[e-med] C�te d'Ivoire: que fait-on des d�chets m�dicaux ?

E-MED: C�te d'Ivoire: que fait-on des d�chets m�dicaux ?
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Que fait-on des d�chets m�dicaux ?

Notre Voie (Abidjan)
July 27, 2001
Posted to the web July 27, 2001
http://fr.allafrica.com/stories/200107270333.html

Les professionnels de la sant� travaillant � domicile ou en cabinet g�n�rent
des d�chets m�dicaux. Les h�pitaux publics et les cliniques priv�es
d�versent tous les jours sur les trottoirs, des tonnes de pansements t�ch�s
de sang ou de pus, des tonnes d'aiguilles et de seringues usag�es, des
m�dicaments entam�s et des mat�riels m�dicaux divers, bien cach�s dans de
fragiles sachets ou dans des sacs poubelles anonymes.

D'ailleurs, chacun peut s'en rendre compte en soulevant le couvercle des
poubelles des cliniques, des h�pitaux ou des infirmeries priv�es les plus
proches. Comme les enfants de Port-Bouet, Koumassi ou Adjam� qui en ont fait
leur jeu favori. Pour s'approprier des aiguilles et des seringues, ces
enfants savent o� chercher : dans des poubelles des h�pitaux et cabinets
d'infirmerie (dont certains peuvent soigner des malades du sida) au m�pris
du bon sens et de la r�glementation en vigueur sur l'�limination des d�chets
qui, contamin�s ou non, se baladent dans les poubelles m�nag�res communes,
pour s'�taler sur la d�charge publique � ciel ouvert d'Akou�do. Au mieux
dans les usines de retraitement. Autrement dit, les d�chets m�dicaux, dans
une tr�s grande proportion, sont jet�s dans la nature.

Ce qui repr�sente de tr�s s�rieux risques d'infection et de pollution � la
fois, pour l'homme et l'environnement. La nappe phr�atique, les cours de
lagune et les sols ne sont pas � l'abri de toute contamination. Fatalement,
de mini-scandales �clateront un jour, si ce n'est d�j� fait et �touff� dans
un strict anonymat. On raconte d�j� parmi les nombreuses personnes qui
vivent de la r�cup�ration sur le d�potoir d'Akou�do que des d�chets
provenant des poubelles, contiennent souvent de petits mat�riels avec des
poches de sang.

Nos �tablissements publics qui continuent de m�langer, encore gaiement,
restes de cuisine et d�chets de salles d'op�rations ne sont pas pr�s de se
refaire une dignit� en collectant et �liminant par des moyens appropri�s
leurs encombrants r�sidus. Des �tablissements de pointe comme le CHU de
Treichville et surtout celui de Yopougon qui poss�dent leurs propres
stations d'�puration sont inop�rants dans le sens, il y a belle lurette. Et
le probl�me est loin d'�tre r�solu. Car rien n'est fait ou m�me envisag�
pour les d�chets de la m�decine lib�rale et de l'hospitalisation priv�e. Nos
investigations dans la majorit� des centres hospitaliers ont conclu � une
absence quasi totale de sensibilisation dans ce domaine.

Heureusement, a-t-on rassur� que les jambes et bras amput�s sont enterr�s en
bonne et due forme. Au domicile du patient, les d�chets sont abandonn�s sur
place, quitte � lui de les jeter � la poubelle. Si certains praticiens
consciencieux font honneur � leur profession en d�sinfectant au pr�alable,
ce qui doit l'�tre, ils font cependant recours, in�vitablement � la poubelle
du m�nage apr�s l'usage. Est-ce votre cas ?

Randonn�e dans les poubelles

Nous avons interrog� des m�decins, infirmiers, directeurs de cliniques, etc
; afin de savoir comment ils traitent leurs d�chets m�dicaux. En fait, le
probl�me ne parait pas grave du tout aux yeux de certains responsables
m�dicaux ou m�me des chirurgiens. La plupart se sont m�me livr�s � des
confidences �difiantes. "Non, nous n'avons pas de probl�mes, nous jetons
tout � la poubelle. Si quelqu'un se pique, tant pis pour lui, il n'avait
qu'� ne pas fouiller les poubelles � ordures". "Non je n'ai pas de probl�me
de d�chets. D'ailleurs j'en ai si peu que je ne m'en pr�occupe pas", affirme
un chirurgien esth�tique. "Non je mets tout � la poubelle y compris les
m�dicaments p�rim�s et puis nous avons nos petits secrets". Bien d�cid� �
d�couvrir ces "petits secrets", nous sommes partis fouiller les poubelles.

