Les études menées par WWARN fournissent des données probantes à l'appui d'un changement des directives sur le traitement antipaludique de l'OMS
7 JULY 2015http://www.wwarn.org/fr/actualite/les-etudes-menees-par-wwarn-fournissent-des-donnees-probantes-lappui-dun-changement-des
Les résultats obtenus par les groupes d'étude WWARN sur l'impact de la posologie ont fourni des données probantes qui ont appuyé la révision des recommandations sur l'utilisation optimale des thérapies combinées à base d'artémisinine. Ces modifications sont incluses dans les mises à jour des Directives pour le traitement du paludisme de l'OMShttp://www.who.int/malaria/publications/atoz/9789241549127/en/
(link is external)Les experts ont signalé un déclin important, depuis l'année 2000, des cas de paludisme et du nombre de morts dus à cette maladie. Malgré ces nouvelles encourageantes, chaque année, près de 600 000 personnes meurent encore du paludisme, surtout des jeunes enfants en Afrique subsaharienne. A la lumière de ces statistiques, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis à jour les directives(link is external) sur l'utilisation des thérapies combinées à base d'artémisinine (ACT), le traitement actuellement recommandé contre l'infection paludique.
Le but de ces directives révisées est de promouvoir une utilisation optimale, sûre et efficace des traitements antipaludiques pour guérir et protéger les patients et pour ralentir la résistance au traitement. Les directives fournissent des recommandations fondées sur des données probantes pour permettre aux décideurs politiques de concevoir des politiques de traitement nationales efficaces et aider les professionnels de la santé à réévaluer les protocoles de traitement.
« Malgré la disponibilité de plus en plus rapide des ACT, avec 392 millions d'ACT distribuées en 2013, des millions d'enfants atteints de paludisme ne sont toujours pas traités de manière appropriée, principalement à cause des difficultés à accéder rapidement au traitement. Ces directives mises à jour mettent l'accent sur l'importance de traiter le plus vite possible le paludisme non compliqué et sévère au moyen de médicaments appropriés. Elles permettront de réduire encore plus la morbidité et la mortalité dues au paludisme », a expliqué le Pr David Lalloo de la Liverpool School of Tropical Medicine.
S'assurer que tous les patients sont traités avec des ACT efficaces, à des doses optimales, a été cette année une priorité qui a guidé les analyses du groupe d'étude WWARN. Selon une conclusion globale, la détermination et l'administration de la dose optimale chez les jeunes enfants sont particulièrement difficiles. Pour améliorer le dosage dans ce groupe, les nouvelles directives font les recommandations suivantes : « Pour prolonger leur vie thérapeutique utile et garantir que tous les patients disposent des mêmes chances de guérison, les schémas posologiques doivent reposés sur le poids du patient et fournir des concentrations efficaces d'antipaludiques pendant un temps suffisant (également appelé exposition adéquate aux médicaments) pour éliminer l'infection dans toutes les populations cibles. » Bien que la mesure du poids des patients ne se fasse pas régulièrement dans toutes les structures, l'application des nouvelles directives de l'OMS, qui recommandent un dosage basé sur le poids, permettrait d'augmenter la proportion de bébés et de bambins recevant un traitement adapté.
En 2013, le groupe d'étude WWARN sur l'impact de la posologie de la dihydroartémisinine-pipéraquine (DHA-PQP) a publié une étude suggérant une révision des schémas posologiques de la DHA-PQP. Bien que la DHA-PQP demeure globalement un médicament très efficace, l'étude a souligné que, même en cas d'administration de la dose recommandée, les enfants de moins de cinq ans présentaient un risque plus élevé d'échec de traitement. Les résultats de l'étude indiquent que les patients ayant reçu une dose d'antipaludiques inférieure à celle recommandée sont plus lents à répondre au traitement, ont une probabilité plus faible de tuer tous les parasites présents dans leur corps et sont plus sujets à une récurrence de la maladie quelques semaines plus tard.
