[à prendre avec des pincettes...CB]
La bonne vieille chloroquine à l'assaut du VIH, du SARS et (peut-être) de
H5N1
Date de création : 03 février 2006
http://www.jim.fr/jim/data/bdc/base/37/30/26/B5/index.htm
Voilà qui se révèlera peut-être comme l'une des nouvelles les plus
surprenantes de l'année : la "vieille" chloroquine, médicament historique de
référence du paludisme, pourrait s'avérer douée de propriétés thérapeutiques
utilisables contre un large panel de virus humains ! La découverte ne date
pas d'hier puisque déjà en 2003 certains avaient évoqué dans le Lancet la
possibilité d'inclure des dérivés de quinoline dans certaines plurithérapies
de l'infection à VIH/SIDA ; mais elle se confirme aujourd'hui et on envisage
qu'elle pourrait trouver une place de choix dans la lutte contre le H5N1, le
virus du poulet tellement craint des hommes.
VIH. Les essais thérapeutiques menés depuis 2003, en particulier en Inde,
ont confirmé l'intérêt théorique de la chloroquine, en association à d'autres
antirétroviraux et à condition de respecter la dose de 800 mg d'hydroxychloroquine
(soit 500 mg de chloroquine) par jour. In vitro, l'activité antirétrovirale
paraît due à une inhibition spécifique de glycosylation des particules
virales.
SARS. L'hypothèse que la chloroquine inhiberait la réplication du
coronavirus du SARS a été confirmée par des équipes belges et américaines.
Les chercheurs des CDC (Atlanta) ont établi que l'activité de la
chloroquine, à dose thérapeutique non cytotoxique, était attribuable à un
déficit de glycosylation du récepteur ACE2 du SARS.
H5N1. Le large spectre apparent de la chloroquine incitait évidemment à
rechercher une éventuelle activité contre les virus grippaux. En fait, on
sait depuis un certain temps déjà que la molécule exerce un effet inhibiteur
sur la réplication des Orthomyxovirus, dont les virus influenza A et B ;
propriété qui vient de se voir confirmée in vitro contre une souche de
grippe aviaire récemment introduite en Italie, à des doses compatibles avec
une utilisation thérapeutique. Il ne s'agissait (malheureusement) pas du
H5N1, encore absent en péninsule, mais du H5N9...
Voilà donc presque, avec la chloroquine, comme les prémices d'un nouveau
petit miracle thérapeutique (et encore plus certainement économique, la
chloroquine étant disponible partout à très bas prix). Un miracle qui n'en
sera pas un du point de vue du virologue car on voit bien se dessiner,
derrière un spectre d'activité apparemment large, un mécanisme unique d'inhibition
de la glycosylation virale. Il a récemment été démontré que la chloroquine
inhibe les quinone-reductase 2, intervenant dans la biosynthèse de l'acide
syalique ; une molécule nécessaire aux récepteurs des trois familles virales
citées ici.
Dr Jack Breuil
Savarino A et coll. : "New insights into the antiviral effects of
chloroquine." Lancet infectious Diseases 2006; 6: 67-8. © Copyright 2005
http://www.jim.fr