[e-med] Afrique du Sud: Echec des programmes de lutte contre la tuberculose

Afrique du Sud: Echec des programmes de lutte contre la tuberculose

DURBAN, 8 juillet (IRIN) - En Afrique du Sud, le taux de guérison de la
tuberculose reste obstinément faible (environ 60 pour cent au plan
national, mais moins de 50 pour cent dans bon nombre de régions). Un
certain nombre d'études présentées à la conférence nationale de Durban sur
la tuberculose, la semaine dernière, traitaient de certaines des raisons
pour lesquelles le programme de lutte contre la tuberculose mis en place
en Afrique du Sud ne fonctionne pas.

Les Traitements de brève durée sous surveillance (DOTS), dans le cadre
desquels des travailleurs de la santé communautaires, connus sous le nom
de « DOTS supporters », en anglais, regardent littéralement les patients
atteints de tuberculose (TB) avaler leurs médicaments quotidiens. Cette
méthode, encouragée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui la
considère comme l'étalon-or des traitements contre la tuberculose, est la
pierre angulaire du programme de lutte contre cette maladie en Afrique du
Sud.

Pourtant, dans bon nombre de régions, les DOTS ne sont tout simplement pas
suivis. Le Medical Research Council (MRC) a notamment mené une étude dans
70 centres de santé de quatre régions de la Province du KwaZulu-Natal,
classées comme des « zones de crise » en matière de tuberculose dans une
province qui affiche déjà la charge de morbidité liée à la tuberculose la
plus élevée du pays. Au cours de l'étude, l'organisation a ainsi découvert
que seuls 43 de ces centres de santé avaient mis en place un programme de
DOTS.

Le MRC a noté que les régions qui présentaient une meilleure couverture
DOTS affichaient de meilleurs taux de guérison, mais l'organisation n'a
pas pu déterminer si cette différence était le fait des « DOTS supporters
» ou d'autres facteurs.

Les autorités sanitaires locales se plaignent souvent de manquer de
ressources financières ou humaines pour lancer des programmes
anti-tuberculose efficaces. Mais le docteur Joven Jebio Ongole, du Piet
Retief Hospital, dans l'est de la province de Mpumalanga, a expliqué
comment un personnel restreint et des ressources limitées pouvaient, s'ils
étaient correctement gérés, améliorer radicalement un programme régional
de lutte contre la tuberculose qui ne fonctionne pas.

Le docteur Ongole et ses collègues ont réuni tant bien que mal quelques
employés, un peu d'équipement et de mobilier pour lancer un service de
traitement de la tuberculose qui soutienne le travail des centres de santé
primaire. L'équipe anti-tuberculose de l'hôpital a amélioré les délais de
laboratoire, a soigné plus de 90 pour cent des patients grâce au système
des DOTS, et réduit le taux de perdus de vue à moins d'un pour cent. « La
clé, c'est la bonne coordination et le travail d'équipe », a estimé le
docteur Ongole.

Mais les entretiens en profondeur menés par le service de santé publique
de l'université du KwaZulu-Natal avec un petit nombre de patients atteints
de tuberculose ont révélé que les connaissances élémentaires concernant
l'importance d'achever leur traitement de six mois, la transmission de la
tuberculose et les liens entre la tuberculose et le VIH leur faisaient
souvent défaut, bien qu'ils soient régulièrement au contact de leurs «
DOTS supporters ». « Je me sens guéri », avait déclaré une des personnes
interrogées. « À quoi bon poursuivre le traitement ? ».

Même si certains patients trouvaient utile de se voir assigner des « DOTS
supporter », d'autres s'inquiétaient qu'on les voie leur rendre visite
chaque jour du fait de la stigmatisation dont fait l'objet la tuberculose.
La pauvreté et le manque de nourriture, ou la nécessité, pour les
patients, de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille, sont
autant d'autres facteurs qui influent négativement sur l'adhésion au
traitement.

Simplement en sensibilisant et en conseillant les patients atteints de
tuberculose sur leur maladie et l'importance d'achever le traitement et de
se soumettre à un test de dépistage du VIH, l'on pourrait améliorer les
taux de guérison, à en croire Myra Taylor, chercheuse à l'université du
KwaZulu-Natal.

Plusieurs délégués se sont demandé pourquoi l'on n'aidait pas les
patients, dans le cadre des programmes anti-tuberculose, à assumer la
responsabilité de leur propre santé, comme c'est le cas dans les
programmes de lutte contre le VIH/SIDA. « On transmet cette responsabilité
à des aides de traitement et à des "copains" », a expliqué un délégué.

« Peu d'efforts ont été faits pour conseiller et soutenir les patients
atteints de tuberculose », a déploré Sbongile Ntshanga du MRC. « Avant de
commencer un ART [traitement antirétroviral], les patients assistent à des
cours, mais on ne fait pas la même chose pour le traitement de la
tuberculose ».