Chers tous bonsoir,
Il faut bien reconnaitre que la décision de distribuer
gratuitement ces ACT au delà de son aspect humanitaire que
ne peut lui nier, pose plus de problèmes qu'il n'en
résout.
-D'abord au plan technique et pharmacologique, ces produits
sensibles se retrouvent souvent entre des mains inexpertes
Ces manipulateurs ne peuvent en outre veiller à une
utilisation rationnelle donc efficiente, encore moins
assurer la mise à disposition des données pour la
pharmacovigilance.
-Les formes galéniques présentées (Forme "comprimé"
pour toutes les tranches d'âge), ne sont pas adaptées pour
la tranche d'âge la plus vulnérable et la plus touchée,
celle de 0 à 5 ans.(faible consommation)
- Au plan économie de la Santé, nous pensons qu'il y a
lieu d'abord de porter la réflexion autour de la
question du financement des structures de stockage
appropriées, de la formation des gestionnaires, du
renforcement de capacité de l'expertise locale
(pharmaciens gestionnaires, comptables), de la construction
des infrastructures routières en général, d'accès
aux zones les plus reculées.
Aujourd'hui on doit également poser la question du
transfert de technologie du Nord vers le Sud, de la
délocalisation de la production vers l'Afrique pour
d'abord lutter contre la pauvreté (autre raison de la
difficulté de la lutte contre le paludisme en Afrique),
facilitant ainsi la distribution tout en réduisant les
coûts de l'importation et réfléchir sur le
recouvrement des coûts et le renouvèlement de
l'approvisionnement.
Au Sénégal, il y a eu certes des approches pour un
partenariat avec le secteur privé dans la distribution de
ces ACT; mais ceci n'a pas trop prospéré même si les
ACT sont encore présents dans les officines.
D'abord il n'y a pas d'accord définitif sur la structure du
prix de vente "social" et sur les clés de répartition et
l'utilisation future des recettes; mais on remarque
surtout l'absence de contre-partie pour les spécialités
de même composition présentes à l'officine. Au même
moment, les populations doutent encore de la qualité et
de la commodité d'utilisation de ces ACT. Ceci se traduit
ainsi par une observance thérapeutique faible causant
des cas de résistances parasitaires et réduisant ainsi
la marge de manuvre des spécialités particulièrement
efficaces.
En fin nous voudrions tout juste rappeler que c'est quand
les Antituberculeux ont été rendus gratuits qu'il y a eu
malheureusement une recrudescence de cette maladie partout
dans le monde et particulièrement en Afrique avec en sus
une résistance du bacille aux antituberculeux
traditionnellement efficaces. On est aujourd'hui obligé de
trouver d'autres antituberculeux de nouvelles
générations qui ne sont pas malheureusement à la
portée de tous notamment de nos pays africains. (Même si
comparaison n'est pas raison.)
Aider c'est bien, mais partager au préalable avec ceux qui
reçoivent sur leurs préoccupations prioritaires, ne fera
que renforcer les résultats escomptés de l'Aide et
entrevoir d'autres pistes de collaboration et d'appui.
Dr Aboubakrine SARR. Président Syndicat des Pharmaciens du
Sénégal.
abousar@jokkoo.sn