments et aux soins de base.
M. MOHAMMED CHEIKH BIADILLAH, Ministre de la santé du Maroc, a déclaré qu'il
était indispensable de revitaliser les efforts de lutte contre la pandémie
du VIH/sida, qui résiste à toutes les actions entreprises pour la juguler.
Il faut atteindre le seuil minimum de 0,70% d'aide publique au
développement, et assurer l'annulation de la dette des pays pauvres, ainsi
que l'accès aux marchés internationaux de leurs produits, a dit le Ministre.
Il a d'autre part demandé à la communauté internationale d'assurer des coûts
abordables pour l'importation des équipements de laboratoire et des
médicamentas antirétroviraux, et a souhaité une responsabilisation renforcée
envers les pays du Sud, ainsi que la promotion d'une coopération
triangulaire et Sud-Sud dans le domaine de la formation des cadres, ainsi qu'un
transfert approprié des compétences. Ce sont là quelques mesures qui
pourraient contribuer à la lutte contre la pandémie a dit le Ministre. Ces
mesures, a-t-il cependant prévenu, resteront insuffisantes si l'on n'envisage
pas d'autres moyens de financement novateurs parmi lesquels pourrait
figurer, entre autres, la reconversion de la dette des pays connaissant une
forte prévalence du sida. Attirant l'attention sur la situation en Afrique
subsaharienne, le Ministre a insisté sur la nécessité de redoubler d'efforts
afin de fournir à la communauté scientifique internationale les moyens de
trouver un vaccin.
Mme TABITHA BOTROS SHOKAI, Ministre de la santé du Soudan, a souscrit à la
déclaration prononcée plus tôt par le Président de la République du Congo
qui, a-t-elle dit, reflète la situation qui prévaut sur le continent
africain. Le Soudan est victime d'un fléau dont la propagation est
imputable à la persistance de conflits armés aux frontières et à de profonds
changements climatiques. Ces éléments exacerbent les problèmes liés à l'extrême
pauvreté, qui est à la base du développement de l'épidémie du sida et de la
persistance de la tuberculose et du paludisme. Les économies du continent
sont gravement et durablement entravées, ce qui retarde de manière
dramatique le développement technique indispensable à la mise sur pied de
véritables infrastructures sanitaires. C'est pourquoi, le Gouvernement
soudanais est engagé dans la réalisation de la paix et de la stabilité, qui
sont les préalables au développement de notre société à tous les niveaux.
Avec l'Union africaine, nous ouvrons en vue d'instaurer les conditions d'un
développement durable qui s'appuie notamment sur la lutte contre les grandes
pandémies qui minent notre pays et l'Afrique tout entière.
M. CELSO AMORIM, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a estimé que la
Déclaration d'engagement de 2001 a constitué un nouveau tournant dans la
lutte contre le VIH/sida. De même, l'élan créé par l'initiative 3 fois 5
devrait aussi permettre de parvenir à l'accès universel aux médicaments
antirétroviraux d'ici 2010. Nous devons tirer parti de la Déclaration de
Doha, adoptée en 2001 par les membres de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC), pour rendre abordable le prix de ces médicaments. Aucun droit
commercial ne peut s'exercer au détriment du droit à la vie et à la santé, a
insisté le Ministre. Le Brésil, a-t-il poursuivi, s'est engagé à créer une
centrale d'achat de médicaments à des prix abordables et il enjoint tous les
pays à se joindre à ses efforts. Nous devons également, a-t-il conclu,
mener des actions de prévention auprès des groupes vulnérables et augmenter
les ressources financières affectées à la lutte contre la pandémie,
notamment en Afrique, un continent qui mérite une attention particulière.
M. FRANCISCO DUQUE III, Secrétaire du Département de la santé des
Philippines, a déclaré que, depuis la tenue de la session extraordinaire de
l'Assemblée générale consacrée au VIH/sida, son pays avait renforcé les
programmes de prévention destinés aux groupes les plus vulnérables, comme
ceux constitués par les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres
hommes, les usagers de drogues injectables, et les migrants. Par ailleurs,
le Gouvernement des Philippines a établi un système d'évaluation et de
surveillance nationales de la pandémie du VIH/sida, a inclus les traitements
antirétroviraux dans la liste des médicaments remboursables, et mis en place
un mécanisme d'importation des traitements bon marché. Le représentant
philippin a également fait état de l'implication, dans son pays, du monde
des affaires dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD), notamment en ce qui concerne la lutte contre le VIH et
le sida. La réponse effective à la pandémie par les Philippines nécessitera
la mise en ouvre du Plan à moyen terme pour la période 2005-2010, qui suit
les recommandations de l'initiative visant à garantir un accès universel à
la prise en charge pour les malades. Cela permettra d'apporter une réponse
rationnelle et coordonnée à la pandémie dans le cadre de la réforme du
secteur national de la santé, qui s'appuie sur les principes suivants: une
bonne gouvernance; un mécanisme de régulation solide; un financement durable
des soins de santé et un système de prestations médicales efficace, a
indiqué M. Duque III.
M. GINÉS GONZÁLEZ GARCÍA, Ministre de la santé et de l'environnement de l'Argentine,
a rappelé que pour être efficaces, les politiques devaient inclure tous les
secteurs. En Argentine, malgré certaines résistances qui perdurent, il
existe un engagement fort dans ce sens, par une coordination et une
participation visible et active avec la société civile et les acteurs
sociaux. Nous faisons partie des pays d'Amérique du Sud qui assurent une
couverture de soins intégrale, a-t-il affirmé, appelant les partenaires à
permettre un accès aux ressources du Fonds mondial, aux médicaments et aux
soins de santé qui ne discrimine pas le continent. La santé est un droit de
l'humanité, a déclaré le Ministre, rappelant les défis que représentent les
négociations sur le prix des médicaments, la prévention et la promotion des
droits de l'homme pour tous, notamment les homosexuels, les lesbiennes, les
transsexuels, les travailleurs du sexe et les toxicomanes. Une attention
spéciale doit aussi être accordée à la prévention de la transmission du
virus de la mère à l'enfant. Certaines organisations multilatérales et
certains des pays les plus puissants du monde défendent le droit inaliénable
lié à la propriété intellectuelle, ce qui limite considérablement l'accès
aux médicaments et aux vaccins et conduit à un nombre élevé de morts. Notre
mission est d'empêcher ce résultat, a-t-il enfin ajouté, appelant les
Nations Unies à apporter un soutien ferme à la récupération et à la mise en
pratique des aménagements à l'Accord sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce, dans le cadre de la Déclaration de
Doha.
M. HONG SUN HUOT, Ministre d'État et Président de l'autorité nationale sur
le VIH/sida du Cambodge, a parlé des démarches entreprises par son pays pour
faire face à la pandémie du VIH/sida, qui touchait 1,9% de la population
adulte en 2003, contre 3% en 1997. Affirmant que l'accès universel à la
prévention, aux traitements et aux soins, d'ici à 2010, pouvait devenir une
réalité et non demeurer un simple slogan, il a voulu partager certaines
initiatives prises par son pays en vue de garantir l'accès universel aux
traitements. Il a expliqué que l'ensemble des provinces du pays avaient
désormais accès à des infrastructures de dépistage et d'assistance; que 20
millions de préservatifs étaient vendus chaque année au Cambodge; et que 12
000 Cambodgiens étaient actuellement en mesure d'avoir accès à des thérapies
antirétrovirales. « Malgré ces réalisations, le Cambodge reste confronté à
des défis importants, dont l'augmentation des infections au sein des couples
mariés, la concentration de l'épidémie parmi les homosexuels et les
consommateurs de drogues par injection, et la croissance de la
prostitution », a indiqué M. Sun Huot.
Mme ELENA SALGADO, Ministre de la santé de l'Espagne, a indiqué que le sida
constituait un problème à la fois sanitaire et social auquel il faut
répondre par des engagements nouveaux. Nous appuyons la déclaration de l'Union
européenne et celle qui sera adoptée aujourd'hui, a-t-elle dit, en estimant
que la prévention est le nerf de la guerre dans la lutte contre la pandémie.
À l'horizon 2010, nous devons avoir réalisé l'objectif visant à réduire de
moitié des infections dans le monde. Dans ce cadre, il est absolument
nécessaire d'éliminer les obstacles économiques et idéologiques qui limitent
l'accès aux initiatives de prévention, telles que l'utilisation des
préservatifs, a dit la Ministre. En Espagne, notre politique nationale a
permis d'enrayer l'épidémie grâce à la mise en ouvre de programmes de
prévention efficaces, qui ont notamment consisté en la distribution de
produits de substitution et de seringues stériles.
Réduire les risques d'infection va de pair avec la défense des droits de l'homme,
a estimé la Ministre espagnole. Le respect des libertés fondamentales doit
être le cadre de la réponse au VIH en ce qui concerne les groupes les plus
vulnérables, les toxicomanes, les homosexuels, et les femmes. Ces groupes
doivent prendre une part active à la conception des interventions dans les
domaines de prévention qui les concernent, a-t-elle recommandé. La lutte
contre le sida est devenue depuis 25 ans une école de la tolérance et de la
solidarité à l'échelle internationale, a poursuivi Mme Salgado. L'ONUSIDA a
multiplié son budget, la société civile et les pouvoirs publics doivent s'appuyer
sur les jalons que la communauté internationale pose depuis plus de deux
décennies, a-t-elle ajouté, en indiquant que l'Espagne, comme tous les pays
de l'Union européenne, continuera de s'engager pleinement dans la riposte
contre le VIH/sida.
Mme GHALIA MOHAMED BIN HAMAD AL-THANI, Ministre et Présidente du Conseil d'administration
de l'Organisation nationale de la santé du Qatar, a estimé que la pandémie
du VIH/sida n'est pas uniquement un problème de santé publique mais a
également une dimension socioéconomique. Face aux ravages qu'elle créée -65
millions de personnes infectées en 25 ans-, la Ministre a plaidé pour une
intensification des efforts de la part de la communauté internationale.
Peut-être nous faut-il refondre nos stratégies, accorder une attention
voulue à la prévention et agir sans retard, a-t-elle suggéré. Au Qatar,
bien que le nombre de malades n'étaient que de 212 à la fin de l'année 2005,
un cadre d'action a été mis en place qui prévoit, entre autres, des
activités d'information et de sensibilisation par le biais de la radio.
M. NORAYR DAVIDYAN, Ministre de la santé de l'Arménie, a indiqué qu'un
engagement politique récent avait été pris par son pays, après la session
extraordinaire de 2001, afin d'accroître les initiatives de lutte contre l'épidémie
de VIH et du sida. Un dispositif a été créé en vue de coordonner la riposte
en utilisant les indicateurs de mise en ouvre et de suivi énoncés dans la
Déclaration. Les deux premiers des « trois principes » préconisés en 2001
ont déjà été mis en place, tandis que le troisième est en cours d'élaboration,
a indiqué M. Davidyan. Des programmes nationaux -qui se placent dans le
cadre international- ont été mis sur pied en Arménie afin d'établir des
initiatives d'éducation qui soient axées sur les enfants et d'autres groupes
vulnérables. La réduction des risques ainsi que les initiatives d'atténuation
des comportements à risque ont également été privilégiées afin de
sensibiliser le grand public et de lui assurer un accès plus élargi aux
services, notamment en ce qui concerne les jeunes.
