[e-med] (5)CAMEG (Burkina-Faso) : le personnel conteste la nomination de Mahamadou COMPAORE

Chers e-mediens,

En reponse a Christophe : Les statuts octroyés aux centrales d'achat doivent leur assurer une autonomie financiere plus appropriee a leur activites commerciales et leur developpement, et le caractere « sans but lucratif » leur permet de repondre au mieux a leur mission de service public. Ces textes (souvent ASBL) leur conferent une independance vis-à-vis des pouvoirs politiques, et garantissent le recrutement du personnel et du Directeur Général selon des modalités precises basees sur une transparence et sur l évaluation des competences. Il n est pas normal donc de procéder à des nominations en conseil des ministres, comme si la Cameg était encore une entreprise publique. D’autant que l’Etat est représenté dans le Conseil d’Administration qui doit procéder normalement au recrutement.

Mais une autre question va de pair : pourquoi démettre le Directeur actuel ? a-t-il failli dans sa mission ? est il en fin de mandat ?..a t-il demissionne ? ..la encore les textes sont precis sur le renouvellement du Directeur.

La CAMEG a souvent été citee en exemple dans la sous region pour ses performances, imputables aux équipes en place et aux competences manageriales de ses Directeurs ainsi que à leur stabilité. Le nouveau pouvoir politique donnerait un bien mauvais signal à agir de la sorte sans respecter la nature et les statuts de l’entreprise Cameg.

Caroline DAMOUR

chers e-mediens,

Je m'associe aux messages précédents et je souhaite confirmer et compléter les propos de Caroline.

En effet, selon les statuts de la Cameg Burkina, seul le Conseil d'Administration de la Cameg est habilité à recruter son Directeur Général et a le révoquer en cas de manquement grave à ses obligations et après approbation du Comité de supervision. L'Etat étant membre à part entière du CA, il participe à ce titre aux décisions de celui-ci sans se substituer d'aucune manière à lui.
Le Conseil des Ministres n'est donc pas habilité à nommer ou révoquer le DG de la Cameg.

Cette violation des dispositions statutaires de la Cameg par le Gouvernement burkinabé révèle encore une fois l'ingérence du politique dans l'administration et la gestion de la Cameg.

Un tel comportement viole aussi les recommandations adoptées lors des rencontres des Ministres de la Santé après la dévaluation du FCFA et celles faites à la suite de plusieurs évaluations des performances des Centrales d'achat. Toutes ces recommandations précisent que les Centrales d'achat doivent bénéficier d'une autonomie financière et administrative pour entre autre, les mettre à l'abri de l'ingérence politique.
Le seul cadre, en plus du CA, et dans lequel les Etats sont en relation avec les Centrales d'achat est celui ayant fait l'objet d'une convention qui définit et détermine les rôles des parties pour assurer l'accès des produits de santé aux populations.

Au delà de la violation des textes et recommandations garantissant l'autonomie des Centrales, cette ingérence politique risque de poser un vrai problème aux bailleurs de fonds. En effet, la garantie du respect de l'autonomie financière et administrative des Centrales est un pré-requis quant à leur décision de travailler avec elles dans le cadre d'un partenariat pour l'approvisionnement et la disponibilité des produits de santé qu'ils financent. Il est fort à parier que si cette autonomie venait à être remise en cause, les bailleurs de fonds ne s'engageront pas ou se retireront de ce partenariat.

L'avenir et la pérennité d'un partenariat efficace Centrales d'achat/États/Bailleurs de fonds pour l'accès des populations aux produits de santé, résident entre autre, dans la volonté et la capacité réelle et effective des politiques à respecter leurs engagements pris à travers les textes et conventions auxquels ils sont partie et éviter de se substituer aux autres parties mettant ainsi fin au partenariat.

Espérons que le gouvernement burkinabé se ravisera !

Magali BABALEY

Poursuivons ce débat qui me semble très intéressant. Les partenaires ne
jouent certes pas tous le jeu en préférant les solutions urgentistes qui
leur permettent aussi d'avoir une meilleure visibilité. Quand au long terme,
cela fait plus de 20 ans qu'il y a des actions avec des résultats plus que
mitigés.

Comment les Etats et les partenaires reconnaissent ces centrales d'achats
publiques? Ont-ils conscience de leur importance? Idem pour les Directions
des médicaments.

