Je reviens sur certains points soulevés par nos collegues, et j’en profite pour saluer Serge, le pharmacien Richard et toute l’équipe de la Cameskin:
Sur le biais « initial » : n’oublions pas au départ il y avait des pharmapro publiques en faillite au sein des Ministères, leur remplacement par des centrales d achats autonomes a nécessité l adhesion des Pouvoirs publics et les apports de bailleurs de fonds qui ne pouvaient financer que les Etats. En l’absence de genereux mecenes il n’y a donc pas eu de generation spontanee d’ASBL, mais des decrets ministeriels permettant la mise en place des centrales d’achat selon diverses modalites : certaines étaient des projets sans forme juridique, d’autres des Epic évoluant ensuite vers une ASBL (cas de la Cameg). Le biais était inévitablement necessaire…
Aujourd hui, si ce n est certes pas la panace, et si les performances des structures sont tres inegales, c est neanmoins un modele porteur qu il ne faudrait pas abandonner car mal compris. Mais comme le souligne le pharmacien Richard, l’environnement cree est il favorable aux centrales d achats ? elles restent toujours lourdement pénalisées par les règles imposes aux achats sur budget public, et subissent les clients publics mauvais payeurs qui entrainent des endettements chroniques (quel grossiste privé accepterait d’approvisionner sans être payé ?)….et en réponse, la tendance est de les courtcircuiter plutot que de tenter de solutionner ces contraintes (en réformant ou contournant les regles d’achats publiques par exemple, ou en proposant des modes de financements des médicaments plus pérennes).
Il est en effet plus facile de se substituer à ces systèmes en achetant à leur place (les partenaires ne subissant pas ces contraintes)…. Les systèmes nationaux n achetant plus, ne pourront plus generer les marges permettant de couvrir leurs couts de fonctionnement et de développement. Mais on leur laissera la partie la plus ingrate de la distribution ! les systèmes existants deviendront des « supply chains » alimentés par les donations et n’auront plus aucune responsabilité sur les activités en aval.
Et justifiés comme des mesures de renforcement de systemes nationaux et d’intégration, les modeles en préparation par les puissants partenaires financiers n’auront plus aucune reconnaissance des prérogatives des centrales d achats nationales. Si il faut exiger le respect par les pouvoirs publics des entreprises pharmaceutiques nationales comme la CAMEG, il faut aussi les mobiliser pour mieux défendre l'intégrité de leurs système nationaux.
C DAMOUR