[e-med] La position de la société civile francophone suite à la déclaration signée par les Ministres de la santé le 22 mai 2018 à Genève

Bonjour,
Je vous prie de trouver ci-dessous la position de la société francophone suite à la Déclaration soumise à la signature des Ministres de la santé des pays d’Afrique francophones lors de la conférence internationale sur l’accès à des médicaments de qualité et autres produits médicaux le 22 mai 2018 à Genève.

Genève, le 8 juin 2018.

**C.C :**Le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation Mondiale de la santé (OMS).

Cher Monsieur Michel Sidibé, Chère Madame Michaëlle Jean,

Nous vous écrivons pour exprimer notre profonde inquiétude concernant la déclaration susmentionnée. Si la déclaration touche à un sujet important pour l’ensemble des acteurs de la santé, elle l’appréhende sous un angle purement juridique et pénal sans aucune approche de santé publique.

En effet, le texte de la déclaration ne propose pas de s’attaquer aux racines ni même aux causes de la circulation des médicaments falsifiés ou de qualités douteuses. Il ne présente pas non plus concrètement la manière de garantir la disponibilité et l'accessibilité des médicaments, si ce n'est une brève référence aux flexibilités de l'Accord sur les ADPIC. Par ailleurs, le texte de la déclaration appelle à une ratification d’instruments existants comme par exemple la convention Medicrime, alors qu’à notre connaissance ces instruments n’ont jamais été développés en partenariat avec les pays francophones, et ne prennent donc pas en compte leurs besoins ou leurs intérêts. En outre, ces instruments n’ont aucune approche de santé publique pour répondre au problème des médicaments falsifiés ou de qualités douteuses, au manque d’accès aux médicaments et aux produits médicaux, soit parce qu’ils sont inabordables, soit parce que les systèmes de santé ne sont pas assez forts pour assurer leur disponibilité alors que la demande augmente.

Nous sommes préoccupés par la confusion créée dans cette déclaration qui pourrait entraver l’accès aux médicaments génériques abordables et de qualité égale, car les médicaments falsifiés et de qualités douteuses n’ont rien à voir avec les discussions sur la propriété intellectuelle et l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle qui touche au commerce (ADPIC).

L’engagement demandé aux pays francophones d’adopter dans une seconde phase une convention régionale sous l’égide de l’Union Africaine et d’un instrument international dans le cadre des Nations Unies nous semble inutile. En effet l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dispose déjà d'un mécanisme de lutte contre les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés[1]et de collecte de données. Par conséquent, il nous semble plus judicieux de renforcer ces mécanismes existants afin d’éviter de dupliquer les efforts et tout amalgame dans ce domaine.

En Afrique, et en particulier dans l’espace francophone, il existe déjà de nombreuses résolution sur ce sujet : (la résolution de Niger de 2013 sur les faux médicaments, la résolution de l’OOAS d’avril 2017 sur les faux médicaments et les médicaments périmés, la résolution de Rabat de mars 2018 sur les faux médicaments et désormais la déclaration de Genève de mai 2018 sur l’accès aux médicaments de qualité[2]). Nous nous posons légitimement des questions sur les intentions portées à travers ces résolutions lorsque plus de la moitié des résolutions adoptées par les pays africains se sont produites dans le cadre d’une conférence soutenue par la Fondation Chirac dont nous savons qu’elle est financée par l’industrie pharmaceutique (notamment Sanofi).

Compte tenu des informations mentionnées plus haut, cet appel à la ratification de ces instruments et à l’adoption de conventions régionales et internationales crée de la confusion et apparait plus comme une barrière à l’accès aux médicaments génériques comme cela s’est produit lors du débat sur les médicaments « contrefaits » il y a quelques années[3].

La confusion du texte de la déclaration porte également sur l’invitation des Ministres de la santé d’Afrique francophone à assurer *« un environnement politique, juridique, économique et commercial conforme aux règles internationales et favorable aux investissements, conformément aux recommandations de la CNUDCI2, de la CNUCED, de l’OMPI et d’autres institutions internationales, régionales et sous régionales ; ainsi qu’à l’Accord de l’OMC sur les ADPIC, en particulier ses flexibilités, et des Accords de Promotion et de Protection des Investissements (APPI) en ce qui concerne la détermination de la portée et de la couverture des investissements* ». Ces instruments ne sont pas pertinents pour juguler la circulation de médicaments falsifiés et de mauvaise qualité. Par ailleurs, leur mise en œuvre excède le mandat des Ministres de la santé.