« Il se peut que les jeunes enfants, comparativement aux adultes, aient besoin d'un dosage plus élevé de certains médicaments. En effet, l'absorption et la transformation de certains médicaments ne se font pas de la même manière chez les enfants et chez les adultes. Nous devons donc administrer une plus forte dose chez les jeunes enfants afin d'obtenir des expositions aux médicaments équivalentes dans tous les groupes de patients », a expliqué le professeur Joel Tarning, chef du groupe de modélisation pharmacométrique de WWARN.
Sur la base des résultats provenant du groupe d'étude et de simulations pharmacométriques des expositions à la pipéraquine pour chaque groupe de poids, l'OMS a révisé la dose recommandée de DHA-PQP chez les jeunes enfants. Ces schémas posologiques devraient fournir des concentrations de pipéraquine similaires dans tous les groupes d'âge.
« Il est essentiel d'obtenir une exposition aux antipaludiques efficace dans tous les groupes de patients afin d'assurer des taux de guérison optimaux », a ajouté le professeur Karen Barnes, chef du groupe pharmacologie de WWARN. « WWARN a montré que parfois, les jeunes enfants recevaient des doses de DHA-PQP sous-optimales. Les changements apportés aux directives de traitement devraient limiter le risque d'échec de traitement chez les enfants jeunes et vulnérables et prolonger la vie utile de cette importante thérapie. »
« Il est formidable de voir que le travail de WWARN produit des données probantes permettant d'optimiser le traitement contre le paludisme. C'est un hommage aux efforts déployés par de nombreux chercheurs et instituts qui travaillent pour déterminer le schéma posologique optimal du traitement antipaludique et qui participent à la plate-forme de partage de WWARN. Ces résultats illustrent bien ce qu’il est possible d’accomplir grâce à la collaboration en matière de recherche et grâce aux méta-analyses des données individuelles », a ajouté le professeur Philippe Guérin, directeur de WWARN.
Le groupe d'étude sur l'impact de la posologie de la DHA-PQP est l'un des trois groupes d'étude de WWARN qui préparent une publication sur l'impact de la dose. Le groupe d'étude sur l'impact de la posologie d'ASAQ a montré que l'efficacité de l'artésunate-amodiaquine varie et ce, en raison des changements dans la formulation des deux composantes de l'ACT, l'artésunate et l'amodiaquine. Lorsque les deux composantes sont associées en un seul comprimé, cette formulation fixe affiche une meilleure efficacité de traitement que celle observée lorsque des comprimés séparés d'AS et d'AQ sont administrés en même temps ; on attribue cette différence principalement à un dosage plus faible d'AQ.
Le groupe d'étude sur l'impact de la posologie d'AL confirme que la dose recommandée actuelle d'artéméther-luméfantrine (AL) reste toujours très efficace chez les patients traités contre le paludisme mais il suggère également qu'une dose d'AL plus élevée pourrait potentiellement améliorer davantage les résultats du traitement des jeunes enfants asiatiques et des enfants africains de poids insuffisant. Cependant, il faudrait mener d'autres recherches pour améliorer la dose d'AL chez les jeunes enfants car les patients ont des difficultés à absorber davantage d'AL même lorsqu'on leur donne des comprimés supplémentaires.Prenez connaissance de la version complète des directives pour le traitement du paludisme de l'OMS
(link is external)Publications connexes :The Worldwide Antimalarial Resistance Network (WWARN) AS-AQ Study Group. The effect of dosing strategies on the therapeutic efficacy of artesunate-amodiaquine for uncomplicated malaria: a meta-analysis of individual patient data. BMC Medicine2015 13:66. Publié le 31 mars 2015 doi: 10.1186/s12916-015-0301-z
(link is external)Worldwide Antimalarial Resistance Network (WWARN) AL Dose Impact Study Group. The effect of dose on the antimalarial efficacy of artemether-lumefantrine: a systematic review and pooled analysis of individual patient data. The Lancet Infectious Diseases 2015; D-14-00566R1; DOI 10.1016 S1473-3099 (15)70024-1
(link is external)The Worldwide Antimalarial Resistance Network (WWARN) DP Study Group (2013) The Effect of Dosing Regimens on the Antimalarial Efficacy of Dihydroartemisinin-Piperaquine: A Pooled Analysis of Individual Patient Data. PLOS Med 10(12): e1001564. DOI:10.1371/journal.pmed.1001564