[... et que viennent faire les dons de médicaments de l'Ordre de Malte
livrés récemment à Ouahigouya ? vont-ils être revendus ou donnés
gratuitement à des démunis ? CB et SB]
Lazare Banssé, DG de la CAMEG : "Depuis 4 ans,la CAMEG consent des
baisses sur les prix des produits pharmaceutiques"
jeudi 10 février 2005.
Comme cadeau de nouvel an à ses clients, la Centrale d’achat des
médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG)
ne pouvait trouver mieux que cette baisse de 15 à 30 % des prix des
médicaments essentiels génériques les plus prescrits, au cours de
l’année 2005.
L’annonce de cette baisse qui concerne également les anti-rétroviraux
(ARV) a été faite le 26 janvier dernier au cours d’une cérémonie de
présentation de vœux à ses partenaires. Sidwaya a rencontré le directeur
général de la CAMEG, M. Lazare Banssé pour échanger sur cette nouvelle
tarification et les activités de la centrale en général.
Sidwaya (S) : Situez-nous un peu plus sur la baisse des prix des
médicaments que vous avez annoncée récemment.
Lazare Banssé : Cette baisse entre dans la politique générale de la
CAMEG qui veut que chaque année, elle fasse bénéficier les consommateurs
des répercussions d’une bonne maîtrise des charges de fonctionnement et
d’une meilleure politique d’achat. En effet, ayant réussi à obtenir des
prix d’achat intéressants sur le marché international, cela nous a
permis de réviser une fois de plus nos prix de vente pour 2005 au profit
des populations. Cette baisse va concerner les produits pharmaceutiques
les plus prescrits, et sera de l’ordre de 15 à 30 %. Dans les prochains
jours, nous publierons les nouveaux prix.
S. : Les ARV (anti-retroviraux) sont-ils concernés par cette baisse ?
L.B. : Les ARV sont aussi concernés par cette baisse. En effet, cette
année, la trithérapie la plus usuelle, c’est-à-dire Efavirenz 600 mg
comp. + Zidovudine 300 mg comp. + Lamivudine, coûtera 28 185 F CFA au
lieu de 40 000 F CFA.
Par ailleurs, le cocktail composé de Stavudine 40 mg + Lamivudine 150 mg
+ Névirapine 200 mg communément appelé Triomune coûtera 10 680 F CFA.
S. : Parlez nous justement du programme de prise en charge des personnes
vivant avec le PvVIH/VIH mis en place dans les différents centres de
santé du pays.
L.B. : Depuis le lancement du processus de prise en charge des PvVIH
dans les formations sanitaires en octobre 2003, le ministère de la
Santé, le secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le
Sida et les partenaires au développement, à travers la CAMEG ont mis en
place un certain nombre d’initiatives. L’ensemble de ces initiatives
vise à réduire les coûts des traitements de sorte à permettre
l’accessibilité au plus grand nombre. Ces programmes concernent
l’ensemble des structures de santé (les Centres hospitaliers
universitaires, les Centres hospitaliers régionaux, les Centres de
traitement ambulatoire). A côté de ces initiatives, il y a
l’intervention de Médecins sans frontières et le Centre d’accueil et de
solidarité de Ouagadougou (CASO).
S. : La baisse que vous consentez au niveau de vos clients que sont les
formations sanitaires et les officines pharmaceutiques va-t-elle se
répercuter au niveau des consommateurs ?
L.B. : Comme vous le dites si bien, les baisses de marges consenties par
la CAMEG s’adressent en premier lieu à nos clients, dont les principaux
sont les districts sanitaires, les officines et les hôpitaux. Ces
structures ont la charge d’approvisionner à leur tour le consommateur
final. Il convient de souligner que la commission de fixation des prix
publics prend en compte les taux de baisse de prix de cession CAMEG ; ce
qui réduit donc les coûts des Médicaments essentiels génériques (MEG)
aux consommateurs. Pour cette année 2005, la CAMEG cède environ 400
millions de F CFA de sa marge bénéficiaire pour l’amélioration de
l’accessibilité financière des MEG.
S. : Parlez-nous de votre politique de fixation des prix et de la
réserve sociale qui vous permet de gérer les fluctuations du marché.
L.B. : La structure des prix de la CAMEG est conforme aux dispositions
de l’arrêté conjoint ministériel (ministère de la Santé et ministère du
Commerce et de la Promotion de l’entreprise) portant fixation des prix
publics des médicaments essentiels génériques et des consommables
médicaux.