Les exigences du texte de cette déclaration dépassent les prérogatives des Ministres de la santé de l’Afrique francophone rendant la signature de celle-ci caduque et sans aucune portée juridique.

S’il est indéniable que les médicaments falsifiés et les médicaments de qualité douteuse constituent une vraie plaie pour l’Afrique, les mesures prises dans cette déclaration nous apparaissent obsolètes parce qu’elles ne créent pas le cadre multidisciplinaire nécessaire à la lutte contre les médicaments de qualité douteuse, comme par exemple l’inclusion de la société civile et des associations de malades dans le processus de cette lutte.
  
Par conséquent, nous demandons au Programme commun des Nations Unies sur le VIH /sida****(ONUSIDA) et à l’Organisation Internationale de la Francophonie un amendement de cet texte en retirant toutes les parties qui ne sont pas alignées avec la décision de l’OMS et qui crée la confusion, ainsi que de cesser toute poursuite de discussion sur ce texte.
  
Signataires :
  
***Access****, *France; ***Affirmative action,*** Cameroun; ***Aides****, *France, ***AJPC **(Association des jeunes positifs du Congo**),*** Rép. Congo; ***AJPO **(Association des Jeunes pour la Promotion des Orphelins)**,*** Burkina Faso; ***ALCS **(Association de lutte contre le sida),* Maroc; ***ARV+ **(Association sociale rêve de vivre),***Algérie; ***ATP+ **(Association tunisienne pour la prévention positive),*****Tunisie; ***CEJ **(Centre pour l'Ethique Judiciaire),* Burkina Faso; ***CeRADIS **(Centre de Réflexions et d’Actions pour le Développement Intégré et la Solidarité),* Bénin;
***Coalition Plus*** (Coalition internationale sida)**; *****ITPC-MENA** (Coalition internationale pour la préparation aux traitements Afrique Nord et Moyen Orient), *MENA; ***MARSA sexual health***, Liban; **Médecins Sans Frontières - Access Campaign**; ***OSDAD FASO,***Burkina Faso ; ***Sidaction,*** France; ***Serment Universel*,** Rép. Congo; **UAEM **(Universités alliées pour les médicaments essentiels); ***UJAB** (Union des jeunes avocats du Burkina),* Burkina Faso; ***Vivre et s’épanouir, ***Mauritanie; **Yolse, Santé Publique et Innovation**, Suisse
  
- - - - - -

[1] WHO, A study on the public health and socioeconomical impact“ [http://www.who.int/medicines/regulation/ssffc/publications/Layout-SEstudy-WEB.pdf\](http://www.who.int/medicines/regulation/ssffc/publications/Layout-SEstudy-WEB.pdf\)
[2]ECOWAS Resolves to Fight Counterfeit, Expired Medicines
[https://www.liberianobserver.com/news/ecowas-resolves-to-fight-counterfeit-expired-medicines/\](https://www.liberianobserver.com/news/ecowas-resolves-to-fight-counterfeit-expired-medicines/\)
Africa: African countries sign resolution against falsified medicines in Rabat
[https://www](https://www).[iracm.com/en/2018/03/africa-african-countries-sign-resolution-falsified-medicines-rabat/](http://iracm.com/en/2018/03/africa-african-countries-sign-resolution-falsified-medicines-rabat/)
[3]Lien vers le reportage d’ARTE diffusé le 20 mars 2018 : « Interpol, une police sous influence ? » : [https://youtube/9j9Ioscipxc?t=37m37s](https://youtube/9j9Ioscipxc?t=37m37s)
  
Vous trouverez le document dans son entier en cliquant sur le lien suivant:
[http://yolse.org/la-position-de-la-societe-civile-francophone-suite-a-la-declaration-signee-par-les-ministres-de-la-sante-le-22-mai-2018/\](http://yolse.org/la-position-de-la-societe-civile-francophone-suite-a-la-declaration-signee-par-les-ministres-de-la-sante-le-22-mai-2018/\)
  
Avec mes meilleures salutations,

**Alain Claude Muhunde| Chargé de communication**
YOLSE, Santé Publique & Innovation
Route de Drize 24A |1227 Carouge | Genève
m.+41 79 444 98 97 | muhunde@yolse.ch | www.yolse.org
twitter: @CHYolse

bonjour aux e-médiennes et e-médiens,

aurai je manqué un épisode ? quelle est la raison de cette polémique ?
Il nous a toujours été démontré que la lutte contre les médicaments QIF, exigeait des actions multi-sectorielles… une synergie dans les interventions et plus de sanctions contre les trafiquants !!

