E-MED: Industries pharmaceutiques en Afrique - (2)
Cher Jerome et chers amis et amies,
Je suis un abonne de ce forum depuis sa mise en marche au debut de
cette annee et je voudrais saisir l'occasion que m'offre Jerome
Dumoulin (qui vient de nous afficher un rapport sur le sujet en marge)
pour sortir de mon role de spectateur et devenir un participant plus
actif de ce reseau.
Comme je suis un inconnu pour bcp, je voudaris juste dire en guise
d'introduction que je ne suis pas un pharmacien, mais j'ai ete forme
dans le domaine de l'administration et sociologie de la pharmacie
(Ph.D, University of Minesota, USA, 1994) et du management de la sante
publique (Universite Nationale du Zaire, 1974 et 1981; University of
Minnesota, 1989). A noter aussi est le fait que j'evolue dans le
secteur de la sante depuis une vingtaine d'annee. Dans ce contexte,
j'ai occupe differentes positions dont celles d'administrateur
d'hopital, chef de la divison en charge de la recherche sur les
systemes de sante (Zaire), enseignant en gestion des systemes de sante
(Zaire et Etats-Unis), president national de l'association des
administrateurs-gestionnaires de services de sante (Zaire 1980-1987),
et chercheur sur les aspects soci-economiques de la pharmacie.
J'enseigne actuellement dans les programmes de maitrise et licence en
sante publique et communautaire dans une universite americaine
(Northern Illinois University, DeKalb, IL) et je conduits quelques
projets personnels de recherche sur la mise en marche de la politique
des medicaments essentiels en Afrique. J'ai eu a participer a des
conferences pour y presenter certains resultats de ma rechrerche sur
le terrain en afrique.
Compte tenu de mon background, dans mon elan de devenir un participant
actif de ce forum, je me garderais autant que possible de me meler aux
discussions sur l'aspect moleculaire, chimique et physiologique des
medicaments. Pour vous dire la verite, je serais l'un des premiers a
me retirer de ce forum si les dicussions s'y limitaient exclusivement
sur les apects precites. Ma collaboration sera donc dans d'autres
aspects du medicament.
Je suis de ceux qui soutiennent l'idee selon laquelle le medicament
est une realite bien complexe et qu'il comporte des aspects dont la
comprehension exacte deborde du cadre strict de la profession de
pharmacie pour faire appel aux autres sciences, y compris les sciences
sociales et le management dans un contexte de pluridisciplinarite.
C'est sous cette perspective qu'il conviendrait donc de considerer ma
participation en general et ma presente reaction au rapport affiche
par notre ami Jerome que je remercie bien pour avoir eu l'idee de
partager cette information avec nous.
Pour revenir a ce que Jerome nous rapporte, je pense que les resultats
de cette rencontre ` Praia --Ripublique du Cap-Vert constituent un
grand pas en avant pour l'afrique. Mon opinion est basee sur le fait
bien connu que les pays africains restent bien souvent esclaves de
leurs liens coloniaux du passe. Ainsi la plupart d'entre eux
continuent-ils a satisfaire leurs besoins en medicaments en recourant
de facon exageree a leur ancienne metropole coloniale sans considerer
l'avantage qu'ils auraient de se liberer de cette domination
neo-colonialiste et de chercher d'autres sources plus economiques
d'approvisionement. En donnant l'occasion aux cadres africains de
visiter un pays et une industrie basee sur le continent et capable de
repondre aux besoins en medicaments de sa population, le bureau
regional de l'OMS vient d'inaugurer ou renforcer la vision realiste
qui met a l'avant plan l'interet primordial des populations
africaines. Ce n'est pas une initiative facile comme elle risque
d'envoyer un choc dans certains milieux pharmaceutiques occidentaux
qui souhaitent a tout prix maintenir cette domination et
l'exploitation tout azimuth de la misere pour la realisation de leurs
profits. Il n'est pas exclu qu'en reaction a cette initiative,
certaines decisions soient deja en voie d'etre considerees pour
chatier les cadres de l'OMS qui ont ose ainsi porter un coup dur aux
entreprises multinationales, meme si la part du marche pharmacveutique
africain reste bien modique. C'est pourquoi je felicite cette
initiative et je salue le courage de ces fonctionnaires.
Tout en accueillant cette idee avec optimisme, je reste quelque peu
sceptique quant a la capacite et a la preparation des participants a
cette rencontre d'initier des actions reelles dans leurs pays
respectifs pour briser les chaines de cette dependance nuisible. Il
est regrettable de constater qu'apres avoir ete a des conferences
internationales de grande importance et apres avoir empoche le
per-diem et les frais de mission, bien de participants gardent les
documents, lessons, et les resolutions decoulant de ces rencontres
dans les tiroirs de leurs bureaux au lieu de les exploiter en passant
a l'action. Aussi y-a-t-il bien souvent un ocean entre la theorie et
la realite sur le terrain.
Pour illustrer mon point de vue, je voudrais me referer a une enquete
faite sur la diffusion de la liste modele des medicaments essentiels
dans les milieux hospitaliers de deux pays africains. Les resultats de
cette enquete permettent de constater que nous nous acheminons vers le
temps de rendre compte de nos programmes des soins de sante primaires
(An 2000) -- dont la politiqe des medicaments essentiels n'est qu'un
aspect -- sans avoir propage suffisamment les outils de travail (dont
la liste modele des medicaments essentiels ) et sans avoir convaincu
la majorite des professionels de sante sur l' importance de ces
outils. On depense souvent bien de notre temps a reinventer la roue
alors que certains outils efficaces font deja partie du patrimoine
universel de connaissance et n'attendent que l'occasion d'etre promus,
adoptes, et mis en oeuvre par les utilisateurs finals (finaux?). Vingt
annees se sont ecoulees depuis l'eclosion de ce concept de medicaments
essentiels. Des experts reconnus se reunissent regulierement pour
actualiser cette liste modele. Cependant, certains pays ont entendu
jusque plus de quinze ans (les annees 1990s) pour entamer une demarche
nationale systematique de rationaliser leur secteur pharmaceutique. De
lors, l'on ne peut s'etonner que bien quetant deja a la huitieme
edition (version) de la liste modele des medicaments essentiels, une
proportion de 56% des professionels de sante n'ont pas encore vu une
quelconque liste modele de l'OMS. Seulement 30% des professionnels de
la sante qui ont ete enquetes en 1993 ont reconnu posseder cette
fameuse liste!! C'est bien normal d'assister a une lente diffusion des
outils de travail, mais pour quiconque assume le role dagent de
change, il reste une obligation de s'assurer que les outils les plus
desirables sont rapidement adoptes, adaptes si necessaire, et diffuses
aux travailleurs de sante.
Le marketing social des idees nouvelles et outils nouveaux n'a pas
encore ete suffisamment mis en marche pour soutenir la marche de
l'afrique vers son plein developement sanitaire. Des lors qu'une idee
a du merite pour promouvoir le bien-etre colectif, l'on devrait
investir des resources pour la promouvoir. Ceci ne semble pas etre le
cas. A mon avis, le marketing social devrait etre vulgarise pour
accelerer le progres sanitaire en Afrique.
Je ne sais pas ce que vous en pensez.
Ngoyi K. Zacharie Bukonda, Ph.D, M.P.H.,
Assistant Professor of Public and Community Health
Northern Illinois Univeristy, DeKalb, IL, USA
E-mail: nbukonda@niu.edu
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