Des ONG critiquent le manque d'indépendance de l'OMSSanté
A l'occasion de l'Assemblée mondiale de la santé, plusieurs ONG se sont inquiétées du poids croissant du secteur privé dans le financement de l'OMS et des groupes de pression dans ses décisions.
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Plusieurs ONG ont critiqué ce mercredi 20 mai le manque d'indépendance de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Elles se sont inquiétées du poids croissant du secteur privé dans son financement et des groupes de pression dans ses décisions.
A l'occasion de l'Assemblée mondiale de la santé, un groupe de travail a été créé pour fixer des lignes directrices sur l'engagement avec les acteurs non étatiques. Tout en saluant cet effort de transparence, une trentaine d'ONG redoutent que le secteur privé, dont l'industrie pharmaceutique, conforte son influence sur l'agence de l'ONU.
Le cadre actuellement à l'étude n'offre pas, selon les ONG, les garanties suffisantes pour préserver l'OMS des groupes de pression, de plus en plus actifs dans les couloirs de l'Assemblée annuelle de l'agence de l'ONU.
Contributions gelées
Les ONG dénoncent en particulier le fait que les Etats ne veulent pas augmenter leurs contributions régulières à l'OMS. Les fondations, l'industrie et d'autres organismes sont appelés à la rescousse pour apporter à l'OMS les ressources qui lui manquent.
Ian Smith, directeur du cabinet de la directrice générale Margaret Chan, a précisé que les contributions régulières des gouvernements couvrent environ le quart du budget annuel de deux milliards de dollars.
Les contributions volontaires couvrent les trois quarts des besoins, soit 1,5 milliard, dont la moitié provient des Etats et l'autre moitié d'autres donateurs.
Parmi eux, se trouvent la Fondation Bill et Melinda Gates, mais aussi le Rotary, d'autres fondations, l'industrie, diverses organisations.
L'OMS voudrait que les gouvernements augmentent leurs contributions, gelées depuis quatre ans, mais elle se heurte aux difficultés budgétaires de nombreux pays et à leur désir de contrôler l'utilisation de leurs fonds.
Crédibilité menacée
«Le refus de certains gouvernements d'augmenter leur contribution est une technique utilisée pour contraindre l'OMS à s'ouvrir au secteur privé», a affirmé David Legge, du People Health Movement (PHM).
Les ONG demandent que la crédibilité de l'OMS soit protégée d'influences déplacées et qu'un mécanisme soit mis en place pour éviter les conflits d'intérêts. «Des propositions des pays riches ouvrent la voie au renforcement de l'influence du secteur privé», a dénoncé Said Lida Lhotska, du Réseau international d'action sur l'alimentation infantile (IBFAN).
La directrice générale de l'OMS Margaret Chan a proposé un budget en hausse de 10% pour les années 2016 et 2017 afin de mieux répondre aux urgences sanitaires. L'organisation avait perdu environ mille employés dans les années 2010 à 2012 à la suite de mesures d'économies.
Des voix imputent aujourd'hui à ces mesures la responsabilité de la lenteur et de l'inadéquation de la réponse de l'OMS à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest. (ats/Newsnet)