Le Ministre a déclaré que le Fonds mondial contre le VIH/sida avait
contribué de manière significative aux initiatives nationales arméniennes et
que le succès de la plateforme nationale aurait été difficilement imaginable
sans l'intervention du Fonds. M. Davidyan a indiqué que les ressources
visant à soutenir le programme national feraient l'objet d'un accroissement
annuel, l'objectif final du récent engagement politique de son gouvernement
étant de parvenir à l'accès universel à l'horizon 2010. « Un programme de
traitements antirétroviraux a commencé en 2005, et de nouveaux médicaments
ont été mis au point, afin de lutter contre les conséquences de l'infection,
et afin d'améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH,
ceci, en vue notamment de faciliter leur retour à une vie normale », a dit
le Ministre. Des recommandations spéciales ont été introduites qui s'inscrivent
dans le droit fil de l'accès universel et des mesures préventives, a-t-il
précisé, en indiquant qu'elles seront répercutées dans le programme national
de 2007-2011. Ce programme devra être mis en ouvre avec le soutien de l'ONUSIDA,
du Fonds global et d'autres partenaires. L'Arménie appuie la Déclaration
politique qui doit être adoptée aujourd'hui et estime qu'elle servira de
base solide aux initiatives mondiales axées sur la prévention, a conclu M.
Davidyan.
Mme AGNES VAN ARDENNE-VAN DER HOEVEN, Ministre pour le développement de la
coopération des Pays-Bas, a déclaré que quatre dollars seulement étaient
nécessaires pour empêcher la transmission du VIH de la mère à l'enfant
pendant la grossesse afin de lui épargner la mort. Contrairement à cinq ans
en arrière, nous avons aujourd'hui les moyens financiers d'intervenir, ce
qui rendrait notre échec encore plus tragique, a-t-elle fait remarquer. Les
dirigeants du monde avaient en effet promis de soigner 80% des mères
infectées par le VIH: seulement 9% ont bénéficié de cet aide. Les efforts
de la communauté internationale n'ont pas non plus empêché plus de quatre
millions de nouveaux cas d'infection et trois millions de morts l'an
dernier, en particulier en Afrique où un enfant sur neuf est aujourd'hui
orphelin à cause du sida. Il est donc urgent d'affecter les ressources
nécessaires au renforcement des capacités nationales, dans un esprit de
simplification et d'harmonisation pour éviter de se disperser, a-t-elle
estimé, appelant à adopter le principe des « three ones »: uncadre d'action,
une autorité nationale qui coordonne, et un système d'évaluation. Par
ailleurs, elle a appelé à une prévention basée sur la santé et les droits
sexuels, ainsi que sur l'éducation des jeunes, méthode qui a porté ses
fruits aux Pays-Bas. Le seul moyen de mettre un coup d'arrêt à la plus
grande catastrophe humanitaire de notre temps est de combiner l'engagement
et la coordination, a-t-elle conclu, invitant à se regarder dans un miroir
et à se poser la question suivante: que voulons nous transmettre à la
prochaine génération?
Mme ABATOR THOMAS, Ministre de la santé et de l'hygiène de la Sierra Leone,
a indiqué que la prévalence du VIH/sida dans son pays, soit 5,5%, est un
défi constant à la dignité humaine. La Ministre a évoqué les mesures mises
en place pour coordonner la réaction nationale, et sensibiliser le public et
lutter contre la stigmatisation qui découle de la pandémie. Nous tentons
également de renforcer nos partenariats avec la société civile, a expliqué
la Ministre. Celle-ci est revenue sur des questions qui lui sont apparues
comme essentielles, notamment la nécessité de mettre en place des programmes
de réduction de la pauvreté, des campagnes d'information chez les jeunes et
les groupes les plus vulnérables de la société, développer des programmes
multisectoriels efficaces, fournir des systèmes de soins et des systèmes de
protection sociale ainsi que la prise de mesures législatives permettant aux
individus d'être à l'abri de toute discrimination.
Mme MARIA SOLEDAD BARRIA, Ministre de la santé du Chili, a estimé que la
pandémie du VIH/sida reflétait une bonne partie des injustices et des
inégalités présentes dans le monde, particulièrement celles qui sont liées à
la pauvreté, à la faim et aux discriminations fondées sur le sexe. La
pandémie touche les populations et les pays les plus vulnérables, où il est
plus difficile d'avoir accès à des infrastructures de prévention et de
traitement, et encore quand elles existent, a-t-elle remarqué. Il faut que
les gouvernements et la société civile coopèrent davantage afin de mettre en
place des politiques de santé adaptées aux réalités épidémiologiques,
sociales et culturelles des différents pays, a-t-elle estimé, soulignant,
par ailleurs, l'importance de respecter les droits des personnes qui vivent
avec le VIH/sida. Elle a donc plaidé pour la mise en place de mesures
juridiques et politiques pour garantir la protection et la promotion des
droits de ces personnes, ainsi que de l'ensemble de la population.
Mme NUNEZ MORDOCHE, au nom du Ministre de la santé publique de Cuba, a
déclaré que cinq ans après à la Conférence des Nations Unies sur le
VIH/sida, et malgré des progrès importants, le tableau d'ensemble a peu
changé. La pauvreté s'accroît, et les inégalités également, ce qui a pour
effet d'intensifier la vulnérabilité des plus pauvres face au virus. Malgré
le blocus des États-Unis qui rend difficile sur le sol cubain l'accès des
médicaments produits en Amérique du Nord, nous avons accomplis des résultats
remarquables. Les différents programmes de prévention et d'éducation mis en
ouvre dès 1986 ont porté leurs fruits. Les procédures de dépistage et les
travaux de recherche restent soutenus grâce à la priorité qu'accorde le
Gouvernement cubain à la santé de ses citoyens. L'accès est universel et
gratuit et après plus de 20 ans d'épidémie, la prévalence continue de
baisser à Cuba. Au plan international, Cuba offre son aide en matière
notamment de formation de personnel de santé. Nous estimons que la somme
nécessaire de 20 milliards est adaptée aux besoins dans les domaines de la
prévention, de l'éducation et en vue de changer durablement les
comportements à l'égard du VIH/sida comme des malades.
Princesse Stéphanie de Monaco, a souhaité manifester sa solidarité avec les
malades du sida dont beaucoup ne bénéficient toujours pas de traitements
antirétroviraux. Dès 1997, a-t-elle rappelé, Monaco s'est associé à l'action
d'ONUSIDA et participe au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le
paludisme. Monaco s'est aussi engagé dans le cadre de la campagne conjointe
UNICEF/ONUSIDA sur le thème « Unissons-nous pour les enfants contre le
sida ». La Princesse a assuré la communauté internationale de sa
détermination à favoriser l'accès à une meilleure information et à la
prévention par le biais de son association FIGHT AIDS MONACO. Dans ce
cadre, a-t-elle expliqué, nous intervenons dans les établissements scolaires
et universitaires. Nous luttons au quotidien pour que la dignité de tout
malade soit préservée.
Mme CHRISTINE NOBOUT ADJOBI, Ministre de la lutte contre le sida, de la Côte
d'Ivoire, a déclaré qu'avec 7%, son pays avait le taux de prévalence le plus
élevé de la sous-région ouest-africaine. Face à cela, nous sommes
déterminés à lutter contre cette pandémie, a dit Mme Nebout Adjobi. Cette
volonté nous a conduits à établir un Ministère en charge de la lutte contre
le sida, ainsi, de 2003 à 2005, l'État a engagé un montant global d'environ
14 millions de dollars dans la lutte contre la pandémie. La majorité des
entreprises du pays ont mis en place des politiques et des programmes de
lutte contre le VIH/sida, a indiqué la Ministre. Environ 4,36% des femmes
enceintes infectées reçoivent un traitement antirétroviral complet pour
réduire le risque de transmission de la mère à l'enfant, a-t-elle indiqué.
La crise sociopolitique qui perdure empêche la mise en ouvre d'une politique
antisida à l'échelle du pays tout entier, a-t-elle dit, en ajoutant que l'insuffisance
des ressources financières et de la coordination entravent encore les
efforts déployés. « C'est en ce sens que nous recommandons de soutenir le
processus de réunification du pays pour une restauration du système
sanitaire et pour intensifier la prévention », a dit la Ministre, en
ajoutant qu'il est urgent que « dans un contexte aussi troublé que celui de
la Côte d'Ivoire, la communauté internationale nous aide à faire face aux
obstacles qui entravent la mise en ouvre de la politique nationale de lutte
contre le sida ». « Cela permettrait une meilleure appréciation du suivi de
la Déclaration d'engagement », a estimé Mme Noubet Adjobi.
M. JULIO VEGA PASQUIER, Ministre de l'intérieur du Nicaragua, a estimé que
le VIH/sida représentait une menace, non seulement sur la santé publique,
mais aussi pour le développement et la sécurité publique, qui exigeait l'action
de tous. Rappelant que le Nicaragua était un pays jeune et parmi les plus
pauvres d'Amérique latine, il a évoqué les résultats satisfaisants des
campagnes de communication, d'éducation et d'information menées en
partenariat avec la société civile. Cette volonté ne servira pas à grand
chose si elle ne s'appuie pas sur un soutien financier solide, a-t-il
néanmoins déclaré, appelant les institutions financières internationales à
soutenir le Nicaragua dans sa lutte, ainsi que tous les pays du monde à
assurer les conditions d'un prix accessible aux traitements. Dans cette
lutte, nous n'avons pas été seuls, a poursuivi le Ministre, saluant les
contributions du Fonds mondial et d'ONUSIDA, mais rappelant que, malgré un
des niveaux de prévalence les plus bas, le Nicaragua était particulièrement
vulnérable et devait par conséquent être considéré comme un pays prioritaire
par les Nations Unies.
M. DATUK CHUA SOI LEK, Ministre de la santé de la Malaisie, a fait part de
la détermination de son gouvernement à mettre en ouvre les dispositions de
la Déclaration d'engagement sur le VIH/sida, dans un contexte pourtant
marqué par un nombre important de contraintes financières et techniques. Il
a expliqué que le Plan national stratégique de son pays s'articule autour
des éléments suivants: le renforcement des actions de plaidoyer, le
renforcement des capacités de formation, la réduction de la vulnérabilité
des usagers des drogues et de leurs partenaires face à la pandémie; la
réduction de la vulnérabilité des groupes vulnérables et l'amélioration de l'accès
aux traitements. Nous avons été en mesure de tripler le nombre de personnes
ayant accès aux traitements antirétroviraux, au cours des trois dernières
années, a-t-il affirmé, en ajoutant que dès 1988, son pays a mis en place
des programmes de prévention pour diminuer les taux de transmission du virus
de la mère à l'enfant. Nous avons, par ailleurs, fourni une thérapie de
substitution aux usagers de drogues par intraveineuse et avons lancé, en
2005, un programme d'échange de seringues, a-t-il encore dit, avant d'attirer
l'attention sur le doublement, dans les cinq prochaines années, de l'allocation
budgétaire à la lutte contre la pandémie.
M. RADOSLAV GAYDARSKI, Ministre de la santé de la Bulgarie, a fait part des
efforts unifiés de son pays et de sa forte volonté politique d'enrayer la
pandémie du VIH/sida. Nous encourageons, a indiqué le Ministre, les
gouvernements à accroître leurs efforts de prévention, à augmenter le volume
de l'aide financière qu'ils accordent aux programmes de lutte contre le sida
et aussi à promouvoir l'accès des groupes vulnérables aux services de
prévention. Nous demandons en outre aux donateurs internationaux de
continuer à soutenir cette lutte.
