[e-med] (36) Pharmacie franchisée

Quelques réflexion que je souhaite partager en réaction à plusieurs messages postés sur la question...

Certains semblent vouloir porter le débat sur la défense d'un secteur privé qu'on n'attaque pas !

Je pense qu'il n'est pas ici question de pointer du doigt le non-fonctionnement d'un secteur ou d'un autre mais plutôt de constater que le système, tel qu'il fonctionne dans son ensemble, tous secteurs confondus, ne donne pas satisfaction en termes de mise à disposition au plus grand nombre de médicaments de qualité et à prix abordable pour les populations.

Chaque secteur a son rôle à jouer dans l'atteinte de cet objectif premier de toutes les politiques pharmaceutiques nationales.
Et chaque secteur a ses limites, dont on doit être conscient.

Si l'on parle du Cameroun, que je connais pour y avoir travaillé, à la fois en long terme et à l'occasion de multiples missions court terme, avant et après la dévaluation du FCFA, et avec des contacts tant dans le secteur public que dans le secteur privé, force est de constater les limites de la couverture géographique du secteur privé. Peut-être plus, ou plus tôt que dans un certain nombre d'autres pays, ce secteur a cherché à s'étendre hors des plus grandes villes. Mais nombre d'officines ouvertes dans des petites villes ou dans des régions semi-rurales ou rurales trop reculées ont rapidement fermé, faute de rentabilité. Est-ce à dire que la distribution des médicaments n'est pas commercialement viable dans les régions rurales ou semi-rurales ?, ou que d'autres raisons ont rendu cette distribution non satisfaisante, par exemple les stratégies de distribution mises en œuvre par les pharmaciens qui ont tenté l'expérience ?
Difficile de répondre à cette question !

Je crois qu'il faut, au départ, que tout le monde s'accorde sur ce constat (ce qui, il me semble, est bien le cas ; c'est en tous cas ce qui ressort de la lecture des différents avis postés, même si tout le monde n'est pas d'accord sur la manière d'y apporter une solution) ainsi que, et surtout, sur le fait que la solution pour une amélioration de la situation n'est pas unique ni ne doit être focalisée sur un secteur en particulier. Tous les acteurs oeuvrant dans le domaine pharmaceutique sont interpellés et ont leur rôle à jouer, aussi bien le secteur public que le secteur privé ou qu'une autre forme d'organisation (que peuvent être les pharmacies franchisées par exemple).

Je ne vais pas rentrer à mon tour dans un débat sur les points positifs et les manquements de tel et tel secteur, ce n'est pas le sujet du thème proposé ici et je voudrais justement éviter une dérive de la discussion.

L'intérêt ici est de pouvoir réfléchir à des solutions alternatives, pouvant apporter un plus appréciable aux problèmes d'accessibilité, de disponibilité et qualité du médicament en Afrique, sans oublier la qualité du service, qui est aussi au centre de la problématique posée, peut-être pour une part bien plus importante que ce que l'on veut bien reconnaître... Combien de situations voit-on où, malgré la présence de médicaments dans une institution, qu'elle soit publique ou privée, c'est au marché parallèle que s'adressera le malade ! J'ai eu l'occasion de le mesurer il y a déjà quelques années, lors d'une évaluation des systèmes d'approvisionnement en médicaments essentiels menée en Guinée : des gens, et pas ceux de la rue !, m'ont mené là où ils achetaient leurs médicaments... dans les rues couvertes du marché central de Conakry, avec ordonnance et tout ! L'intérêt, donc, est de pouvoir sortit des sentiers battus et imaginer des solutions alternatives à une problématiques éminemment complexe. Des solutions dont l'objet n'est pas de construire au détriment de ce qui existe mais plutôt d'apporter des propositions originales pour le renforcer, l'améliorer, le compléter. Il n'est pas question de remplacer tel ou tel secteur par autre chose, il est question de réfléchir à une organisation différente.

Et pourquoi, également, vouloir toujours ramener les choses aux modèles des pays européens ou américains. Ces modèles sont le fruit d'une histoire longue et d'un environnement politique, social et économique particulier. Environnement qui est totalement différent en Afrique, tant sur le plan politique que sur le plan social et économique. Pourquoi ne pas, justement, chercher, des modèles organisationnels originaux, propres à une situation qui elle aussi est très spécifique.

Je trouve l'intérêt de la réflexion qui nous est proposée ici justement dans le fait qu'elle repose et permet, pourquoi pas, de remettre en question tous les aspects fondamentaux de l'organisation d'un système de distribution, à la fois sur le plan du produit proposé, du service proposé, du modèle organisationnel, etc.
Et ça a l'air d'interpeller beaucoup de monde, à la fois les acteurs africains eux-mêmes et les acteurs européens travaillant en appui aux systèmes d'approvisionnement en Afrique (dont je fais partie), à voir simplement le nombre de messages postés en deux-trois jours sur le sujet !

Certains ont proposé un groupe de réflexion sur le sujet : l'idée me paraît intéressante et je suis personnellement partant.

Bien à vous.

Daniel Vandenbergh
Pharmacien
AEDES scrl
34 rue Joseph II
B-1000 Bruxelles
Belgique

tél. : +32 2 209 10 20
fax : +32 2 219 09 38
e-mail : dvandenbergh@aedes.be
           dvandenbergh@lycos.com
skype : dvandenbergh

site WEB : http://www.aedes.be/>