[e-med] Burkina-Faso : si la Cameg n'existait pas....

REGION DU NORD

" Si la CAMEG n'existait pas..."
http://www.lepays.bf/mensuel/actunat2.php?codeart=20&numj=121
Le pays - Burkina Faso - 15/07/2006

"Des médicaments de qualité, accessibles et à moindre coût". C'est un
impératif pour la santé publique, et la CAMEG entend relever ce défi dans
les treize régions du Burkina. Les dépôts régionaux de Bobo Dioulasso, Fada
N'Gourma et Ouahigouya sont déjà fonctionnels. Avec, à l'appui, un système d'évaluation
périodique. Une délégation de la CAMEG s'est ainsi rendue, du 21 au 22 juin,
dans la province du Yatenga. Objectif affiché : "mesurer l'impact du dépôt
régional de Ouahigouya sur la disponibilité des produits pharmaceutiques
dans les formations sanitaires".

"Si la CAMEG n'existait pas, il aurait falu la créer." Parole de la
directrice générale du Centre hospitalier régional (CHR) de Ouahigouya,
Korotoumou Ouattara. «Je le dis en toute franchise», poursuit-elle, la main
sur le cour. La raison est simple : «Avant que la CAMEG n'ouvre son dépôt
régional ici, le 17 octobre 2005, nous avions beaucoup de problèmes. Il y
avait des ruptures de stocks de médicaments. Cela avait des conséquences
négatives sur le fonctionnement de l'hôpital. Notre parc automobile est
vieux et il est souvent difficile de parcourir 185 km pour se rendre à
Ouagadougou pour les commandes. Et ce n'est pas tout : la signature des bons
de commande envoyés prenait du temps, entraînant ainsi des retards d'approvisionnement".

La directrice observe un bref moment de silence, et poursuit, visiblement
fière, que "maintenant, tout est réglé". Aussitôt a-t-elle terminé que le
pharmacien en chef de l'hôpital, Issaka Sondé, prend la parole : "Il suffit
d'une heure pour faire une commande de médicaments et être approvisionné."
La majorité des produits commandés par le CHR de Ouahigouya provient de la
CAMEG. "Plus de 90%", précise Issaka Sondé. Et il ajoute que "l'effectivité
des médicaments génériques, à la fois efficaces et bon marché, joue un rôle
essentiel dans la sécurité sociale des populations". "Ici, la plupart des
malades demandent les génériques. Les spécialités, elles, sont souvent
exigées par des personnes généralement nanties."

Le schéma est assez identique au district sanitaire de Ouahigouya. On s'y
approvisionnait en médicaments à Ouagadougou, deux fois par semestre. «Il y
avait trop de contraintes : l'achat du carburant, le déplacement de certains
agents sur de longues distances, l'insécurité.", déplore le médecin-chef du
district, Bernard Sawadogo. Et puis, "les livraisons n'étaient pas toujours
faites à temps", ajoute-t-il, sous le regard approbateur d'un pharmacien.
Or, "nous ne pouvons pas faire de grosses commandes parce que notre salle de
stockage est exiguë". L'autre problème, c'est que le district sanitaire de
Ouahigouya alimente à son tour, 47 CSPS dans la région du Nord disposant
tous d'un dépôt de médicaments essentiels génériques. "Des cabinets de soins
privés s'approvisionnent aussi chez nous", ajoute Bernard Sawadogo. Quatre
autres districts sanitaires sont opérationnels dans cette région. N'empêche,
il y avait souvent des ruptures de stocks.

Mais ça y est. Le médecin-chef, Bernard Sawadogo, est formel : "La création
du dépôt régional de la CAMEG nous a apporté une bouffée d'oxygène. Nous
arrivons désormais à nous approvisionner en temps réel, à des conditions de
règlement qui nous sont favorables". En tout cas, selon des sources
concordantes, "tout le réseau sanitaire local s'y approvisionne de façon
aisée".

Toutes les dispositions sont prises pour la qualité des produits

Mais il y a tout de même des problèmes. Des infirmiers chefs de poste de
plusieurs CSPS, en formation à Ouahigouya, ont fait des témoignages à ce
sujet. "Certains produits se périment entraînant ainsi des pertes
financières", lance l'un d'eux au directeur Ventes et Marketing de la CAMEG,
Placide Zigani. Ce dernier a été sans ambages : "Si les produits que vous
avez commandés sont à un mois de leur date de péremption, renvoyez-les pour
échange". Un autre infirmier chef de poste a mis sur le tapis les problèmes
engendrés par les médicaments de rue. Mais de plus en plus, ajoute-t-il, les
médicaments génériques s'inscrivent dans les habitudes des populations du
fait de leur "coût abordable".

En outre, "certains prescripteurs de produits exigent que les médicaments
que nous livrons proviennent de tel ou tel laboratoire", note le docteur
Mamadou Ouédraogo de la pharmacie Wend-raabo. De plus, "certains patients
"sont réticents parce que l'emballage du produit générique qu'on leur a
prescrit n'a pas la même couleur que celui qu'ils ont l'habitude de
prendre". Le docteur Ouédraogo estime, à ce sujet, que "les prescripteurs
doivent davantage informer les patients sur la qualité des produits". Dans
tous les cas, ajoute-t-il, les génériques sont très prisés pour soigner les
maladies chroniques telles que le diabète, l'hypertension, la drépanocytose.
A la pharmacie du Nord, les génériques occupent également de plus en plus de
terrain : "Avant, on comptait 1 générique pour 50 spécialités. Actuellement,
on en compte un pour 20", confie le docteur Issa Traoré.

La directrice du CHR de Ouahigouya aimerait, elle, que la CAMEG s'investisse
également dans la commande de produits odontologiques, pour les cabinets
dentaires. "Il nous manque aussi des réactifs", ajoute-t-elle. "Nous les
commandons ailleurs, et il n'est pas évident que la qualité soit toujours au
rendez-vous."

A l'agence CAMEG de Ouahigouya, toutes les dispositions sont prises pour la
conservation et la qualité des produits. C'est du moins ce qu'affirme, à
cour joie, le chef d'agence, Dr Chrysostome Kadéba. "Nous déstoquons et
détruisons tout produit, s'il est à un mois de sa date de péremption",
affirme-t-il. Le dépôt de Ouahigouya fonctionne depuis le 1er janvier 2006.
Environ 20 personnes y travaillent. Population cible : un million 800 mille
habitants.

Par Hervé D'AFRICK