M. YURIY POLYACHENKO, Ministre de la santé de l'Ukraine, a indiqué que les
programmes mis en ouvre en Ukraine visent en premier lieu à perfectionner
les moyens de distribution des traitements antirétroviraux. Toutefois, la
situation reste préoccupante car le taux de propagation du virus est l'un
des plus élevés d'Europe orientale. Nous réitérons notre volonté de mettre
en ouvre la Déclaration de l'ONU sur le VIH/sida, et ce, en privilégiant une
coopération productive avec la communauté des donateurs, la Banque mondiale,
le Fonds mondial et toutes les institutions pertinentes des Nations Unies, a
affirmé le Ministre, en s'associant à la déclaration faite par l'Autriche,
au nom de l'Union européenne, et en espérant que la déclaration politique de
la Réunion de haut niveau, qui sera rendue publique, ce soir, donnera un
nouvel élan à la lutte contre le VIH/sida.
Mme PILAR MAZZETTI SOLER, Ministre de la santé du Pérou, a affirmé que son
pays avait engagé son combat contre le VIH/sida dans un esprit de respect
des droits de l'homme et dans le contexte de la lutte contre la pauvreté.
Dans notre pays, l'accès aux traitements antirétroviraux est un droit de
santé, a-t-elle déclaré, rappelant que, depuis 2001, le Pérou avait mis au
point une structure sociale et financière de lutte contre la pandémie afin
de faciliter l'accès aux traitements. Au mois de septembre, l'État
péruvien, qui a bénéficié d'un financement du Fonds mondial contre le
VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, assumera intégralement le coût des
traitements destinés aux malades, a indiqué Mme Soler. « Nous continuerons
à construire une relation de confiance avec la société civile », a assuré la
Ministre, en rappelant que de nombreux défis restaient à relever, notamment
le renforcement de la prévention parmi les populations vulnérables
(autochtones, enfants, homosexuels masculins, travailleurs sexuels), et
celui du système de santé dans son ensemble, qui nécessite de nouvelles
formes de financement et d'assistance technique internationale. « Nous
estimons prioritaire que la communauté internationale continue de se
mobiliser », a-t-elle déclaré, en rappelant la vulnérabilité de l'Amérique
latine face au virus et en regrettant que le document final ne soit pas plus
explicite.
M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA, Ministre de la santé du Sri Lanka, a déclaré que
la transmission de connaissances ne permettra pas à elle seule de changer
les comportements. Nous devons adopter une approche plus large qui
introduise des changements durables, notamment pour vaincre la
stigmatisation des victimes de la pandémie. Ceci exige un engagement
politique de haut niveau. Au Sri Lanka, a expliqué le Ministre, 1,5% de la
population travaille à l'étranger tandis que la perte de valeurs
traditionnelles en raison de la mondialisation et un manque de prise de
conscience suffisante risquent de faire basculer la situation dans le pays.
Nous avons imprimé une direction politique au plus haut niveau en matière de
lutte contre le VIH/sida et notre nouveau Président a accordé un rang de
priorité élevée à cette pandémie. Le Sri Lanka accueillera en août 2007 le
Congrès mondial Asie/pacifique sur le sida et je vous invite tous à y
participer, a-t-il lancé aux participants.
M. PONMEK DARALOY, Ministre de la santé publique de la République
démocratique populaire lao, a affirmé que, cinq ans après la 26ème session
extraordinaire de 2001, des actions urgentes étaient nécessaires pour
accroitre le niveau des réponses apportées aux défis du VIH/sida à tous les
niveaux. Cette Réunion de haut niveau constitue une occasion précieuse pour
relancer et revitaliser la réponse globale contre la pandémie, a-t-il
poursuivi. Il a indiqué que son pays, avec l'aide d'ONUSIDA et de l'OMS,
entre autres, poursuivait ses efforts en vue de garantir un accès universel
au traitement et à la prévention. Il a constaté que si son pays connaissait
une faible prévalence du VIH, il restait néanmoins hautement vulnérable à l'épidémie,
notamment en raison de sa position géographique, des migrations, et de l'évolution
des modes de vie. Le Ministre a ainsi fait part des mesures entreprises par
son pays pour lutter contre le VIH/sida, dont l'élaboration d'une stratégie
nationale et d'un plan d'action visant à fournir un accès universel à la
prévention et au traitement. Dans ce plan, a-t-il expliqué, l'accent est
mis sur la promotion de pratiques sexuelles sûres, surtout pour les groupes
les plus vulnérables. Il a de plus précisé que ce plan s'attachait à
intégrer la prévention dans les programmes de santé reproductive et à
répondre à la vulnérabilité des femmes, des jeunes et des enfants, notamment
par la fourniture de produits de prévention et de traitements abordables.
M. Daraloy a enfin estimé que si beaucoup avait été fait ces cinq dernières
années, son pays avait toujours besoin du soutien des partenaires de
développement en termes de ressources et de capacités de mise en ouvre.
M. JEAN-LOUIS ROBINSON, Ministre de la santé et du planning familial de
Madagascar, s'est associé à la déclaration de l'Union africaine et a
souhaité apporter des précisions sur la situation dans son pays. Son pays,
a-t-il indiqué, a établi un plan stratégique national pour la coordination
et le renforcement des activités de prévention afin d'endiguer la
propagation de l'épidémie. Le Ministre a expliqué que celui-ci préconisait
une approche multisectorielle comprenant l'amélioration de l'accès aux
informations et aux moyens de prévention primaire, l'assurance de la qualité
des services, un système de suivi-évaluation et le développement de la
coopération internationale dans la lutte contre le sida. Une vaste campagne
de sensibilisation et de responsabilisation de toutes les couches de la
population a été menée à cet effet, a-t-il ajouté.
Le Ministre a estimé que le défi était maintenant d'amener la population à
adopter des comportements responsables. Dans cette perspective, il a
souligné que les médias étaient mis à contribution et que des initiatives d'information
étaient menées au niveau local, y compris les régions difficiles d'accès.
Plus de 85% des Malgaches sont désormais informés des généralités sur le
VIH/sida, s'est-il félicité, tout en indiquant que le pays devrait
poursuivre ses efforts de prévention. Il a aussi mis l'accent sur l'importance
d'une coopération internationale renforcée pour améliorer les
infrastructures de soins, intensifier les programmes de prévention et
assurer un meilleur accès au traitement. Les ressources que nous devons
mobiliser doivent être proportionnelles à la pandémie, a-t-il déclaré. Ce n'est
pas un choix, c'est une nécessité.
M. LETI PELESALA, Ministre de l'intérieur de Tuvalu, a déclaré que dans son
pays, le taux d'infection par habitant est l'un des plus élevés au monde.
Très mobile dans toute la région du Pacifique, la population de Tuvalu est d'autant
plus exposée. Le Ministre a jugé « utile » l'aide du Fonds mondial avant de
souligner néanmoins que l'accès aux ressources du Fonds reste hautement
problématique pour des petits États insulaires en développement comme
Tuvalu. Il a donc appelé les organisations régionales du Pacifique à
coordonner leur action en vue de permettre à des pays comme le sien un
accès simplifié au Fonds. Les volets financiers et techniques de la «
riposte » mondiale au VIH/sida doivent être renforcés, a-t-il insisté. Si,
a-t-il conclu, nous reconnaissons l'importance de l'aide fournie par les
pays donateurs, nous les appelons néanmoins au respect des engagements dans
le domaine de l'aide aux petits États insulaires en développement.
M. DAVID PARIRENYATWA, Ministre de la santé et de l'enfant du Zimbabwe, a
indiqué que son pays était le seul à prélever une taxe de 3% allant au sein
du Fonds mondial pour la lutte contre le sida. Depuis le début de la lutte
contre le VIH/sida, le taux de prévalence au Zimbabwe est passé de 31% à 20%
en raison des modifications dans le comportement des individus, a dit le
Ministre. Au Zimbabwe, notre détermination à lutter contre le sida en
associant tous les acteurs de la société civile nous a permis de faire des
progrès sur le front de la prévention de la transmission de la mère à l'enfant,
a-t-il poursuivi. « Le défi pour nous est désormais de fournir des
médicaments antirétroviraux aux personnes infectées qui n'en bénéficient
pas, soit 10% des malades recensés », a souligné M. Parirenyatwa.
Rappelant que son pays avait été fortement touché par l'épidémie du
VIH/sida, M. DOUGLAS SLATER, Ministre de la santé et de l'environnement de
Saint-Vincent et Grenadines, a indiqué que des ressources importantes
avaient été investies dans les efforts pour combattre cette maladie. Il a
souligné que cette lutte était une priorité pour ce pays malgré les autres
défis de développement auxquels il fait face et les limites financières et
en ressources humaines. Il a fait part des initiatives prises pour
combattre le VIH/sida, dont la création d'un conseil national sur ce thème.
Il a mis l'accent sur la volonté de son Gouvernement de travailler
étroitement avec la société civile ainsi qu'avec le secteur privé pour
vaincre la maladie. Il y a deux ans, nous avons mis en place un programme
de traitement gratuit pour toutes les personnes infectées par le VIH, a-t-il
poursuivi, notant que cela avait réduit leur taux de mortalité. Toutefois,
il s'est inquiété du nombre de nouvelles infections, insistant sur l'urgence
de traiter de la question de la prévention. Par ailleurs, le Ministre a mis
en avant les efforts visant à éliminer la discrimination dont souffre les
personnes atteintes de la maladie. Dans ce cadre, il a appelé les
partenaires de développement à poursuivre leur soutien à son pays. Nous ne
pourrons répondre à ce défi sans leur aide, a-t-il précisé. La guerre
contre le VIH doit recevoir le soutien de tous les États Membres si nous
voulons atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et le
développement durable, a-t-il conclu.
Mme MAIGA ZEINA MINT YOUBA, Ministre de la santé du Mali, a déclaré que son
pays avait fait de la lutte contre le sida un chantier national de
développement durable bâti autour de la personne humaine. La gratuité des
soins, a-t-elle affirmé, nous permet aujourd'hui de prendre en charge 7 500
patients alors que de vastes campagnes d'information, de sensibilisation et
d'éducation essentiellement axées sur les jeunes et les adolescents sont en
voie d'élaboration. La vision du Mali est volontariste. Elle s'appuie, a
expliqué la Ministre, sur les trois piliers que sont la gouvernance
démocratique, le renforcement structurel et la viabilité de la lutte contre
le sida. La réalisation de ces trois piliers constitue le défi majeur de l'accès
universel à la prévention, aux soins et aux traitements dans les pays de la
sous-région. Afin d'atteindre les résultats escomptés, la Ministre a, au
nom de son pays, lancé un appel à toutes les parties prenantes des États et
à l'ensemble des partenaires financiers en faveur du renforcement des
capacités techniques. De même, a-t-elle conclu, il convient de garantir le
transfert de technologies pour la fabrication de médicaments et de mobiliser
des ressources internes et externes afin de pérenniser les stratégies à
court, moyen et long terme.
M. TEDROS ADHANOM, Ministre de la santé de l'Éthiopie, a indiqué que la
prévalence du sida chez les adultes est passée de 7,3 en 2001 à 3,5 en 2005.
Notre réponse multisectorielle à la pandémie a permis des progrès
significatifs dans les domaines des soins et de la prévention et du soutien
aux victimes. Pour intensifier nos actions de prévention, a-t-il expliqué,
nous avons mis en ouvre une approche novatrice visant le déploiement d'ici à
2008 de 30 000 travailleurs de la santé qui seront alors en mesure d'atteindre
chaque foyer éthiopien. Nous avons aussi intensifié notre fourniture de
médicaments antirétroviraux. Ainsi le nombre de malades traités se situait
autour des 900 en 2005 pour s'élever aujourd'hui à 34 000, le but étant de
traiter gratuitement 100 000 malades d'ici à la fin de 2006. D'ici à 2010, a
assuré le Ministre, nous parviendrons à garantir une couverture intégrale
aux malades.
