E-MED: France: d�remboursement de m�dicaments sans efficacit�
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Des mol�cules aux vertus in�gales
835 des 4500 m�dicaments rendraient un �service� insuffisant.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=55089
Par Eric FAVEREAU
mercredi 25 septembre 2002
La baisse progressive du remboursement de 65 � 35 % de ces 835 m�dicaments a
d�j� permis d'�conomiser 276 millions d'euros.
C'est quoi, un m�dicament ? D�finition dans le code de la sant� publique :
�On entend par m�dicament toute substance, ou composition, pr�sent�e comme
poss�dant des propri�t�s curatives ou pr�ventives � l'�gard des maladies
humaines et animales.�
Bref, apparemment simple comme une pilule : les m�dicaments soignent ou
pr�viennent des maladies.
Mais ils le font plus ou moins bien, plus ou moins vite. C'est d'ailleurs
une invention r�cente : l'�re pharmacologique d�bute r�ellement en 1930 avec
la mise au point de la premi�re th�rapeutique anti-infectieuse, les
sulfamides. Dix ans plus tard, l'antibioth�rapie appara�t. Et tout
s'acc�l�re. Au point que, aujourd'hui, ce n'est plus une armoire � pharmacie
qu'ont les Occidentaux mais une v�ritable biblioth�que. 4 500 m�dicaments
sont rembours�s en France. Et les Fran�ais ont cette particularit� d'en
raffoler plus que tous les autres habitants de la plan�te. Mais comment s'y
rep�rer dans ce rayonnage de mol�cules dont le nombre augmente � raison
d'une centaine par an ? M�me les m�decins, quelle que soit l'�tendue de leur
m�moire, s'y perdent.
Effet placebo. Bien s�r, il y a des mol�cules tr�s innovantes. Le dernier
cri de la pharmacop�e moderne, comme on l'a vu avec les antiprot�ases pour
le sida ou les r�centes mol�cules anticanc�reuses. Cette cat�gorie pose des
probl�mes particuliers d'acc�s et de co�ts (souvent faramineux). Mais, d'un
point de vue th�rapeutique, ces mol�cules �voluent dans une autre logique :
bien souvent, elles sont prescrites uniquement � l'h�pital dans des
conditions tr�s r�glement�es.
Et puis il y a les autres, tous les autres. En 1999, � la demande du
minist�re de la Solidarit� et de l'Emploi, l'Agence fran�aise des produits
de sant� s'est lanc�e dans un vaste travail sur le �service m�dical rendu�
(SMR). L'agence s'est pench�e sur l'efficacit� th�rapeutique des
m�dicaments. Bonne, moyenne ou insuffisante ? En juin 2001, le couperet est
tomb� : sur un total de 4 490 m�dicaments �tudi�s, 835 avaient un SMR
insuffisant. Sanction terrible. Mais complexe.
Insuffisant veut-il dire inutile ? L'effet placebo existe, et il n'est pas
toujours inutile. Il n'emp�che, des classes enti�res de m�dicaments n'ont
pas d'efficacit� d�montr�e. Parmi eux, les veinotoniques, les fluidifiants
bronchiques, les chol�r�tiques, les protecteurs h�patiques, la phytoth�rapie
�galement, les flores intestinales de remplacement aussi. Ces m�dicaments
sont pourtant pour la plupart rembours�s.
Devant ce constat, un grand nettoyage th�rapeutique s'imposait. Les
ministres d'alors (Martine Aubry, puis Elisabeth Guigou) se sont montr�es
timides. Dans le plan 2000 �Pour une nouvelle politique du m�dicament�, le
gouvernement avait pr�vu une baisse progressive � en trois �tapes � du taux
de remboursement, le faisant passer de 65 % � 35 %. Mesure timor�e, qui a
n�anmoins permis de faire 276 millions d'euros d'�conomie.
Hier, le ministre de la Sant� s'est dit d�cid� � aller plus loin et ��
continuer la baisse�. �Le plus simple, a-t-il expliqu�, aurait �t� de
d�cider une baisse uniforme de remboursement pour atteindre le taux de 5 %.
Mais �tait-ce une si bonne id�e ? On sait tr�s bien que, lorsque l'on
d�rembourse compl�tement, les patients vont se reporter sur un autre
m�dicament. O� est l'�conomie ? Ensuite, tous ces m�dicaments insuffisants
ne sont pas homog�nes.� Et le ministre de dessiner trois cat�gories.
�On n'en veut plus.� La premi�re regroupe les mol�cules inefficaces et
dangereuses. Mattei cite certains sirops qui comportent un faible taux
d'antibiotique, insuffisant pour soigner mais suffisant pour cr�er des
r�sistances. �Ceux l�, on n'en veut plus.� Le second groupe rassemblerait
des mol�cules simples qui pourraient entrer dans une logique
d'autom�dication (magn�sium, veinotoniques...). Enfin, celles qui ont une
utilit� sociale sans solution de rempalcement cr�dible mais ne peuvent pour
autant faire l'objet d'une autom�dication, car elles renvoient � des
pathologies d�licates (comme les vasodilatateurs).
�Sur les 835 m�dicaments insuffisants, une centaine n'existe d�j� plus, a
argument� le ministre. Les autres vont �tre class�s dans une des trois
cat�gories pr�c�dentes. Et l� on verra quel taux de remboursement on
appliquera. Ce n'est pas le souci d'�conomie qui nous animera. C'est une
question de sant� publique et de responsabilit� des diff�rents acteurs.�
Les mesures de d�remboursement vont s'�taler sur trois ans. Et, gr�ce � ces
�conomies, �on pourra se donner les moyens d'un acc�s plus large aux
mol�cules innovantes�.
Un plan coh�rent. Reste � l'appliquer. Hier, l'ancien ministre de la Sant�,
Bernard Kouchner, n'y trouvait rien � redire.
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