[e-med] COTE D'IVOIRE: Les soins de santé, gratuits ou payants ?

COTE D'IVOIRE: Les soins de santé, gratuits ou payants ?

DAKAR, 27 août 2007 (IRIN) - Le ministère ivoirien de la Santé révise à
l'heure actuelle sa politique de soins de santé payants, en tenant compte
des recommandations de plusieurs agences des Nations Unies, d'organisations
humanitaires et d'autres experts sur les changements potentiels à apporter
au système de santé ivoirien, vieux de 10 ans.

Ces démarches surviennent à l'heure où les organisations humanitaires
exercent des pressions sur le gouvernement en faveur d'un système de soins
gratuit, au moins pour certains groupes de population à risque.

Le gouvernement « évalue à l'heure actuelle le système de recouvrement des
frais de santé, en vigueur depuis 1996, pour déterminer ce qui a été
efficace et ce qui ne l'a pas été », a expliqué à IRIN N'da K. Siméon,
directeur de communication du ministère de l'Hygiène et de la Santé
publiques. Selon lui, toutefois, cette évaluation n'est pas liée au débat
sur les mérites des soins de santé gratuits, qui agite la Côte d'Ivoire ; il

serait simplement temps pour le gouvernement de dresser le bilan d'une
politique appliquée depuis plus de dix ans.

Dans le monde, les experts de la santé débattent depuis longtemps des
mérites d'un système de santé gratuit ; pour certains partisans du concept,
les frais médicaux empêchent de nombreuses personnes d'avoir accès aux
services de santé de base. Quant aux critiques, ils affirment qu'imposer des

frais aux patients permet d'encourager la participation des communautés au
système de santé et s'avère indispensable à l'entretien du personnel et des
infrastructures qui composent le système de santé publique.

Le ministère ivoirien de la Santé a invité des représentants de plusieurs
agences des Nations Unies et d'organisations non-gouvernementales, ainsi que

d'autres experts, à une rencontre qui se tiendra du 27 au 29 août pour
entendre leurs recommandations et étudier la question, a expliqué M. Siméon.

Cette conférence doit faire intervenir des responsables médicaux des quatre
coins du pays.

L'objet de ce séminaire sera, entre autres, de « dresser le bilan » de la
politique de recouvrement des coûts des actes de santé en Côte d'Ivoire et
« d'engager une réflexion sur les opportunités de révision de l'échelle
tarifaire applicable aux services de santé », selon un document publié par
le ministère de la Santé, obtenu par IRIN, et qui présente l'ordre du jour
de la rencontre.

« On a constaté un certain dysfonctionnement dans la mise en ouvre de la
politique de recouvrement des coûts des actes de santé » - notamment une
incohérence des tarifs appliqués et des problèmes d'approvisionnement en
matériel médical dans certains centres de santé, peut-on lire dans le
document. Toujours selon le document, certaines communautés « estiment que
les soins qui leur sont prodigués sont trop coûteux ».

Intervention des organisations humanitaires

L'évaluation réalisée par le ministère de la Santé intervient à u moment où
les travailleurs humanitaires tentent de convaincre le gouvernement de
mettre en place un système de santé gratuit, au moins pour quelques groupes
vulnérables tels que les enfants en deçà d'un certain âge ou les personnes
atteintes de malnutrition.

Peu habituée aux crises humanitaires, la Côte d'Ivoire a vu les
organisations humanitaires affluer sur son territoire après la rébellion et
la courte guerre civile de 2002-03. Aujourd'hui, tandis que le pays se
dirige lentement vers la paix, les autorités s'efforcent de dynamiser les
infrastructures éducatives et sanitaires, notamment dans le nord et l'ouest,

une tâche rendue d'autant plus complexe par l'exode des employés de l'Etat
vers le sud -sous contrôle gouvernementale, le nord étant occupé par les
forces rebelles.

Le débat sur la gratuité des soins de santé a été mis au premier plan cette
année lorsque Médecins sans frontières (MSF) a mis fin à ses opérations dans

les hôpitaux publics de Bouaké et de Man, où l'organisation fournissait des
services de santé gratuits depuis environ quatre ans. L'organisation a
expliqué dans un rapport interne publié récemment qu'elle espérait que le
ministère ivoirien de la Santé et les donateurs externes continueraient de
soutenir les centres de santé publics « [dans l'intérêt] d'une population
encore très touchée par la crise ».

Dans les hôpitaux de Bouaké et de Man, où MSF a opéré respectivement
jusqu'en mai et en juillet, les services de santé sont encore dispensés
gratuitement, dans l'attente d'une décision du ministère de la Santé. Le
gouvernement ne peut imposer de « rupture brutale » aux communautés qui se
sont habituées à obtenir des soins gratuitement, selon M. Siméon, du
ministère de la Santé.

La gratuité pour certains groupes de population

L'organisation britannique Save the Children (SC-UK), qui fournit des
médicaments gratuits aux enfants de moins de cinq ans et aux femmes
enceintes dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, fait également partie des
organismes qui prévoient d'intervenir dans l'élaboration de la politique
publique en matière de coût des actes de santé.

« Nous pensons, de manière générale, que les soins de santé devraient être
gratuits au point d'accès », a expliqué à IRIN Heather Kerr, directrice
nationale de SC-UK. « Nous voudrions que cela soit le cas pour tout le
monde », a-t-elle poursuivi, ajoutant que puisque le gouvernement ivoirien
ne semblait pas prêt à opérer ce changement global, SC-UK exercerait sans
doute des pressions en faveur d'une gratuité des soins pour certains groupes

de population. « Nous devons trouver un groupe ou une région cible - mais il

est difficile [à l'heure actuelle, en Côte d'Ivoire] de déterminer qui est
vulnérable ».

Les groupes de population vulnérables, que les agences des Nations Unies
souhaiteraient voir bénéficier de la gratuité des soins de santé, sont ceux
qui souffrent de malnutrition, selon Chouahibou Nchamoun, spécialiste en
nutrition du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Côte
d'Ivoire. L'UNICEF adhère à la politique publique et ne prend pas position
en matière de recouvrement des coûts des actes de santé dans le pays ;
l'agence s'est toutefois jointe à l'Organisation mondiale de la santé et au
Programme alimentaire mondial pour formuler une recommandation commune en
faveur de soins de santé gratuits pour les personnes atteintes de «
malnutrition aiguë sévère », selon M. Nchamoun.

La Banque mondiale, qui finance plusieurs programmes de reprise et de
développement en Côte d'Ivoire, dit être disposée à soutenir un système de
services de santé gratuit. « La Banque mondiale pense que les populations
pauvres ne devraient pas avoir à payer pour bénéficier de services de santé
de base », selon Phil Hay, porte-parole du département de développement
humain de la Banque mondiale, à Washington D.C. « En fin de compte, il
revient aux gouvernements des pays en voie de développement de déterminer
leurs propres politiques financières en matière de soins de santé ;
toutefois, la Banque est prête à aider les gouvernements qui décident
effectivement de supprimer les coûts des actes de santé imposés aux usagers,

pour leur permettre de trouver d'autres sources de revenu et de compenser
ainsi les pertes financières qu'engendre la suppression de ces frais ».

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