M. TAMSIR MBOWE, Secrétaire d'État à la santé et à la sécurité sociale de la
Gambie, a estimé que la réponse au VIH/sida devait être ciblée, concertée,
durable et continue. Il a de plus déclaré qu'une volonté politique forte
devait être démontrée. Il a indiqué que depuis la Déclaration sur le
VIH/sida de 2001, la Gambie avait intensifié sa campagne globale contre la
pandémie et que des ressources avaient été mobilisées à travers la Banque
mondiale et d'autres organisations bilatérales. Il a fait valoir que son
Gouvernement avait fourni gratuitement des médicaments antirétroviraux aux
personnes vivant avec le sida. Rappelant que le Comité régional de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) a proclamé 2006 « Année de l'accélération de la
prévention du VIH en Afrique », il a souligné que son pays avait lancé un
programme dans ce cadre.
La Gambie est un des rares pays d'Afrique dont la prévalence de VIH décline,
a-t-il constaté. Ceci est le résultat du travail continu du pays en faveur
de la prévention et de la sensibilisation, a-t-il ajouté. Le Ministre a de
plus souligné que la lutte contre le VIH/sida ne serait gagnée qu'à travers
un travail commun et en prenant en compte tous les secteurs. Notant que le
VIH/sida ne connaissait pas de frontières politiques ou géographiques, il a
enfin estimé que l'exclusion de Taiwan des interventions internationales en
matière de santé et de réseaux de contrôle posait une menace à la fois pour
Taiwan mais aussi pour la communauté internationale, dans son ensemble.
M. FRED T. SAI, Conseiller présidentiel sur la santé reproductive et le
VIH/sida du Ghana, a indiqué que son pays avait intégré les problématiques
liées au sida dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Le
taux de prévalence, aujourd'hui de 2,7%, baisse depuis trois ans, a-t-il
indiqué en ajoutant que le rôle de la société civile avait été crucial pour
parvenir à ce résultat. Au Ghana, les personnes vivant avec le virus sont
pleinement impliquées dans les divers comités et groupes de travail
pertinents. Elles permettent de renforcer, de l'intérieur, la lutte
indispensable contre la discrimination à laquelle les personnes contaminées
sont toujours confrontées au quotidien, a dit M. Sai. Un volet de notre
stratégie nationale concerne le soutien aux orphelins et aux enfants les
plus vulnérables, et la réduction du risque de transmission du virus de la
mère à l'enfant fait également partie des priorités nationales en matière de
santé publique, a dit le Conseiller. « À nos yeux, la clé demeure la
prévention. C'est pourquoi, il est vital de mettre en ouvre les conditions
d'un financement durable des ressources humaines et des capacités techniques
et médicales », a-t-il recommandé.
M. NATAENARA KIRATA, Ministre de la santé de Kiribati, a déclaré que lorsque
la Déclaration d'engagement sur le VIH/sida a été adoptée en juin 2001,
Kiribati ne faisait pas encore partie de la famille des Nations Unies. Ce
document historique, signe de la préoccupation mondiale face à ce fléau,
visait à mettre en ouvre les meilleures pratiques possibles afin d'améliorer
le bien-être des familles et communautés touchées par ce virus mortel. Nous
saluons les efforts de tous ceux qui ont donné vie à ces engagements. Nous
avons nous-mêmes bénéficié de nombreux programmes régionaux. Kiribati
reconnaît aussi le rôle joué par la Communauté du Pacifique en termes de
coopération et de soutien dans la mise en ouvre de l'ensemble de ces
initiatives. Toutefois, le Gouvernement est préoccupé par le fait que les
promesses faites dans le cadre du Sommet du Millénaire pour le développement
ne seront pas toutes tenues en raison de l'absence de ressources
financières. Le Ministre a également relevé le lien important entre la
tuberculose et le sida ainsi que les problèmes communs qui en découlent et a
appelé les Nations Unies à consacrer davantage de ressources pour examiner
conjointement ces deux maladies.
Mme JOSETTE BIJOU, Ministre de la santé publique et de la population de la
République d'Haïti, a déclaré que dans le domaine de la prévention, les
acquis étaient importants, le taux de prévalence du VIH/sida chez les femmes
enceintes notamment étant passé de 5,96% en 1996 à 3,1% en 2004. En ce qui
concerne la prévention de la transmission de la mère à l'enfant, la
couverture de soins s'applique aujourd'hui à 19% des femmes, ce qui
constitue une avancée par rapport aux années précédentes. Au plan des
droits de l'homme, deux décrets ont été adoptés, qui portent sur la
protection des femmes violentées et sur celle des travailleurs vivant avec
le virus. À l'avenir, l'accent devra être mis sur l'accès universel aux
techniques de prévention et de prise en charge des personnes dans un souci d'équité
et de justice sociale pour tous.
M. OSCAR FERNANDES, Ministre d'État de l'Inde, a déclaré qu'à ce jour, plus
de cinq millions de personnes vivaient avec le virus du sida en Inde. Notre
Gouvernement est fermement engagé à inverser cette tendance, a ajouté M.
Fernandes. Cette volonté politique de contenir dans un premier temps la
progression de l'épidémie, a-t-il souligné, est affirmée dans la
Constitution. Jusque dans les villages les plus reculés, nous nous
efforçons de juguler la progression de la pandémie du sida. Le Ministre a
encore déclaré que l'Inde avait accompli des progrès notables en matière
scientifique. Notre stratégie de lutte contre le sida vise par ailleurs à
établir un équilibre entre prévention, soins et traitements. Sur ce dernier
point, a ajouté M. Fernandes, nous nous sommes fixés comme objectif de
rendre dès cette année les traitements antirétroviraux accessibles à 100 000
personnes, dont 10 000 enfants, au lieu des 30 000 que nous comptons aujourd'hui.
L'Inde finalise en outre un projet de loi visant à renforcer la protection
des femmes, des enfants et des autres groupes de personnes vulnérables
vivant avec le VIH.
M. MORRIS DUKULY, Ministre d'État chargé des questions présidentielles du
Libéria, a expliqué au nom de la Présidente du Libéria, que son pays n'avait
entamé que récemment son redressement après des années de conflit armé. La
pandémie est aujourd'hui la menace la plus grave qui pèse sur le
développement humain, notamment dans des pays comme le Libéria dont le
capital humain a été décimé par des années de guerres civiles. Aujourd'hui,
a ajouté le Ministre, nous disposons d'un plan national stratégique qui
appelle à des actions concertées de traitement, de soins et de soutien aux
victimes. Dans le cadre de la Déclaration d'Abuja de 2001, les
gouvernements africains s'étaient engagés à verser 15% de leur budget annuel
à l'amélioration du secteur de la santé. Par ailleurs, la pauvreté et le
dénuement étant des facteurs importants de propagation du sida, il est
indispensable d'adopter une approche intégrée, a-t-il conclu.
Mme ANNIKA NILSSON, Ministre de la santé et des affaires sociales de la
Suède, a estimé qu'en matière de lutte antisida il fallait faire « plus,
mieux, et plus vite ». « L'urgence de notre réponse doit être combinée à
des engagements à long terme. Il faut mettre fin à la discrimination, qui
sape l'effort de prévention, la recherche de traitement et le soutien
apporté aux malades » a-t-elle ajouté. Nous devons renforcer le volet
consacré aux droits de l'homme dans les législations nationales en place, a
dit Mme Nilsson. Il nous faut intensifier les mesures de prévention en
mettant l'accent sur les groupes vulnérables, les hommes qui ont des
rapports sexuels avec d'autres hommes, les travailleuses du sexe, les
prisonniers, les migrants et autres groupes sur lesquels l'information est
pour l'instant insuffisante. De même, la lutte contre l'épidémie de sida
doit avoir pour corolaire celle contre la pauvreté, a estimé la Ministre
suédoise, qui a conclu qu'un engagement durable visant l'innovation
technique et l'implication des femmes contaminées doit être le moteur de la
lutte mondiale contre le sida.
M. JOSÉ MENDOZA GRACÉS, Vice-Ministre de la santé du Venezuela, a rappelé qu'il
y a cinq ans, les États Membres des Nations Unies avaient établi des
priorités pour l'humanité. Toutefois, les progrès indiscutables obtenus
sont désormais menacés pour diverses raisons. La lutte contre la pandémie
du sida doit désormais s'inscrire dans une stratégie générale de santé des
populations, en particulier des plus pauvres. Le Venezuela est passé d'une
politique sociale et de projets pilotes à des stratégies massives et
accélérées ayant permis à la population de faire des progrès spectaculaires.
Le Vice-Ministre s'est inquiété en particulier des doubles discriminations
dont souffrent les femmes et jeunes femmes en raison de leur séropositivité
et de leur sexe. Il est indispensable que les femmes aient le contrôle de
leur sexualité par le biais des microbicides et préservatifs. Il est aussi
indispensable de promouvoir les droits de l'homme des groupes vulnérables
que sont les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes,
les lesbiennes, et les toxicomanes. Par ailleurs, le Vice-Ministre a réfuté
catégoriquement les chiffres avancés par ONUSIDA selon lesquels seulement 4%
des femmes enceintes au Venezuela vivant avec le VIH reçoivent la
trithérapie et 32% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
Au Venezuela, 100% des femmes enceintes bénéficient de la trithérapie,
a-t-il précisé. Le Vice-Ministre s'est également érigé contre les
multinationales qui abusent des droits de propriété intellectuelle au
détriment des droits de l'homme des malades du sida.
M. WANG LONGDE, Vice-Ministre de la santé de la Chine, a indiqué qu'au cours
de ces trois dernières années, son Gouvernement a pris une série de mesures
intégrées pour lutter contre l'épidémie du VIH et du sida. À la fin de
2005, un dispositif opérationnel fondé sur le leadership du Gouvernement,
une coopération multisectorielle et une participation du public a pris
forme. Le budget spécial du Gouvernement central pour la lutte contre le
VIH/sida est passé de 100 millions de yuans en 2002 à 800 millions de yuans
en 2005, et celui des gouvernements locaux s'est accru de manière
substantielle. Après avoir cité les mesures pratiques prises par son pays,
le Vice-Ministre a dévoilé les priorités de son Gouvernement pour l'avenir.
Il a cité la pleine mise en ouvre des plans prévus pour 2006-2006 et l'incorporation
du contrôle du VIH/sida dans l'ordre du jour du développement
socioéconomique; la diffusion d'information sur le VIH/sida à 80% de la
population urbaine et à 75% de la population rurale, âgées de 15 à 49 ans;
la protection des personnes vivant avec le VIH/sida et la lutte contre la
discrimination sociale; la promotion des préservatifs et des programmes de
méthadone pour les populations à haut risque; et enfin, le renforcement de
la coopération internationale et la promotion du rôle des ONG.
M. MYA OO, Vice-ministre de la santé du Myanmar, a expliqué que les
objectifs principaux du programme national de lutte antisida de son pays
étaient axés sur la prévention, notamment du risque de transmission du virus
de la mère à l'enfant; la protection des produits sanguins, et le
renforcement des capacités sanitaires. « Nous collaborons dans ce cadre
avec les autres pays de la région, à travers la communauté de l'ASEAN
notamment », a-t-il ajouté. Au plan de la prévention de la transmission
sexuelle du virus, le Myanmar a facilité l'accès aux préservatifs aux jeunes
de 15 à 24 ans. Notre gouvernement a également mis en place un service
efficace de distribution de méthadone et de seringues stérilisées à
destination des usagers de drogues par injection, a dit M. Mya OO. Grace
aux efforts conjoints de tous nos partenaires, le traitement antirétroviral
est désormais disponible pour les mères infectées dans quelque 79 townships,
a dit le Ministre en indiquant que par ce biais, le nombre d'enfants nés
avec le virus devrait passer de 2 000, comme c'est le cas aujourd'hui, à 1
000 d'ici 2010.