La réserve sociale quant à elle, est régie par l’article 6 des statuts
de la CAMEG qui stipule qu’une réserve sociale est créée pour gérer les
fluctuations de prix dans l’intérêt des usagers.
En cas de baisse de prix d’achat d’un ou plusieurs MEG se traduisant par
un dépassement de la marge au terme d’un exercice, l’intégralité de
l’excédent est immédiatement versée sur la réserve sociale. Depuis
quatre années, la CAMEG effectue des baisses de prix des produits
pharmaceutiques. Cela diminue bien entendu sa marge bénéficiaire. La
réserve sociale contribue donc à renforcer notre fonds de roulement, ce
qui permet aujourd’hui d’avoir un niveau de stock important d’une part
et de réaliser par ailleurs notre plan d’investissement sans trop de
difficultés d’autre part.
Il faut rappeler que la CAMEG est une association à but non lucratif de
droit privé. Elle assure une mission de service public à finalité
sociale.
S. : Quel est aujourd’hui l’éventail des produits pharmaceutiques que la
CAMEG propose à ses clients ?
L.B. : La CAMEG dispose actuellement de plusieurs types de produits,
toutes familles thérapeutiques confondues.
A nos jours, la gamme des produits de la centrale comporte 446 items
dont 217 médicaments. Le reste étant composé de consommables médicaux,
de petit matériel médico technique, de matériel et réactifs de
laboratoire ainsi que de produits dentaires.
S. : Et votre circuit actuel de distribution ?
L.B. : La CAMEG approvisionne le circuit public et le circuit privé du
médicament. Le circuit public concerne en priorité les dépôts
répartiteurs de districts et les hôpitaux. Le circuit privé est
constitué essentiellement des officines pharmaceutiques. A côté des
types de clients que nous venons de citer, il y a des services
spécialisés du ministère de la Santé que nous approvisionnons pour des
besoins spécifiques tels que les vaccins.
Pour renforcer notre circuit de distribution, nous allons emménager au
cours de cette année dans nos nouveaux bureaux et entrepôts de
Bobo-Dioulasso d’une capacité de 7 500 m3. Nous allons également nous
atteler à achever les entrepôts de Ouahigouya d’une capacité de 7 500 m3
également. Il s’agit pour nous de procéder à une décentralisation de la
distribution des MEG en nous rapprochant le plus possible de nos
consommateurs.
S. : Quelle part la CAMEG occupe-t-elle dans le marché national des MEG
?
L.B. : La CAMEG a été créée pour rendre disponible principalement le MEG
au Burkina. Depuis, elle s’est attelée à atteindre les objectifs qui lui
sont assignés. Aujourd’hui, elle a renforcé sa présence sur le terrain
et bénéficie d’avantages concurrentiels certains. Je peux vous dire que
la CAMEG occupe environ 95 % du marché du générique au Burkina.
Il faut noter que d’autres grossistes privés distribuent également des
génériques dans des proportions limitées de gamme.
S. : Que fait la CAMEG pour gagner la bataille de la qualité après avoir
réussi à rendre disponible les MEG dans tout le Burkina ?
L.B. : La CAMEG à mon sens, est en passe de gagner la bataille de la
qualité. En effet, elle a mis en place un système d’assurance qualité
dont la gestion est assurée par des professionnels du médicament.
Régulièrement, nous prélevons des échantillons dans nos stocks pour des
contrôles de qualité que nous faisons dans des laboratoires de référence
européens et au Laboratoire national de santé publique. Par ailleurs au
nom du principe de précaution, lorsque la qualité d’un produit est mise
en cause, nous procédons à des rappels de lots, à des investigations
puis à la destruction.
S. : La CAMEG ne souffre-t-elle pas d’un manque de dynamisme
promotionnel au regard de ce que font les maisons de spécialités pour
promouvoir leurs produits ?
L.B. : La CAMEG ne saurait être comparée à ces maisons de spécialités. A
notre manière, nous faisons la promotion du générique au Burkina Faso.
Par voie de presse, sur le terrain, par des approches directes auprès
des prescripteurs, des dispensateurs et des consommateurs ; nous faisons
de la sensibilisation, de l’information sur notamment la disponibilité,
la qualité et la connaissance des produits essentiels génériques.
Hamado NANA
Sidwaya