[e-med] Congo: lutte contre la vente illicite des médicaments

Vente illicite des médicaments en plein air : Les pharmaciens accusent le
Gouvernement d'encourager les vendeurs de la mort
Epanza Makita N°034 du 25 mai au 1 juin 2005, Jean Jacques Nganie

L'ordre national des pharmaciens du Congo en collaboration avec le syndicat
des pharmaciens, ont tenu, le 23 mai dernier un point de presse à l'hôtel
Olympic Palace pour faire état du danger de l'exercice illégal de vente de
médicaments.
http://www.congo-site.info/index.php?action=article&id_article=156361

Ce point de presse vient à point nommé car il a fait l'objet d'une action
dans le cadre de la semaine de sensibilisation allant du 23 au 28 mai,
organisée communément, chaque année par l'Inter Ordre des pharmaciens
Africains (qui regroupe l'ensemble des ordres des pharmaciens francophones
africains) et l'Inter Ordre des syndicats des pharmaciens Africains (qui
regroupe l'ensemble des pharmaciens africains francophones). Cette année, la
semaine a été organisée sous le thème : femme, pour la santé de ta famille,
implique toi dans la lutte contre les médicaments de la rue.

A cette occasion, les organisateurs ont évoqué les questions de vente
illicite de médicaments, de l'exercice de la pharmacie et les problèmes qui
se posent aux pharmaciens Congolais.

Dans sont mot d'usage, monsieur Hyacinthe Ingani, président de l'ordre des
pharmaciens du Congo, a indiqué que « Nous sommes dans un pays de très haute
attractivité du marché des médicaments. L'entrée des médicaments à travers
des réseaux illicites représente un risque sanitaire grandissant, dont il
faut nécessairement prendre conscience.

En effet, les contrefaçons, en matière de médicaments, représentent au
niveau mondial à peu près 10% du marché. La conservation, la délivrance des
médicaments à travers des réseaux illicites constituent, un réel danger pour
nos populations.

En effet, s'agissant des conséquences engendrées par la vente illicite des
médicaments, l'OMS évalue à près de 200 mille décès chaque année qu'on
éviterait si l'ensemble des médicaments utilisés contre le paludisme était
conforme aux normes médicales.
La vente illicite des médicaments a pris de l'ampleur dans notre pays par la
faute des pouvoirs publics après la signature d'un arrêté en 1998 sur la
libéralisation des pharmacies et de l'informel, favorisant ainsi la
prolifération des vendeurs de médicaments à la sauvette.

L'inspection physique des échantillons à montré que la plupart des
médicaments collectés dans le circuit informel présente 58% ne respectent
pas les normes de bonnes pratiques de fabrication du point de vu de l'emballage
; 69% de ces médicaments analysés ne sont pas conformes aux textes d'humidité
résiduelle, c'est-à-dire, ces médicaments contiennent une quantité d'eau
supérieure aux normes.

Le résultat obtenu sur les principes actifs du Fansidar confirme que 62%
présentent des dosages anormalement faibles. 30% de la chloroquine ont une
teneur actif en décade de valeur annoncé. C'est médicaments, à proprement
parler ne peuvent probablement pas donner des résultats escomptés.

Au total 94% des échantillons venant des pharmaciens privées sont conformes
contre 60% pour les échantillons du secteur public et 35% pour les
médicaments collectés au niveau du marché des médicaments de la rue. « Ces
médicaments sont soumis à l'humidité. Nous puissions observer sur ces
produits, des actions chimiques qui conduisent à la production des produits
toxique et à la dégradation du comprimé. », a dit Hyacinthe Ingani.
Contrairement à ce qui se dit dans la rue que « Les pharmaciens veulent
éliminer les médicaments de la rue », Hyacinthe Ingani a ajouté que « ce n'est
pas une vue de l'esprit que nous dénonçons le danger de ces médicaments de
la rue, mais c'est un danger réel. Ces médicaments sont des faux produits »

« La lutte contre la contrefaçon doit être l'affaire de tous », a dit
Boniface Okouya, président du Syndicat de l'ordre des pharmaciens. « L'industrie
pharmaceutique, les grossistes, les professionnels de la santé, les
populations, la société civile tout comme les autorités doivent se mobiliser
pour éradiquer ce phénomène », a-t-il ajouté.

Certes, « les médicaments de la rue tuent, mais que faire pour que le panier
de la ménagère qui a déjà subi un coup permette à la femme de faire face
valablement aux produits vendus en pharmacie ? » ont demandé les
journalistes.