M. B. NIYOZMATOV, Vice-Ministre de la santé de l'Ouzbékistan, a fait le
bilan des actions menées par son Gouvernement en citant en particulier la
mise en place d'un comité national de coordination placé sous la direction
du Cabinet du Vice-Premier Ministre et la fourniture de soins de santé aux
femmes enceintes malades du sida. Il existe également des projets pilote
mis en ouvre grâce à une coopération avec le Fonds mondial contre le sida,
la tuberculose et le paludisme. Le Vice-Ministre a ajouté que son pays
avait ouvert 208 antennes accueillant des toxicomanes et 30 antennes
fournissant des services aux personnes souffrant de maladies sexuellement
transmissibles. Nous souhaitons toutefois établir une coopération encore
plus efficace en vue de favoriser un plus grand accès à la prévention et aux
soins. Grâce à la coopération avec les ONG, a-t-il ajouté, nous avons fait
de grands progrès en matière de prévention, de diagnostic de services
sociaux et d'appui pour les personnes touchées par le VIH ou le sida.
Mme LIDIETH CARBALLO QUESADA, Vice-Ministre de la santé du Costa Rica, a
déclaré que le travail fait dans le pays contre le VIH/sida était coordonné,
dans le cadre d'efforts conjoints du Gouvernement, de la société civile et
des agences de coopération. Depuis 1997, 100% de la population bénéficie
des traitements antirétroviraux, a-t-elle annoncé, évoquant aussi une
amélioration des soins aux malades et à leurs familles ainsi que le
renforcement de programmes d'éducation sanitaire. Nous devons procurer à
nos citoyens les outils nécessaires pour combattre la discrimination,
défendre les droits de l'homme et diminuer la transmission du virus, quel
que soit le mode de transmission, a-t-elle déclaré. Il est important de
reconnaître l'impact des flux migratoires sur la prévention et les
traitements, en particulier dans des pays comme le Costa Rica où l'accès
universel aux soins de santé est garanti, a conclu la Vice-Ministre,
rappelant, à cet égard, la nécessité d'une coopération internationale,
bilatérale et multilatérale pour parvenir aux objectifs fixés en matière de
lutte contre le VIH/sida.
M. NASR EL-SAYED, Ministre de la santé et de la population de l'Égypte, a
estimé que la prolifération de la maladie était intolérable en ceci qu'elle
contribue à la régression de la croissance économique qui entrave le
développement des pays les plus nécessiteux. Cette Réunion de haut niveau
constitue un moment historique pour passer en revue le chemin parcouru
depuis 2001, a dit Nasr El-Sayed. Il ressort que le manque de fonds sape la
mise en ouvre de programmes thérapeutiques, a-t-il relevé. Il faut
impérativement proposer à des prix abordables les médicaments les plus
efficaces aux pays en développement, a-t-il plaidé. S'attaquer à la
pauvreté, qui est à l'origine de la persistance des grandes épidémies, doit
être l'affaire de tous. En Egypte, les moyens de prévention ont été
renforcés de manière substantielle. Nous avons lancé de nombreuses
campagnes médiatiques pour sensibiliser les plus jeunes aux pratiques à
risques et pour valoriser le rôle de la femme dans les différentes
initiatives de prévention nationale, a indiqué le Ministre. Le comportement
sexuel sain que recommande l'Islam, qui prône fidélité et abstinence,
explique la prévalence relativement basse dans les pays arabo-musulmans, a
estimé le Ministre égyptien.
M. MAMHOUD FIKRI, Sous-Secrétaire adjoint à la médecine préventive au
Ministère de la santé des Emirats arabes unis, a déclaré que dans les pays
en développement qui souffrent déjà de la grande pauvreté, le VIH/sida n'a
fait qu'exacerber la vulnérabilité des populations. Il est nécessaire
aujourd'hui de favoriser le partenariat mondial avec de tels pays afin de
leur permettre de mettre en ouvre leur plan national stratégique de lutte
contre la pandémie, et ce, en facilitant les transferts technologiques et
financiers. Nous soulignons également, a-t-il dit, la nécessité de
favoriser l'accès de ces pays aux médicaments et de privilégier l'approche
préventive, en particulier les mesures visant à modifier et à contrôler les
comportements qui contribuent à la transmission de la maladie. Le
Sous-secrétaire adjoint a également affirmé que la pandémie ne constituait
pas un problème de santé publique dans son pays mais que celui-ci restait
solidaire des efforts mondiaux. Nous disposons ainsi d'un programme
national de contrôle et de prévention établi dès 1985 par le Ministère de la
santé. Parmi les mesures préventives les plus importantes, le
Sous-Secrétaire adjoint a cité la cessation des importations de sang pour
favoriser les dons locaux et la mise en place de programmes de dépistage du
VIH/sida pour tous les patients hospitalisés, les écoliers et les étudiants
ainsi que les couples avant leur mariage, et les détenus.
Mme SANDRA ELISABETH ROELOFS, Envoyée spéciale du Président de Géorgie, a
précisé que son pays présentait une faible prévalence du VIH/sida, mais qu'il
était exposé à de graves risques du fait du nombre important de migrants.
Nos systèmes de contrôle et de dépistage volontaire fonctionnent
efficacement. Il nous faut renforcer les mesures de prévention du risque de
transmission mère-enfant, a dit Mme Roelofs. Nous avons également mis en
ouvre une feuille de route en vue de rendre effectif l'accès universel au
traitement, aux soins et au soutien aux malades, a-t-elle ajouté. Le
problème que pose le sida à nos sociétés, a-t-elle dit, n'est pas simplement
de collecter des fonds, mais de dépenser ces ressources avec intelligence et
sagesse. Impliquer les femmes à l'échelle de toute la région de l'Eurasie;
faire participer plus activement les femmes qui ont un rôle de dirigeant
dans leurs pays respectifs; éduquer les enfants pour en faire des
adolescents conscients de leur santé, voilà à quoi doivent être consacrés
les fonds récoltés, a estimé Mme Roelofs.
Mme XIOMARA CASTRO DE ZELAYA, Première Dame du Honduras, a indiqué que son
pays avait établi une couverture de santé universelle pour sa population, ce
qui a contribué à la création d'un plus grand nombre de centres de santé et
de laboratoires, ainsi qu'à des avancées en matière de prévention. Les
succès que nous avons remportés, a ajouté la Première Dame, résultent en
partie de la coopération internationale avec la société civile. La Première
Dame a également abordé la situation des femmes et des enfants infectés par
le virus et a indiqué qu'elle avait lancé un appel aux Premières Dames d'Amérique
latine afin d'établir des coalitions pour lutter contre ce fléau. Faisant
le lien entre le VIH et le sida et les droits de l'homme, elle a encouragé
les medias à promouvoir des valeurs morales et des styles de vie sains au
lieu de diffuser des messages sexistes objectivant la femme.
Mme ANNMAREE O'KEEFFE, Ambassadeur de l'Australie pour le VIH/sida, a
indiqué que son pays jouait un rôle central dans la région du Pacifique.
Nous avons, a-t-elle affirmé, accompli des avancées sans précédent pour
freiner la propagation du virus et fournir des traitements et des soins
adaptés aux personnes vivant avec le VIH. La réussite australienne repose
sur des partenariats solides avec les groupes vulnérables, les secteurs de
la santé et de la recherche. Les programmes d'éducation qui ont été engagés
intègrent les techniques les plus innovantes en matière de prévention.
Notre action, a-t-elle ajouté, s'étend à la région tout entière, ce qui
implique de se pencher sur la situation très complexe des petites nations,
dont les petits États insulaires, qui apparaissent peu armées face à l'épidémie.
L'Australie continue de développer des partenariats associant les secteurs
privé et public. Cela démontre, a insisté l'Ambassadeur, notre volonté de
solliciter tous les acteurs possibles. C'est en ce sens que le pays attache
la plus haute importance au renforcement de la participation des personnes
vivant avec le virus aux processus de prise de décisions. La féminisation
accrue de la pandémie est une source d'inquiétude. Pour mettre fin à cette
évolution, l'Australie est engagée dans une lutte active contre la violence
sexuelle, qui frappe de plus en plus les jeunes filles, a-t-elle indiqué,
avant d'estimer que ces dernières doivent pouvoir bénéficier d'un accès aux
services sociaux, juridiques et de santé de base.
M. ROBERT AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a évoqué, au nom du Forum des
îles du Pacifique, des pays membres du Secrétariat de la Communauté du
Pacifique et des organisations de la société civile du Pacifique, la
Stratégie régionale du Pacifique de lutte contre le VIH/sida. Cette
Stratégie repose sur huit éléments: le leadership; la prévention et la
préservation de communautés saines; l'accès aux services de qualité; le
respect des droits de l'homme et l'implication des malades du sida; la
coordination et le partenariat; le financement et l'accès aux ressources; le
suivi, le contrôle et la recherche, et la lutte contre les vulnérabilités.
Le représentant a précisé qu'en octobre 2005, les dirigeants des 22 îles et
territoires du Pacifique avaient appelé à une analyse plus poussée du
concept de « Fonds de santé pour le Pacifique » en raison notamment des
difficultés d'accès au Fonds mondial contre la sida, la tuberculose et le
paludisme. L'approche unique pratiquée par le Fonds mondial continuera, en
effet, de marginaliser les pays dans lesquels existent de réelles chances d'inverser
la tendance.
M. AHMED MAHDI AL-HADDAD (Bahreïn) a souligné la menace que posait le sida
et affirmé que cette pandémie constituait un des défis les plus importants
auxquels la communauté internationale était confrontée aujourd'hui. Il a
insisté sur l'importance de l'échange de meilleures expériences et de
pratiques nationales réussies dans la mise en ouvre de la Déclaration de
2001 afin de renforcer les efforts de prévention, de traitement, de soins et
d'appui. Il a toutefois regretté qu'en dépit des efforts importants visant
à améliorer l'accès aux traitements, près de cinq millions de cas sont
diagnostiqués chaque année. Cela constitue un obstacle de taille pour
réaliser l'objectif d'un accès universel au traitement d'ici à 2010, a-t-il
ajouté. Il a fait remarquer que, malgré une faible prévalence nationale du
VIH/sida, son pays avait adopté la résolution 26/2 de l'Assemblée générale
et avait, depuis 2001, entrepris toutes les mesures nécessaires pour faire
face à cette maladie mortelle. Il a notamment fait part des efforts visant
à sensibiliser les groupes vulnérables, à encourager le dépistage prémarital
ou l'abstinence ou encore à assurer la gratuité des soins pour les personnes
infectées. Aujourd'hui, les efforts de prévention se poursuivent, a-t-il
ajouté, car c'est seulement ainsi que l'on pourra réduire l'impact de la
maladie, a-t-il conclu en demandant que la communauté internationale s'engage
ensemble pour accélérer la lutte contre le VIH et le sida.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji) a déclaré que son pays avait fait beaucoup d'efforts
pour sensibiliser les populations à la gravité de la pandémie. Cinq
nouveaux cas de VIH et de sida ont été déclarés au cours des deux premiers
mois de l'année 2006, ce qui est beaucoup pour une petite île comme Fidji, a
dit M. Savua. « Le Gouvernement s'efforce de coordonner les activités
prioritaires pour le programme d'action 2002-2004 que nous avons établi pour
notre pays », a-t-il annoncé. À Fidji, les patients ont accès à un fonds
global qui leur permet de bénéficier de traitements antirétroviraux
remboursables. Toutefois, l'absence d'un cadre juridique approprié pose des
problèmes dans des domaines comme ceux des droits de l'homme et de la
discrimination, a dit le représentant.
