[e-med] Interview d'un grossiste priv� sp�cialis� dans le g�n�rique

E-MED: Interview d'un grossiste priv� sp�cialis� dans le g�n�rique
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Le Quotidien Mutations du
MARDI, 09 SEPTEMBRE , 2003 - 11:21
Sciences : Dr Pierre Sopngwi : Les pharmaciens gagnent � s�engager dans le
g�n�rique.

Sp�cialis� dans la distribution du m�dicament, il revient sur la promotion
de ce type de m�dicament au Cameroun.
Propos recueillis par Roger A. Taakam
http://quotidienmutations.net/

Il y a quelques ann�es, on nous a pr�sent� le g�n�rique comme une solution �
l'inaccessibilit� du m�dicament au Cameroun. Curieusement, il est
introuvable...

Les m�dicaments g�n�riques sont effectivement disponibles sur l�ensemble du
territoire. Le probl�me majeur reste de faire une promotion intense au
niveau des acteurs principaux que sont les m�decins et pharmaciens. Les
co�ts tr�s �lev�s de cette promotion sont un handicap majeur pour sa mise en
�uvre. Premier handicap: l�information. Il faut donner une d�finition exacte
et compr�hensive du g�n�rique : un m�dicament original, ou "princeps", est
un m�dicament prot�g� pendant vingt ans par un brevet. Lorsque cette
protection tombe, le laboratoire pharmaceutique qui l�a d�couvert en perd l�
exclusivit�. Les autres laboratoires ont alors le droit de fabriquer et de
commercialiser un m�dicament identique � ce "princeps", ce m�dicament est
alors appel� "g�n�rique".
Le m�dicament g�n�rique n�ayant pas � supporter les frais de recherche et de
d�veloppement, le laboratoire qui le produit peut le proposer � un prix
inf�rieur � celui du m�dicament original. Il est ainsi en moyenne 30% moins
cher. Dans certains cas le m�dicament g�n�rique est 50% � 70% moins cher. Le
g�n�rique est fabriqu� selon les m�me exigences que le m�dicament original
et soumis aux m�mes contr�les de qualit� pour sa fabrication et son
conditionnement. Comme tous les m�dicaments, il doit obtenir une
autorisation de mise sur le March�. Il poss�de la m�me composition
qualitative et quantitative en principe actif que le m�dicament original.
Son m�canisme d�action, son efficacit�, sont identiques. Il soigne et
soulage de la m�me mani�re que le m�dicament princeps ; le traitement reste
le m�me dans sa dur�e et agit de la m�me fa�on avec les m�mes effets ". De
cette d�finition on comprend facilement que la baisse de co�t permet une
meilleure accessibilit�. Au niveau de la qualit�, disons qu'un g�n�rique a
le m�me potentiel th�rapeutique que le produit " innovant ". Quant aux
stocks, la Cename dispose d�un imposant stock et de plus en plus dans le
secteur priv�, il y a des entreprises comme la Ccp (Compagnie camerounaise
pharmaceutique), et certainement d�autres, qui se sont sp�cialis�es dans la
distribution du g�n�rique.

On parle tant�t de m�dicament g�n�rique, tant�t de m�dicament essentiel.
C'est quoi la diff�rence entre les deux?

Un m�dicament g�n�rique peut ne pas �tre essentiel. Un m�dicament essentiel
peut ne pas exister en g�n�rique (ex: nouveau Arv). Au Cameroun, nous avons
besoin des m�dicaments essentiels g�n�riques.

Quels sont, d'apr�s vous, les principaux blocages � la vulgarisation du
m�dicament g�n�rique au Cameroun ?

Le principal blocage reste les co�ts tr�s �lev�s car dans cette promotion,
il y a �galement une formation au niveau du personnel m�dical : aujourd�hui,
certaines personnes ne comprennent pas encore pourquoi il y a parfois une
diff�rence aussi importante au niveau des co�ts.

Certains pharmaciens, par exemple, estiment que le g�n�rique ne rapporterait
pas autant que les m�dicaments originaux�

