L'OMS demande l'arrêt immédiat de la commercialisation des comprimes
antipaludiques comportant uniquement de l'artemisinine
Parution de nouvelles lignes directrices de l'OMS pour le traitement du
paludisme
19 JANVIER 2006 | WASHINGTON (ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE) -- L'Organisation
mondiale de la Santé (OMS) a demandé aujourd'hui aux laboratoires
pharmaceutiques de cesser de commercialiser et de vendre des antipaludiques
comportant uniquement de l'artémisinine, pour éviter qu'il apparaisse chez
le parasite du paludisme une résistance à ce médicament.
L'application d'un traitement n'utilisant que l'artémisinine - c'est-à-dire
la monothérapie - accélère l'apparition de la résistance en affaiblissant le
parasite sans le tuer. Quand l'artémisinine est correctement utilisée avec
d'autres antipaludiques dans des associations thérapeutiques à base
d'artémisinine (ACT), elle agit contre le paludisme dans près de 95% des cas
et le risque de pharmacorésistance chez le parasite est très faible. Les ACT
sont actuellement les antipaludiques les plus efficaces.
"Il faut absolument que les artémisinines soient correctement utilisées", a
déclaré le Dr LEE Jong-wook, Directeur général de l'OMS. "Nous demandons aux
laboratoires pharmaceutiques de cesser dès à présent de commercialiser les
comprimés ne comportant que de l'artémisinine, et de ne commercialiser que
des associations thérapeutiques à base d'artémisinine. Les nouvelles lignes
directrices que nous publions aujourd'hui en matière de traitement donnent
aux pays des orientations claires fondées sur des bases factuelles quant aux
options thérapeutiques optimales contre le paludisme."
D'après les lignes directrices de l'OMS pour le traitement antipaludique, il
faut soigner le paludisme à falciparum non compliqué avec des ACT et non pas
avec de l'artémisinine seule ou avec une autre monothérapie.
"Jusqu'ici, aucun échec thérapeutique dû à une résistance à l'artémisinine
n'a été prouvé mais nous suivons la situation très attentivement", a
souligné le Dr Arata Kochi, nouveau directeur du département du paludisme de
l'OMS. " Nous sommes préoccupés par la baisse de la sensibilité au
médicament en Asie du Sud-Est, région qui a traditionnellement vu naître la
résistance aux antipaludiques."
En Thaïlande, la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) était au départ efficace à
près de 100% contre le paludisme lorsqu'elle a été introduite en 1977 mais,
cinq ans plus tard, elle n'agissait plus que dans 10% des cas en raison de
la pharmacorésistance. La chloroquine, autrefois largement utilisée, est
désormais dénuée d'efficacité presque partout dans le monde. Entre 1999 et
2004, on a donné de la chloroquine à 95% des petits Africains souffrant de
paludisme alors même que le médicament ne guérit plus que la moitié des cas
de paludisme dans de nombreux pays. Une résistance à l'atovaquone est
apparue dans les douze mois qui ont suivi l'introduction de ce produit en
1997.
L'OMS a par ailleurs fait connaître les mesures qu'elle va prendre pour
développer le plus possible les avantage et l'usage correct des ACT. Afin
d'endiguer la circulation et l'utilisation des antipaludiques contrefaits,
l'Organisation prévoit de renforcer la collaboration avec les autorités
nationales et internationales chargées de la santé et de la réglementation
pharmaceutique. On estime que jusqu'à 25% des médicaments utilisés dans les
pays en développement sont soit contrefaits soit de mauvaise qualité. Dans
certaines régions d'Afrique et d'Asie, le pourcentage dépasse 50%, selon un
rapport de l'OMS sur les médicaments contrefaits.
De plus, afin d'anticiper et de prévenir l'apparition et la propagation
d'une résistance à long terme, l'OMS invite instamment la communauté
mondiale des chercheurs qui travaillent sur le paludisme et l'industrie
pharmaceutique à investir dès que possible dans la mise au point de la
prochaine génération d'antipaludiques. En développant des ACT avec de
multiples associations médicamenteuses et des composants bloquant la
transmission, il est possible de prévenir la résistance.
"Notre principal souci pour l'instant est de soigner les patients avec des
médicaments sûrs et efficaces et d'éviter l'apparition d'une
pharmacorésistance. Si les ACT nous abandonnent, nous n'aurons plus de
traitement contre le paludisme", a déclaré le Dr Arata Kochi, " et il faudra
probablement dix ans au moins avant d'en trouver un nouveau."
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