M. ADAMANTIOS TH. VASSILAKIS (Grèce) a affirmé qu'en dépit des efforts
déployés à tous les niveaux, la pandémie de VIH/sida avait pris la dimension
mondiale d'une crise exceptionnelle. La Grèce, ayant reconnu l'ampleur du
problème, a pris donc des mesures qui s'imposaient en adoptant une nouvelle
stratégie multisectorielle, qui s'appuie sur la coordination dans les
activités nationales et internationales. Des campagnes de prévention
ciblées ont donc été lancées avec le concours du Gouvernement, de la société
civile et des entreprises du secteur privé. L'éducation est en effet la
clef du changement, en particulier pour les jeunes qui devraient être
informés le plus tôt possible, a estimé le représentant. Aussi, le message
est-il adressé en priorité dans les lycées, avec un objectif, d'ici à 2010,
de 95% des adolescents sensibilisés aux dangers de la pandémie. Nous
insistons par ailleurs sur la nécessité de passer des tests de dépistage, de
fournir un soutien psychologique et social aux malades et d'atteindre l'objectif
d'un accès universel aux traitements antirétroviraux en coopération avec les
pays des Balkans et d'Afrique, a conclu le représentant.
Mme MARY SHAWA, Ministre d'État auprès du Président et du Cabinet du
Gouvernement du Malawi, a parlé des structures nationales mises en place
dans son pays pour combattre le VIH et le sida et leurs conséquences sur la
population. Notre approche s'est orientée vers une prise en compte
multisectorielle des problèmes qui sont gérés en coordination par les
différents ministères, les organisations non gouvernementales et la société
civile, a déclaré la représentante. Elle a indiqué qu'un accent particulier
était mis sur les efforts visant à assurer que les fonds alloués soient
effectivement utilisés dans les différents programmes mis en place dans le
pays et pour qu'une analyse de l'impact réel de ces derniers soit menée.
Quatre-vingt-cinq pourcent des jeunes entre 15 et 24 ans sont capables d'identifier
les moyens de prévention du virus, et l'utilisation des préservatifs est en
hausse, à 47%, a-t-elle assuré, affirmant également que le Malawi avait mis
en place des politiques d'accès équitable aux traitements antirétroviraux.
Les questions de la transmission de mère à enfant et du soutien
psychologique et économique aux orphelins de la maladie font aussi l'objet
de programmes gouvernementaux, tout comme celle de la discrimination à l'égard
des personnes atteintes du virus, a dit Mme Shawa. Malgré tous ces efforts,
les statistiques continuent de montrer des résultats inquiétants en raison
de la persistance de blocages et surtout d'un manque de ressources, a-t-elle
poursuivi. Le Malawi a besoin de plus de ressources pour placer ou
maintenir des milliers de personnes sous traitement antirétroviral et
financer des programmes visant à réduire l'impact de la maladie, a dit la
Ministre. Elle a appelé la communauté internationale à augmenter ses
contributions et à inclure des programmes de nutrition dans les politiques
globales menées par les organismes internationaux.
Mme COUMBA BÂ, Conseillère auprès du Président de la Mauritanie, a fait part
de l'engagement de son pays dans le combat contre la propagation du sida.
Rappelant que la Mauritanie avait mis en place un programme à cet effet dès
1988, elle a souligné que le pays avait également adopté en 2002 une
politique multisectorielle dans ce domaine. S'agissant de la prévention,
elle a noté que la société civile, le secteur privé et les ministères
compétents menaient des campagnes de sensibilisation sur tout le territoire,
ciblant particulièrement les jeunes, les femmes en âge de procréer, celles
enceintes, et les populations migrantes. Mme Bâ a aussi indiqué que la
Mauritanie participait à des initiatives sous-régionales, telle la Caravane
de l'espoir qui associe leaders religieux, journalistes et personnes vivant
avec le virus dans le but de lutter contre la stigmatisation et la
discrimination dont souffrent ceux qui sont affectés par la pandémie. Des
dispositions sont prises pour rendre l'accès au traitement gratuit à tous
les Mauritaniens, mais aussi à tous ceux vivant dans le pays, a-t-elle fait
savoir. Réitérant l'engagement de son pays envers la Déclaration de 2001,
elle s'est dite convaincue que la lutte contre le VIH/sida ne pouvait être
gagnée que dans un contexte d'effort mondial. Elle a ainsi estimé que la
communauté internationale et les partenaires techniques et financiers
devaient redoubler d'efforts pour aider les pays en développement.
M. PAUL KAGAME, Président de la République du Rwanda, a expliqué que, depuis
2001, son pays avait adopté une approche multidisciplinaire, décentralisée
et axée sur les besoins spécifiques des communautés locales. Il a salué la
qualité des partenariats ouverts avec les initiatives internationales,
telles que le Plan du Président Bush contre le sida, le Fonds mondial ou
encore la Fondation Clinton. Des efforts notables commencent ainsi à porter
leurs fruits au Rwanda, a affirmé M. Kagame. Le taux de prévalence chez les
hommes est de 3% et de 3.7% chez les femmes. De récentes études montrent
une baisse générale du taux de prévalence chez les adultes, a-t-il insisté.
Toutefois, aux fins d'une lutte véritablement efficace contre la progression
de la pandémie, il a estimé qu'il convient de prendre des engagements
durables, renforcer les infrastructures sanitaires et améliorer la formation
des personnels de la santé. Le Rwanda est déterminé, a-t-il assuré, à
mettre pleinement en ouvre la Déclaration politique de la Réunion de haut
niveau de 2006 sur le VIH/sida, ainsi que l'ensemble des engagements y
afférents.
M. SIMON IDOHOU (Bénin) a fait valoir que, malgré un taux de prévalence
moyen qui semble s'être stabilisé autour de 2% depuis 2000, le pays n'était
pas à l'abri d'une explosion de la maladie sans une persistance dans ses
efforts pour lutter contre le VIH/sida. Il a rappelé que depuis 2001, des
progrès avaient été réalisés dans la mise en ouvre du plan stratégique
multisectoriel sur le VIH/sida. Il a ainsi attiré l'attention sur la
création d'un comité national de lutte contre le sida et sur les
partenariats avec la société civile afin de renforcer la réponse locale.
Par ailleurs, il s'est félicité qu'aujourd'hui, 85% des jeunes avaient
entendu parler du VIH/sida et que le réseau épidémiologique s'améliorait
dans le pays. S'agissant des soins et des traitements, il a souligné la
gratuité de la prise en charge depuis décembre 2004. Il a expliqué que dans
la perspective de parvenir à un accès universel au traitement, à la
prévention, aux soins et à l'appui, son pays s'était fixé certains objectifs
nationaux. Parmi ceux-ci, il a cité la réduction d'au moins 25% du taux de
prévalence chez les jeunes de 15 à 24 ans ou celle de 50% de la proportion
des nourrissons infectés d'ici 2010 ainsi que la garantie de la prise en
charge et du soutien des personnes infectées. Enfin, il a estimé que la
mobilisation des ressources et le soutien de la communauté internationale
devaient être renforcés pour élargir la réponse nationale.
Mme SUSANA RIVERO (Uruguay) a estimé que seule une réponse globale pouvait
permettre de lutter efficacement contre la pandémie. Cependant, elle a
expliqué que les pays d'Amérique latine étaient exclus de l'accès au Fonds
de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme parce qu'ils ne
correspondaient pas aux critères exigés pour bénéficier de son aide. Selon
sa délégation, des progrès ne seront possibles que par le biais de
programmes de santé publique tenant compte des droits à la santé sexuelle et
génésique. Il est indispensable, a insisté la représentante, de travailler
à cette fin avec la société civile, très active en Uruguay. Le Gouvernement
uruguayen considère en outre qu'il faut promouvoir l'égalité des sexes, en
autonomisant les jeunes filles, en les mettant à l'abri des abus et de l'exploitation
sexuels, en s'occupant des orphelins et, plus largement, en éliminant toutes
les formes de discrimination et de stigmatisation, a conclu la
représentante.
M. IGOR DZUNDEV (ex-République yougoslave de Macédoine) a affirmé que dans
son pays, qui connaît le taux le plus bas de prévalence du VIH/sida de la
région, l'accent était mis sur la prévention, notamment parmi les jeunes et
les groupes à haut risque. Il a expliqué que près de 50% de la réponse
nationale était basée sur la prévention. Le Gouvernement s'emploie aussi à
augmenter l'engagement du secteur non-gouvernemental dans la mise en ouvre
de cette réponse, a-t-il ajouté. Il a noté que son pays s'inquiétait du
coût des médicaments car le marché des antirétroviraux est encore modeste
dans la région, en raison d'une demande faible. Cela n'incite pas les
compagnies pharmaceutiques à réduire leurs prix, a-t-il regretté. Par
ailleurs, il a estimé que les défis posés par le VIH/sida étaient de plus en
plus complexes et touchaient toutes les sociétés. C'est donc une bataille
commune que nous livrons, a-t-il fait valoir, en plaidant pour un
financement prévisible et soutenu ainsi que pour l'utilisation efficace des
ressources. Enfin, il a indiqué qu'il fallait, entre autres, s'engager à
identifier de nouveaux mécanismes et outils dans ce secteur et combattre les
idées fausses et les préjugés.
M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre) a déclaré que l'infection par le VIH se
maintenait à un taux de prévalence très faible de 0,1% de la population à
Chypre, notamment parce que le Gouvernement a fait de la lutte contre la
pandémie une priorité depuis l'apparition du virus sur l'île en 1986.
Ainsi, les politiques chypriotes sont harmonisées avec celles de l'Union
européenne et d'autres partenaires internationaux dans ce domaine. Des
programmes de prévention ont été ainsi inclus dans les programmes scolaires
et, en vue d'éliminer les phénomènes de stigmatisation et de discrimination
à l'encontre des malades. Chypre a éliminé toutes les dispositions
juridiques qui pourraient poser problème dans l'accès à la prévention, aux
soins, aux traitements et au soutien, a précisé le représentant. Les
données disponibles montrent des tendances stables, mais les autorités
continuent de surveiller les menaces que constituent les comportements
sexuels à risques ou la consommation de drogues injectables, a-t-il dit.
M. SAMDUTH SOBORUN (Maurice) a regretté que l'épidémie de VIH/sida ait
progressé malgré les efforts entrepris par les États, à la suite de la
Déclaration d'engagement de 2001. Il a souligné les graves effets de cette
maladie sur le développement socioéconomique, notamment l'incidence négative
sur les ressources humaines, affirmant que le VIH/sida sapait les efforts
pour réaliser les OMD. Maurice n'épargne aucun effort dans sa lutte contre
le virus, a-t-il poursuivi, et nous appuyons l'engagement pris en juillet
2005 par les pays du G-8 pour assurer un accès universel aux soins et au
traitement d'ici 2010. Il a estimé que la prévention et le traitement sont
deux composantes essentielles et complémentaires de la stratégie de lutte
contre le sida. Il s'agit de toucher tous les individus de manière à sauver
des vies, a-t-il insisté. Par ailleurs, il a déploré la stigmatisation et
la discrimination des malades du sida et a souhaité qu'on protège
particulièrement les femmes et les enfants de toute discrimination.
Espérons que lors de notre prochaine rencontre, a-t-il conclu, nous pourrons
faire preuve de plus d'optimisme quant aux changements de comportements face
aux malades du sida.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a indiqué que le point de départ de la lutte
contre le VIH/sida devait être la protection des droits fondamentaux des
individus infectés par le virus, en particulier les femmes et les enfants.
