[lire à la fin de l'article, il est question d'"une agence unique des médicaments pour l'Afrique améliorerait l'efficacité de l'évaluation et de la supervision des médicaments".Qu'en pensez-vous ? CB]
AFRIQUE: Sortir des sentiers battus pour financer la lutte contre le sida
NAIROBI, 20 octobre (IRIN) - Alors que les sources traditionnelles du
financement de l'aide se tarissent, de nouvelles approches innovantes pour
lever des fonds pourraient se révéler le meilleur espoir de générer des
revenus pour soutenir les efforts de lutte contre le VIH/SIDA.
L'initiative de collecte de fonds UNITAID a rassemblé une somme estimée à
1,2 milliard de dollars depuis 2006 pour le traitement du VIH, de la
tuberculose et du paludisme, principalement grâce à une taxe peu élevée sur
les billets d'avion achetés dans les 34 pays participants, la plupart
d'entre eux africains.
« Avec la crise financière actuelle, il va être très difficile d'atteindre
les buts des OMD [Objectifs du Millénaire pour le Développement] avec l'aide
officielle gouvernementale, alors on doit chercher des méthodes innovantes
de financement de la lutte contre ces maladies », a dit Philippe
Douste-Blazy, président d'UNITAID et conseiller spécial des Nations Unies
sur les financements innovants pour le développement, lors de la première
réunion sur la mise en ouvre d'UNITAID à Nairobi, la capitale du Kenya, le
15 octobre.
Un rapport de la Banque Mondiale publié en avril a prévu que la récession
de l'économie mondiale pourrait menacer le traitement de plus de 1,7 million
de personnes dans les pays en développement d'ici la fin 2009, en raison de
pénuries de médicaments, d'interruptions de traitements et d'une
augmentation des maladies liées au sida.
Selon M. Douste-Blazy, la taxe des compagnies aériennes donne aux pays en
développement participants une opportunité de contribuer au traitement dans
leur pays, plutôt que de dépendre des dons des pays développés. « L'idée
c'est que le financement n'aille pas seulement du Nord vers le Sud, mais
aussi du Sud vers le Sud », a-t-il dit.
Beth Mugo, ministre kényane de la Santé publique et de l'hygiène, a dit aux
délégués qu'il était temps que les gouvernements africains jouent un plus
grand rôle dans le financement de la santé.
« Nous avons besoin de financement à long terme pour la santé, et nous
devons mettre la pression sur nos dirigeants pour mettre en ouvre leur
engagement d'Abuja [fait lors du sommet de l'Union Africaine dans la
capitale du Nigeria en 2001] d'allouer 15 pour cent du budget à la santé »,
a-t-elle dit. « Peu le font - au Kenya par exemple, seulement sept pour cent
de notre budget national est dépensé pour la santé ».
La Côte d'Ivoire, le Niger, Madagascar et l'île Maurice appliquent la taxe
de solidarité des compagnies aériennes, alors que le Bénin, le Burkina Faso
et le Kenya ont déclaré qu'ils allaient la mettre en place. La taxe est de
un dollar sur les billets en classe économique, et s'élève jusqu'à 40
dollars sur les trajets en classe affaire et première classe.
Les fonds passent par des organisations non-gouvernementales comme
l'Initiative Clinton contre le VIH/SIDA, qui s'est servie des fonds pour
mettre sous traitement antirétroviral (ARV) 170 000 enfants dans 38 pays.
A partir de 2010, les particuliers pourront faire une contribution
volontaire d'un montant aussi modeste que deux dollars quand ils achèteront
des billets d'avion, réserveront des chambres d'hôtel ou loueront des
voitures, dans le cadre d'une nouvelle initiative lancée par UNITAID en
partenariat avec la Fondation du Millénaire pour les financements innovants
pour la santé, créée par les Nations Unies en 2008.
Renforcer les systèmes de santé africains
La réunion de Nairobi a examiné d'autres moyens par lesquels UNITAID et ses
pays partenaires pourront financer le passage à l'échelle du traitement du
sida, de la tuberculose et du paludisme, mais les participants ont également
souligné le besoin urgent des services africains de santé de devenir plus
efficaces.
« Dans cette partie du monde nous avons des systèmes de santé publique
faibles ; nous avons des problèmes pour diagnostiquer ces maladies, et quand
nous les diagnostiquons nous avons des difficultés à trouver du personnel
qualifié pour traiter les patients », a dit David Okello, représentant au
Kenya de l'Organisation mondiale de la santé.
Des demandes ont aussi été faites pour une plus grande efficacité dans
l'homologation et la distribution de médicaments indispensables à travers le
continent. « Quand nous fournissons plus de médicaments, nous avons besoin
d'être sûrs qu'il existe des systèmes pour s'assurer qu'ils arriveront
jusqu'aux patients », a souligné M. Okello.
Erasmus Morah, coordinateur du Programme commun des Nations Unies sur le
VIH/SIDA (ONUSIDA) au Kenya, a estimé qu'une agence unique des médicaments
pour l'Afrique améliorerait l'efficacité de l'évaluation et de la
supervision des médicaments.
« Cela remplacerait le système fragmenté qui existe actuellement, mettrait
fin à la course des fabricants qui vont d'un pays à l'autre pour demander
l'homologation des produits, et réduirait le temps que les patients doivent
attendre pour de nouveaux médicaments ».
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