[e-med] Interdiction des extraits thyroïdiens dans les régimes (Afssaps)

Interdiction des extraits thyroïdiens dans les régimes
LE MONDE | 18.05.06 | 15h20 . Mis à jour le 18.05.06 | 15h20
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-773301@51-628868,0.html

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a
pris, mercredi 17 mai, une décision de "police sanitaire" visant à
"interdire l'importation, la préparation, la prescription et la délivrance
de préparations magistrales contenant de la poudre, des extraits, des
dérivés ou des hormones thyroïdiens".

Il aura fallu la mort d'une femme et l'hospitalisation de 18 personnes qui,
toutes, avaient consommé des gélules amaigrissantes à base d'extraits
thyroïdiens préparées et délivrées par une pharmacie parisienne (Le Monde du
27 avril) pour que les autorités sanitaires se penchent sur les dérives de
la médecine de la minceur. Cette affaire, qui a éclaté mi-avril, a entraîné
la mise en examen du pharmacien installé 80, rue de Prony, dans le 17e
arrondissement de Paris, pour "homicide involontaire", "blessures
involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui".
Parallèlement, le ministre de la santé avait demandé à l'Afssaps de saisir
la commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) afin qu'elle évalue
le bien-fondé du maintien de la commercialisation de ces préparations à base
d'extraits thyroïdiens.

"UTILISATION DÉTOURNÉE"
"A l'unanimité", la commission d'AMM a estimé que le bénéfice de ces
préparations, dans le cadre d'une cure d'amaigrissement, "n'était pas
établi" et qu'elles pouvaient entraîner des "risques graves" pour la santé.
Quant à leur utilisation pour soigner l'hypothyroïdie, les experts de la
commission considèrent qu'elle n'est "pas justifiée, compte tenu de
l'existence de médicaments composés d'hormones thyroïdiennes dont
l'utilisation thérapeutique est validée".
L'Afssaps souligne que les préparations à base d'extraits thyroïdiens
correspondent à une mauvaise pratique médicale et doivent être bannies pour
les régimes. "Même si le pharmacien ne s'était pas trompé (les premières
analyses semblent montrer que les gélules étaient surdosées), ces
préparations relèvent d'un mésusage et d'une utilisation détournée de
médicament, elles ne sont pas une indication pour maigrir", explique le
docteur Pascale Maisonneuve à l'Afssaps.
L'endocrinologue à l'origine de la prescription de ces gélules "n'a pas
encore été convoqué" par la juge d'instruction, indique le parquet de Paris.
La direction générale de la santé a comptabilisé, au 17 mai, 172 personnes
qui se sont vu délivrer ces préparations. Quatre sont encore hospitalisées.
L'enquête aurait permis d'établir que le pharmacien délivrait ces gélules
même sans prescription médicale.
Sandrine Blanchard
Article paru dans l'édition du 19.05.06