Il est nécessaire également de fournir les financements suffisants à une
stratégie de lutte qui soit efficace, a-t-il estimé. La leçon que nous
devons tirer des 25 ans de lutte contre le sida est qu'il nous faut
renforcer les systèmes de santé des pays pauvres. L'action de l'Italie dès
le début a été d'investir dans le capital humain et financier, afin de
renforcer de tels systèmes dans les pays en développement. Dans ce
contexte, l'Italie reconnaît la nécessité de travailler en coordination avec
tous les partenaires de la société civile, ainsi qu'avec le secteur privé.
L'Italie, a ajouté le représentant, accorde une attention particulière au
financement et à la recherche, et a investi au cours des cinq dernières
années 400 millions d'euros par le biais du Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme.
M. MILAD ATIEH (République arabe syrienne) a déclaré qu'en dépit du nombre
limité d'infections en Syrie, le pays avait mis en place des programmes de
prévention et de soins en faveur des malades. Il a insisté sur la nécessité
de garantir le traitement gratuit des personnes vivant avec le VIH et le
sida. La stratégie nationale syrienne se base sur les éléments suivants:
garantir les services de prévention contre le sida et les maladies
sexuellement transmissibles dans le cadre des services sanitaires, empêcher
la transmission du virus de la mère à l'enfant et renforcer la surveillance
de la transfusion sanguine. Plusieurs plans et programmes ont également été
lancés pour les immigrés qui ont dû quitter leur pays en raison des
persécutions dont ils ont fait l'objet. Le plan national évoqué prend en
compte les traditions, y compris religieuses, ce qui a permis d'obtenir des
résultats concrets, a précisé le représentant. Mais la Syrie essaie de
trouver un financement adéquat pour garantir les mesures prévues par le
plan, notamment auprès du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, a-t-il
conclu.
M. BAN KI-MOON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la
République de Corée, a noté le grand nombre de défis qu'il restait à relever
dans la lutte contre le VIH/sida. La grande majorité des gens vivant avec
le VIH n'ont pas accès à des traitements appropriés, a-t-il par exemple
avancé. Notant que les mesures à prendre pour lutter contre la maladie
avaient déjà été bien établies dans la Déclaration de 2001, il a tout
particulièrement insisté sur la nécessité d'assurer une action concertée et
de mobiliser davantage de ressources. La prévention est essentielle dans le
cas du VIH/sida car il n'existe pas de remède ou de vaccin, a-t-il
poursuivi. Il a estimé qu'une attention particulière devait être portée aux
groupes vulnérables comme les femmes et les jeunes. De plus, il a noté que
certains pays qui sont déjà frappés par la pauvreté doivent en plus subir l'impact
du VIH/sida. Leurs objectifs de développement économique sont en
conséquence de plus en plus hors de portée, a-t-il déploré. Il a ainsi
affirmé qu'il fallait offrir davantage d'aide aux pays les moins avancés d'Afrique
afin de briser le cercle vicieux de l'épidémie et du manque de
développement. Enfin, il a annoncé que son pays avait contribué à hauteur
de 10 millions de dollars au Fonds mondial pour la période 2007-2009, et ce,
en hommage au Dr. Lee Hong-wook qui a dirigé la lutte de l'OMS contre ce
virus et d'autres maladies.
M. AHMED OWN (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que son pays luttait avec
détermination contre le VIH/sida en lançant des programmes de prévention et
de traitement. Mais pour parvenir à les appliquer, l'aide financière des
pays les plus développés est indispensable, a-t-il précisé. Selon lui, il
faut adopter des mesures ambitieuses et éliminer les obstacles à la lutte
contre la pandémie, notamment le prix prohibitif des médicaments et les
barrières tarifaires, mais aussi déployer des efforts dans le domaine de la
recherche et du développement. À cet égard, l'industrie pharmaceutique doit
travailler à l'élaboration de traitements efficaces et abordables,
accessibles aux pays en développement, a conclu le représentant.
M. MOHAMED LATHEEF (Maldives) a déclaré que la stratégie nationale de lutte
contre le sida dans son pays avait été établie en 1987, quatre ans avant que
le premier cas de sida fut diagnostiqué aux Maldives. Cette stratégie a été
progressivement enrichie par l'apport du secteur privé et des ONG dans les
domaines de la prévention et du contrôle des taux de contamination, a dit M.
Latheef. La défense des valeurs religieuses et culturelles a joué un rôle
essentiel dans la prise de conscience sous-tendant les programmes de
prévention. Si les Maldives ont recensé jusqu'à maintenant seulement 11 cas
de contamination, leur population, de plus en plus mobile, est plus exposée
au risque d'infection aujourd'hui qu'hier, a dit le représentant. « La
forte présence touristique est un autre facteur propice à une augmentation
du nombre de personnes contaminées », a-t-il noté. Pour le représentant, l'implication
de la société civile et du secteur privé -notamment des laboratoires
pharmaceutiques-, la réaffirmation de la volonté politique des États, et la
mobilisation accrue de ressources permettront, ensemble, d'atteindre les
objectifs identifiés pour mettre fin à la pandémie de VIH/sida.
M. ERASMO LARA (République dominicaine) a souligné les initiatives et
mesures prises par son pays afin d'élaborer et de mettre en ouvre une
réponse nationale multisectorielle et globale face au VIH/sida. Il a
notamment précisé que cette réponse mettait l'accent sur la participation de
tous les acteurs sociaux du pays et visait à renforcer les alliances
stratégiques entre secteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux.
Reconnaissant la féminisation de la pandémie dans le pays, il a indiqué que
le Gouvernement dominicain avait donné une priorité à ce problème en
encourageant la prise de mesures pour l'égalité entre les sexes et la
prévention en faveur des femmes. Soulignant l'importance d'efforts communs
au niveau régional, il a expliqué que son pays mettait au point une démarche
conjointe, avec la République d'Haïti, dans le cadre d'une stratégie
binationale. Par ailleurs, le représentant a insisté sur la nécessité de
respecter et de protéger les droits humains et les libertés fondamentales
des personnes vivant avec le VIH/sida. À cet égard, il a précisé que son
pays donnait la priorité à l'éducation, à l'emploi, et à l'accès aux soins
médicaux, tout en respectant la confidentialité du statut des personnes
affectées.
CARDINAL JAVIER LOZANO BARRAGAN (Saint-Siège) est revenu sur les
contributions spirituelles, médicales et sociales de l'Église catholique en
précisant que le Pape était profondément préoccupé par les ravages que
causait la pandémie du sida. En fait, a-t-il précisé 27% des centres
prodiguant des soins aux malades du sida sont d'obédience catholique. Il a
également expliqué que l'Église travaillait en particulier à la formation du
personnel médical et privilégiait les actions de prévention, de soins et d'aide.
De manière plus spécifique, l'ONG Caritas international est présente dans
102 pays et mène des
actions de lutte contre le sida dans 62 d'entre eux. Nos programmes de
prévention insistent sur l'enseignement de comportements responsables
propres à prévenir la transmission de la pandémie. Nous luttons aussi
contre la stigmatisation des malades du sida, facilitons les programmes de
détection et fournissons des conseils, a indiqué le représentant du
Saint-Siège.
M. SHIMELIS ADUGNA (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge
et du Croissant-Rouge) a déclaré que la Fédération avait pris de nombreuses
mesures depuis la session de 2001, notamment en formant des partenariats
avec les personnes qui vivent avec le VIH et le sida et en créant le Fonds
Masambo, qui fournit des traitements antirétroviraux aux personnels et aux
volontaires impliqués dans cette action. Par ailleurs, la Fédération a
organisé un projet en vue de créer un code de bonne pratique à l'intention
des ONG travaillant auprès de malades. Elle a également mené des campagnes
dans 128 pays pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation. L'Observateur
a fait ensuite trois propositions pour réaliser davantage de progrès. Tout
d'abord, les gouvernements devraient veiller à ce que le sixième cycle du
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme soit
parfaitement alimenté et que les promesses de contributions soient
respectées. Les gouvernements devraient également aider à développer et
mettre en ouvre des mécanismes de responsabilisation à l'intention de tous,
y compris des ONG. Enfin, ils devraient envisager le financement des
réseaux de volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge lorsqu'ils
sont impliqués dans des actions liées aux politiques de lutte contre la
pandémie, a-t-il ajouté en conclusion.
M. FERNANDO VALENZUELA, Observateur de la Communauté européenne auprès des
Nations Unies, a fait part de sa profonde préoccupation face à l'impact
dévastateur du VIH/sida qui se propage en dépit des efforts de la communauté
internationale. Il a ainsi réitéré l'engagement de la Commission européenne
à élargir les interventions et à fournir le soutien nécessaire aux pays
partenaires. Il a fait part des efforts de mobilisation de ressources
financières de la Commission, indiquant entre autres qu'elle avait, entre
2003 et 2006, alloué 280 millions d'euros en moyenne par an à la lutte
contre le virus. Il a aussi noté que la Commission et les membres de l'Union
européenne fournissaient 65% du financement total du Fonds mondial. Il s'est
dit particulièrement inquiet de l'augmentation de la prévalence du VIH/sida
chez les jeunes et les femmes. « Il est essentiel de répondre à leurs
besoins dans l'élaboration des programmes d'éducation et de sensibilisation,
mais aussi dans la fourniture des soins », a-t-il estimé. Par ailleurs, il
a rappelé que la Commission travaillait étroitement avec de nombreuses ONG
et la société civile. Un partenariat étroit avec le secteur privé et la
société civile est une condition essentielle à l'élargissement des réponses
nationales, a-t-il argué. Enfin, il a noté que la Commission souhaitait
maintenant que trois points soient abordés dans la lutte contre le sida: un
coût abordable pour les médicaments, la recherche de programmes et de
technologies préventifs, et la sensibilisation pour mettre fin à la
complaisance et freiner l'épidémie.
VOLET B
Déclarations
Mme URSULA HAUBNER, Ministre fédérale de la sécurité sociale, de la
protection des générations et des consommateurs de l'Autriche, s'exprimant
au nom de l'Union européenne et des pays associés, a rappelé que les
engagements internationaux en matière de VIH/sida, convenus en 2005, dans le
domaine de l'accès universel à la prévention et au traitement d'ici à 2010,
doivent envisager la prévention comme une démarche intersectorielle qui
concerne tous les secteurs de la santé, comme indiqué dans les déclarations
de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD)
et la Conférence de Beijing, y compris en matière de la santé maternelle.
Cette démarche nécessaire signifie également que les secteurs de l'éducation,
du transport, de la défense et d'autres fassent partie de la réponse. Pour
l'Union européenne, il est aussi fondamental de renforcer la Déclaration d'engagement
de 2001. L'accès aux antirétroviraux s'est amélioré, a-t-elle constaté,
mais la situation reste grave dans de nombreux pays. Elle a ainsi estimé
que l'initiative « 3 fois 5 » a joué un rôle important même si des efforts
supplémentaires demeurent nécessaires.
La Ministre a recommandé, par conséquent, de recourir le plus possible aux
flexibilités offertes dans l'Accord sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Ces flexibilités, a-t-elle
insisté, ne doivent pas être compromises par les Accords sur le
libre-échange et doivent être conjuguées à des mesures visant à éviter la
taxation des antirétroviraux. De son avis, un accès universel à la
prévention, au traitement, aux soins et à l'accompagnement exige une mise en
ouvre intégrale des procédures reconnues comme efficaces, dont l'éducation
sexuelle, la distribution de préservatifs féminins et masculins, les
programme d'échange des seringues, et la recherche scientifique sur les
vaccins ou encore les microbicides. Compte tenu du facteur aggravant qu'est
la pauvreté, l'Union européenne, a poursuivi la Ministre, considère la lutte
contre le VIH/sida comme un défi multisectoriel qui concerne tous les
aspects du développement. Les problèmes structurels que sont la lutte
contre la pauvreté, la promotion et le respect des droits de l'homme, l'égalité
entre les sexes, l'élimination de la violence sexuelle et la lutte contre la
discrimination doivent donc être au centre de toute politique de lutte
contre le VIH/sida, qui doit concerner tous les segments de la population, y
compris les jeunes femmes, les fillettes et les adolescents.
