[e-med] (6) Un pharmacien ministre de la santé aux Comores

Je vais, comme trop souvent aux yeux de certains, jouer les trouble fêtes
De nombreux messages font cas de la nomination d'un pharmacien comme
ministre de la santé. Il est exact que cela change un peu puisque dans le
cadre des nombreuses missions que j'ai faites, en Afrique de l'Ouest
notamment, j'ai quasi systématiquement rencontré le ministre de la santé et
tout aussi quasi systématiquement celui-ci était . médecin. Est-ce une bonne
chose ? Le problème à mes yeux est la confusion entre le politique et le
technique. En suivant le même schéma pourquoi alors n'est ce pas un
agriculteur à l'Agriculture, un avocat ou un magistrat à la Justice, un
sportif de haut niveau au Sports, un pêcheur à la Pêche, un promoteur au
Logement, un banquier aux Finances.
Pour ma part je persiste à penser qu'un poste ministériel est l'occasion d'exprimer
des choix politiques et que le technique risque de primer sur le politique
si le ministre en question ne fait pas abstraction de son origine
professionnelle, ce qui est particulièrement difficile. Pour ne prendre que
l'exemple (qui n'est pas un modèle) de la France je pense que Simone Veil,
non professionnelle de la santé mais vraie femme politique, a plus marqué la
santé en France que bien des médecins ministres dont l'ex ministre de la
santé recyclé dans les Affaires étrangères dont on dit qu'elle l'appelait
Douste Bla Bla quand il était son secrétaire d'Etat à la santé .

--
Pr François LOCHER
Santé Publique
ISPB-Faculté de Pharmacie de Lyon
francois.locher@univ-lyon1.fr

Bonjour Professeur Locher,

Un petit mot pour dire que je partage assez votre analyse.

Dans quelque pays que ce soit , ce n'est pas toujours la meilleure chose d'avoir un
ministre issu du milieu professionnel dont il doit mettre en oeuvre la politique.

Outre l'argument que vous évoquez, je dirai qu'il lui est plus difficile d'arbitrer
entre les intérêts loin d'être toujours convergents des différents lobbies
professionnels du domaine, s'il est lui-même issu de l'un d'eux!!

Je souhaite tout de même bonne réussite au nouveau Ministre de la Santé des Comores: il
y a évidemment beaucoup de chantiers à mener à bonne fin dans ce pays très
bouillonnant, où je fus en poste de 86 à 90.

Bien cordialement.

Et mes salutations à tous les e-mediens et e-mediennes.

Jacques BIAU
Jacques.BIAU@diplomatie.gouv.fr

Moi aussi j'ai envie de jouer les trouble fêtes. La réponse de François
Locher est pertinente mais j'ajouterais juste qu'alors, pour être
complètement exact, il faudrait que le portefeuille de ministre de la
Santé ne soit pas confié à un médecin (ni à un pharmacien...) mais à un...
malade !

Trêve de provocation, la santé publique n'a-t-elle pas prouvé son
incapacité à répondre aux besoins des populations jusqu'à présent dans de
très nombreux pays en développement, justement parce que les politiques
n'ont pas su se détacher des avis des experts, des techniciens (juste un
exemple, vous savez ceux qui à la Banque Mondiale ou au sein d'autres
institutions, nous ont expliqué tout l'intérêt du recouvrement des coûts
et qui sans rire viennent maintenant défendre la gratuité des soins...)

Allez, bon courage aux ministres lecteurs d'e-med !
Cordialement,
--
Eric Fleutelot
Directeur des Programmes Internationaux - Head of International Programs
SIDACTION
228 rue du Faubourg Saint Martin
75010 Paris - FRANCE
Tel. : +33 1 53 26 45 81 - Cell. : +33 6 85 55 35 08 - Fax : +33 1 53 26
45 75

Le probléme qui est posé est que le pharmacien en tant qu'acteur de
   santé publique a lui aussi son mot, son rôle à jouer dans nos pays
   alors que tous les postes sont strictement reservés aux médecins qui
   en plus s'en sortent tres mal.

   Mais aussi d'accord que les médecins et les pharmaciens restent au
   niveau technique mais là aussi il ne faut pas qu'on nomme des médecins
   directeur de DPM ou directeur de centrale d'achats de médicaments ni
   des pharmaciens chefs service d'ophtalmogie ou de pneumologie.

   Dr Dah Ould El hadj Sidi
dhajs@hotmail.com
   Pharmacien

je suis d'accord avec le deuxième paragraphe, il faut au moins des
connaissances techniques générales pour prendre des décisions de façon
réfléchie et il faut pouvoir comprendre les arguments des techniciens et pas
seulement se baser sur ses conseillers sans les comprendre. L'un n'empêche
pas l'autre, personnellement, je trouve qu'un pharmacien qui a une
formation de base en une connexion avec plusieurs domaines scientifiques,
qui est un gestionnaire, qui a des connaissances en économie de la santé et
est de plus bon politicien peut avoir son rôle à jouer dans ce poste.Et si
le pharmacien a pu avoir un statut de malade dans sa vie pour comprendre la
position des malades, voilà qui donnera un compromis à toutes les
opinions.( tout le monde a un jour dans sa vie eu à faire avec le système e
santé avec des expériences heureuses ou malheureuses.)

Magali Cloes
Phn de santé Publique
mcloes@swing.be

Je suis tout à fait daccord avec le professeur Locher, un ministre de
   la santé est avant tout un homme politique qui applique un programme
   de gouvernement, chose qui na rien à voir avec son profil de
   formation technique ou médicale. Jai souvent côtoyer des ministres
   médecins et ma conclusion cest quil faut toujours distinguer entre les
   domaines de ce qui est souhaitable de faire (c.à.d, ce qui est dicté
   par la science et la technique) et ce quil est possible de faire et
   qui relève du politique. Malheureusement cest toujours le second qui
   prend le dessus. Il y a eu une fois en Algérie, un ministre médecin
   qui a relevé le défi, mais cétait uniquement parce que le contexte
   politique était favorable à son action en faveur de lémergence dune
   politique de santé publique, sinon tous les autres quils soient
   médecins, économistes ou autres, nont faits que ce qui leur a été
   possible de faire. Albert Einstein a parlé dun nécessaire sentiment
   « de responsabilité sociale de la science » chez les scientifiques
   pour émerger et gagner une autonomie par rapport au politique. -
   Quand ? - Lorsque la population se reconnaitra dans notre action
   (Coluche a eu une postérité digne d'un grand homme d'Etat grâce aux
   restaurants du coeur)

   Professeur A. Helali

   Directeur C.N.P.M. Alger

Avec l'argumentation de Magali, tout le monde se retrouve et le débat peut, à mon avis, être clos. N'oublions pas les compétences ne sont pas nécessairement liées au titre académique.

Gaby BUKASA KALEKA
Pharmacist
Master in Public Health
S/C ECC - IMA/PMURR
75, av. de la justice
Knshasa/Gombe
DRC
tél. +243 09 97 31 25 02
      +243 081 070 54 64

Bravo à François Locher sur son commentaire concernant un pharmacien
ministre de la asnté

Dr Jean Loup REY
ESTHER
36 rue de Charenton
75012 Paris
01 53 17 51 59
jean-loup.rey@esther.fr

Bonjour,

Il n'est jamais trop tard.
J'ai lu avec attention vos commentaires et je vous en remercie.
Oui il est certe vrai qu 'on ne peut rien faire si le climat politique et
administratif n 'est pas favorable.
D'autre part, la cohabitation ........
El badaoui
ministre de la santé comores