[e-med] Burkina Faso: Trafic de faux médicaments - 2,5 tonnes de produits saisis

Fasozine (Ouagadougou)
Burkina Faso: Trafic de faux médicaments - 2,5 tonnes de produits saisis
Elza Sandrine Sawadogo
4 Octobre 2011
http://fr.allafrica.com/stories/201110041557.html

Le directeur de la police nationale, le commissaire Paul Sondo, était à
nouveau face à la presse ce mardi 4 octobre 2011. La principale information
du jour a trait à la saisie de 2,5 tonnes de médicaments contrefaits et des
actions judiciaires mettant en cause 23 personnes...

Cette importante saisie entre dans le cadre de l'opération «Cobra», qui vise
à lutter contre les produits médicaux contrefaits et la criminalité
pharmaceutique dans les villes de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou. Ainsi,
dans la nuit du 28 au 29 septembre 2011, environ 500 kilogrammes de faux
médicaments ont été saisis, tandis que 15 personnes interpellées sont mises
à la disposition de la police judiciaire pour la circonstance dans la ville
de Bobo-Dioulasso.

L'opération menée à Ouagadougou le 1er octobre dernier a débouché, quant à
elle, à la saisie de deux tonnes de faux médicaments. De même, une procédure
est engagée contre les huit propriétaires de boutiques touchées par cette
opération, menée par Interpol et 285 éléments de la douane, de la police
nationale et de la police municipale.

«Ils ont recensé les points de ventes de ces produits et il est apparu que
les principaux points de dépôt se trouvent dans les marchés», a expliqué le
directeur de la police nationale, qui a saisi l'opportunité de cette
conférence de presse pour sensibiliser davantage les populations sur les
effets néfastes liées à l'usage des faux médicaments. «Le trafic de faux
médicaments est le premier en termes de rentabilité. Si vous y investissez 1
000 F CFA, vous en gagnez 450 000 F CFA. Il faut donc combattre ce trafic»,
a déclaré Esaie Ovono, expert Interpol, présent à la rencontre.

L'opération «Cobra» s'inscrit dans le cadre d'une opération sous-régionale
organisée avec le soutien d'Interpol de façon simultanée dans six pays
d'Afrique (Burkina Faso, Ghana, Cameroun, Nigeria, Togo et Sénégal). Elle
vise à enquêter sur les réseaux de produits médicaux contrefaits et à les
démanteler.

Bonsoir tous,
La même opération a eu lieu au Togo et il ya plus de 7 tonnes de médicaments
saisis. C'est le lieux de féliciter et de soutenir tous les acteurs
concernés, DPM, Police/Gendarmerie, Douanes et autorités judiciaires pour
que l'élan soit maintenu.
Il faut noter que la lutte doit être doit une affaire de tous, titulaires
d'officines privées, grossistes répartiteurs et pharmaciens du public.

Pierre TCHAMDJA
Pharmacien Régional
Région de la Kara/Togo

Bonjour Chers emediens.
Merci à tous ceux qui ont contribué à la reussite de la table ronde sur les faux medicaments tenue à Ouaga du 27 au 29 septembre 2011.
La lutte ne saurait etre ponctuelle. Ces types de saisies doivent rappeler chacun de nous à son devoir. Et bien plus à un engagement politique fort de la part de nos États.
Cordialement.
Dr Arsène Ouedraogo

Bonjour,

On ne peut que se féliciter de ces saisies, mais une question se pose, est
ce du marché illicite ou bien des "faux médicaments". Et s'il s'agit de
faux, qui les a définis comme tels??

Autre question: une fois saisis, il y a une procédure judiciaire. Que
comporte le code pénal à ce sujet ??

Serge Barbereau

Bonjour

Je profite de cette échange sur les faux médicaments pour partager
avec vous le lien du site du RAME sur la table ronde sur les faux
médicaments.
http://www.rame-int.org/index.php/component/content/article/7-sante/193-table-ronde-sur-les-faux-medicaments

Vous y trouverez les discours à l'ouverture, le rapport synthétique et
les grandes recommandations de la table ronde.

Pour le débat en cours, sans vouloir jouer au trouble fête, j'aimerais
qu'on retienne que ce ne sont pas vraiment les actions d'éclat et
évènementiels (on vient de clôturer la table ronde sur les faux
médicaments à Ouaga) qui arriveront à bout de la croissance des faux
médicaments, mais plutôt une stratégie à long terme et concertée,
impliquant grandement les consommateurs des médicaments.
En outre, au-delà de la saisie, il faut se demander si tout le réseau
a été démantelé, où nous sommes nous simplement contentés de coffrer
le menue fretin. Il est vain de tenter de tuer une mauvaise plantes
juste en coupant les feuilles ou quelques branches. Il faut simplement
la déraciner.
Cordialement!