Certains diront que nous cherchons des aiguilles dans une poubelle. Il
fallait fouiller entre les �pluchures d'ignames et des pots de yaourt pour
esp�rer d�couvrir quelque chose. Apr�s une premi�re tentative vaine, un
simple coup d'oeil dans de petits sachets des poubelles m�nag�res riche.
Tous les d�chets �taient du jour. Aucun parfum de d�sinfectant n'en
filtrait. Au d�pouillement, tampons sanglants, flacons de m�dicaments, gants
souill�s s'�talaient sans vergogne sous nos yeux. Certains flacons �
demi-pleins, certaines canules rouge�tres, certaines gazes contenant des
r�sidus qui ne pouvaient �tre que des restes humains nous donn�rent quelques
frissons dans le dos. Enfin, de nombreux petits flacons � moiti� plein de
m�dicaments, et sans la moindre mention accompagnaient tous ces d�bris.
Peut-�tre �tions-nous arriv�s ce jour-l� o� cet h�pital faisait l'inventaire
de ses placards ?

Quelques bo�tes, dont les dates de p�remption �taient illisibles,
s'�talaient un peu partout. Il s'agissait dans la plupart des cas
d'anti-douleur ou des calmants injectables ou en comprim�s. Il y en avait l�
suffisamment pour faire somnoler tout le quartier. Un �boueur qui a remarqu�
l'int�r�t que nous portons aux poubelles enthousiaste, nous a fait quelques
confidences. "Cela fait des ann�es que nous ramassons � pleines mains des
sacs mous et piquants, d'o� s'�chappent des tampons sanglants et des
aiguilles us�es". Il nous a conseill� de visiter les poubelles de quelques
cliniques ou infirmeries qu'il aimerait voir "�pingler". "Car elles
exag�rent, a-t-il ajout�.
Certaines ne ferment pas les sacs trop pleins et tout tombe sur le sol.
Un jour, on va trouver une jambe ou un foetus sur le Boulevard Giscard
d'Estaing. Notre �boueur, qui a refus� de d�cliner son identit�, ne tarit
pas de commentaires sur la profusion des dossiers m�dicaux confidentiels
qu'il d�couvre souvent dans les poubelles.

Nous avons ainsi appris que Madame A a fait une IVG, que Mlle B est
s�ropositive et que M. souffre d'une infection sexuellement transmissible
(MST)etc. Au-del� des d�chets, voil� de quoi r�jouir les voisins du quartier
qui n'auront pas � d�bourser un radis pour lire des informations
confidentielles bien croustillantes. Mais entre-nous, les seringues
souill�es, les m�dicaments toxiques, les pansements ensanglant�s et le reste
du corps humain ont-ils leur place dans les poubelles de Monsieur "tout le
monde" ?

Des risques de contamination

Les maladies qui pourraient se transmettre � partir des d�chets hospitaliers
sont loin d'�tre b�nignes. D'autant que leurs traitements sont pour l'heure
inexistants ou hasardeux. Et que leurs germes sont de bonne "constitution".

Ainsi ceux du t�tanos ou de l'h�patite B, par exemple, sont capables de
survivre longtemps, enfouis en terre. Le VIH (sida) expos� � l'air libre
meurt au bout de vingt minutes. Emprisonn�, � l'abri de l'oxyg�ne dans une
poche de sang ou d'excr�ments, sa dur�e de vie peut �tre notablement
allong�e. Le risque individuel d'infection par cette voie � travers
microbes, germes et virus est toujours possible, mais au-del� de ces cas
particuliers, graves en eux-m�mes, cela pose un probl�me de sant� publique,
indique le Dr Antoine Zinsou de Aventis pasteur.
Une contamination en cha�ne n'est pas � exclure. Car nombreux sont les
hommes, femmes et enfants qui ont �t� contamin�s par une maladie dont ils
ignorent l'origine pour avoir fr�quent� un centre hospitalier. Et puis
depuis la d�couverte des antibiotiques, on croit qu'on peut faire fi des
recommandations hygi�niques de bases. Ce laxisme sanitaire est dangereux.

Venant du corps m�dical qui devrait donner l'exemple, c'est encore moins
tol�rable. Chaque m�decin, producteur de d�chets, est pourtant responsable
de leur bonne �limination. Le minist�re de la Sant� et celui de
l'Environnement devraient songer � mettre fin � ce mal cach�.