pour éclairer ma lanterne, serait il possible de partager ici des expériences réussies de la société civile dans la lutte contre les médicaments QIF ? il serait intéressant de les partager pour envisager de les dupliquer…

cette lutte est l’affaire de toutes et tous, depuis les politiques jusqu’aux patients… tous les acteurs de la chaine d’approvisionnement sont concernés. je ne comprends donc pas la raison de cette polémique.

plutôt que de critiquer, agissons et surtout soyons innovants dans les activités de lutte.

certains pays, même dans un processus d’adhésion à la Convention médicrime, ont su anticiper en révisant leur législation pour renforcer leurs sanctions pénales et administratives à l’encontre des trafiquants.

certains pays ont pris des dispositions innovantes pour mieux tracer les médicaments et ainsi lever certains risques.

certains pays travaillent au renforcement de la production pharmaceutique locale qui peut aussi être une réponse à ce fléau…

au niveau de la CEDEAO, un outil intéressant avait été mis en place pour une coopération inter-pays : EMACOM… qui ne semble pas se réunir régulièrement !!

donc, énumérons les expériences positives dans le domaine, plutôt que de critiquer les actions des uns et des autres…

chacun forme un maillon de cette chaine, et chaque maillon doit être fort…

le débat est ouvert…

très confraternellement
Christophe

Christophe ROCHIGNEUX
Docteur en Pharmacie
EXPERTISE FRANCE - CÔTE D’IVOIRE

Bonsoir M. Alain Claude Muhunde

Nous ne prononçons pas officiellement pour le moment sur cette position de
la "société civile francophone". Mais juste pour comprendre, je copie le
paragraphe qui semble résumé la quintessence de cette lettre:
"S’il est indéniable que les médicaments falsifiés et les médicaments de
qualité douteuse constituent une vraie plaie pour l’Afrique, les mesures
prises dans cette déclaration nous apparaissent obsolètes parce qu’elles
ne créent pas le cadre multidisciplinaire nécessaire à la lutte contre
les médicaments de qualité douteuse, comme par exemple l’inclusion de la
société civile et des associations de malades dans le processus de cette
lutte. "

En suite je colle ci-dessous quelques mesures que j'ai lues dans la
Déclaration pour savoir si ce sont elles que vous avez qualifiées de
"obsolètes" et ne créant pas de "cadre multidisciplinaire"

"1. Nouer des partenariats, notamment institutionnels et public-privé, et
mener des actions efficaces pour améliorer l’accès aux médicaments et
autres produits médicaux de qualité sur le continent africain;

2. Intensifier la sensibilisation des décideurs, des professionnels de
santé et du public sur les risques pour la santé de l’usage de médicaments
et autres produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés et sur
l’importance du renforcement des capacités et systèmes de règlementation
des médicaments et autres produits médicaux. Les actions d’information
s’appuieront sur plusieurs vecteurs, dont notamment :
- le Réseau Francophone de Diffusion du Droit (RF2D) et ses outils
techniques1 ;
- le tissu associatif ainsi que les leaders d’opinion ;
- la prise en compte de cette dimension par l’initiative 2 millions
d’agents de santé communautaires en Afrique, développée par l’Union
Africaine avec le soutien de l’OMS et l’ONUSIDA ;
- les médias locaux, par leur capacité à mettre en œuvre des campagnes de
sensibilisation et d’information dans les langues locales ;

3. Rendre effectives la sécurisation et l’assurance qualité des chaînes
d'approvisionnement, en prenant en compte les médicaments et autres
produits médicaux préqualifiés par l’OMS, en établissant une sélection des
sources d’approvisionnement, et en renforçant les capacités pour la mise en
œuvre des bonnes pratiques d’achat, de stockage et de distribution:
- en développant la traçabilité des médicaments et autres produits
médicaux, à travers notamment l’emploi de technologies efficaces et
accessibles, en se fondant sur les travaux et recommandations du Dispositif
des États Membres sur les produits médicaux de qualité inférieure et
falsifiés de l’OMS ;
- en favorisant une politique d’appels d’offre et/ou d’achats groupés et la
mise en place de circuits de distribution régionaux de médicaments et
autres produits médicaux, notamment à travers l’implication des communautés
économiques régionales et des petits États insulaires d’Afrique ;
- en améliorant la détection des médicaments et autres produits médicaux de
qualité inférieure et falsifiés ainsi qu’en favorisant l’adoption de
procédures permettant de déclencher des alertes en temps opportun,
notamment via la désignation de points focaux étatiques, tel que prévu par
le Dispositif des États Membres sur les produits médicaux de qualité
inférieure et falsifiés de l’OMS ;
- en renforçant les rôles de la société civile et des communautés dans la
gouvernance pharmaceutique et la veille sur la disponibilité des produits
de santé de qualité ;

