[L'analyse sur la Cameg a été publiée par le journal Le Pays de Ouagadougou et diffusée sur e-med.
Je suis très très surpris et étonné de lire votre analyse sur la libération
de la vente de MEG (Médicaments Essentiels Génériques) au Burkina.
Je me permets de vous rappeler ce qui suit :
1/ L'Etat n'est pas commerçant. Dans aucun pays du monde où les problèmes
de disponibilité et d?accessibilité sont résolus l?Etat ne vend pas les
médicaments mais son rôle est de réguler et sevir.
2/ En France, aux USA, au Japon et presque partout dans les pays développés
avec un système sanitaire presque efficace, il n? y a pas de centrale type
CAMEG.
3/ Avant la dévaluation du franc cfa, le secteur privé en Afrique francophone
assurait bien 90 % des stocks circulant. Pourquoi aujourd?hui on pense que
ce secteur est incapable de mettre à la disposition des populations des
produits à moindre coût.
4/ Dans tous les pays hors de la zone cfa où on n'a pas une centrale d'achat
type CAMEG africaines , les problèmes d'approvisionnement sont complètement
différents et mieux maîtrisés.
5/La disponibilité et l'accessibilité ne passent pas par la Centrale d'achat,
en connaissant les politiques pharmaceutiques des pays de la zone CFA, on
se rend bien compte que le problème est bien plus complexe et qu'il faudra
sûrement mener une analyse plus fine afin de trouver une solution adéquate.
Il est souvent trop facile de gérer les problèmes africains par des solutions
rapides qui ne sont pas en adéquation avec le système et surtout l'évolution
des mentalités.
Les médicaments vendus à zéro francs à la centrale d?achat de la zone CFA
coûtera combien aux malades ? Cette question est fondamentale.
Le circuit de distribution des Centrales est trop long et contraignant.
Cette contrainte aussi à un coût qu'il faudra intégrer.
Un autre exemple : le cas des ARV.
Dans tous les pays de zone CFA, le problème de prise en charge des PVVS
(Personnes vivant avec le virus du Sida) est difficile à cerner. Les prix
sont passés de FCFA 300.000 à 5.000 ou 3.000 FCFA. Des questions importantes
se posent. Est-ce que cette baisse substantielle de prix a permis de doubler
ou tripler le nombre des patients pris en charge ? Est-ce que les centrales
peuvent-elles seules assurer la prise en charge de 30 % de PVVS dans leur
pays ?
Est-ce que le Privé peut intervenir efficacement en complémentarité avec
le public ?
Face à toutes les questions ci-dessous, on se rend bien compte que les prix
ne suffisent pas. Il faudra également tenir compte :
-des « tabouts sociaux ». L'environnement psychologique du malade est un facteur très déterminant dans la prise en charge par ARV.
-De l'Incapacité du secteur public à assurer seule la prise en charge des
PVVS.
Je m'arrête à ce niveau mais je reste à la disposition des « e-mediens »
pour des éléments complémentaires.
Dr SOPNGWI
Directeur Général CCP (Compagnie Camerounaise Pharmaceutique)
BP 4506 DOUALA
Tél. : 997.56.68
Mail : sopngwi@ccp-cam.com