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L'Express de Madagascar
26 juin 2006
Questions à ... Dr Jean Rabemanantsoa, Président de l'Association des
Pharmaciens de Madagascar (APM)
. Pourquoi votre association organise-t-elle une semaine entière de
sensibilisation de la population sur la pharmacovigilance ?
- Effectivement, la "semaine de la pharmacie" se déroulera à Antananarivo du
19 au 23 juin, sur le thème de la pharmacovigilance. Cela consiste en une
campagne de sensibilisation de la population sur la surveillance des
effets indésirables des médicaments. En fait, c'est l'objet de la
pharmacovigilance. Ainsi, elle consiste en l'identification, l'évaluation et
la prévention des risques. Il peut s'agir d'un abus ou d'un mauvais usage,
de cas de surdosage, d'une exposition au cours de la grossesse ou de
l'allaitement,
ou encore de la perte d'efficacité d'un médicament. Le pharmacien se doit
d'informer et d'éduquer le public dans
ce sens.
. Quels sont les messages que vous aimeriez transmettre ?
- La décision de mettre sur le marché un nouveau médicament ne peut être
prise qu'après plusieurs stades d'études bien codifiés et répondant à des
normes internationales. Toutefois, les risques encourus lors d'une
utilisation à grande échelle ne peuvent être entièrement prévisibles.
L'Association
des Pharmaciens de Madagascar (APM) préconise donc le respect des règles de
bon usage des médicaments. Elle met en garde contre le danger de
l'utilisation
des médicaments des rues. Elle invite la population et tous les
professionnels de la santé à signaler les effets indésirables observés.
. Que faites-vous pour démontrer ces effets indisérables?
- Médecins et pharmaciens collectent les informations auprès du public et
avisent les autorités médicales. Le cas échéant, celles-ci procèdent au
retrait du marché du médicament incriminé. Donc, le rôle du public est
essentiel, car c'est lui qui fournit tous les éléments nécessaires à la
pharmacovigilance. Sa participation s'avère fondamentale.
. Quelles actions avez-vous mené pour lutter contre la vente des médicaments
de rue ?
- Depuis des années, nous nous sommes insurgés contre ce phénomène qui prend
de l'ampleur dans toute l'Afrique. La mise en vente et la distribution des
médicaments sont régies par des règles strictes auxquelles les médicaments
de rue échappent. Ils exposent leurs consommateurs à des risques bien
connus, comme l'absence de principe actif, la mauvaise conservation, la date
de péremption dépassée, la contrefaçon. Ils sont vendus à un prix défiant
toute concurrence. Ce qui présume de leur origine douteuse. Comment peut-on
vendre un médicament à moitié prix d'usine?
. Dans la sensibilisation, avez-vous déjà obtenu des résultats palpables?
- Nous nous sommes donc engagés à initier une sensibilisation du public dans
ce sens. L'avènement des médicaments dits "génériques" nous a, par ailleurs,
permis de mettre à la disposition de tous des produits moins onéreux et
d'amoindrir
les effets néfastes de ce trafic.
. Les médicaments génériques ont-ils la même efficacité que ceux dits de
spécialité?
- Tous les médicaments, génériques ou de spécialité, suivent les mêmes
normes règlementaires de fabrication et subissent les mêmes contrôles de
qualité avant d'être vendus en officine. C'est l'Agence du Médicament qui
délivre l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour chaque médicament.
Elle constitue notre garantie quant à la qualité des produits de santé mis
en vente à Madagascar. Il n'y a donc pas à douter de l'efficacité d'un
produit du moment qu'il a obtenu l'AMM. Autrement, les médicaments de
spécialité coûtent plus cher. Nous préférons laisser aux prescripteurs le
libre-choix entre produits de spécialité et "génériques".
. Revenons à la pharmacovigilance. Disposons-nous d'une structure nationale
de collecte de données ?
- L'Agence du Médicament de Madagascar est dotée d'un département de
pharmacovigilance. En tant qu'association, l'APM soutient les efforts des
autorités sanitaires. Ce rôle permettra une meilleure gestion des risques
inhérents à l'utilisation des produits de santé. Nous souhaitons que notre
engagement dans la sensibilisation pour la pharmaco-vigilance sera suivi par
tous les professionnels
de la santé. L'objectif consiste à acquérir une meilleure qualité de soins
et de service à Madagascar.
. En fin de compte, quelle est la finalité de la "semaine de la
pharmacie"?
Durant cette semaine, Les pharmaciens seront au comptoir non seulement pour
prodiguer des conseils sur le bon usage des médicaments mais aussi pour
asseoir auprès du public les bases de cette pharmacovigilance. Nous
entendons alors pérenniser cette action.
Propos recueillis par
Teholy Martin