4. Renforcer et développer le cadre réglementaire national et régional pour
garantir un accès à des médicaments et autres produits médicaux de qualité
ainsi que pour la lutte contre le trafic ou la circulation des médicaments
et autres produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés, à travers :
- le renforcement des législations pharmaceutiques nationales et
régionales, des capacités, des systèmes de réglementation ainsi que des
processus d’harmonisation de la réglementation ;
- le renforcement des autorités nationales et régionales de régulation du
secteur pharmaceutique ;
- le développement d’activités de prévention et de détection
intersectorielles ;
- la ratification des instruments existants tels que la Convention
MEDICRIME et la Résolution de Rabat ;
- l’adoption d’une Convention régionale sous l’égide de l’Union Africaine ;
- une initiative commune en vue de l’adoption d’un instrument international
dans le cadre des Nations Unies ;

7. Généraliser la mise en place et le renforcement dans les pays
francophones d’autorités de réglementation sanitaire en charge de
l’autorisation de mise sur le marché, de retrait et de pharmacovigilance et
faciliter leur établissement en un Réseau, afin de favoriser les échanges
entre professionnels de santé et le développement d’une communauté de
praticiens, y compris dans la perspective d’un renforcement du Centre
africain de prévention et de lutte contre les maladies ;

8. Renforcer les systèmes d’achat et de distribution des médicaments et
autres produits médicaux, améliorer la sélection et l’usage rationnel sur
la base de preuves scientifiques et mettre en place des dispositifs
permettant la transparence et la maîtrise des prix, pour les rendre plus
abordables, en vue de contribuer à l’atteinte de la couverture sanitaire
universelle, tel que recommandé par le rapport Un socle de protection
sociale pour une mondialisation inclusive, dit Rapport Bachelet (2011) ;

9. Concevoir et mener des politiques spécifiques de recherche, d’innovation
et de développement des technologies de santé susceptibles de créer les
conditions favorables à l’émergence et la densification de filières
pharmaceutiques durables ;"

M. Alain Claude Muhunde, pouvez-vous me confirmer que ce sont de ces
mesures que vous qualifiez d'obsolètes, de non multidisciplinaire? Si oui,
nous sommes intéressés de connaitre les mesures les plus modernes, les plus
actuelles, présentant au mieux un cadre multidisciplinaire. Nous pourrions,
nous engager dans un plaidoyer pour l'adoption de vos propositions.
Merci d'avance pour vos éclairages.

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

chères e-médiennes et chers e-médiens, bonjour

j'espère que tout le monde va bien.

nous cherchons, dans le cadre de benchmarking, des expériences dans le déploiement d'une plateforme de e-learning et de MOOC :

- auriez vous connaissance d'un tel projet dans un pays francophone d'Afrique de l'ouest ?

- auriez vous des recommandations à faire concernant la technologie et les spécifications techniques ?

- auriez vous connaissance d'experts dans le domaine ?

merci par avance à vous

très confraternellement

Christophe

Christophe ROCHIGNEUX
Docteur en Pharmacie
EXPERTISE FRANCE - CÔTE D’IVOIRE

Tel : 00225 78196766
Courriel : christopherochigneux@yahoo.fr <mailto:christopherochigneux@yahoo.fr>
Courriel : christophe.rochigneux@expertisefrance.fr <mailto:christophe.rochigneux@expertisefrance.fr>

Cher Confrère,
Quand vous cherchez des ressources francophones, il est mieux de traduire aussi vos abréviations. Par MOOC vous entendez « Massive Open Online Courses » ? si oui sur quel sujet ? sinon de quoi parlez-vous ?

Anicet Nyawakira
Registered Pharmacist
Tel:(+250)788433443