[e-med] Controverse sur les atouts d'un anti-inflammatoire � grand succ�s

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E-MED: Controverse sur les atouts d'un anti-inflammatoire � grand succ�s
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LE MONDE | 19.06.02 | 12h52
� MIS A JOUR LE 20.06.02 | 08h54
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3226--281362-,00.html

Controverse sur les atouts d'un anti-inflammatoire � grand succ�s

La commission de transparence doit r��valuer l'int�r�t m�dical du Celebrex,
un m�dicament lanc� en 2000 qui repr�sente le troisi�me poste de d�penses de
la S�curit� sociale pour les m�dicaments. L'�tude qui faisait �tat d'effets
secondaires digestifs moindres que ceux des autres anti-inflammatoires avait
�t� tronqu�e.

L'�tude financ�e par le laboratoire Pharmacia, qui a commercialis� en mai
2000 un anti-inflammatoire nouvelle g�n�ration qui conna�t depuis son
lancement un �norme succ�s, a-t-elle �t� sciemment biais�e ? C'est ce que
souhaitent savoir la direction g�n�rale de la sant�, la direction de la
S�curit� sociale et l'Agence fran�aise de s�curit� sanitaire des produits de
sant�, qui ont saisi, mercredi 19 juin, la commission de transparence pour
demander le r�examen du dossier du Celebrex.
Depuis un mois, la presse anglo-saxonne remet en effet en cause les
r�sultats d'une �tude publi�e en septembre 2000 par la revue am�ricaine JAMA
(Journal of the American Medical Association), qui tendait � prouver que le
Celebrex entra�nait moins d'ulc�res gastro-intestinaux que les
anti-inflammatoires classiques.

R�v�l�e en novembre 2001 par des lettres adress�es au JAMA, l'affaire a �t�
relanc�e le 1er juin par le British Medical Journal et reprise en France par
Le Figaro. Selon la revue britannique, les auteurs de l'�tude ont
uniquement communiqu� les r�sultats obtenus au bout de six mois, qui sont
favorables au Celebrex, mais ont omis de rendre publics ceux obtenus apr�s
un an de traitement, qui ne d�montrent aucun avantage pour les patients.
L'�ditorial de la revue d�non�ait avec vigueur un comportement "trompeur" et
r�clamait le r�examen de l'ensemble des donn�es selon des m�thodes
"ind�pendantes" de l'industrie pharmaceutique.

L'affaire fait d'autant plus de bruit qu'elle concerne une mol�cule qui
conna�t, aux Etats-Unis comme en Europe, un succ�s consid�rable : en France,
en 2001, le Celebrex arrivait au troisi�me rang des m�dicaments rembours�s
en montant, avec 125 millions d'euros vers�s par l'assurance-maladie. Les
anti-inflammatoires non st�ro�diens sont utilis�s, depuis longtemps et �
grande �chelle, pour soulager les douleurs des personnes souffrant
d'arthrose ou de maladies comme la polyarthrite rhumato�de. Leur efficacit�
est cependant grev�e par des effets ind�sirables : ils peuvent �tre
responsables d'ulc�res et d'h�morragies digestives. D'o� l'id�e de mettre au
point des anti-inflammatoires non st�ro�diens agissant le plus
sp�cifiquement possible sur l'inflammation articulaire afin d'�viter les
effets n�fastes sur la partie haute du tube digestif.

Le Celebrex a obtenu son autorisation de mise sur le march� aux Etats-Unis
en d�cembre 1998 et en France en mai 2000. L'�tude Class destin�e �
d�montrer son efficacit�, qui a �t� financ�e par le laboratoire Pharmacia,
concernait plus de 8 000 participants atteints d'arthrose ou de
polyarthrite rhumato�de dans 386 centres des Etats-Unis et du Canada. Les
r�sultats int�graux de cette �tude ont �t� communiqu�s aux autorit�s
sanitaires am�ricaines et europ�ennes mais les auteurs ont reconnu
publiquement avoir tronqu� les chiffres transmis au JAMA, qui a publi� le 13
septembre 2000, ce travail aujourd'hui controvers� : ils ne donnaient pas
les r�sultats en mati�re d'ulc�res pour le suivi � un an, qui ne montraient
aucun avantage pour le Celebrex. Ils avaient �galement modifi� le crit�re
principal de jugement de l'�tude Class, ce qui favorisait le Celebrex par
rapport aux autres anti-inflammatoires.

UN M�DICAMENT CHER

Dans un avis rendu le 7 juin, l'agence gouvernementale de s�curit� des
aliments et des m�dicaments am�ricaine, la Food and Drug Administration
(FDA), a interdit au laboratoire Pharmacia de promouvoir la faiblesse des
effets secondaires de son m�dicament.
Selon elle, l'�tude Class "ne montre pas d'avantages en termes de s�curit�
vis-�-vis des �v�nements gastro-intestinaux hauts pour le Celebrex en
comparaison avec l'Ibuprof�ne ou le Diclof�nac", deux anti-inflammatoires
non st�ro�diens traditionnels.

En France, le laboratoire Pharmacia SAS "s'indigne des accusations port�es
contre lui". Il maintient, dans un communiqu� du 11 juin, que "toutes les
�tudes actuellement disponibles ont d�montr� une sup�riorit� du Celebrex sur
les autres anti-inflammatoires non st�ro�diens en termes de s�curit�
gastro-intestinale". "Dans notre communiqu�, nous ne faisons r�f�rence
qu'aux �tudes contenues dans le dossier d'autorisation de mise sur le march�
[AMM] et non � l'�tude Class, qui est une �tude post-AMM", pr�cise Robert
Koen, directeur m�dical de Pharmacia SAS. Selon le directeur g�n�ral de
l'Afssaps, Philippe Duneton, "l'�tude Class a �t� �tudi�e et n'a pas apport�
d'information suppl�mentaire sur le rapport b�n�fice-risque du Celebrex,
�tabli en novembre 2001. Elle ne modifie pas les pr�cautions d'emploi
vis-�-vis du risque gastro-intestinal qui figurent d�j� dans l'AMM".

De fait, selon une �tude que la Caisse nationale d'assurance-maladie des
travailleurs salari�s devrait rendre publique dans les jours � venir, les
m�decins continuent d'associer au Celebrex un m�dicament ayant un effet
protecteur sur la muqueuse digestive comme ils le font avec les
anti-inflammatoires non st�ro�diens classiques. "Une attitude
pr�cautionneuse et conjuratoire", commente le professeur Jean-Fran�ois
Bergmann, ancien vice-pr�sident de la Commission de transparence. Une
attitude qui a aussi un co�t, puisque le Celebrex a un prix en moyenne
quatre fois �lev� que les anti-inflammatoires non st�ro�diens traditionnels.

Tout en relan�ant le d�bat sur la fraude scientifique, l'affaire du Celebrex
pourrait renforcer la politique de contr�le des m�dicaments suivie depuis
quelques ann�es par la direction g�n�rale de la sant�. "Nous voulons mettre
en place une demande de suivi post-autorisation de mise sur le march� afin
de v�rifier si l'on retrouve les r�sultats des �tudes qui avaient pr�c�d�
l'AMM, explique Lucien Abenha�m, le directeur g�n�ral de la sant�. Cela pose
aussi la question de l'�valuation ind�pendante de l'industrie
pharmaceutique, en France comme sur le plan international."

Paul Benkimoun