Une réponse efficace au VIH/sida doit aussi viser les groupes vulnérables
comme ceux qui abusent des drogues et leurs partenaires sexuels, les hommes
qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les prostitués et leurs
clients, les femmes et les enfants exposés aux trafics des êtres humains,
les prisonniers, les transsexuels, les migrants ou encore les réfugiés et
les personnes handicapées. Soulignant que pour qu'elle réussisse, la
prévention doit se fonder sur des informations avérées, la Ministre s'est
dite profondément préoccupée par la résurgence de messages partiaux et
incomplets qui ne se fondent sur aucune preuve et ont un effet limité. La
Ministre a souligné que les maladies sexuellement transmissibles et le
VIH/sida ont les mêmes causes sous-jacentes, à savoir la pauvreté, l'intégralité
entre les sexes et la marginalisation des groupes les plus vulnérables.
La Ministre a poursuivi en arguant que les traditions culturelles et les
normes de masculinité et de sexe mettent les femmes en danger et renforcent
également la vulnérabilité des hommes et des garçons au VIH/sida. Aucune
stratégie ne réussira si l'on ne répond pas aux besoins spécifiques des
femmes, a-t-elle prévenu. Revenant à la discrimination, elle a souligné que
l'implication des personnes vivant avec le VIH/sida dans l'élaboration des
réponses à apporter est de la plus grande importance. Elle a aussi souligné
l'importance qu'il y a à abandonner des mesures « non efficaces » qui visent
à limiter la libre circulation des personnes infectées et leurs opportunités
d'emplois.
M. HILARY BENN, Secrétaire d'État pour le développement international du
Royaume-Uni, a affirmé que les pays situés en première ligne de la lutte
contre le VIH/sida devaient énoncer très clairement les stratégies par
lesquelles ils ont l'intention de procéder, d'établir des programmes
budgétisés liés à des plans de santé, de recruter des personnels et d'acheter
des traitements antirétroviraux. Un accès universel au traitement sera
impossible tant que des soins de santé décents ne seront disponibles dans
chaque communauté, dans chaque village et dans chaque ville, a-t-il ajouté.
Tout plan crédible ou tout programmé planifié et chiffré doit être associé à
des ressources, a-t-il également estimé. Il faut donc faire en sorte que l'argent
nécessaire soit disponible, et c'est la raison pour laquelle l'aide est
indispensable et qu'il faut que les États et autres donateurs contribuent au
Fonds mondial contre le VIH/sida, la tuberculose et les maladies
infectieuses, a dit M. Benn. Les plans et stratégies de lutte contre la
pandémie doivent se fixer des objectifs, c'est pourquoi, dans la
Déclaration, nous avons besoin d'avoir des cibles et des objectifs
intermédiaires d'ici à 2008, a estimé le Secrétaire d'État britannique.
M. Benn a également affirmé qu'il fallait reconnaître que la lutte contre le
VIH/sida n'était pas seulement une question d'argent, mais qu'elle se jouait
également sur le terrain de la culture et des comportements sociaux. Il a
indiqué qu'il aurait souhaité un texte de Déclaration final plus franc, qui
dise toutes les vérités. Dire la vérité, c'est dire, par exemple, que des
groupes comme celui des hommes qui ont des relations avec d'autres hommes,
et les travailleurs du sexe sont plus vulnérables que les autres à l'infection,
a-t-il souligné. C'est dire que des jeunes femmes, par choix ou par
nécessité, échangent du sexe contre de l'argent ou de la nourriture. Dire
la vérité, c'est aussi dire que l'emploi de préservatifs permet de se
protéger contre le VIH/sida, de même que l'usage de seringues propres. L'abstinence,
c'est bien pour ceux qui sont en mesure de la pratiquer, mais la vérité c'est
que biologiquement les êtres humains aiment avoir des relations sexuelles et
que l'on ne doit pas mourir par ce que l'on aime en avoir, a-t-il déclaré.
M. RICHARD NCHABI KAMWI, Ministre de la santé et des services sociaux de la
Namibie, a indiqué que son pays a lancé un programme de prévention de la
transmission du VIH/sida de la mère à ses enfants, en utilisant des
médicaments antirétroviraux. Nous sommes ainsi en mesure de fournir un
traitement à près de 50% des malades, a-t-il précisé. Il existe aussi en
Namibie des programmes d'éducation et de sensibilisation, ainsi que des
programmes de dépistage, de diagnostic et d'autres qui s'adressent aux
toxicomanes. Notre objectif est d'atteindre la population dans toutes les
régions du pays, a indiqué le Ministre. Il a espéré pouvoir bénéficier de
ressources complémentaires, avec la participation du Fonds mondial de lutte
contre le VIH/sida, et permettre l'accès universel au traitement. Selon le
Ministre de la santé, un partenariat fort est la clef de la réponse. Il a
remercié la société civile de son action en ce sens et souhaité que soit
renforcé le rôle de ces acteurs. Il a conclu en se déclarant fermement
engagé à mettre en ouvre la position commune africaine adoptée à Abuja en
2006, ainsi que la Déclaration d'engagement sur le VIH/sida de 2001.
Mme SHEILA D. TLOU, Ministre de la santé du Botswana, a mis l'accent sur la
détermination de son pays dans la lutte contre le VIH/sida. Elle a ainsi
affirmé qu'en 1999, le Botswana avait mis en place un programme national
pour empêcher la transmission du virus de la mère à l'enfant. Plus de 85%
des femmes séropositives participent à ce programme aujourd'hui, contre 28%
en 2002, a-t-elle dit. Selon la Ministre, s'il reste un long chemin à
parcourir, le Botswana est en mesure de réaliser ses objectifs avant 2010.
Il n'est possible d'enrayer la pandémie que si l'on met l'accent sur la
prévention, a-t-elle assuré. Malgré les progrès réalisés, un grand nombre
de défis a dû être relevés, a ajouté la Ministre, évoquant les difficultés
liées au manque de ressources humaines. Elle a, en outre, affirmé que les
stéréotypes et les discriminations constituaient un obstacle au succès des
programmes.
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangères de la France, a
donné lecture d'un message du Président Jacques Chirac. Dans ce message, le
Président Chirac a d'abord rappelé que la communauté internationale a pris
deux engagements: assurer l'accès universel au traitement d'ici à 2010, et
renverser la progression de la pandémie en 2015. Il faut tenir ces
engagements, car nous avons tous les moyens de réussir, a-t-il affirmé. Au
Nord comme au Sud, les gouvernements et les sociétés civiles sont maintenant
mobilisés, et les ressources ont été décuplées depuis 2001, a-t-il notamment
expliqué. Cependant, a estimé M. Chirac, nous sommes loin du compte car,
pour pouvoir répondre aux besoins immédiats, il faudrait déjà traiter 6
millions de personnes atteintes, alors qu'à l'heure actuelle seulement un
million et demi bénéficient de traitements antirétroviraux.
Dans son message le Président français a identifié cinq priorités, la
première étant l'accroissement des moyens, pour lequel la moitié du chemin a
été faite. Pour le nouvel effort qu'il faut fournir, il a souhaité voir
mettre en place de nouveaux mécanismes de financement, comme la contribution
de solidarité sur les billets d'avion adoptée déjà par 14 pays et qui
rentrera ainsi en vigueur en France le 1er juillet. Un modèle économique
nouveau est également indispensable, notamment pour consolider la baisse des
prix des médicaments. La deuxième priorité, pour M. Chirac, est la
coordination des actions des bailleurs bilatéraux et multilatéraux, en appui
des stratégies nationales de lutte contre le VIH/sida. En troisième
priorité, il a demandé que l'on aide les pays du Sud à renforcer leurs
systèmes de santé et a indiqué qu'il proposerait au Sommet du G-8 de
Saint-Pétersbourg d'engager une réflexion internationale sur des mécanismes
d'assurance-maladie adaptés aux pays les plus pauvres. Pour le Président
français, en quatrième priorité, il est aussi nécessaire de renforcer l'effort
de recherche, car seul un vaccin préventif permettra d'enrayer l'épidémie du
VIH. Il faut pour cela améliorer la coopération internationale publique et
privée. La France est pleinement engagée en ce sens à travers l'Agence
nationale de recherches sur le sida, a-t-il indiqué. Pour conclure, M.
Douste-Blazy a déclaré que le Président Chirac a estimé que la coopération
internationale dans la lutte contre le VIH/sida est une question de sécurité
pour l'avenir de l'humanité et un enjeu de dignité humaine et de justice.
Mme ULLA T?RN?S, Ministre de la coopération pour le développement du
Danemark, a affirmé que les efforts nationaux pour le financement pour le
développement étaient bien connus. Le Danemark, a-t-elle ajouté, fournit
plus de 0,7% de son PNB pour l'aide au développement; le Gouvernement ayant
fait la promesse pour que cette aide ne soit jamais inférieure à 0,8%. Le
Danemark fait partie d'un club élitiste de cinq pays seulement qui honorent
leurs promesses, a-t-elle poursuivi, priant les autres pays à se joindre à
eux. La Ministre a également indiqué qu'elle avait récemment décidé de
doubler le financement en faveur d'activités pour lutter contre le VIH/sida.
Elle a précisé que le Danemark augmenterait son aide de manière à atteindre
plus de femmes, de jeunes filles, d'orphelins et d'enfants vulnérables.
M. JEAN-LOUIS SCHILTZ, Ministre de la coopération et de l'action humanitaire
du Luxembourg, a constaté que la Déclaration d'engagement de 2001 n'est pas
restée lettre morte mais que cela ne signifie pas que la communauté
internationale peut se reposer sur ses lauriers. Le virus progresse avec de
nouveaux visages, et en particulier, des visages de femmes. Ce sont les
groupes les plus vulnérables qui sont les plus touchés, a-t-il noté. Pour
en venir à bout un jour, la Réunion d'aujourd'hui doit permettre de s'engager
avec force dans ce combat, a-t-il estimé. Nous devons faire preuve de
volonté politique, a dit M. Schiltz. Notant que les initiatives se
multiplient, il a appelé à plus d'efforts de coordination et d'harmonisation.
Nous devons nous pencher sur les besoins collatéraux, en renforçant
notamment les capacités et les ressources humaines, en luttant contre la
pauvreté et promouvant le rôle des femmes.
Le Ministre a cité l'initiative ESTHER qui a permis de démontrer qu'avec une
approche intégrée et une « action sur le contexte », il est possible d'élargir
l'accès à un traitement de qualité et durable, dans les pays en
développement. Quant à la prévention, il a considéré que l'ignorance est un
des pires ennemis de la lutte contre le VIH/sida. Il a aussi appelé l'industrie
pharmaceutique à assumer sa part de responsabilité. La nécessaire
augmentation des ressources en 2007 ne peut rester un vou pieux, a-t-il
ajouté. Le Luxembourg qui, avec quatre autres pays, consacre déjà 0,7% de
son RNB à la coopération au développement, continuera d'être un partenaire
fiable dans la lutte contre le VIH/sida, a promis le Ministre.
Mme MANTO TSHABALALA-MSIMANG, Ministre de la santé de l'Afrique du Sud, a
déclaré que si la communauté internationale veut renforcer les services