Bonjour
Je profite du message de Mit [message (22)] sur l'utilisation des ressources consacrées à la santé, pour revenir sur le rôle de la société civile ou tout simplement des acteurs indépendants sur l'utilisation rationnelle de ces fonds. Comme elle l'a si bien dit, le RAME essaie avec ses moyens de bord de constituer un contre pouvoir pour freiner l'hémorragie des ressources même maigres dans le secteur de la santé.
Il est très habituel de nos jours d'entendre nos autorités politiques
déclarer fièrement que nous sommes des pays à ressources limitées qui ne
peuvent pas supporter le coût de la santé des populations. Mais rares sont
celles qui peuvent nous garantir la transparence et l'efficience de
l'utilisation des faibles ressources existantes qui s'élèvent quand même à
des milliards de FCFA. En l'absence d'une société civile forte et vigilante
on assiste aujourd'hui à de mauvaises planifications, des gaspillages et des
détournements pratiquement à ciel ouvert.
Le rôle de la société civile est de contribuer à la bonne gouvernance dans
nos pays. Mais de quoi dispose la société civile pour jouer ce rôle?
Pratiquement rien. Quelles stratégies sont mises en place par ceux qui
versent des milliards dans nos pays pour accompagner la société civile à
garantir l'utilisation de leurs ressources? Souvent ces bailleurs se
contentent d'un rapport: mais ils existent certainement plus d'artistes de
rapportage que des hommes de terrain dans nos pays. Tantôt certains
bailleurs prennent la peine de faire des visites de terrain: dans ce cas on
leur sert un mirage de terrain digne de réalisateurs hollywoodiens et tout
le monde est content.
Il serait intéressant que dans chacun de nos pays des audits indépendants
soient menés pour évaluer les besoins réels de ressources en santé, les
ressources actuellement mobilisées et l'efficience dans la planification et
l'utilisation de ces ressources. Après cela, la société civile de chaque
pays devra pouvoir s'organiser avec l'appui des PTF pour suivre
l'utilisation des ressources, l'évolution des indicateurs de santé et la
mobilisation des ressources.
Au Burkina Faso, le RAME a contribué récemment à la mise en place du Cadre
de concertation des Organisations de la Société Civile intervenant dans la
santé (CCOS/Burkina) dont il assure le secrétariat exécutif. Le rôle de ce
cadre est justement de s'impliquer dans la mobilisation des ressources en
faveur de la santé, mais aussi de veiller à leurs bonnes utilisations.
Mais il est indéniable que si certains PTF continuent de voir la société
civile comme juste des agités qui ne méritent pas une attention, cette bonne
volonté n'aura jamais suffisamment la force nécessaire pour jouer son rôle.
Je reconnais qu'il existe beaucoup de brebis galeuses dans la société civile
et on a souvent tendance à tout rattacher aux financements au détriment de
l'opérationnel. Mais tous doivent être d'accord que de bonnes volontés
existent toujours et qu'un minimum est nécessaire pour un maximum.
Cordialement!
--
Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
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