--
Simon KABORE
PCA du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Il est peut etre vrai que les actions événementielles ne viennent pas a bout des maux qui mettent a mal le système de santé dans la région ouest-africaine, mais au moins, certains constats auront été faits :
- l existence du fléau, un trafic de faux mdcts devenu un réel pb de santé publique, mettant en jeu la vie d enfants, de femmes enceintes...
- le manque de synergie entre les différents acteurs, de nombreuses actions mais peu efficientes car trop dispersées,
- certaines faiblesses dans un plan d action propose par l ooas, mais une réelle volonté a le corriger et proposer une vraie stratégie et cadre d intervention bancables aux yeux des bailleurs,
- une réelle volonté politique du pays hôte de cette table ronde a agir pour booster la lutte contre les faux mdcts,
- enfin des opportunités a saisir pour mobiliser les ressources financières.

Bien sur, cette table ronde a connu qq erreurs mais son ambition est intacte et les organisateurs vont veiller a poursuivre le travail commence, notamment depuis l appel de Cotonou.
C est de la responsabilité de tous de réussir...

Je résume de nouveau les objectifs a court et moyen terme :
- enrichir le plan d action propose par les 15 points focaux de l ooas et veiller a son appropriation par l uemoa,
- veiller a rationaliser les actions en garantissant la mise en réseau des PTF, leur coordination, le suivi évaluation régulier de la mise en oeuvre du plan d action harmonise,
- mobiliser les ressources pour la mise en oeuvre de ce plan d action,
- et faire évoluer la réglementation pharmaceutique notamment en criminalisant le trafic de faux mdcts : convention medicrime.

Sur ce, arrêtons de polémiquer, arrêtons de critiquer et agissons ensemble...
Le comite d organisation s engage a vous rendre compte régulièrement de l Etat d avancement des recommandations.

Très confraternellement

Christophe Rochigneux

Bonjour à tous,
Sur la question des "faux médicaments", voici un éditorial de La lettre du CEDIM, un bulletin d'information médicopharmaceutique édité au Burkina Faso.
Le bulletin entier est disponible sur le site de ReMeD.
http://www.remed.org/html/informations_pharmaceutiques.html

Du 27 au 29 septembre 2011, s’est tenue à Ouagadougou, une table ronde sur les faux médicaments. Cette table ronde est organisée par un ensemble de partenaires dont le ministère de la santé du Burkina Faso, le ministère français des affaires étrangères, la fondation Chirac. Des organisations internationales et les firmes pharmaceutiques étaient aussi présentes. L’objectif de cette table ronde était de "contribuer à l’adoption d’une stratégie sous régionale, créant les conditions nécessaires à la mise en place d’une plateforme de coordination des
interventions des partenaires techniques et financiers, dans la lutte contre
les faux médicaments".

Les faux médicaments sont une expression floue qui permet d’attaquer frontalement les médicaments contrefaits et dans une certaine
mesure, de contenter les politiques et les professionnels de santé africains en incluant les médicaments de la rue. Les firmes pharmaceutiques sont-elles venues à Ouagadougou pour les médicaments de la rue ? Assurément pas.

L’enjeu est bien plus que cela.
Sur la question des médicaments
contrefaits, tout le monde n’a pas la même compréhension. Une confusion est entretenue à bon escient par les industriels du médicament entre contrefaçon de médicaments et médicaments présentant des défauts de fabrication (malfaçons), copies de médicament (génériques) et importations parallèles de médicaments. Si pour les malfaçons, on peut s’inquiéter quand il s’agit d’anti-infectieux ou de médicament à marge thérapeutique étroite, les deux autres aspects relèvent des
questions cruciales de propriété intellectuelle et de la protection de marché.

Pour le CEDIM, il ne faut pas se tromper d’objectif. Le combat des pays non producteurs de médicament est d’assurer l’accès des populations aux médicaments de qualité : il faut amener les patients à acheter tous leurs médicaments en pharmacie, et s’assurer que les médicaments vendus en pharmacie sont aux normes. Pour cela, il faut relever le niveau du plateau technique des laboratoires de contrôle de qualité, intensifier les contrôles après la mise sur le marché des médicaments et sanctionner sans complaisance les contrevenants. Le combat de ces pays n’est pas de soutenir la démarche des firmes des pays développés visant à protéger leur marché. Les questions de propriété intellectuelle ne sont pas leur priorité. Il faut éviter que les firmes empêchent la production de nouveaux génériques, ou imposent des moyens
coûteux d’authentification de leurs médicaments qui renchériraient les prix.

Attention à ne pas se faire harakiri. La baisse de la production des génériques augmente le prix des médicaments. L’augmentation du prix des médicaments freine l’accès aux médicaments de qualité. L’inaccessibilité aux médicaments de qualité est une cause du recours à la contrefaçon et aux médicaments de la rue.

Il y a là un cercle vicieux. Ce qu’on doit retenir, ce n’est pas le non-respect de la propriété intellectuelle qui tue, mais plutôt la qualité des médicaments et les règles trop rigides de propriété intellectuelle. À l’intention des politiques, ce n’est pas une litanie de déclarations ou un chapelet de bonnes intentions qui résoudront les problèmes d’accès aux médicaments de bonne qualité. Ce qui compte, c’est l’action !

Clotaire NANGA, éditorialiste.
CEDIM 411, Avenue Kumda yoônré
Tél: +226 50 32 46 59
nangaclo@yahoo.com