C�est vraiment dommage encore une fois. Je pense que l�information ne
circule pas assez. Plus haut, j�ai parl� des acteurs principaux que sont les
pharmaciens et les m�decins. Au niveau des pharmaciens, l�information ne
circule pas assez car il faut prendre en compte les points ci-dessous : (1)
Prix �lev� entra�ne une r�duction importante de l�accessibilit� donc
diminution du nombre de patients en officine. (2) Les marges des m�dicaments
g�n�riques sont en moyenne de 100% pour les pharmaciens contre 20% pour les
m�dicaments non g�n�riques. (3) 95% des produits vendus au Cameroun sont
g�n�riquables et la plupart de ces produits sont vendus en brand-name (nom
de marque). Les moyens de promotion sont ainsi financ�s par le patient et
m�me par le pharmacien (car il y a diminution des marges).
Sur le pan strictement comptable, l�introduction des g�n�riques (avec marge
minimale de 100%) permet aux officines de gagner de l�argent et d�augmenter
leur levier de tr�sorerie (Ex: chiffre d�affaire de 10.millions avec marge
de 25%; ou encore six millions de chiffre d�affaires avec 100% de b�n�fice).
Les pharmaciens en s�engageant dans les g�n�riques sont gagnants dans tous
les domaines. L� encore l�information n�a pas circul� et sur ce point, j�
accuse les conseillers financiers des pharmaciens qui ne jouent pas vraiment
leur r�le car il faut en permanence adapter son outil de production aux
exigences de l�actualit�. L�Omc vient de signer � Gen�ve un important
accord, qualifi� par le directeur de l�Oms d�historique, sur les m�dicaments
g�n�riques. Cet accord devrait changer l�environnement pharmaceutique des
pays pauvres, en leur donnant les moyens de fabriquer des m�dicaments, d�
importer des copies g�n�riques de traitement brevet�s en cas de grave crise
sanitaire comme le sida, le paludisme, la tuberculose�

Le g�n�rique, jusqu�ici, ne b�n�ficie d'aucune promotion alors que l'Etat
continue de laisser le champ libre aux grands laboratoires pharmaceutiques
dont on imagine les profits. Que cache cette man�uvre et quelles sont les
cons�quences �ventuelles sur la politique pharmaceutique du Cameroun ?

Le g�n�rique ne pr�sente pas seulement une solution de disponibilit� mais
�galement et surtout une solution d�accessibilit�. La politique
pharmaceutique camerounaise pr�voit une tr�s large place pour les
m�dicaments essentiels g�n�riques. Apr�s la d�valuation du FCfa, il y a eu
une grande action de la part du gouvernement pour rendre le m�dicament
disponible et accessible. Cette action a abouti � la cr�ation de la Cename
(Centrale nationale d�approvisionnement en m�dicaments essentiels) qui
assure une tr�s grande et large distribution. De mani�re g�n�rale on a la
cha�ne de distribution suivante : Cename - Capp � Structures hospitali�res -
Malades.

Mais il faut aussi pr�ciser qu'il y a certains h�pitaux et confessionnels
qui ach�tent directement � la Cename...

Cette large diffusion des m�dicaments permet, je le pense, de faire
�galement une grande promotion. L�action du gouvernement sera efficace par
une grande compl�mentarit� du secteur priv� car n�oubliez pas qu�avant la
d�valuation du FCfa, le secteur priv� assurait 90% de la disponibilit� du
m�dicament. En ce qui concerne le secteur priv�, nous avons suivi les
efforts du gouvernement, car il y a une introduction progressive des
m�dicaments g�n�riques dans les officines. Cette p�n�tration est encore
faible mais rassurez vous, elle est in�vitable. Quand on parle de
p�n�tration des g�n�riques dans le march� priv�, il faut bien noter qu�elle
concerne uniquement les g�n�riques vendus sous D�nomination commune
internationale (Dci). Les autres m�dicaments g�n�riques pr�sent�s sous un
nom de marque ne sont pas concern�s.
Dans le priv� le mode d�approvisionnement qui a exist� avant la d�valuation
et qui continue encore pour la majorit� ne favorise pas une introduction
facile des g�n�riques dans le secteur priv�. Les pharmaciens d�officines qui
sont les principaux acteurs se rendront progressivement compte de la
situation et pourront par cons�quent r�viser leur strat�gie afin d�assurer
une introduction des g�n�riques � hauteur de 50 ou 60%.
L�augmentation r�cente du nombre d�officine sur tout l�ensemble du
territoire est �galement tr�s encourageante car la multiplication des points
de vente augmente la disponibilit�.
Dans le secteur public, nous n�avons pas assez d��l�ments pour appr�cier l�
efficacit� de la cha�ne de distribution qui semble assez longue. En effet
cette cha�ne laisse entrevoir trois points importants de gestion : la
Cename, les Capp et les h�pitaux.
Les questions importantes qui pourraient apporter des r�ponses utiles et qui
interpellent les pouvoirs publics sont: les points de gestion ne
constituent-ils pas un handicap et une augmentation des co�t? Quel est le
niveau de libert� d�achat qu�on accorde aux Capp et aux h�pitaux? Peut-on
exactement �valuer les co�ts que cette cha�ne de distribution g�n�re?
Exemple: Un m�dicament offert � la Cename au prix z�ro franc se retrouvera
chez le malade � quel prix?
Une exclusivit� d�achat serait � mon avis un handicap tr�s important car les
Capp et h�pitaux qui sont les principaux acteurs du public doivent � leur
niveau respecter les r�gles de gestion de mani�re � augmenter leur
rentabilit� et par cons�quent leur p�rennit�.

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