Plusieurs de ces centrales ont un statut d'ASBL. Sont elles pour autant
autonome ? Plusieurs, et c'est le cas de la CAMEG du Burkina (1993 si ma
mémoire est bonne) ont été crées par décret Ministériel. Peut-on
juridiquement créer une ASBL par décret ? Moi, je ne suis pas juriste.
Il me semble aussi que le premier directeur avait été nommé par le conseil
des Ministres.
Dès le départ, c'était biaisé.
Résultats: cela piétine et n'avance pas très vite.

Les bons résultats d'un système de santé repose sur la présence et la
qualité des médicaments. Il me semble nécessaire qu'une bonne
complémentarité s'exerce entre le secteur public et le secteur privé. On
voit encore apparaitre des velléité de "casser le monopole " des centrales
d'achats. Cela ne tient absolument pas compte des leçons du passé. Qu'est-il
advenu chaque fois que malheureusement une centrale publique s'est effondrée
? C'est toujours le secteur illicite qui a pris la place . Pourquoi ?

L'autre volet d'une autonomie, c'est la gestion des médicaments accompagnée
par un circuit financier de retour.
Il existe rarement.
Et là aussi il ne faut pas s'étonner des ruptures de stocks.

Serge Barbereau

Bonsoir à tous,

Les textes de la CAMEG demandent bien sûr à ce que le directeur soit
recruté. Mais la CAMEG, au delà de son intérêt de santé publique,
représente de gros intérêts financiers qui, selon toute vraisemblance n'ont
pas échappés à l'appétit vorace de François Compaoré (petit frère de l'ex
président). Du coup, cette connexion avec le politique biaisait les
opinions et positions vis-à -vis de la CAMEG. Notre récent engagement
personnel à dénoncer la nomination du Dr Compaoré nous a permis d'en
apprendre beaucoup sur la main mise du système Compaoré sur la CAMEG. Nous
nous sommes engagés à soutenir les travailleurs dans leur lutte et de
poursuivre ce combat jusqu'à un affranchissement réel de la CAMEG. Nous
espérons que beaucoup d'acteurs au niveau national, qu'international
s'engageront dans cette logique.
Cordialement!

Simon Kaboré

Merci Caroline et Magali pour les compléments d'information. Il semble donc clair que la révocation du Directeur général de la CAMEG, tout comme la nomination de son successeur sont complètement irréguliers, le Conseil d'Administration ayant été complètement ignoré par le conseil des ministres. Si on poursuit la logique du processus, et les questions qui vont avec: Il y a des membres dans ce CA, qui représentent des partenaires de la CAMEG. Il y a parmi ces membres, la "France" qui y siège me dit-on (je suppose via le MAE?). Je me pose donc une autre question:

Pour quelle raison ces membres ne tapent-ils pas du poing sur la table en dénonçant l'abus de pouvoir dont ils sont victimes? Si la France, qui est toujours assez prompte à mettre en avant ses traditions de défense des "Etats de Droit" y siège, pour quelle raison ne conteste-elle pas ce licenciement et recrutement illégaux? Il y a sur place un ambassadeur (Mr. Gilles Thibault), il y a des conseillers Santé au Burkina-Faso et sur la région. Qu'est-ce qui peut bien justifier que personne ne réagisse? Etre membre d'un conseil d'administration d'une organisation comme la CAMEG signifie avoir des droits mais aussi des responsabilités. Et à moins que la majorité des membres de ce même conseil soit d'accord avec la décision et que cette décision ait été prise conformément aux statuts de la CAMEG, il est incompréhensible et anormal que les membres du Conseil d'Administration restent aussi passifs et silencieux.

Faites valoir vos droits et exercez vos responsabilités. C'est par là que commence la démocratie que le peuple burkinabé a appelé de ses vœux dans la rue il y a à peine un mois.

Christophe Luyckx – QUAMED Coordinator
Institute of Tropical Medicine | Nationalestraat, 155 | 2000 Antwerpen
email: cluyckx@itg.be
cell: +32 (0)473 65 52 09 | office +32 (0)3 247 65 95
fax: +32 (0)3 247 65 32
web: www.quamed.org | www.itg.be

Bonjour Chers E-Mediens

Chers emediens

La nomination du DG de la Cameg en Conseil des Ministres doit préoccuper
plus d'un, bien que dès le départ tout a été biaisé par la nomination du
Premier DG telque Serge le souligne dans son intervention, cela ne doit
pas constitué une jurisprudence, il faut que dans nos pays on sache
respecter les textes et les engagements pris, un lobbying est plus que
nécessaire pour soutenir nos collègues de la Cameg.

Au delà de cette ingérence flagrante dans la gestion d'une Centrale
d'achat, il est aussi important qu'on revienne sur la fonctionnalité de nos
centrales, est ce que nos états créent l'environnement adéquat pour ce
faire? Je n'en suis pas certain, alors que faire? Peut être que les
E-mediens dans leur diversité de connaissance et expérience ont des pistes.

J'en profite pour présenter mes vœux les meilleurs à toutes et à tous pour
cette année nouvelle qui va débuter dans quelques semaines.

Bien cordialement

Ph. Richard MULAMBA BIAYI
CDR Cameskin/RD Congo

(par cette intervention, la question se pose de savoir si e-med peut aussi jouer le role de lanceur d'alerte.CB)

Bonjour,

Je suis assez surpris de voir sur ce forum des interventions contestant une décision d'Etat. Je regrette l'ingérence des membres, de s’immiscer dans les affaires internes d'un pays. Le choix politique du conseil des Ministres du Burkina Faso, et la nomination de Mahamadou COMPAORE, ne sauraient être invalidées par des commentaires de personnes n'ayant aucun droit de regard sur la vie politique d'un pays.

Laissons les burkinabés résoudre leurs différents dans la démocratie des prochaines élections.

Dr Jean-Philippe SAC-EPEE

Bonjour Dr Jean-Philippe,

Si l'on veut suivre votre logique, il serait sans doute mieux de fermer
e-med parce qu'on y mène des échanges sur les politiques des pays, donc sur
des décisions politiques prises par des autorités nationales. Je prendrai
la peine de vous rappeler que c'est moi (burkinabè) qui ait posé le débat
sur ce forum en relayant un article de presse burkinabè. Dans mon précédent
mail, j'ai parlé de mon engagement personnel en tant que burkinabè à faire
respecter les textes de la CAMEG. Parmi tous ceux (non burkinabè) qui ont
intervenu ici, personne n'a pris un tel engagement. Ils ont juste donné
leur vision de la situation. Alors quand vous dites "la nomination de
Mahamadou COMPAORE ne sauraient être invalidées par des commentaires de
personnes n'ayant aucun droit de regard sur la vie politique d'un pays", je
pense que vous leur faites un faux procès. Moi je me bats et je me battrai
pour faire invalider cette nomination et j'ai bien un droit de regard sur
la vie politique de mon pays.

C'est carrément un non sens quand vous dites: "Laissons les burkinabés
résoudre leurs différents dans la démocratie des prochaines élections". Je
ne vois vraiment pas en quoi ce qui est débattu ici a un lien avec les
futures élections au Burkina.

J'ai plutôt une suggestion à vous faire: pouvez-vous, Dr Jean Philippe,
laisser les burkinabè et ceux qui aiment le burkinabè continuer à échanger
sur les moyens de faire respecter les textes de la CAMEG dans le sens de
garantir l'accès des populations à des MEG de qualité? Vous rendrez ainsi
bien service au Burkina.

Dans l'espoir que vous suivrez ma suggestion.

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

On peut voir cela comme de l'ingerence, mais la contestation quelquefois fait bien avancer le monde: l'histoire l'a prouve !!!! si on propose d'autres pistes de solutions.

Marie Paule FARGIER.

Mais si on peut (doit) intervenir
Dire le non droit est un devoir
Une association, une société, des individus ont le devoir de critiquer
C'est ce que l'on appelle la liberté
Si un Etat intervient c'est de l'ingérence discutable au plan des règles internationales encore qu'existe le "droit d'ingérence"
Mais dans le cas présent il faut poursuivre

Bonne journée
Jean Loup Rey médecin de santé publique

Chers tous,

Peut on nous dire quelles sont les motivations de cette décision et aussi
qu'est ce qui justifie le non respect des textes. La CAMEG a un statut!
avec un conseil d'administration! qu'a-t-il fait?

Quelle est la situation actuelle?

Franck Biayi
Pharmacien
Chef Unité GAS
CAG/MSP
Kinshasa/RDC